AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
>

Critique de Alfaric


Selon la légende noire concoctée par Laurent Moënard, Rémus et Romulus les jumeaux tragiques fondateurs de Rome auraient eu un demi-frère né du viol de leur mère Rhéa Silva par son oncle Amulius, tyran maudit d'Albe la Longue... Jaloux et envieux, ce dernier a élevé sa descendance dans la haine de la Ville Éternelle : c'est ainsi qu'à travers les âges le culte du Troisième Fils oeuvre dans l'ombre à la chute de Rome ! Cela ressemble quand même, en moins ambitieux et en moins talentueux, à la série "Roma" pensée par le défunt et regretté Gilles Chaillet...


Dans ce tome 2, nous somme en 138 avant Jésus Christ et nous suivons le destin d'Eunous un ancien habitant d'Apamée devenu esclave en Sicile comme des milliers et des milliers d'autres, les ploutocrates romains comptant naguère leurs esclaves dans leurs domaines comme les ploutocrates américains comptent aujourd'hui leur argent dans leurs banques... Eunous se libère et libère les siens, et des milliers et des milliers d'autres le rejoignent : parmi eux Cléon l'aurige qui appuie le projet d'un royaume humaniste et Achaios le cultiste du Troisième Fils de Rome qui n'a de cesse d'hurler « Roma Delenda Est » ! Pour Rome engluée à l'Ouest dans la Guerre d'Espagne et à l'Est dans la guerre contre Heliopolitai, l'utopie d'Aristonicos où tous les hommes naissent libres et égaux en droits et où l'esclavage n'existe pas, il n'existe d'autre solution que la répression et la destruction !!!
A la fin du tome 1 je ne voyais plus la différence entre les crimes commis par le Grand Capital romain et ceux commis par la Bête Immonde romaine... Et Laurent Moënard continue dans cette voie : Eunous inspiré par Atargatis / Démeter / la Déesse Mère se renomme Antiochos et renomme ses nouveaux sujets les Syriens pour établir une monarchie hellénistique sur le modèle séleucide certes mais aussi une utopie égalitaire ressemblant étrangement au Royaume du Soleil qui se développe en Asie Mineure à la même époque, et face à lui on retrouve Achaios qui veut lui aussi fonder son royaume et sa dynastie mais qui reprend les discours de DAESH, et les grands pontes de la République Romaine qui eux veulent que les pauvres deviennent de plus en plus pauvres pour que les riches deviennent de plus en plus riches (Don Salluste, Ronald Reagan et Margaret Thatcher copyright) et qui eux reprennent les discours des dirigeants de Goldman Sachs et de ce gros con pété de thunes à ne plus savoir quoi en faire de Donald Trump...
C'est mis en scène au-delà de l'illustration de couverture réalisée par Pierre Loyvet par Stéphane Paitreau qui passe aux couleurs et Defan Nenadov qui officie aux graphismes et qui réalise un bon travail malgré un encrage un peu gras, et tout cela est est intéressant mais finalement plus ou moins inabouti  :
- il y a clairement un problème de narration, sans doute inhérent au carcan du format franco-belge... On suit la révolte des esclaves, puis les réactions des Romains, puis on revient à la révolte juste avant que celle-ci ne soit écrasée... Donc difficile de développer un peplum militaire avec suspens et pathos dignes de ce nom !
- on suit encore les voies autrefois empruntées par les peplums hollywoodien donc on retrouve des naïvetés voire des clichés : les esclaves sont des martyrs, le dominus est un crevard imbus de lui-même, la domina est une crevarde cruelle et sadique, mais leur fille n'est que générosité et pureté (sauf qu'ici la fiction est confirmé par la réalité des sources historiques ^^)
- 48 pages ce n'est pas assez pour un tel sujet, du coup on n'entre pas dans la tête du leader Eunous, on reste orphelin de son amitié avec Cléon et de son inimitié avec Achaios parmi tous les éléments qui auraient pu être constitutifs d'un bon relationship drama... On suit d'abord la révolte d'Eunous, puis les intrigues d'Achillos, puis à travers le yeux de Damophilia la martyre les réactions des Romains en suivant le sénateur Ostorius coincé entres les conservateurs suprématistes qui ne jurent que par la loi du plus fort et l'exploitation de l'homme par l'homme et les réformateurs humanistes qui veulent croire en un monde meilleur dans lequel l'homme ne serait pas un loup pour l'homme...

On aurait pu avoir la version peplum de l'affrontement entre Martin Luther King et Malcom X... Oui mais non !!!
Les hommes et les femmes naissent libres et égaux en droits, mais pas que... Évidemment on est plus on moins riche en talent, en ambition, et en détermination, mais aussi en chance et en aptitude au bonheur. Mais rien dans l'univers tout entier ne peut expliquer qu'un individu se sente plus utile qu'un million d'êtres humains parce qu'il gagnerait plus d'argent qu'un million d'êtres humains, d'ailleurs rien ne peut justifier qu'un individu ne puisse gagner plus qu'un million d'êtres humains… Qu'est-ce que c'est que ces crevards inhumains qui nous expliquent à longueur de temps, et avec la complicité des médias prestitués, qu'inégalité est synonyme de progrès et de prospérité ??? On est dans les théories à la con des miettes qui déborderaient des tables des maîtres pour nourrir le reste de la société, car toutes les études du monde prouvent par A + B que plus une société est inégalitaire et plus est elle violente donc source de stress et de souffrance... Je ne serais aucunement surpris que la Terre et l'humanité ne soient actuellement en quarantaine galactique vis-à-vis de toutes les autres civilisations du cosmos rien qu'à cause de toutes ces conneries !!!
Commenter  J’apprécie          390



Ont apprécié cette critique (37)voir plus




{* *}