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Critique de Slava


Slava
07 novembre 2018
George Dandin est un homme qui réussit dans la vie : de simple paysan, à force de faire de fructueuse affaire, il est devenu un riche propriétaire terrien et par le mariage avec la fille des nobles de la province, les Sotenville, il a acquis un titre de noblesse. Un rêve ? Non un cauchemar : Angélique son épouse le méprise ouvertement et ne cesse le de tromper et quand il s'en plaint auprès de ses beaux-parents, ceux-ci le rabaissent constamment... va-t-il parvenir à prouver au monde entier son cocuage ?
Parmi les pièces connues de notre cher Molière, George Dandin est un cas à part. Comme le Bourgeois gentilhomme et le Malade imaginaire, c'était une comédie-ballet crée pour les festivités à Versailles en 1668. Néanmoins elle a été un bide total dans sa représentation au Palais royal et encore aujourd'hui elle est moins jouée que d'autres. Est-ce parce que c'est une comédie amère et une des plus sombres de Molière ?
George Dandin est savoureux par son lot d'humour : aux traditionnels coups de bâtons et quiproquos de la farce, s'ajoute la caricature drolatique des Sotenville qui font figure de vieilles antiquités avec leur langage démodé et leurs gestes ridicules jusqu'aux noms (les Sotenville encore eux où voire même le nom de notre héros, George Dandin avec son titre de Monsieur de la Dandinière).
Cependant, et c'est là la singularité de cette oeuvre de Molière, est qu'elle est d'une grande noirceur. Contrairement à maints personnages molieresques comme le Sganarelle du Mariage forcé où dans une moindre mesure Arnolphe de l'Ecole des Femmes, le paysan parvenu ne mérite pas son sort. S'il pêche par vanité sociale, il est victime du dédain de son épouse qui le considère comme un moins que rien et se venge d'un mariage arrangé dont elle n'a pas voulu en commettant l''adultère avec un jeune galant et de ses beaux-parents dont le mariage n'a servi qu'à des intérêts économiques, et de ce fait, il est condamné à rester inférieur à leurs yeux même en s'étant hissé de la classe sociale. La fin de la pièce est notamment dramatique et les dernières paroles du protagoniste sont bien sinistre pour une pièce de Molière. Peut-être est-ce le fait que l'on joue sans la pastorale qui l'accompagnait durant la fête et qui le tempérait de sa candeur et sa fraîcheur. Mais il faut avouer que même si l'on rit, c'est d'un rire bien cynique, parfois jaune.
George Dandin est une comédie noire dans notre classification actuelle, qui nous interpelle encore sur la hiérarchie sociale et les relations hommes-femmes et il faut le voir pour le contraste entre l'humour et la tragédie qui y sont liées.
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