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EAN : 9781401258238
200 pages
DC Comics (27/10/2015)
4/5   1 notes
Résumé :
Two Justice League epics written and fully painted by Christopher Moeller are collected in a single volume for the first time. First, in the story "A League of One," Wonder Woman hears a prophecy that her Justice League teammates will die in battle against a dragon - so it's up to her to first defeat the team herself before she battles the dragon. Then, in the story "Cold Steel," the team launches into space to stop a conflict between two warring factions.
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Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique
Ce tome comprend 2 histoires complètes réalisées par Christopher Moeller pour le scénario et les images (réalisées à la peinture). Il commence avec JLA: A league of one, initialement paru en 2000. Puis vient "JLA classified: Cold steel" 1 & 2, initialement parus en 2006.

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- JLA: A league of one (90 pages) - En 1348, Drakul Karfang, le dernier dragon en vie, livre une terrible bataille contre les humains. Mortellement blessé, il se réfugie au coeur des montagnes où sa race de serviteurs s'empresse de le cacher. Incapables de le débusquer, les armées rassemblées exterminent ses serviteurs et obstruent l'entrée des souterrains. de nos jours, dans les Alpes suisses, 2 gnomes se lamentent sur leur condition de voleurs de babioles en se remémorant l'époque bénie où ils travaillaient pour des créatures enchantées et volaient du vrai or, sans risque de se tromper sur la marchandise. Mais voilà que leurs frères de race ont trouvé une porte scellée au plus profond des montagnes.

Pendant ce temps-là, les superhéros veillent au grain et mettent un terme aux cataclysmes qui menacent le monde. Il s'agit de la Justice League composée de Superman (Clark Kent), Martian Manhunter (J'onn J'onzz), Batman (Bruce Wayne), Wonder Woman (Diana), Green Lantern (Kyle Rayner), Aquaman (Arthur Curry) et Flash (Wally West). Lors d'une pause, Diana se détend en compagnie d'une dryade et d'une naïade qui évoquent un combat mortel à venir. Diana doit choisir comment affronter ce péril sans mettre ses coéquipiers de la League en danger.

En 1994, Christopher Moeller se fait connaître en publiant Iron Empires: Faith conquers chez Dark Horse comics (un série de science-fiction entièrement peinte). En 2000, DC comics publie cette histoire complète comme une histoire de la Justice League of America (JLA). À la lecture, il devient évident qu'il s'agit avant tout d'une histoire de Wonder Woman, et c'est tant mieux comme ça. Moeller se lance dans le mélange de 3 mythologies différentes : (1) les dragons, (2) la mythologie grecque et (3) les mythes des superhéros. de manière surprenante, l'amalgame prend pour donner un résultat sans grumeau.

L'auteur ne se contente pas de se reposer sur ses talents d'illustrateur pour porter le récit. Il développe une histoire particulière pour le dragon, ainsi que des caractéristiques spécifiques évoquant les contes et légendes. Il va piocher quelques éléments dans la Grèce antique à la fois cohérents avec la vision de Wonder Woman conçue par George Perez (dans Gods and Mortals et les tomes suivants) et à la fois peu usités. Il utilise avec intelligence les 2 nymphes et l'oracle de Delphes. Il emploie même le prénom de Panayiotos pour un satyre, prénom typiquement grec. Au final, ce sont les superhéros qui sont les moins développés, à l'exception de Diana. Il accorde quand même un peu de place à Batman qui se conduit comme le fin stratège qu'il est, avec une utilisation pertinente de gadgets informatiques.

Le lecteur essaye d'anticiper les méthodes par lesquelles Diana pourra avoir le dessus sur ses coéquipiers, sans y parvenir. Moeller choisit ses méthodes de telle sorte à ce qu'elles soient cohérentes avec l'état d'esprit de Diana. Il s'agit pour elle de neutraliser les 6 autres superhéros, sans bien sûr les mettre en péril. Mais d'un autre côté, il faut qu'elle soit sûre et certaine de leur non-intervention pendant une durée de plusieurs heures. de ce côté, le scénariste ne déçoit pas par les modes opératoires qu'il a imaginés. La confrontation avec Superman est particulièrement tendue, tout en conciliant avec adresse la dimension guerrière de Diana, et sa volonté de ne pas blesser.

