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3,77

sur 459 notes
Merci Messieurs les jurés du Nobel de littérature d'avoir décerné le prix à l'un de nos plus grands écrivains, Patrick Modiano.
Grâce à vous je redécouvre une « vieille connaissance » qui m'enchante depuis une quarantaine d'année.
Quelle écriture sublime ! J'avais cependant une légère inquiétude en relisant « Villa triste », la magie Modiano allait-elle à nouveau opérer ?
J'ai retrouvé les mêmes émotions. Ces pages dégagent beaucoup de nostalgie à travers une histoire intemporelle, d'amitié, d'amour, de trahison.
« Villa triste » est aussi une magnifique promenade dans les rues et au bord du lac d'Annecy, même si le nom de la ville n'est jamais cité.
Beaucoup de non-dits dans ce texte, il y plane un léger mystère comme une brume qui se poserait sur le lac.
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Publié en 1975, Villa Triste n'est pas un très bon Modiano à mon sens, mais qui reflète bien les préoccupations littéraires de l'auteur déjà à l'oeuvre dans ce quatrième roman. On reconnaîtra dans l'intrigue pas mal de motifs utilisés par la suite, ainsi qu'un procédé narratif qui lui sera habituel.


Un narrateur de trente ans revient sur les lieux où, à dix-huit ans, il a rencontré deux personnes : Yvonne Jacquet, avec qui il aura une relation amoureuse, et René Meinthe. Ce narrateur est pour autant dire obsédé par les quelques semaines des années soixante passées en leur compagnie, dans une ville du sud-est de la France, et où lui-même s'était réfugié incognito afin, apparemment, d'éviter d'être envoyé en Algérie comme soldat. Malgré quelques allers-retours entre le présent et le passé, c'est ce dernier qui prend largement le dessus, dans une ambiance superficielle et mondaine, comme le sont d'ailleurs Yvonne et Meinthe.


C'est sans doute là le problème : ces deux personnages, qui incarnent des fantômes aux yeux du narrateur, sont un peu trop réels mais tout aussi creux, et manquent cruellement de l'aura mystérieuse censée les entourer. de fait, je me fichais un peu de savoir d'où ils venaient, quelles étaient les activités peu recommandables de Meinthe, ce qu'ils avaient pu devenir, étant donnés que je les trouvais assez inintéressants. Et par conséquent, la quête du narrateur concernant son passé m'a donc paru assez dérisoire, contrairement à celle du narrateur de Remise de peine, où tout une ambiance à la fois nostalgique et inquiétante était en place.


Villa Triste permet toutefois d'observer l'évolution de Modiano dans son écriture. Il y a là une claire (première?) tentative de travailler sur la mémoire, credo de l'auteur. Et comme un Modiano n'est jamais très long, et que le style est loin d'être rebutant, le roman ne m'a pas paru déplaisant, ni franchement ennuyeux. Juste un peu creux, mais il est vrai que c'est un roman de jeunesse, ce qui me rend quelque peu indulgente.



Challenge Nobel
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La villa triste, « elle avait une teinte bleu-gris, une petite véranda donnant sur l'avenue » « ...on perçoit dans la sonorité du mot "triste" quelque chose de doux et de cristallin. »
Treize ans à peine et je reviens dans cet univers calme, suspendu, où flotte un doux parfum suranné autour d'un lac, une destination de villégiature, des noms d'hôtels somptueux où se côtoie une foule d'habitués privilégiés, loin du tumulte algérien et de l'OAS. Je reviens et « que leur dire à ce rendez-vous où je les ressuscite ? »
C'est beau ce que Modiano écrit. On déguste ses phrases. Des petits tours et détours d'entre les âges se dessinent des personnages fantomatiques, mystérieux, en creux et pleins. Juste ce qu'il faut pour percevoir de l'instant, triste et cristallin.
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Que faisais-je à dix-huit ans au bord de ce lac, dans une station thermale réputée? Rien.
de retour une dizaine d'années plus tard " Victor Chmara" comme il se faisait alors appelé arpente la ville d'A ( Annecy ?) Les souvenirs lui reviennent par bribes. Sa rencontre avec Yvonne Jacquet à l'hôtel de l'Hermitage, son ami et complice Meinthe médecin en Suisse. Victor a fui Paris la guerre d' Algérie (années 1960) est à la une et lui a peur.Il va donc passer avec ces 2 amis un été si je peux dire entre parenthèses essayant de se trouver de choisir un chemin une destination lui l'apatride .
Cela faisait longtemps que je n' avais pas ouvert un roman de Modiano et je me suis laissée surprendre par cette écriture intimiste où semble t' il ne se passe rien et pourtant ... Modiano incarne en partie cette littérature des années 1970 Villa triste est le premier titre choisi par Modiano pour le recueil de la collection Quarto de Gallimard , ouvrage qui réunit 8 de ses romans " épine dorsale des autres qui ne figurent pas dans ce volume "
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Patrick Modiano est probablement un observateur formidable car il utilise un magnifique style descriptif pour planter les décors et les personnages. Tout y passe: les vêtements, les sons, les parfums, les avenues, etc. Nous sommes avec le narrateur et nous "voyons" la scène. Les actions, de leur côtés, ne sont pas forcément très détaillées mais plutôt suggérées. Nous sommes pris dans cette bulle descriptive, douillettement emmitouflés dans ces mots remplis d'images. L'auteur joue également avec le temps, nous passons d'une époque à une autre en glissant sur des passerelles chronologiques, révélant une sorte de puzzle temporel qu'il nous plaît à reconstituer lentement. Pour finir, l'histoire, qui passe presque en second plan, a pour sujet un amour fugitif sur fond de conflit algérien, tout cela au bord du lac d'Annecy, sans jamais le citer. Très bon roman.
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« Villa triste » (paru en 1975).

