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EAN : 9782365690843
256 pages
Editions Les Escales (06/03/2014)
4.05/5   10 notes
Résumé :
Vingt-cinq ans après la guerre des Malouines, le cadavre gelé d’un soldat est découvert sur un canot de sauvetage en Antarctique. Après des années d’incertitude, Ana peut enfin enterrer son fils. Et surtout, le journal du naufragé lui révèle l’existence d’un petit-fils qu’elle est prête à tout pour retrouver. Pour l’aider dans sa quête, Ana va faire appel à une jeune journaliste, Celina, qui décide de se jeter à corps perdu dans cette affaire afin d’oublier le naufr... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (6) Voir plus Ajouter une critique
C'est un roman bien étrange que ce "Naufragés". le suspense est bien au rendez-vous dans cette enquête menée par une journaliste à la demande de la mère d'un soldat mort durant la guerre des Malouines. Mais la mort n'a pas les traits qu'on lui prête. Elle présente le visage mutique de la solitude et de l'abandon. La solitude de deux mères à la maternité contrariée, refoulée ou brutalement abrégée, dans une Argentine gangrénée par la corruption et la violence et qui a négligé une partie de son passé.


Le début n'est cependant pas évident, voire même assez chaotique : ça commence comme une lente mélopée, un long lamento d'une journaliste froide et distante dont la voix intime envahit le récit. Ses réticences à s'engager dans une enquête éloignée des pourris qu'elle poursuit, le sentiment de culpabilité que renvoie Dona Aña en voulant retrouver un petit-fils qui fait figure de fantôme tout le long du récit, la découverte des plaies jamais refermées laissées par la guerre contre les anglais…tout résonne comme une rengaine éternellement triste susceptible de décourager le lecteur au bout de quelques pages. D'autant plus que la lecture de ce roman nécessite un temps d'adaptation. L'auteur bouscule la ligne de narration, multiplie les mouvements de flux et de reflux dans les dialogues de sorte que le plaisir n'est pas immédiat. On tâtonne.


Puis, peu à peu l'opiniâtreté de ces deux femmes séduit car elle permet à chacune d'elles de soigner le souvenir et les blessures silencieuses de l'autre. Leur combat avec ses petites victoires et les moments de lassitude devient addictif. La détermination de ces femmes anime l'intrigue, riche de rencontres bénéfiques et de rendez-vous manqués. Jusqu'au bout on doute, on espère, on redoute car comme le décrit si bien Claudia Piñeiro sur la quatrième de couverture le suspense "n'est pas celui d'un thriller mais celui des émotions".
La plume n'y est certainement pas étrangère. Avec une écriture étonnamment féminine, Fernando Monacelli donne à cette fiction des lueurs profondes et mélancoliques, denses et fragiles, simples et puissantes, à l'image de ses héroïnes. Une fois abandonnés les effets de style redondants, c'est un récit habité par une intensité émotionnelle poignante, elle est si convaincante qu'elle parvient même à faire accepter la construction tortueuse de ce roman.
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Le titre "naufragés" délivre un double message, naufragés issus d'un naufrage de la marine de guerre argentine, mais aussi naufragés de la vie pour des raisons diverses.
Je découvre ici un nouvel auteur... Ce livre je l'ai choisi pour son titre mais aussi pour sa couverture, un voilier posé en équilibre sur le sable à marée basse.
J'ai été touchée par l'histoire et par l'écriture. L'intrigue est captivante et le lecteur qui marche sur la trace de la journaliste enquêtrice a envie de connaître le dénouement de cette histoire. Cependant, le récit est troublé par des rêves de la narratrice et aussi par le discours qu'elle tient à une inconnue. La clé de l'énigme se trouve dans les dernières pages du roman qui nous entraîne depuis l'Argentine, Buenos Aires et un croiseur perdu pendant la guerre des Malouines jusqu'à Madrid...
Un livre rempli de nostalgie, que j'ai apprécié.
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Horline le dit très bien dans sa critique sur Babelio, il y a du flux et du reflux dans ce roman. Une femme parle d'une femme à une autre femme. Précisons. Une journaliste parle d'une mère qui veut retrouver son fils à une femme dont nous ne saurons rien pendant longtemps. Cette journaliste, Celina, oscille entre plusieurs souvenirs. Celui de sa vie avec l'homme qu'elle aimait et qui l'a abandonnée avec leur fils. Celui du présent où elle couche avec son rédacteur en chef et refuse de s'occuper de son fils. Enfin, celui de l'enquête que lui a confié Ana, la maman d'un tout jeune homme disparu en mer pendant la terrible guerre des Malouines. Elle est persuadée qu'il a eu un fils et veut le retrouver.
