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4,09

sur 927 notes
J'étais en quête de romans pour ados de 15,16 ans....Ma recherche est fructueuse avec "Sobibor" !
L'écriture fluide de Jean Molla nous mène dans l'enfer de l'anorexie et parallèlement, du camp d'exterminatin de Sobibor et des atrocités qui s'y sont passées. Il y a donc une histoire dans l'histoire : d'abord la fille de 17 ans raconte comment elle en est arrivée à ne plus manger, et puis à s'empiffrer (même de nourriture pour chats...) et puis à vomir...La description de son état physique également est particulièrement effroyable !
Et puis elle découvre un cahier secret, car dans sa famille, il y a un GRAND secret. Et là, cela va déclencher une crise encore plus grave. Car outre l'horreur du camp, elle se rend compte que cela touche sa famille.
Vraiment, je recommande ce roman à tous les profs, à tous les parents d'ados entre 15 et 17 ans, ils vont découvrir un univers complètement étranger à leurs préoccupations quotidiennes, et un autre qu'ils côtoient peut-être...
Dans tous les cas, pour eux, cela provoquera une fameuse prise de conscience !
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Je ne ferai pas un long commentaire car tout a été dit déjà !
Comment ne pas être terriblement ému(e) à la lecture de ce récit prenant , poignant , sensible qui questionne sur le poids des non- dits dans les familles, l'indifférence terrible, les faux - semblants et les MENSONGES !
Il aborde deux thématiques très différentes, l'une le devoir de mémoire, le silence, la deuxième guerre mondiale et des secrets de famille enfouis épouvantables, l'autre : l'anorexie et la boulimie, un problème douloureux , difficile , délicat , qui entraîne tant de dégâts chez les jeunes filles , très rarement abordé en littérature , une annihilation de son corps, une sorte de victoire absurde de pureté et de triomphe sur l'image de soi , ( on se trouve belle ) avec toutes les conséquences désastreuses sur la santé, (souvent les parents ne s'en rendent pas compte..du moins , au début )
C'est une oeuvre magnifique lue d'une traite : captivante , glaçante, exemplaire , que chacun devrait lire, à conseiller à des ados , peut- être mais pas avant 15_ 16 ans .......Et pour tous les âges, bien sûr .
Je croyais avoir lu pas mal de livres sur les camps d'extermination ........
Un Ouvrage que je ne connaissais pas ........dont le titre m'a interpellée à la médiathéque !
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Je vais me permettre une lecture psy. de ce livre avec la théorie de Serge Tisseron sur les secrets de famille :

La première génération est dans l'indicible , Jacques Desroches et Anna , Jean Lachaval et Mamouchka, auteur de crimes et complice. Ils ne disent rien de leur passé. En tout cas verbalement, mais ils expriment des choses, par la musique, par leurs expressions corporelles (en particulier Mamouchka qui montre de la douleur et se ferme aux questions), par le choix des prénoms, par les lapsus, les rêves...etc... le secret filtre, il suinte et se transmet.

La seconde génération est dans l'innommable, ils ne sont d'ailleurs pas nommés à aucun moment. le père d'Emma, médecin, a un don exceptionnel pour ne jamais poser de question, aucune interrogation sur ce qui arrive à sa fille, sur un symptôme qu'il devrait pourtant au moins pouvoir définir, mais il y a là comme une zone vide, d'impossibilité à nommer. Et Emma pointe bien que le silence de sa mère est lié à l'attitude son père.

La troisième génération est dans l'impensable. Puisqu'elle ne peut pas penser, le symptôme s'installe et donne un sens à tous les éléments que malgré eux les grands parents et parents ont transmis de leur histoire.

Emma dit bien, et c'est important, que chaque histoire est singulière et qu'il ne s'agit de poser le postulat que tous les enfants anorexiques ont eu des grands parents bourreaux
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Au centre de cette histoire brûle un secret de famille. Un secret caché dans le journal d'un nazi ayant participé à l'oeuvre d'extermination du peuple juif au camp de Sobibor.

Emma souffre d'anorexie mentale. On suit le déclenchement de ses crises et en parallèle le parcours qui la mène vers la découverte de l'horreur. « Est-ce qu'on peut savoir ce qu'on ignore ? » le corps d'Emma prouve que oui. Les mots tus creusent un vide et ce vide dénonce.

