AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
3,62

sur 55 notes
5
2 avis
4
4 avis
3
2 avis
2
1 avis
1
1 avis
Roman choral, L'interdite se déroule en Algérie. Sultana revient au pays à l'annonce de la mort de son amour de jeunesse ; elle le remplacera en tant que médecin. Cela ravivera les tensions dans son village natal autour de sa personne. Vincent est venu en Algérie pour découvrir le pays de sa donneuse de rein. Commence une amitié dans un pays qui n'est vraiment pas pour la liberté des femmes...
Un roman sous le sceau du secret puisqu'on découvre à la toute fin l'histoire de Sultana, lourd de la misogynie et des tensions religieuses de l'Algérie, où la grande liberté promise par l'indépendance s'est perdue entre les intérêts personnels, l'ingérence politique et l'extrême violence des guerres civiles.
Mais les femmes entrent en résistance contre la domination masculine, du moins dans ce coin perdu du désert. Même si cela ne suffira pas à faire rester Sultana, trop victime de la violence des hommes, de la vindicte populaire. Elle repartira cependant apaisée.
Un roman poignant, mais non larmoyant ou gnangnan, inspirée par le vécu de l'auteur, elle-même médecin et émigrée. Seuls parfois les dialogues m'ont semblé peu naturels et un peu grandiloquents par moment, mais cela n'étend pas la lecture. le portrait d'un pays qui se détruit à petit feu, où plus personne n'à la force ou l'envie de se rebeller contre les politiques iniques qui sont menées.
Commenter  J’apprécie          272
« A force de partir, vous vous déshabituez de vous-même, vous vous déshabitez. Vous n'êtes plus qu'un étranger partout. »

Sultana vit à Montpellier. Médecin, cette femme originaire d'Algérie vit seule, des livres entourent son lit, « des âmes d'encre encloses dans leurs rêves de papier. » Elle retourne en Algérie pour enterrer Yacine, un amour, qui était resté dans le village où elle était née et avait grandi. « Village natal, pèlerinage fatal ».

Elle eût une jeunesse emplie de douleur, sa mère et sa soeur mortes alors qu'elle avait cinq ans et son père la laissant seule face à la bêtise des gens qui la disent « maudite ». Elle sera aidée par le médecin du village, un ''roumi'' (veut dire romain et par extension chrétien) ce qui ne fera que renforcée la hargne des habitants. Il organisera son départ et lui fera poursuivre des études dans une grande ville. de ses douleurs et déracinements elle gardera des fêlures. « Partir ou rester, qu'importe. Je n'ai pour véritable communauté que celle des idées. Je n'ai jamais eu d'affection que pour les bâtards, les paumés, les tourmentés et les juifs errants comme moi. Et ceux-ci n'ont jamais eu pour patrie qu'un rêve introuvable ou tôt perdu ».

Vincent vient de recevoir une greffe de rein, un « presque rien ». Cet organe qui lui sauve la vie provient du corps d'une jeune femme algérienne, morte récemment. « Le hasard est un ange barbare. J'étais un receveur potentiel, préférentiel, sur son échiquier ». Il n'en sait pas plus, mais éprouve un besoin de communion avec cette partie de lui, ce rein qui le métisse de l'intérieur. « Nous sommes un homme et une femme, un Français et une Algérienne, une survie et une mort siamoise ».

Le voilà découvrant le ciel algérien : « il est si grand, si enveloppant » « on se croit grain de poussière dans une mousse de lumière, poussière de soleil ivre de miroitements ». Il doit comprendre ce pays et cette vie qui filtre en lui. Elle, « elle est si loin dans l'insolite et le différent, si seule dans le manque. Elle est un défi. »

Leurs chemins vont se croiser.

Pour lui : « On retombe en amour, comme en enfance, avec une mémoire et une conscience expurgées de leurs défenses devenues caduques et encombrantes. »
Pour elle : « J'en ai bu des amours et pourtant j'ai toujours perdu mes amants sur des chemins sans retours. Il ne me reste jamais qu'un désir béant, inassouvi. »

Deux visions compatibles ?

Ils feront la connaissance de Dalila, une petite fille perchée sur une dune. Un être étrange qui leur expliquera bien des choses, à mi chemin entre le Petit Prince et le Tambour.

Au travers de ces chemins, l'auteur montre l'imbécilité du racisme de part et d'autre de la Méditerranée (« En France, je ne suis ni algérienne, ni même maghrébine. Je suis une Arabe. Autant dire, rien. » et parle de l'exil, « aire de l'insaisissable, de l'indifférence réfractaire, du regard en déshérence ».

Elle pourfend « les faussaires de la foi », pointe du doigt l'attitude des hommes à l'égard des femmes, des hommes qui ne regardent pas mais qui « zyeutent » les femmes, et celle des garçons qui « agressent, faute d'avoir appris à aimer ». Elle ne décolère pas quand elle diagnostique des ''koulchites'', « pathologies féminines très répandue, symptôme des séismes et de la détresse au féminin. »

Elle décrit aussi l'erg, ses dunes qui avancent au gré du vent et le sable « tombé du soleil » qui « fait de la lumière et des étincelles » et qui peut être violent loin de l'image touristique, elle évoque « des lieux où la vie n'est jamais qu'une mort vicieuse qui se délecte et prend son temps .»

