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3,49

sur 314 notes

Critiques filtrées sur 4 étoiles  
À la recherche du temps perdu, Patrick Modiano continue son errance dans les rues de Paris. L'occasion de se souvenir de rencontres effectives ou manquées avec des femmes, qui le renvoient surtout au temps révolu de son enfance, et de sa vie de jeune adulte des deux décennies d'après-guerre. du temps où ses parents, éternels présents-absents, ne livraient rien de leur mystère à leur fils, engendrant pour toujours chez lui, sans le soupçonner, une quête identitaire sans fin.

« Mes parents étaient absents, mon père occupé à ses affaires, tandis que ma mère jouait une pièce dans un théâtre de Pigalle. »
« j'attendais la fille de Stioppa sur le trottoir, en face de son immeuble, sans la connaître. ... j'espérais qu'elle me donnerait des « explications ». Peut-être m'aideraient-elles à mieux comprendre mon père, un inconnu qui marchait en silence à mes côtés, le long des allées du bois de Boulogne. ... j'étais sûr qu'elle en savait un peu plus long que moi. »

Patrick Modiano semble, par son obsession de se trouver à travers ses souvenirs, réécrire toujours et encore le même livre. Pourtant son errance et sa quête prennent chaque fois des voies différentes, comme ici le souvenir de femmes croisées, et livrent des vues, entre rêve et réalité, encore inconnues de Paris et de lui-même, créant ainsi au fil du temps, par un éternel retour introspectif, une oeuvre singulière et remarquable.

« dans cette librairie, ... j'avais trouvé ce livre qui m'avait fait beaucoup réfléchir : L'Éternel Retour du même. À chaque page, je me disais : si l'on pouvait revivre aux mêmes heures, aux mêmes endroits et dans les mêmes circonstances ce qu'on avait déjà vécu, mais le vivre beaucoup mieux que la première fois, sans les erreurs, les accrocs et les temps morts... ce serait comme de recopier au propre un manuscrit couvert de ratures... »

Challenge MULTI-DÉFIS 2018
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Les livres de Patrick Modiano chantonnent dans la tête et Souvenirs dormants ne fait pas exception. Les souvenirs qui s'échappent, refont surface, repartent agacent par leur incomplétude ; c'est ce que nous raconte l'auteur.
Le narrateur cherche à se rappeler les femmes qu'il a rencontrées dans sa vie. Elles ne sont d'ailleurs pas inoubliables, la faute à la mémoire qui ne retient que des fragments. Un petit livre trop court pour que je vous en dise davantage.
Le souvenir qui me restera de ce livre, c'est le plaisir d'être gagnée par la quête du narrateur, mais ni par l'histoire ni par les personnages.
Histoire ? Évocations ? Témoignage ?
Bref, des petits morceaux de vie, comme des papiers éparpillés sur un bureau sans qu'on arrive vraiment à cerner le narrateur, tant il paraît indifférent à son propre présent.
Le style est simple, apparemment, mais tellement au service de la mémoire défaillante du narrateur que le lecteur ne peut que se laisser emporter dans la lecture avec plaisir.

Lien : https://dequoilire.com/souve..
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Ces souvenirs dormants de Patrick Modiano sont parfumés à la nostalgie des temps anciens, d'un Paris qui n'existe plus. Hormis, un style toujours impeccable, le récit en lui-même ne m'a pas emporté...
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Lecture dense et courte, petite musique «  Modianesque »dans les replis de la mémoire entre l'adolescence et ses vingt ans: musique à la fois familière au lecteur de son oeuvre , espèce de symphonie toujours inachevée dans les replis de sa mémoire de «  noctambule » , «  en marche » dans les rues de Paris...

Mémoire éparpillée entre femmes croisées , entrevues , aperçues un instant autrefois, vieux cafés «  de l'aube » dans la capitale , petits immeubles «  détruits .. »
.
Fantômes du passé qui hantent ses rêves, cinquante ans après , détails infimes de sa vie antérieure , au détour d'une rue, petits moments de vie, souvenirs évanescents replacés sur le devant de la scène : père et mère souvent absents .....

Une obsession pour lui, livre après livre de réécrire le même livre nostalgique entre rêve et réalité , le passé est toujours là ...Ami? Consolateur? Complice ? Enchanteur?

Sous l'apparente simplicité du style épuré transparaissent de merveilleuses petites phrases délicatement ciselées ...
Fugues , escapades, complicité du retour au passé,, cailloux épars , «  dormants » qui vous montrent un chemin...