Alors je vais être franche. Si vous trouvez que j'ai bien expliqué le roman, sachez que ça m'a coûté. Parce qu'à la lecture, c'est un sacré bazar. Et franchement, quand je vois comment j'ai réussi à le résumer, je me dis que ça ne devrait pas être le cas. Un peu de mystère, de suspens, de pudeur, d'accord, mais là, c'est quand même pas facile à suivre.
Seulement...seulement j'ai très envie de le recommander, ce roman. Parce qu'il parle de la guerre des Malouines et qu'il n'y en pas tant que ça, des romans sur ce sujet. Mais surtout parce qu'il est très fin, très humain, très touchant. Claudia Piñeiro, auteur argentin que je recommande aussi, a dit « le suspense de Naufragés n'est pas celui d'un thriller mais celui des émotions. Parce qu'il touche à la maternité, aux différentes façons d'être mère, sans préjugés ni faux stéréotypes. » C'est en effet un roman sans clichés avec un personnage principal pas facile à aimer et pourtant totalement compréhensible et finalement attachant. C'est en effet aussi le roman d'un lent retour à la vie, et malgré le chemin tortueux pour y arriver, on referme le livre en se sentant bien.
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Du suspense, Naufragés de Fernando Monacelli n'en manque pas. le fils d'un marin mort pendant la guerre des Malouines est peut-être vivant quelque part et c'est cette quête qui anime sa grand-mère et la journaliste chargée de mener une recherche compliquée. Mais l'intérêt est ailleurs dans ce grand roman où les femmes ont le premier rôle. La fibre maternelle y est décrite dans tous ses aspects et sur trois générations. On peut être agacé par la forme du livre, avec ses constants allers et retours entre ses différents personnages mais Monacelli maîtrise son récit et sa construction tarabiscotée ne parvient pas à nuire à l'émotion qui s'en dégage peu à peu. Les variations de style, sa richesse thématique, sa percutante acuité dans l'évocation d'une "petite" guerre qui a laissé des plaies béantes, participent au souffle intime de ce livre douloureux et profond comme une blessure jamais refermée.
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Fernando Monacelli
Naufragés
Roman. Traduit de l'espagnol(Argentine) par Catalina Salazar
Né en 1966 à Bahia Blanca, Fernando Monacelli rédacteur en chef du journal « La Nueva Provincia » déchire les pans de l'Histoire de la guerre des Malouines en 1982.
Ce roman est une quête, d'une grand-mère Dona Ana qui recherche en grand désespoir son fils Juan Cruz disparu en mer sur « le Belgrano » en 1982. Son journal retrouvé signe la résurrection de Juan Cruz « Un des congelés », le soldat del Valle.
Une journaliste Célina Figueroa partira à sa recherche. Ainsi, que de celle de l'enfant de Juan Cruz , Inaki.
Le mode d'écriture posé en narrations multiples, « le madame » murmuré par Fernando Monacelli implique le lecteur dans cette quête. Nous sommes plongés dans l'absurdité de cette guerre des Malouines. La rencontre de Célina Figueroa avec les vétérans sera comme un retour vers cette réalité blessée, bafouée, où les vétérans s'entraident pour résister à leur folie. « Sous chaque croix blanche, il y a une histoire…. Des morts entourés d'incertitude parce qu'unis par un mot qui a fini par se vider de sens. » « La plupart m'expliqua Rodolfo, souffrait de solitude parce qu'il y a mille façons de rapporter la guerre à la maison, mais très peu pour qu'on l'y laisse rentrer. Tôt ou tard ils avaient fini par s'éloigner de nous tous. »Juste soulever le voile de ce roman du point de vue de la fiction, et le poids de cette guerre des Malouines forme des taches d'encre noire sur les pages. C'est la réussite des « Naufragés ». Ces marins assassinés par la conquête de l'Angleterre pour cette terre du bout du monde, âme Argentine. La folie anglaise de ce conflit rend tragique la mort de ces « Naufragés ».
Fernando Monacelli subrepticement nous entraîne dans cette page Historique aberrante et déraisonnable, où les pleurs de Dona Ana et les blessures multiples sont les voiles « du Belgrano ».
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Citations et extraits (6) Voir plus Ajouter une citation
Une vague polaire a engourdi Buenos Aires depuis deux mois, madame. L'invasion antarctique, comme ils disent. Un courant d'air glacé qui a traversé le canal Beagle, la Patagonie et la province de Buenos Aires pour venir s'engouffrer dans la rue Corrientes. On bat des records de froid, cinq degrés au dessous de zéro. On ne parle plus que de ça, partout. Moi, ça ne m'affecte pas. Je trouve même réconfortant de voir les gens râler, couverts jusqu'aux yeux, emmitouflés dans leurs manteaux. En ce qui me concerne, la vague polaire a déferlé il y a cinq ans, quand Joaquin m'a annoncé qu'il quittait le pays et qu'il reviendrait nous chercher une fois installé. Cet après-midi là, en rentrant du journal, j'ai trouvé sa valise dans l'entrée et lui qui jouait avec Tomas. "Tu pars en voyage?" lui ai-je demandé. C'est là qu'il m'a tout avoué. Je suis d'abord restée muette de stupéfaction et puis j'ai hurlé : "Mais qu'est-ce que tu racontes, tu es devenu cinglé?" Il ne m'a pas répondu. Il a pris notre fils dans ses bras, l'a embrassé, me l'a tendu, a saisi sa valise et nous a abandonnés.
