L'école des femmes, représentée à la fin de l'année 1662 donna lieu à ce que l'on appelé La querelle de l'école des femmes. La pièce a été attaquée, en particulier par les frères
Corneille, ainsi que par Donneau de Visé. Pour répliquer, mais sans doute aussi pour relancer L'école des femmes,
Molière écrit une petite pièce en un acte,
La critique de l'école des femmes, jouée pour la première fois en juin 1663, dans laquelle des personnages débattent de sa pièce, le beau rôle étant attribué à la défense. L'affaire est un succès, les spectateurs se pressent au théâtre. Les adversaires de
Molière répliquent, l'attaque la plus vive est une autre pièce, écrite par un certain Boursault, le portrait du peintre, ou la Contre-Critique de l'Ecole des femmes (
Molière était surnommé le Peintre par ses contemporains). La pièce, jouée à l'Hôtel de Bourgogne, le plus important théâtre parisien, à la fin de septembre 1663, s'en prend explicitement à
Molière. Celui-ci va réagir par une autre pièce, cet Impromptu de Versailles. Créée en octobre 1663 à Versailles, devant le roi
Louis XIV, peut-être écrite à sa demande, en huit ou dix jours, elle sera reprise à Paris, en accompagnement d'autres pièces. 19 fois en tout, et ne sera pas imprimée du vivant de
Molière, qui la considérait sans doute comme une oeuvre de circonstances, abandonnée une fois accomplie sa mission.
Molière s'y met en scène lui-même avec ses comédiens, en répétition de sa nouvelle pièce, qu'il doit jouer devant le Roi. Ces derniers rechignent, ils ont eu trop peu de temps pour apprendre la nouvelle pièce. Ils le lancent sur un projet, La comédie des comédiens.
Molière se laisse entraîner, il joue un auteur amenant une nouvelle pièce à la troupe, et se livre à une imitation parodique des comédiens les plus célèbres du l'Hôtel de Bourgogne, exagérant leur façon outrancière et peu naturelle de jouer. Après l'intermède d'un fâcheux, la troupe reprend sa répétition.
Molière fait répéter ses comédiens, qui jouent des personnages ridicules, le critiquant pour des mauvaises raisons, prêts à aller applaudir la pièce de Boursault, pour se venger de
Molière qui a trop bien su mettre en évidence leurs défauts . Il pousse ses acteurs à charger leur jeu, moque des attitudes ridicules. Moque la pièce de son rival, et pour sa meilleure défense invoque le succès, le plaisir manifeste des spectateurs de ses oeuvres. Mais le temps, presse, il s'agit de jouer devant le Roi. Qui par magnanimité, laisse au final les acteurs se produire dans une pièce qu'ils maîtrisent mieux.
Théâtre dans le théâtre, entre le vrai et le faux, les acteurs jouent successivement leurs propres rôles, des rôles, eux-mêmes en train de jouer des rôles...Il devait être saisissant de les voir passer de l'un à l'autre en un clin d'oeil. Nous avons un aperçu de ce que pouvait être la vie des coulisses à l'époque. Sans oublier que
Molière d'une façon magistrale attribue au final le rôle le plus important à un illustre absent de la scène, mais présent en tant que spectateur, le Roi.
La pièce évoque aussi un débat de l'époque, lié au jeu de l'acteur.
Molière prônait un certain naturel, à l'opposé de celui des comédiens de l'Hôtel de Bourgogne. Il s'agissait de dire un texte de la façon la plus emphatique, en essayant de produire un maximum d'effets, sans se soucier à la limite du sens. Mais c'est cette façon de jouer qui avait le plus de succès à l'époque dans la tragédie,
Molière n'a jamais réussi à imposer sa vision des choses ailleurs que dans la comédie, où ses textes et son jeu d'acteur, lui assuraient le premier rang. Il profite de l'Impromptu pour régler ses comptes et tenter de ridiculiser la troupe concurrente.
Forcément une partie de ce comique, caricature de personnes très loin de nous dans le temps, d'une façon de jouer qui n'est plus du tout pratiquée, nous échappe. Pièce de circonstances, elle est surtout intéressante pour ce qu'elle montre de la façon dont
Molière travaillait, de l'ambiance d'une troupe de théâtre de l'époque.