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EAN : 9791097515362
124 pages
LA TRACE (25/08/2020)
4.21/5   31 notes
Résumé :
Je suis Maïmouna.
Je suis sénoufo et malienne.
J’ai treize ans.
J’ai quatre frères et trois sœurs.
Et je suis montée sur le bateau,
il y a longtemps, je crois.
Un jour, je ne sais pas quel jour,
je suis montée sur le bateau car Ma m’a dit, monte.
La France ;
le Djinn aux cheveux longs couleur de blé t’attend...


wmjg
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Critiques, Analyses et Avis (23) Voir plus Ajouter une critique
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Alors que l'Océan Viking, l'héritier de l'Aquarius, bateau de SOS Méditerranée est retenu depuis le 22 juillet dans le port de Porto Empedocle en Sicile, par les autorités Italiennes avec la bénédiction de l'union européenne toujours aussi lâche quand il est question de prendre et d'assumer ses responsabilités… qu'il fait, malheureusement, bon de se plonger dans un petit livre comme « Ulysse a dit ». Pas que ce soit le livre du siècle ou de l'année ni même celui de la semaine, c'est juste un livre intemporel, un livre du coeur, un livre du dégout et du courage.
Le dégout de nos sociétés, de nos… « civilisations ? » qui permettent que des Hommes meurent tous les jours de faim ou sous les bombes, que des Hommes soient asservis et assassinés au nom d'un dieu quel qu'il soit, le dégout d'un monde qui permet, pire, qui accepte, que des Hommes meurent en mer en essayant d'échapper au destin qu'on leur a tracé. Migrants, clandestins et autres petits mots doux pour les nommer. On les fait clandestins de la vie alors qu'ils sont la vie pendant que nous sommes « morts » devant nos écrans de télé, devant ces réseaux qu'on appelle sociaux, devant tant de choses. Morts de peurs. Peur de perdre son boulot, son fric, sa femme ou son mari, sa santé, son confort, sa place de parking, son match de foot, peur de l'autre, des autres. Hier l'autre c'était une couleur de peau, une religion, une orientation sexuelle, une conviction politique. Ca le reste aujourd'hui mais il faut y ajouter celui qui avance sans masque. Des goûts et des coups leurrent…
Ce petit livre, c'est le livre du courage. Courage de ceux qui partent. Même s'il est maintenant politiquement correct de dire qu'on ne peut pas accueillir toute la misère du monde (copyright rocard 89…) il serait tellement plus simple de ne pas la créer ni l'entretenir cette misère qui nous rapporte tant…
Oui courage de ceux qui quittent une terre, un parent, juste pour avoir le droit de vivre, juste pour avoir le droit de respirer sans risquer la sanction, juste pour avoir le droit de voir grandir ses enfants, juste pour que ses enfants aient une chance de grandir.
Courage aussi de ces gens HORS LA LOI !!!!!!! qui aident les « clandestins », courage des membres de ces associations qui désobéissent intelligemment. Tendre la main est aujourd'hui condamnable sans que ça ne pose le moindre problème…
Ce petit livre est un livre du coeur, écrit avec le coeur.
Ce petit livre c'est le pouls de l'humanité qui devient de moins en moins perceptible. C'est un battement rebelle, une pulsation qui vient battre aux tempes et qui fait mal à la tête, et qui fait mal au coeur.
Ce petit livre c'est l'histoire de Maïmouna, petite Malienne de treize ans, ce petit livre c'est l'histoire d'Ulysse, gardien de phare, ce petit livre c'est une histoire comme il y en a trop, ce petit livre c'est notre histoire.
Si vous venez tendre l'oreille aux dires d'Ulysse, ne vous perdez pas à savoir si c'est de la littérature ou pas, on s'en fout. Entendez juste ce souffle de vie, ce souffle d'en vie.
Ce petit livre c'est Maïmouna, c'est Mona Azzam, c'est un froissement d'elles.

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Ce roman est un rêve et un cauchemar.
Le rêve d'une mère, le cauchemar de sa fille.
De la Mauritanie à l'Espagne.
Des économies à l'épargne pour la traversée.
L'homme blanc aux cheveux dorés à l'arrivée « Ma avait prévu cela. »
La cale insalubre, le viol lugubre, le naufrage. « Ma n'avait pas prévu cela. »

De sa vie, il en a eu marre, Ulysse est gardien de phare, il a tout plaqué pour Gibraltar.
Ulysse a dit… Plus jamais ça.

