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Critique de Alexein


Don Juan est un beau parleur pour qui seule importe la conquête, quoi qu'il lui en coûte. Dans son désir délirant d'absolu, il veut le plus de femmes possible, pareil à un collectionneur.

Sitôt qu'il a obtenu les faveurs attendues de l'objet de sa convoitise, il le délaisse comme un être sans la moindre importance. Don Juan est l'archétype du séducteur : c'est un jouisseur irresponsable. Dans une scène révélatrice de sa grande vicelardise et par ailleurs extrêmement comique, il veut se ménager les bonnes grâces de deux femmes à la fois, faisant semblant de favoriser chacune d'elles par messes basses alternées. Il fait ainsi passer l'autre pour folle et va jusqu'à les monter l'une contre l'autre.

C'est le type même du pervers qui bousille tout ce qu'il touche en le corrompant. Il finit bien sûr, ne pouvant dissimuler très longtemps ses tromperies, par liguer ces femmes contre lui. Il accumule et traîne des casseroles si nombreuses qu'elles le conduisent fatalement à sa perte. La morale qui clôt l'histoire est forte, rapide et sans ambiguïté. Elle est comme le châtiment divin de celui qui brave la loi et la religion. C'est une excellente pièce très éclairante quant à l'actualité. Molière a magistralement peint le caractère perpétuellement insatisfait, dénué de tout scrupule, flagorneur et empoisonnant du séducteur invétéré.

« Les inclinations naissantes, après tout, ont des charmes inexplicables, et tout le plaisir de l'amour est dans le changement. » Acte I, Scène 2
Et pour Don Juan, le changement c'est tout le temps.

Il est frappant de reconnaître dans la description de ce personnage le comportement de quelques représentants de la classe de l'homo politicus : toujours en quête de voix, en campagne ; promettant tout ce qui peut faire plaisir et ne voulant jamais décevoir ; prisonnier d'un besoin maladif de conquête ; incapable d'assumer ses actes. J'arrête là. le parallèle est total.

Pour qui sait manipuler les mots, il est facile d'exalter les coeurs et s'ouvrir ainsi le chemin du Pouvoir. La conquête seule est grisante pour les Don Juan. Ils y concentrent toute leur énergie. L'exercice ne leur est d'aucun intérêt. Ce sont des êtres vides.
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