La deuxième apparition de Diana a lieu sur Thémyscira, l'île des amazones. le scénariste la montre dans un rite de purification, impliquant l'utilisation de son lasso de vérité. C'est une forme de test psychologique assez intense, mettant fort bien en avant que les qualités de Diana ne sont pas que physiques.

La couverture donne une bonne idée de la qualité des illustrations intérieures. Moeller a tout réalisé à la peinture, avec une grande attention apportée aux textures et aux détails des éléments fantastiques. Son dragon est très réussi, à la fois dans sa forme et dans la qualité de ses écailles, ainsi que dans les particularités de sa face. La séquence finale de vol aérien rend bien compte de la puissance de ses ailes, ainsi que de sa manoeuvrabilité, en particulier grâce à la texture peinte du ciel qui permet de rendre compte de la profondeur de champ.

Le peuple de gnomes est traité dans la même teinte que celle utilisée pour la terre et les parois des cavernes. Moeller sait donner une forme à ces créatures qui ne les rendent ni risibles, ni stéréotypées, mais singulièrement attachantes. Pour l'habitat de petit peuple et la caverne du dragon, les dessins de l'artiste s'inscrivent dans le domaine du conte, entre architecture souterraine improbable (la taille des vantaux de porte) et Heroic Fantasy bon teint. La séquence dans laquelle Diana est soumise au feu du dragon constitue un moment fort et crédible grâce aux illustrations qui évitent les clichés, en particulier grâce au soin apporté à la texture des flammes.

Diana est magnifique de bout en bout. Moeller évite le piège de la transformer en objet sexuel, ce qui se révèle assez compliqué quand on pense un instant à la forme de son costume. Diana apparaît à la fois comme une femme forte et déterminée, et comme un être humain soumis aux doutes et sujet aux émotions. Il convient de mentionner également les 2 nymphes (Zoë & Althea) qui ont une forme juvénile qui sied à leur nature, avec des expressions enfantines et mutines craquantes. Moeller met ses talents d'illustrateur au service des mythologies qu'il utilise. Il ne se contente pas de reproduire des formes génériques stéréotypées ; il pense ses personnages pour concevoir des apparences enrichissant leurs particularités.

Dans la mesure où le titre de ce récit fait référence à la JLA, il y a quand même quelques scènes dévolues aux superhéros. Batman est ténébreux à souhait, avec une propension de Moeller à ne pas représenter les fentes pour les yeux dans son masque, une petite coquetterie visuelle, mais conférant un peu plus de mystère à Batman. Il est d'ailleurs visible que Moeller souhaite donner l'importance qu'il sied à ce personnage, surtout au vu du nombre de pages qu'il faut à Wonder Woman pour le neutraliser. Par comparaison, Martian Manhunter et Green Lantern sont les parents pauvres, étant vite neutralisés.

Flash a droit à une splendide séquence le long du fleuve Amazone. Moeller fait ressortir le rouge de son costume, sur le vert de la végétation. Ce superhéros utilise son pouvoir de manière originale pour neutraliser des plantes un peu trop envahissantes. Superman a droit à beaucoup plus de pages pour son combat contre Wonder Woman. Il est visible que l'artiste prend plaisir à montrer Diana en train de lui tenir tête, sans le ménager. Pendant 4 pages, l'affrontement physique est des plus primaires, permettant de montrer toute la force de Diana.

Lors des séquences se déroulant en Suisse à Altdorf, le lecteur constate que Christopher Moeller sort d'une représentation réaliste pour donner un petit bavarois et rustique à cette région. Sans aller jusqu'à transformer toute la population en des paysans lourdauds sortis d'un film de la Hammer (une sorte d'Europe Centrale à jamais fossilisée dans un dix-septième siècle factice), l'architecture fleure bon le dix-huitième siècle, les vêtements le dix-neuvième et les voitures, le milieu du vingtième. Il représente avec une belle sensibilité la moyenne montagne, avec des pentes herbues invitant à la promenade.