« Il n'y a de vrai que le mélange. Tout le reste n'est qu'hypocrisie ou ignorance. »

Un livre d'une justesse incroyable qui recèle mille et une nuits. J'ai apprécié la poésie de Malika Mokeddem et la profondeur des personnages.
Commenter  J’apprécie          240
Un livre que j'ai trouvé superbe. Les sujets abordés, l'exil, le face à face avec une culture d'où on est originaire et où on ne se retrouve pas, l'extrémisme religieux islamiste en Algérie, la condition féminine et le combat quotidien des femmes pour résister aux pressions masculines… Mais par-dessus tout, le style de l'auteur est riche, en émotions, en images, en révolte aussi. UNE EXCELLENTE DECOUVERTE ET UN VRAI COUP DE COeUR.
Commenter  J’apprécie          140
Autre roman classé "Algérie" et "condition féminine"dans mes lectures de découverte du Maghreb par sa littérature : ne m'avait pas laissée indifférente car il interroge les relations humaines, l'amour et la liberté.
Commenter  J’apprécie          110
Sultana, une Algérienne d'origine, revient dans pays, son ami Yacine étant décédé.Elle redécouvre son village après tant d'années et les habitants ne l'acceptent plus, la jalousent, l'insultent.Pourquoi lui en veux t'on ? Elle est une femme qui est devenue médecin, elle n'a pas respecté les traditions comme les femmes ici qui ont parfois dix enfants,travaillent au ménage et n'ont rien à dire. Elle ne supporte pas cette situation et se révolte.
Commenter  J’apprécie          80
La critique d'aujourd'hui est un peu différente. Je voulais faire une critique de ce livre que j'aime beaucoup, et j'ai retrouvé l'exposé que j'avais fait dessus en maîtrise. Je vous le mets ici.
Bien sûr, il voit le livre sous un angle donné "L'exil, et le choc des cultures", mais je pense que ces angles d'approche en disent assez longs sur l'ouvrage. Il est plus long qu'une critique normale, étant jalonné de citations qui illustrent mon propos, j'espère donc que la longueur ne vous dissuadera pas. Je n'enlève pas les citations qui, à mon avis, montrent un aperçu de la richesse de ce roman.
[...]
Lire la suite sur:
Lien : http://www.lalivrophile.net/..
Commenter  J’apprécie          70
ugdssmlsd,k
Lien : https://www.facebook.com/
Commenter  J’apprécie          30
Deux mois pour finir un livre, ça ne m'est jamais arrivé...enfin sauf quand je n'accroche pas du tout. dommage, il m a fallu beaucoup d'efforts pour le finir.
c'est lhistoire de Sultana, jeune médecin Algerienne et surtout rebelle, elle revient en Algerie ( dans le sud) suite à la mort de son ami, elle y découvre une Algerie qui na pas évolué, des mentalités moyenne ageuse ... elle fait face à une haine et colère injustifié contre elle...
bref, je nai pas trouvé grand intérêt à ce livre malheureusement.
Commenter  J’apprécie          20
"Ici, on ne supporte pas la gaieté, surtout chez une femme"
Sultana revient en Algérie où enfant elle a vécu un drame. elle refuse la condition faite aux femmes et pourtant elle aime son pays. elle décrit différentes formes d'exil : intérieur et géographique. Superbe comme l'oeuvre de Malika Mokkedam
Commenter  J’apprécie          20
L'interdite” s'appelle Sultana, elle a fui son village natal, Ain Nekhla, dans le sud algérien, après avoir vécu un drame familial affreux et une pression sociale terrible, fui l'intégrisme, le fanatisme, le patriarcat et l'injustice.

Devenue médecin, femme autonome et libre, elle retourne à ce village de misère après quinze ans d'exil, elle revient pour l'enterrement de son amour de jeunesse : Yacine, médecin lui aussi. Elle revient donc pour faire sa mémoire, mais aussi pour régler ses problèmes du passé, faire face aux fantômes qui hantent ses nuits, se rencontrer et faire le point avec son identité.

Après l'enterrement douloureux de Yacine, Sultana décide de rester quelque temps au village et de le remplacer au dispensaire. Elle fera la rencontre de Dalila, une petite fille si éveillée, qui a tant peur de grandir et de perdre sa seule liberté, celle de pouvoir admirer les dunes du Sahara et de les dessiner. Elle fera ensuite la rencontre de Vincent, un Français venu en Algérie à la découverte du pays de sa donneuse de rein, une agréable relation naît entre eux, ce qui va attirer des ennuis à Sultana, les fanatiques trouvent indécent qu'une femme puisse marcher librement et oser discuter avec ce mécréant, ils vont l'insulter et la menacer de mort, elle devient donc l'interdite de son propre village.

Malika Mokeddem nous plonge dans une histoire inspirée de sa propre vie, son propre village, là où l'ignorance, la misogynie et le patriarcat règnent clairement, là où les mentalités sont faites de préjugés et de haine. Mais Sultana ne fuira pas cette fois-ci, elle sera bien entourée, aura un soutien total de la part des femmes du village, révoltées et fatiguées de leur condition, et elle aura surtout une raison de combattre, une lumière, un espoir : la petite Dalila.

Un roman poignant, réaliste, intime et merveilleusement bien écrit.

#MalikaMokeddem
#litteraturealgerienne
Lien : https://www.instagram.com/li..
Commenter  J’apprécie          10




Lecteurs (203) Voir plus



Quiz Voir plus

Les emmerdeuses de la littérature

Les femmes écrivains ont souvent rencontré l'hostilité de leurs confrères. Mais il y a une exception parmi eux, un homme qui les a défendues, lequel?

Houellebecq
Flaubert
Edmond de Goncourt
Maupassant
Eric Zemmour

10 questions
562 lecteurs ont répondu
Thèmes : écriture , féminisme , luttes politiquesCréer un quiz sur ce livre

{* *}