« Ce n'est pas ma fonction qui me dicte ce que je dois faire. » Ce sont les mots du directeur du supermarché où Emma vole des paquets de gâteaux. Alors que d'autres, pendant la Shoah, exerçaient leur fonction de SS, perdant toute humanité, étouffant leur conscience, en se laissant dicter leur conduite.

« Zakhor ! » : « Souviens-toi » en hébreu. Mot qu'un vieil homme juif prononce regardant le SS froid et implacable dans les yeux. Des mots qui se plantent dans le regard de l'homme à l'uniforme impeccable. Et des mots qui traversent les générations pour ne pas oublier.
Ne pas oublier comment on fabrique des monstres. Des monstres qui sont aussi capables d'aimer, de se fondre dans l'oubli, la négation. Si on oublie, les monstres reviennent.

Comme le dit Emma : « Mais la plupart du temps, mon esprit devient de glace et reste à la surface des mots. Je peux réciter mais je ne comprends rien. » Il faut continuer à en parler, même si les mots sont incapables de traduire dans toute leur noirceur les faits, pour que Sobibor, et tous les autres camps, existent encore dans les mémoires.

« Voici le jour en trop : le temps déborde »
Le passé déborde sur le présent, il nous fait mal, mais il raconte ce que nous sommes capables de faire, ce que nous devons éviter à l'avenir.

Un très bon roman sur la mémoire, le mensonge, le silence.
Le dossier à la fin du livre est intéressant.
J'aime particulièrement la planche de Tardi parue dans le quotidien Libération (27 janvier 2000), illustrant l'ouverture à Stockholm du forum international sur l'holocauste et la mémoire.
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Un livre touchant et très bouleversant! On part d'une adolescence anorexique vers les traumatismes plus profonds de la Shoah...
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Un livre de plus sur les camps et l'horreur nazie ? Non, un livre nécessaire, une fois de plus. Un livre lu en parallèle de mon fiston qui, à son jeune âge (en classe de 3ème), en est encore à découvrir un passé qui lui semble invraisemblable.

Emma ne mange plus. Plongée dans l'enfer de l'anorexie, elle cherche des réponses à des questions qu'on refuse d'entendre. Fille unique d'un couple bourgeois avec qui elle entretient des relations distantes, elle trouve complicité et réconfort auprès de sa grand-mère, Mamouchka. Pourtant, elle sent de manière viscérale que cette dernière lui cache quelque chose, surtout depuis qu'elle l'a entendu prononcer dans son sommeil des noms de personnes inconnues et un autre, Sobibor. le silence de sa grand-mère la ronge, encore plus lorsque cette dernière décède. Sobibor… Emma sait très bien ce que ce nom recouvre : un camp d'extermination en Pologne, aujourd'hui disparu. La découverte d'un journal intime caché dans les affaires de sa grand-mère va enfin lui apporter des réponses qui dépassent ce qu'elle aurait pu imaginer.

« Sobibor » : livre sur l'horreur nazie, sur les camps d'extermination, sur la Shoah. Mais aussi livre sur la mémoire, le mensonge, la lâcheté. Sur les secrets de famille qui vous bouffent la vie alors même que tapis et tus, on sent leur poids, omniprésent. Un silence trop épais et trop lourd à supporter, des questions qui restent sans réponse. C'est cela qui, au début, rend Emma malade. C'est la découverte de la vérité, ensuite, qui l'achève avant de la libérer.

Jean Molla, dans ce roman au succès critique et populaire, nous offre un récit très fort, abordant les pans obscurs de l'ère nazie. Dans ce livre destiné aux adolescents, tout est dit et bien dit. L'auteur réussit à mêler habilement l'histoire familiale d'Emma à la grande, passant en revue les principales étapes de l'extermination des Juifs à travers l'histoire de Jacques Desroches et du camp de Sobibor. Seul le personnage du directeur du supermarché m'a semblé être de trop, son rôle m'apparaissant totalement invraisemblable. Mais il y a cette phrase qu'il prononce : « Ce n'est pas ma fonction qui me dicte ce que je dois faire »… Et là, tout est clair. L'auteur permet au lecteur – et à Emma - de réfléchir à cette notion de responsabilité et renvoie les bourreaux face à leurs actes : tout le monde a le choix d'agir en son âme et conscience, quelle que soit sa fonction.

