Avec «
le Malade imaginaire », «
le Bourgeois gentilhomme » est la plus drôle de
Molière. Par « drôle » j'entends « marrante », « bidonnante », « amusante », « désopilante », et pas seulement « spirituelle » ou « comique », ce qu'elle st également, et dans une grande proportion. Rappelez-vous simplement les « cours » donnés par les maître de musique, maître à danser, maître d'armes et surtout maître de philosophie, c'est tout simplement hilarant !
Le thème en est connu : un riche bourgeois a de envies de noblesse, et se met dans la tête de faire partie des « gens de qualité ».
Monsieur Jourdain est un riche bourgeois parvenu. Atteint de la manie de devenir une « personne de qualité », il multiplie les cours de maintien et d'apprentissage pour assimiler les rudiments d'une vie exemplaire dans la « bonne société ». Il s'entiche d'une coquette, Dorimène, qui bien entendu se moque de lui. Aveuglé par sa vanité, il ne voit pas qu'il est manipulé par tous ses « maîtres », et jugeant que Cléonte, l'amant de sa fille Lucile, n'est pas né gentilhomme, refuse le mariage. Madame Jourdain et sa servante Nicole essayent sans succès de la raisonner. Alors Cléonte prend les choses en main : avec son valet Covielle il met en place un stratagème destiné à le faire passer, lui Cléonte, pour le fils du grand Turc. Monsieur Jourdain, au faîte du ravissement, est promu « Mamamouchi » et donne son consentement aux jeunes amoureux.
«
le Bourgeois gentilhomme » est une comédie-ballet. le texte étincelant de
Molière est ici soutenu par une des plus belles partitions de Lully (dont le célèbre « Menuet » et la non moins célèbre « Marche pour la cérémonie des Turcs »)
Monsieur Jourdain est un vaniteux, un être bouffi de prétention, mais, reconnaissons-le, il n'est pas méchant, il est surtout d'une grande bêtise. Il prête à rire, mais au fond on ne lui en veut pas, parce qu'il a des sentiments, il aime sa femme et sa fille, même si son aveuglement pour « la bonne société » l'empêche de raisonner convenablement.
L'origine du « Bourgeois gentilhomme » nous est connue :
Molière a trouvé son inspiration dans Porthos (oui, oui, le Porthos des « Trois mousquetaires ») qu'il a rencontré chez Fouquet au château de Vaux et accessoirement dans le chapitre CCXI du « Vicomte de Bragelonne » (
Alexandre Dumas – 1847-1850)
Monsieur Jourdain a été incarné à multiples reprises sur le grand écran et le petit : citons
Michel Serrault (1968),
Michel Galabru (1982) ou encore
Christian Clavier (2009). Pour honorables qu'elles soient, ces adaptations s'effacent devant l'extraordinaire captation de la
Comédie Française en 1958, réalisée par Jean Meyer, d'après le texte original de
Molière et la musique originale de Lully, avec une distribution (excusez du peu) : Louis Seigner (Monsieur Jourdain),
Jacques Charon (le maître à danser),
Robert Manuel (le maître de musique),
Georges Chamarat (le maître de philosophie),
Jean Piat (Cléonte), Jean Meyer (Covielle),
Georges Descrières (Dorante), A. de Chauveron (Madame Jourdain),
Micheline Boudet (Nicole) et Michelle Grellier (Lucile).
En attendant une sortie en DVD, vous pouvez trouver la pièce sur youtube (malheureusement en qualité médiocre, et partiellement tronquée, mais la magie du jeu des comédiens reste intacte)
A défaut, optez pour la captation 1980 de la pièce réalisée par
Pierre Badel, mise en scène de Laurent Cochet, avec
Jean le Poulain dans le rôle de Monsieur Jourdain et les Comédiens-Français (disponible sur le site de la boutique de la
Comédie-Française)