Il faut aller au-delà de l'histoire.
Pénétrer un monde de sensations.
Percer la brume qui entoure les lieux.
Parvenir aux uns et aux autres.

Ils déambulent comme fantômes dans un monde éloigné, disparu à jamais.
Seul demeure ce que l'on devine d'eux, de leur époque.
Ils se livrent peu, gardent leurs mystères et deviennent des ombres attachantes, un monde dans le monde, parallèle, miroir aux alouettes, superficialité, du moins le donne-t-il à penser…

Parfois une impression de cinéma italien des années cinquante, robes, talons aiguille, porte-jarretelles, cheveux gominés, coupe de champagne, bourgeoisie en mal-être… des images en noir et blanc qui conviennent au livre de Patrick Modiano.

Avec ces lieux qui dévorent les êtres où ils s'auto-détruisent, ces personnages louches, ce nom inventé et qu'il faut habiter, ces non-dits qui étouffent, ces questions sans réponse.

D'après une déclaration de l'auteur à la sortie de ce livre, le héros est un peu lui-même, des images de son père ont nourri l'étrangeté du Docteur, etc…

Le début des années soixante, des noms de comédiens et autres, la guerre d'Algérie, la mode, les habitudes d'une société aisée et oisive (le passage du concours de l'élégance est un régal à lire et une « anecdote » impitoyable), le chien et sa mélancolie portugaise (saudade) qui n'est que celle des êtres qui l'entourent et particulièrement celle du narrateur.

Tant et tant de moments, de petites phrases, de cheminements dans les rues, des chambres, des maisons, tout porte un ennui inexplicable, un trouble infini, une recherche inaccomplie ou contournée.

Le héros de l'histoire est retourné dans ce passé où les visages, les voix se sont évaporées peu à peu ne laissant qu'un semblant d'amertume de n'avoir pu saisir, de n'avoir pu comprendre, de n'avoir pu retenir.

Il nous transmet cette brume qui entoure le passage de certains êtres rencontrés, la marque qu'ils laissent, le mystère de certains, l'incommunicabilité, le regret, l'amour et le désespoir, la vie et la mort.







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Il y a une décennie, Victor Chmara avait dix-huit ans. Afin d'échapper à un vague danger le menaçant à Paris (où régnait alors une "ambiance policière déplaisante"), il séjourna dans une station thermale savoyarde. Il y fit la connaissance de la belle Yvonne Jacquet, actrice débutante avec qui il vécut durant quelques semaines une relation pseudo amoureuse. le couple, installé dans une chambre du luxueux hôtel l'Hermitage, y cohabitait avec le dogue allemand et dépressif d'Yvonne, et passa, le temps d'une saison, de nombreux moments en compagnie de Meinthe, ami de la jeune actrice, homme énigmatique aux tics étranges, exerçant la médecine en suisse.

De retour sur les lieux, il convoque ses souvenirs, y déambule. Sa mémoire n'est pas toujours fiable, et les fantasmes y tiennent sans doute une bonne place, mais peu importe : ce qu'il évoque est de toutes façons une réalité faite de faux-semblants. Ce qu'il sait des protagonistes de son histoire relève en effet autant de secrets et de mensonges que de faits avérés. le récit en acquiert une texture presque éthéré, les héros se dotant d'une dimension quasi fantomatique. le narrateur lui-même nous apprend ne pas s'appeler Victor Chmara ; il s'était inventé à l'intention d'Yvonne un titre de Comte russe, et un passé romanesque mettant en scène des ancêtres ayant fui la Révolution bolchévique. Nous ne saurons jamais qui il est réellement. Nous comprenons, par bribes, que c'est un individu sans réelle attache. Les seuls souvenirs personnels auxquels il fait brièvement allusion se rapportent à une enfance parisienne, et à des rendez-vous hâtifs que lui donnait son père dans les halls impersonnels d'hôtels divers.