Tissage imaginaire au petit point de la Jeunesse Perdue, mondes flottants et mémoire floue , descriptions littéraires ....le lecteur se balade dans les détails d'une Vie antérieure ...
Ni tout à fait le même , ni tout à fait un autre , temps anciens , photos sépia, puzzles et vagabondages ...
A la recherche du temps perdu ?
On aime ou on déteste ...
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Pour ma part c'était le premier Modiano que j'ai lu. Je le connaissais de nom bien sûr. C'est le genre d'auteur dont on se dit "il faudrait que j'en lise au moins un pour me faire une idée". Et bien c'est fait. J'ai beaucoup apprécié son écriture, cette douce musique lancinante et nostalgique à la fois. le Paris, des années 50-60 de son adolescence et de sa vie de jeune adulte. Retrouver ses amitiés et amours d'antan, ses retrouvailles de hasard, les quartiers parisiens bien démilités. Pour qui connaît bien Paris, j'imagine le plaisir de lire ce livre. J'ai trouvé cette lecture plaisante, un peu surannée, délicate, romantique et sentimentale. Je n'ai pas été emporté dans ce tourbillon de souvenirs, mais cela m'a donné envie d'en lire d'autres...si vous avez des titres à me conseiller....
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Ni tout à fait le même, ni tout à fait un autre. Modiano adolescent et tout jeune homme. Cinq heures du soir en hiver à Paris dans une librairie de sciences occultes ou tôt le matin avec Geneviève, à qui il offrira deux livres, dans un de ses « café de l'aube » ; fugueur enfiévré pour Mireille, étudiant fantôme installé sur le canapé rouge de Madeleine ; à « La Passée » en compagnie de l'étrange madame Hubersen. Différent et à chaque fois le-même, de ses vingt ans jusqu'à aujourd'hui, Modiano poursuit son inventaire en conviant des témoins de sa prime jeunesse, la période précédant son éclosion littéraire. Parolier puis écrivain. Musique, littérature et cinéma aussi. Création artistique qu'on qualifierait doctement de polymorphe puisque s'y ajoute, tout juste publié et à lire concomitamment, un volet théâtral « Nos Débuts dans la vie », autre pièce du puzzle de cette tranche de vie des années soixante qui donne plus précisément à entendre les voix de l'auteur/narrateur et de Dominique, peut-être sa femme et sans doute une autre. Cinquante ans ont passé, « Souvenirs dormants » évoque ces rencontres du narrateur, Jean – entre l'adolescence et ses vingt-ans – avec des femmes brièvement connues, perdues de vues ou disparues, réapparues. De la première - il a oublié le prénom mais son père cité dans "Un Pedigree", Stioppa, rappelle aussi un service funèbre et une filature mémorables de la « Rue des Boutiques obscures » -, il garde le souvenir des fortes espérances qu'elle lui inspirait en poireautant sur un trottoir et de la dernière - il en parlait il y a déjà vingt ans, il ne dévoilera rien qui puisse lui nuire ou la faire reconnaître…

Entre amnésie et amnistie « Souvenirs dormants » remue donc aussi avec précaution les eaux troubles de sa mémoire de « noctambule » ou plus exactement de « spectateur nocturne ». Et c'est ainsi qu'aux trois quart de la lecture souffle tout d'un coup « le vent du boulet » et l'imminence d'un danger par une après-midi de l'été soixante-cinq... Remontée insolite, fouille rêveuse nourrie de nombreuses réminiscences et de souvenirs de lectures du narrateur. Cette compression mémorielle un peu inquiète et bien sûr itinérante apostrophe la philosophie, s'en amuse, l'ironie pointe ici et là. Les mots conjuguent précision du détail et science du flou, font volontiers appel à l'image et l'imaginaire. Bref, une version "modianesque" savoureuse de « L'Eternel retour du même ». Tout se bouscule, les saisons se superposent, les valises s'allègent et les cadavres disparaissent dans la spirale vertigineuse de la mémoire. Dans cette cartographie incertaine et pourtant suggestive de souvenirs errants la signalétique clignotante de la RATP fait figure de symbole rassurant : « Au cours de ce travail que l'on fait à tâtons, certains noms brillent par intermittence tel des signaux qui vous donneraient accès à des chemins cachés. » (p. 59). Bifurcations et allers retours qu'empruntent tout aussi bien les livres et leurs dédicaces, les lectures de chevet du narrateur, livres lus, livres offerts, livres retrouvés, qui balisent les pages d'un bout à l'autre du texte, autant de repères cultivant tantôt la mélancolie – aux rayonnages de l'appartement d'enfance vidé de toute autre présence –, tantôt l'ésotérisme et le goût du mystère... Sous l'apparente simplicité du style épuré, la complexité du retour au passé est toujours là. Une lecture courte et dense.