Si l'histoire s'avère un peu simple et la stratégie de Diana tirée par les cheveux (agir en cachette de ses coéquipiers), la richesse de l'histoire du dragon et des sentiments de Wonder Woman rendent l'intrigue intéressante. Les superbes illustrations confèrent une présence peu commune à l'ensemble des personnages qu'il est pourtant difficile de faire exister. Moeller ravive la flamme de l'imaginaire et du merveilleux née des contes de fée et de la magie, des mythes de la Grèce antique, en apportant une vision solide qui dépasse les dessins génériques habituels. Il s'agit à la fois d'une histoire de superhéros tirée vers la mythologie, et d'un conte tout public, qui se termine avec un chaste bisou. 5 étoiles.

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- Cold steel (94 pages) – Sur la Lune, un vaisseau spatial d'une forme arrondie en pourchasse un autre métallique et profilé. le second s'écrase non loin de la Tour de Guet de la JLA, et ses 2 occupants sont sauvés par Superman et J'onn J'onzz, alors que l'autre vaisseau prend la poudre d'escampette, non sans laisser un morceau derrière lui. Martian Manhunter constate que ce morceau palpite, et en déduit que le vaisseau est issu de la biotechnologie.

Après avoir repris connaissance, les 2 extraterrestres expliquent qu'ils recherchent l'aide d'un Green Latern pour lutter contre les envahisseurs, car celui affecté à leur secteur a été porté disparu dans sa mission d'infiltration. Après avoir confié la sécurité de la Terre à la JSA (Justice Society of America), c'est toute la JLA qui embarque à bord du vaisseau des extraterrestres pour se rendre sur leur planète afin de les aider. L'équipe est composé à l'identique du récit précédent : Superman, Martian Manhunter, Batman, Wonder Woman, Green Lantern, Aquaman et Flash.

C'est avec grand plaisir que le lecteur entame un deuxième récit réalisé par l'impressionnant Christopher Moeller. Cette fois-ci, la mythologie grecque est absente, ainsi que les dragons. Les superhéros sont bien présents du début jusqu'à la fin, sans que Wonder Woman ne les écarte pour occuper la scène à elle toute seule. La science-fiction s'impose comme l'autre genre romanesque dans le récit : voyage sur une autre planète, race extraterrestre en pleine expansion asservissant une autre en esclavage, et pillant ses ressources, vaisseaux spatiaux, technologie de SF. le scénariste enfonce le clou avec des robots géants pilotés par les superhéros, robots à leur effigie bien sûr.

En fait-il de trop ? C'est en tout cas la première impression que peut en avoir le lecteur. Certes, les héros doivent se déplacer une atmosphère pas très compatible avec leur organisme, et certains d'entre eux non pas des pouvoirs assez importants pour lutter sur le même pied que l'ennemi (oui, Batman par exemple). du coup, les extraterrestres leur confient de gros robots pilotés de l'intérieur, et les adaptent pour que leurs capacités évoquent celles de ceux qui les pilotent. Ainsi Flash peut courir à l'intérieur de son robot, pour lui transférer de l'énergie pour aller plus vite. Dans "A league of one", le dragon et les gnomes destinaient le récit aux lecteurs de 7 à 77 ans. Ici ces robots géants s'adressent plutôt à des enfants, sentiment renforcé par l'initiative de Flash qui les peint aux couleurs de chacun des membres de la JLA.

Dans le récit précédent, le lecteur avait apprécié la richesse des paysages, leur diversité, leur allure parfois tirant vers le conte. Ici, il constate d'abord que l'artiste a opté pour des couleurs systématiquement sombres du début jusqu'à la fin, avec la seule exception de l'évocation de la Green Lantern disparue. le récit s'enfonce dans une ambiance de marasme, certes cohérente avec la nature de la menace qui plane sur les superhéros, mais un peu lassante à la longue. le deuxième épisode raconte pour plus de la moitié un long combat entre les superhéros et leur ennemi, dans l'atmosphère grisâtre de la planète. Il est difficile de faire autrement que de constater que Christopher Moeller se contente d'arrière-plans grisâtres ou brunâtres, peints à grands traits. Cette approche expressionniste insiste encore un peu plus sur le marasme, mais empêche également le lecteur de s'immerger dans un monde qui finalement n'a pas de formes.