Un très beau roman, recommandé par le Ministère de l'Education nationale pour les classes de Troisième, à juste titre.
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Sobibor a longtemps vécu une petite vie tranquille, posé sur une étagère de ma bibliothèque, et j'avais même fini par l'oublier. Comme je souhaitais rassembler tous les livres que je possède sur le thème de la Seconde Guerre Mondiale et, par la même occasion, compléter mes ressources, je suis retombée dessus et je me suis empressée de le lire. Sobibor mêle de manière assez surprenante, ou du moins inédite par l'entrée qu'il propose, la petite histoire – celle d'Emma qui souffre de troubles alimentaires – et la grande Histoire – celle de millions de Juifs assassinés. Alors qu'elle vient de perdre sa grand-mère, Emma déniche chez cette dernière un vieux carnet dissimulé sous une pile de linge. Ce carnet est en fait le journal intime d'un dénommé Jacques Desroches. Au fur et à mesure de sa lecture, Emma va découvrir l'horreur des camps et mettre au jour un secret familial qui va l'anéantir. Les allers-retours entre le présent et le passé sont très intéressants : on a, d'un côté, la parole émue et réfléchie d'une adolescente sur l'horreur que nous connaissons tous, et, de l'autre, la froideur stupéfiante et abjecte du récit de Jacques Desroches. J'ai personnellement été davantage happée par la lecture du journal – j'ai d'ailleurs réalisé que j'avais lu assez peu de choses sur le camp de Sobibor –, mais je trouve que l'ensemble est une réussite, à quelques détails près, notamment la fin qui m'a laissée perplexe mais qui invite incontestablement à la réflexion.

Lien : http://aperto-libro.over-blo..
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De la folie intime à la folie à l'échelle humaine, il n'y a qu'un pas que Jean Molla franchit avec talent pour nous conter l'histoire d'Emma, souffrant d'anorexie. A force de ténacité, elle parviendra à faire émerger son identité de femme d'un embrouillamini familial des plus sombres.
Si c'est sa grand-mère qui détient la clef des nombreuses questions qu'elle se pose, c'est seule qu'Emma devra trouver les réponses au risque de chambouler la respectabilité de sa famille.

Encore un cas d'école, car outre l'aspect romanesque de ce roman joliment mené, on trouve là encore une excellente illustration de ce que vient colmater la pathologie mentale. Si elle s'ancre dans le présent, elle s'enracine toujours dans les générations précédentes et véhicule souvent ce qui ne peut se dire. Ici, elle s'attaque au corps et renvoie, comme un miroir, l'image de celui d'Emma, décharné, à ceux, squelettiques aussi, qui hantaient les camps nazis.

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Un livre poignant que l'on lit d'une traite. On pourrait penser "encore un livre sur les camps de plus!" ou bien " encore un livre sur l'anorexie de plus!" Mais Jean Molla marie avec brio les deux, il relie passé et présent avec pour trait d'union le mensonge.
Les mots sont parfois durs, toujours marquants. C'est un très bon roman, merci au CDI du collège et surtout aux élèves du café littéraire de me l'avoir fait découvrir !
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" Au coeur des êtres comme au coeur du temps humain, des secrets que l'on s'efforce d'escamoter. Des abîmes de noirceur. Ce livre pour essayer de les dissiper." Ainsi s'exprime l'auteur.

Ce n'est pas un livre de plus sur l'horreur de la Shoah. C'est le regard d'une jeune fille d'aujourd'hui, elle-même en souffrance, sur le passé familial, qui lui est révélé par l'intermédiaire d'un vieux journal intime, découvert dans les affaires de ses grands-parents.

C'est à travers elle, le devoir de mémoire, la nécessité de ne pas oublier tous ces cadavres, Sobibor, oui, un si joli nom , un village polonais, mais celui en fait d'un camp d'extermination. Dont il n'y a plus aucune trace. Comme si ce lieu de mort n'avait jamais existé.

C'est l'anorexie, qui mime le dégoût, le rejet des comportements familiaux horribles, incompréhensibles, c'est le vomissement de toute ce poids des secrets, la volonté de s'alléger, de crier, de se libérer. Emma est forte malgré sa fragile apparence. J'ai été en complète empathie avec elle.

Je compte faire lire ce roman à ma classe de troisième. C'est un texte dur mais nécessaire, qui , j'espère, saura les toucher, les faire réagir. Qui les bouleversera. Comme moi.
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