Mais je n'y crois pas !
L'histoire de Maïmouna, Ulysse la raconte dans ce livre.
« Mais elle est aussi, une histoire universelle, celle de tous les migrants qui payaient et payeraient encore longtemps, au prix de leur vie, leur quête de contrées européennes où ils n'aspirent qu'a une vie normale, loin des conflits qui déciment leur pays d'origines. »

Mona Azzam a fait d'un sujet lourd un roman facile à lire, presque léger par la poésie qui s'en dégage. Un roman parfaitement adapté à la lecture par des adolescents, des lycéens. Pour qu'ils ne soient pas dupes, pour qu'ils sachent même s'ils n'y peuvent pas grand-chose.

« Comment va le monde – il est rouge sang. Et à mon avis il l'est pour longtemps.
Comment va la vie – il y a des endroits, elle vaut dix dollars – combien je te dois.
Comment va la guerre – elle va comme elle va. Elle est planétaire. On se reverra.
La dignité n'est pas notre spécialité. »
B. Lavilliers.

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𝘜𝘭𝘺𝘴𝘴𝘦 𝘢 𝘥𝘪𝘵...

Cette Odyssée n'est pas la sienne.
Il se fera pourtant leur voix pour la conter, par-delà les flots, lui Ulysse, gardien du phare, la porte ouverte sur l'océan...

Cette Odyssée c'est la leur... celle de Maïmouna, celle d'Aminata, celle de tant d'autres qui, comme elles, tenteront le grand voyage. Terre rouge d'Afrique, terre de griots, terre de sueur et de labeur, terre d'islam et de répression...

Et au-delà de ces terres millénaires, au-delà de cette étendue bleue, houleuse et belle à la fois, cercueil au linceul d'écumes mais tant porteuse d'espoirs, l'avenir... L'espérance d'un nouveau printemps, les notes d'un chant salvateur. La vie. Chapitre Un.

Cette Odyssée, Maïmouna, petite malienne aux yeux caramel et au teint d'ébène, l'accomplira seule, loin de sa famille, sur une mer parsemée de cyclopes... Elle aussi se fera voix... Petite sirène dont les mélopées s'élèveront pour se faire écho des tourments qui ravagent son pays.

Avec une plume sincère, beaucoup de sensibilité et quelques jolies envolées poétiques qui lui siéent à ravir lorsqu'elle évoque la mer ou les contrées nord-africaines, Mona Azzam livre, à travers les yeux caramel de Maïmouna, un cri d'alarme, un playdoyer pour tous ces migrants à l'histoire universelle, à la recherche d'une petite étincelle de bonheur loin des conflits morcelant leur pays d'origine, le Mali.

Dans une région où AQMI fait toujours planer l'insécurité, où l'instabilité politique, les sécheresses, le terrorisme ou la corruption sont autant de fléaux qui forcent à l'exil, les forces armées françaises viennent toutefois récemment d'abattre le chef d'AQMI lors d'une action antiterroriste, entretenant une petite lumière d'espoir, comme un phare qui se dresse pour tous les Ulysse et les Maïmouna du monde...


(𝘈𝘘𝘔𝘐 : 𝘣𝘳𝘢𝘯𝘤𝘩𝘦 𝘥'𝘈𝘭-𝘘𝘢𝘪𝘥𝘢 𝘢𝘶 𝘔𝘢𝘨𝘩𝘳𝘦𝘣 𝘪𝘴𝘭𝘢𝘮𝘪𝘲𝘶𝘦)
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Maïmouna, malienne, a 13 ans. Arrivée par bateau, elle fera irruption dans l'univers d'Ulysse, écrivain, borné sans limites par un phare et par la mer.
Elle a fui son pays en voyageuse clandestine, lui a migré de famille d'accueil en famille d'accueil.
Il se fera un devoir de raconter l'odyssée de cette déracinée, perpétuant ainsi la tradition des griots.