Dans l'histoire précédente, le lecteur éprouvait un plaisir ludique à essayer d'anticiper la manière dont Diana neutraliserait ses collègues un à un. Ici ce jeu est remplacé par la surprise de voir comment ces robots géants ont été adaptés pour refléter une partie des superpouvoirs ou des capacités de leur pilote, à savoir les membres de la JLA. le résultat est beaucoup moins inventif, le jeu beaucoup moins intéressant, voire lassant dès la première occurrence.

Ne retrouvant pas l'intérêt graphique de la première histoire, le lecteur se rabat sur le scénario. Dès le premier contact, le scénariste sous-entend que cette mission de libération d'un peuple, du joug d'une race colonialiste cache une réalité un peu plus complexe. À nouveau, le lecteur joue le jeu d'essayer de deviner la nature de ce que cachent les extraterrestres à leurs sauveteurs potentiels. Rapidement, il se lasse de ce jeu de cache-cache qui n'avance pas, le rythme de la narration étant assez poussif. Puis, petit à petit, il constate qu'il se désintéresse même de l'enjeu de la bataille et du mystère au coeur de cet affrontement entre 2 races extraterrestres.

Dans "A league of one", Christopher Moeller dressait le portrait de son héroïne, avec une certaine finesse, prenant le temps de montrer ses valeurs, son exigence envers elle-même, sa conviction d'avoir choisi la bonne solution, malgré la souffrance qu'elle infligeait à ses coéquipiers. Ici, le lecteur a bien du mal à trouver un personnage auquel s'intéresser, avec lequel partager ses doutes, ses valeurs, ou même ses émotions. Est-ce qu'il y a trop de personnages et que l'auteur n'arrive pas à s'attacher à 2 ou 3 pour les faire exister ? Est-ce que lui-même est plus intéressé par la mécanique de son intrigue et le cheminement jusqu'à la révélation finale ? Toujours est-il que le lecteur ne ressent aucune empathie pour ces valeureux héros, à l'abri dans leur robot géant, ou bien exposés à l'extérieur à des menaces diffuses dont le flou empêche de comprendre le risque encouru.

Il ne subsiste plus alors que le dilemme moral qu'affrontent les 2 chefs des races extraterrestres, cet affrontement remettant en cause leurs certitudes. Mais eux non plus ne disposent pas d'une personnalité en bonne et due forme, et sont réduits à de simples marionnettes avec des convictions taillées à l'emporte-pièce. Lorsque le lecteur arrive à la dernière page, il éprouve un soulagement à voir la bataille se terminer, ainsi qu'une surprise décevante, car il n'y a pas d'épilogue, pas de bilan, pas d'explication sur ce qui s'est réellement joué. Il en vient même à se demander si Christopher Moeller a réellement terminé son récit, s'il a été contraint par une pagination trop faible, ou s'il avait mal calculé son coup.

Après le plaisir de lecture de "A league of one", "Cold steel" déçoit à la fois pour sa partie graphique, bien en deçà de la première histoire, pour son intrigue aux enjeux trop conceptuels, et pour ses personnages qui n'arrivent pas exister, à transmettre leurs émotions au lecteur. 1 étoile.

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- Cette réédition se termine avec 13 pages de croquis préparatoires pour "A league of one", et 15 pages de croquis préparatoires pour "Cold steel". Elles donnent une idée de l'investissement de l'auteur dans sa conception graphique de ces récits, avec un gros effort porté sur l'apparence de Diana pour la première histoire, et sur les mecchas de la deuxième histoire. Viennent ensuite trois peintures pleine page, chacune consacrées à un portrait de Diana, magnifique à chaque fois dans sa force guerrière et sa grâce féminine.
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