Aussi, Victor -puisque c'est le seul prénom que nous lui connaissons- donne l'impression d'être sans consistance, d'être un spectateur de ce qu'il raconte, sans que cela amoindrisse le plaisir et l'intérêt que l'on prend à la lecture. Car tout tient dans la subtilité de l'ambiance créée par Patrick Modiano, dans ce mystère teinté de nostalgie qui vous charme subrepticement, dans cet esthétisme à l'élégance volontairement surfaite qui nimbe son récit d'un voile de décadence et de légère excentricité.

Vous lisez en prenant conscience de tenir là quelque chose de beau, la principale force de l'auteur résidant dans sa capacité à nous enchanter mine de rien, avec facilité et discrétion...
Lien : http://bookin-ingannmic.blog..
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Prix Nobel..... Jamais rien lu de Modiano..... Alors je me lance !
1/10
La rencontre de deux mondes qui me sont aussi éloignés l'un que l'autre. La bourgeoisie parisienne qui a trainé un peu partout par le monde, et ces actrices issues de la France profonde qui imaginent qu'un jour elles seront la nouvelle Marilyn et leur cour de petits bourgeois provinciaux. Et nous, lecteur au milieu de tout ça !
Deux époques.
Les années 60, troubles, certains se cachent physiquement et ne veulent pas voir les événements qui se préparent, ils avaient 20 ans alors.
Puis, la même ville et ce qu'il reste des premiers personnages une dizaine d'années plus tard !
Une ville nommée A....., auscultée au plus près, où se recrée l'atmosphère d'un endroit encore à la mode pour la saison mais ... pour combien de temps encore !
Nous rencontrons de drôles de personnages mais ... nous ne faisons que les croiser !
Le comte Victor Chmara, narrateur occasionnel. Yvonne Jacquet, la cocotte. Et René Meinthe, la reine des belges, faire son coming out dans les années 60 ne devait pas être très facile !
La Villa triste, roman initiatique dans le monde de Modiano ?
L'intrigue, les lieux et les personnages sont surannés, cela date d'une autre époque !
Pas vraiment passionnant tout ça !
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Le narrateur revient dans cette ville thermale de Haute Savoie dans laquelle il a passé l'été 12 ans plus tôt alors qu'il n'avait que 18 ans, et il se souvient.
C'était au début des années 60.
Mais du narrateur nous ne savons rien, si ce n'est qu'il avait 18 ans, qu'il se faisait appeler Victor Chmara qui n'est qu'un nom d'emprunt, et qu'il allait jusqu'à dire qu'il est le Comte Victor Chmara.
Par petites bribes, nous allons savoir qu'il se cache, mais que fuit-il au juste, pourquoi se cacher ainsi ?
Déjà autrefois son père se cachait, lui le juif apatride, terré dans Paris avec la hantise des allemands.
Et il y a à nouveau la guerre, mais cette fois en Algérie, et Victor a peur, peur que la police ne l'arrête et le livre à l'armée qui l'enverra se battre ce qu'il refuse totalement.
Il va donc élire domicile dans une pension de famille de cette petite ville pour y vivre le plus discrètement de possible.
Jusqu'au jour où il rencontrera Yvonne jeune starlette énigmatique accompagnée de son chien qui ne la quitte jamais.
Très vite Victor deviendra l'amant d'Yvonne et va partager avec elle la chambre d'hôtel qu'elle loue.
Mais autour d'Yvonne tourne tout un tas de personnages tous plus intrigants les uns que les autres, dont et surtout René Meinthe et ses activités plus que louches.
Au final, Victor comprendra qu'il ne connaitra jamais réellement ni Yvonne ni René, mais eux ne le connaitront jamais non plus, et il fuira de nouveau, mais pour aller où ?
Et 12 ans plus tard Victor reviendra, mais toute les traces de cet été là ont disparu et ceux qu'il avait rencontré alors ne sont plus là non plus.
Un roman dans lequel le lecteur navigue entre non-dits et demi révélations sur les personnages dont il devra se faire lui-même une idée, et dans lequel Victor oscille entre un passé qui le hante et un présent qui l'effraie et qui l'empêchent de réussir à entrevoir un avenir.
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Lire un roman de Modiano c'est entrer dans un autre monde. Une atmosphère mélancolique plane autour de soi telle une mâtinée brumeuse où l'on ne sait pas si l'on est éveillé ou si l'on ère dans un rêve.
La nostalgie s'empare de vous et vous vous égarez au fil des pages, voguant sur les mots distillés précautionneusement par l'auteur.
La lecture de ce roman a été un émouvant voyage.
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