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Il était midi, le soleil brillait, mais il faisait très froid et une brise humide se glissait sous ma veste, dans mes bottes, mes poches. Je décidai de ne pas suivre les indications de dona Ana - suivez la route du bord de mer jusqu'à la rue principale, tournez à gauche, avancez un peu et vous arriverez sur la place - et je suis entrée directement dans le village en quittant l'océan. Je vous jure que je n'ai croisé personne, pas même une voiture ou un chien comme celui que nous avions aperçu au terminus, la veille. Je déambulais dans un paysage abandonné, désolé. Je réalisais l'ampleur que la solitude avait dû prendre pour dona Ana quand Juan Cruz n'était pas revenu, sans comprendre comment elle avait pu s'y habituer. Tout en marchant sous un vent glacial, je me disais qu'il était impossible qu'elle n'ait pas perdu la tête à vivre ainsi enveloppée de tristesse dans une ville fantôme... Oui, vous avez raison, certains vivent dans des endroits bien pires sans devenir fous, ils y sont même heureux... Je vous livre juste ces pensées parce que j'ai navigué dans ce doute pendant longtemps, en me demandant si je serai capable de poursuivre la quête dans laquelle je m'étais engagée sans opposer aucune résistance, sans volonté propre, comme emportée par le courant.
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Au début, on l'appelait "le Taré" ou "le Fou" et puis à force, il a fini par devenir "le Taraloco". C'était un type solitaire, maigre, qui se baladait toujours avec ses bottes et son sac à dos, l'air agressif, mauvais, pourtant il n'avait jamais rien fait de mal si ce n'est effrayer, malgré lui, quelques enfants, pas tous, parce que certains osaient l'approcher pour l'écouter parler seul. Il vivait dans la rue et, la nuit, dormait au fond des cours, dans un quartier résidentiel de Bahia Blanca, telle une ombre. Il laissait à peine quelques traces de son passage, on ne parvenait jamais à l'attraper, il s'enfuyait en sautant par-dessus les clôtures sans jamais rien emporter, sauf parfois le contenu des poubelles qu'il fouillait. Certains en vinrent à lui laisser des plats préparés pour éviter qu'il ne renverse leur conteneur, mais il n'y touchait jamais. Au contraire, cela le faisait fuir, si bien que d'autres familles finirent par utiliser la nourriture, le plus souvent un sandwich, comme une espèce de répulsif pour l'éloigner de leurs maisons.
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Le soldat del Valle s'appelait Juan Cruz, ce fut la première chose que me dit sa mère en posant deux photos sur la table. Sur la première, il était habillé en marin, du moins des épaules à la tête. Il ne possédait aucun trait vraiment singulier. Jeune, les yeux fixés sur un point en haut à droite. Avec le béret typique et le col ridicule de leur uniforme, il ressemblait à l'image du marin qu'on a tous. J'ai eu l'occasion de voir beaucoup de photos de ce genre, et il faut vraiment s'arrêter sur chaque visage pour ne pas avoir l'impression de voir partout le même soldat. Ils sont aussi semblables que les croix blanches dans les cimetières militaires. La première fois que je le vis, Juan Cruz me parut donc un exemple parfait du soldat mort aux Malouines; il devenait un fragment du tableau abstrait que représentait la guerre pour moi, un devoir sentimental politiquement correct auquel s'ajoutait le vague souvenir de la matinée du 2 avril, quand mon père nous avait réveillés pour aller à l'école et que nous avions appris dans une atmosphère lourde de gravité et d'euphorie que l'Argentine avait envahi les îles.
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- Si je connais Juan Cruz? Mais bien sûr, ici tout le monde le connaît, c'est le héros de Mar Calmo. Il y a une photo de lui à l'entrée de la mairie, vous ne l'avez pas vue? Sous la galerie des anciens maires. J'y apparais plusieurs fois, vous savez, et j'en suis très fier, de 1979 à 1983 comme adjoint d'abord puis comme maire de la démocratie, réélu depuis 1991. Les plantes que ma secrétaire a disposées pour égayer le couloir l'ont peut-être recouverte; on a mis une autre photo identique, à l'école, et celle-là, on la voit bien, en haut de la porte principale... Notre cher Juan Cruz, un véritable héros, né et élevé à Mar Calmo.
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