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Plus modianesque, ce serait impossible. Quoique, peut-être, son prochain livre ... Souvenirs dormants n'est pas un roman. Il est composé de bribes de récits échappés de la mémoire du narrateur, quelqu'un qui avait 20 ans au milieu des années 60. Mémoire de Paris, d'un vieux monde qui a disparu et avec lui quelques personnages qui sont devenus des fantômes auxquels il reste à peine un nom. Des femmes principalement, rencontrées par le jeune Modiano, euh pardon, narrateur, mystérieuses et attirantes comme un parfum du passé pour le spectateur nocturne d'alors. Un jeune homme qui pratiquait l'art de la fugue et se promenait sans but dans la capitale. Magie de l'écriture de Modiano. Flottement des êtres dans un environnement vaguement interlope et potentiellement dangereux. La mémoire du Prix Nobel sautille avec grâce, d'une femme à une autre, d'un hôtel à un café, d'un parc à un appartement. Et toujours cette musique entêtante de l'écrivain, faite de trois fois rien, du moins en apparence, mais ciselée comme un verre de Murano. La nostalgie de la jeunesse et des visages oubliés. Un autre temps, révolu, dissous dans des souvenirs fragmentés, mais qui remontent parfois comme des effluves fanés. Patrick Modiano est inimitable.
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L'ambiance modianesque s'est modifiée le brouillard s'estompe dans ce roman – tout au moins au début - les traits sont plus marqués, les lieux moins incertains.
Patrick Modiano amorcerait-il une évolution de l'impressionnisme au fauvisme littéraire ?
Les "affaires" du père, les disparitions de la mère sont toujours sous cape; le maître spirituel Gurdjieff flotte incertain ; mais les lieux les dates sont précises.
L'angoisse, l'appréhension de l'avenir, elles, sont bien au rendez-vous. Une oppression collante sourd de la lecture ; mais c'est un sentiment que j'aime chez Modiano.
A présent le nom même de Modiano me plonge directement dans ce passé trouble, brouillardeux, angoissant mais confortable presque regrettable qui me plait.
Dans ce roman un nouvel élément apparaît, il me semble : la nécessité de fuir ou plutôt de fuguer.
Fuguer, mettre un terme prématuré à une relation et créer cette béance future que les souvenirs remontants chercheront à combler.
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Rencontre capitale
Dans un court roman, Patrick Modiano part à la rencontre de personnes croisées dans les rues de Paris. Et nous donne par la même occasion une belle leçon de littérature.

Souvenirs dormants aurait aussi pu s'appeler Fugues et Rencontres. Car c'est bien à partir d'escapades et de noms, d'un visage que «notre» Prix Nobel a construit ce roman et, au-delà, une grande partie de son oeuvre. Au détour d'un paragraphe apparaît son discours de la méthode : « Je tente de mettre de l'ordre dans mes souvenirs. Chacun d'eux est une pièce de puzzle, mais il en manque beaucoup, de sorte que la plupart restent isolées. Parfois, je parviens à en rassembler trois ou quatre, mais pas plus. Alors, je note des bribes qui me reviennent dans le désordre, listes de noms ou de phrases très brèves. Je souhaite que ces noms comme des aimants en attirent de nouveaux à la surface et que ces bouts de phrases finissent par former des paragraphes et des chapitres qui s'enchaînent. En attendant, je passe mes journées dans l'un de ces grands hangars qui ressemblent aux garages d'autrefois, à la poursuite de personnes et d'objets perdus. »
Nous voici une fois de plus sur le terrain de jeu préféré de l'auteur de Place de l'Étoile, les rues de Paris. Des rues qu'il arpente avec bonheur, mais aussi avec nostalgie, se concentrant sur quelques points forts. À l'image de ces points lumineux qui s'affichaient sur les cartes de métro quand le voyageur appuyait sur le bouton de sa destination, il s'accroche à ces repères pour établir un itinéraire, construire une histoire. Et met en scène le principe découvert en lisant un livre d'ésotérisme, L'Éternel retour du même. « À chaque page, je me disais: si l'on pouvait revivre aux mêmes heures, aux mêmes endroits et dans les mêmes circonstances ce qu'on avait déjà vécu, mais le vivre beaucoup mieux que la première fois, sans les erreurs, les accrocs et les temps morts... ce serait comme de recopier au propre un manuscrit couvert de ratures... » Par la magie de la littérature, la faculté de faire naître de nouvelles images, de nouveaux souvenirs auprès de chacun des lecteurs, même quand ces derniers n'ont pas vécu dans les lieux, ni même l'époque décrite, on déguste cette madeleine (proustienne, cela va de soi) avec gourmandise.
Comme avec son opus précédent, Pour que tu ne te perdes pas dans le quartier, ce qui compte, c'est bien la musique qui se dégage de ces pages, symphonie toujours inachevée, mais que l'on conserve longtemps en tête après avoir refermé le livre.

Lien : https://collectiondelivres.w..
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"Je tente de mettre de l'ordre dans mes souvenirs. Chacun d'eux est une pièce de puzzle, mais il en manque beaucoup , de sorte que la plupart restent isolés."
Un narrateur essaye d'assembler les pièces du puzzle , difficile de faire le tri entre toutes les miettes de sa mémoire. entre celles qui se laissent attraper et celles qui se dérobent et veulent se faire oublier.
Paris , les années de sa jeunesse, des femmes connues, perdues de vue , retrouvées ou non et Paris toujours. Les jours de plein été, la chaleur, le désert des rues délaissées de leurs habitants et l'écriture de Modiano, j'allais dire la musique de Modiano . Juste quelques pages mais tant et tant de souvenirs ont surgi de ma propre mémoire ..
Nous retrouvons ici les thèmes chers à Patrick Modiano, le rêve n'est il pas réalité, les souvenirs ne permettent ils pas de vivre à nouveau les évènements passés? Alors il les dévide , il tire le fil de sa pelote de laine et nous raconte ...

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