Deux oeuvres parcourent en filigrane le roman de Mona Azzam, le petit prince et Ulysse, qui reviennent en leitmotiv.

Cet ouvrage est un petit opus taillé comme un conte fictif, celui de la rencontre improbable du petit prince aux cheveux couleur d'or qui cherche à apprivoiser Maïmouna aux yeux caramel. C'est aussi un récit véridique sur l'abominable voyage qu'entreprennent ceux qui ont laissé leur âme dans un pays lointain.

C'est frais, plein d'embruns d'humanité, au bord de la naïveté qui sied aux propos.
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Maïmouna, petite Malienne aux yeux caramel, ta maman t'aimait tant qu'elle a sacrifié son amour pour tenter de te sauver.
Du jour où elle a entendu ton cri déchirant à travers la Savane, elle a su qu'elle devait t'éloigner de Yélékéla, de cette terre d'Afrique devenue hostile.
Alors, tu as fait ton baluchon sans rien dire et, à travers le désert, tu as marché dans ses pas jusqu'au bateau blanc qui devait te conduire à une vie meilleure, au djinn aux cheveux d'or de ton livre préféré.
Mais Ma n'avait pas prévu la maladie, la violence, la tempête, la France si lointaine.
Dieu seul savait, qui a mis Ulysse sur ton chemin afin que ton histoire ne tombe pas dans l'oubli.
Alors, du haut de son phare, Ulysse s'est fait griot, Ulysse a dit...

Un récit aux allures de conte qui n'occulte pourtant pas la cruelle réalité qu'affrontent ces naufragés de l'espoir que sont les migrants.
Une plume sensible, délicate, que Mona Azzam manie avec justesse, laissant dans son sillon de doux parfums d'embruns et, dans la bouche, le goût salé/sucré de la tragédie humaine.
Merci à David pour cette belle découverte !
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Citations et extraits (13) Voir plus Ajouter une citation
Il est un pays lointain où j’ai laissé mon âme.
Il est un village surplombant la savane où j’ai semé mon être.
Il est un parfum de goyave où mon cœur rêve au lointain.
Il est un regard éteint qui domine la terre rouge.

Il est une voix qui se fige en écho de l’âme.
Il est un pays lointain où l’on ne sème plus.
Il est un parfum aussi douloureux qu’un drame.
Il est un homme oublié qu’aucune mer ne ceindra.
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Ceci n’est pas un mythe homérien.
Ceci est une danse primitive, danse des mots nus et envoûtés, danse des rimes écumeuses du chant Un.
Ceci est un refrain percutant et dérouté.
Ceci est la voix de Maïmouna qui se lève, porteuse d’embruns, une voix frêle qui essaime et hèle, sans relâche et rebelle, l’inconnu égaré et le passeur de sel.
Ceci est la voix d’Ulysse. Qui vibre et tournoie au rythme épique. Une voix qui s’insurge, vibrante d’émoi et qui s’élance, en cri : le cri du griot.
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En chacun de nous, sommeille un Ulysse dont la voix fait encore écho, par-delà l’immensité des océans. Par-delà les contingences temporelles. Un Ulysse inoublié ; inoubliable. Un héros qui du héros, n’a nulle autre prétention si ce n’est celle de dire. Afin que résonne en nous tel un fracas de vague l’essentiel
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Il savait que parfois, les cieux se troublent et retiennent prisonnier un goëland dont le rire égaré résonne, silencieux. Et dans ce silence ombrageux, le mot, écho d'antan se fige, victime malgré lui des tourbillons de l'existence.
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Sur la place du village, à l'ombre de la mosquée, le griot a pleuré.
Et il a chanté. Et il a chanté en pleurant.
Il est un pays lointain où j'ai laissé mon âme.
Il est un village surplombant la savane où j'ai semé mon être.
Il est un parfum de goyave où mon cœur rêve au lointain.
Il est un regard éteint qui domine la terre rouge.
Il est une voix qui se fige en échos de l’âme.
Il est un pays lointain où l’on ne sème plus.
Il est un parfum aussi douloureux qu’un drame.
Il est un homme oublié qu’aucune mer ne ceindra.
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Video de Mona Azzam (1) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Mona Azzam
Editions L'Harmattan
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