Le harcèlement scolaire vu du côté du harceleur.
À l'occasion d'un oral de rattrapage du bac, la narratrice croise un ancien élève de son lycée.
Elle faisait partie de "La royauté", il était membre de "la plèbe".
Quel était leur lien exact ?
Pourquoi sa présence lui cause-t-elle un tel choc ?
Par petites touches, crescendo, le tableau se précise...
D'une efficacité imparable, ce très court texte, va droit au but, façon uppercut plus que leçon de morale.
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Jour d'été, jour de rattrapage pour le bac. La narratrice attend dans la cour sous un soleil radieux que son tour arrive pour tenter d'obtenir ce fichu examen. Son regard croise celui d'un autre élève, qui attend comme elle. C'est lui, celui qu'elle et sa bande ont persécuté sur les réseaux sociaux pendant quatre mois. Des semaines d'harcèlement qui se sont terminées par un drame.
Court roman sur le thème du harcèlement, "Rattrapage" nous place dans la peau du persécuteur qui est ici une lycéenne. La narratrice se remémore l'année qui vient de s'écouler. Très jolie et très populaire, elle appartenait à la caste de ceux qui décident de qui appartient à la "royauté" et de qui entre dans la catégorie des cassos. Lui, bien sûr, appartenait à la dernière. Lucide sur ce qu'elle et ses soit-disant amis ont provoqué, elle n'a pour elle-même que du dégoût. La culpabilité qui la ronge est immense, son année passée lui apparaît dans tout ce qu'elle a de plus insipide et cruel. Elle regrette, c'est certain. Mais la question demeure : a-t-elle le droit au pardon ? Car finalement, elle était comme tous les autres...
Une fois de plus, un style direct pour un texte court et très fort de la collection "Une seule voix" qui aborde sans détour la cruauté banale - et parfois dévastatrice - du monde adolescent. le portrait psychologique de la narratrice est bien perçu et ne cherche à aucun moment à dédouaner. La lycéenne est consciente de ce qu'a été son comportement. Mais comme tout être humain, elle cherche l'absolution. J'y vois pour ma part une entrée en rédemption dans le final du livre et un rattrapage dans tous les sens du terme.
A conseiller bien sûr pour tous nos lycéens.
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Ce livre fait partie d'une petite collection de textes courts de généralement moins de cent pages, qui sont des monologues d'adolescents sur différents thèmes, sur leurs doutes et leurs questionnements. Ici, "Rattrapage" va aborder le sujet du harcèlement à l'école mais également du cyberharcèlement.
On découvre ainsi les pensées d'une adolescente le jour du passage des rattrapages du baccalauréat, alors qu'elle revoit celui qu'ils ont harcelé avec d'autres camarades quelques mois auparavant, jusqu'à mener à la tentative de suicide de ce jeune homme.
On entre dans les pensées de cette jeune fille, qui revoit cette personne à qui elle a fait du mal, lui renvoyant ses actes en plein face. J'ai d'ailleurs trouvé intéressant d'avoir ce sujet traité sous le point de vue d'un harceleur, voir ce qui l'a mené à ça, et les sentiments de son côté.
Dans ce court livre, on voyait ainsi la culpabilité de la jeune fille, que ce qu'elle pensait comme un simple jeu avec ses amis a bien plus de conséquences qu'elle ne le pensait, mais en même temps, on avait des moments, où, comme pour essayer d'effacer la culpabilité, elle se cherchait des excuses pour minimiser les faits. Ainsi, en quelques pages, on suit le conflit intérieur de la jeune fille sur ses actes et leurs conséquences.
Néanmoins, malgré ce point de vue intéressant, j'ai moyennement aimé plusieurs points du livre.
J'ai notamment trouvé que, malgré qu'on ressente par la jeune fille que ce qu'elle a fait est mal, je n'ai pas trouvé le tout poignant comme ça aurait dû l'être, je n'ai pas ressenti de compassion pour la situation vécue par le jeune homme.
de plus, la brièveté du livre participe également au détachement que j'ai eu pour les personnages, même le harcelé, et qu'en conséquence, le livre ne traite du sujet qu'en surface. Certes, cela permet à des personnes lisant peu de lire celui-ci, mais au final, je trouve que l'on n'est pas plus touché par le sujet lors de la lecture, ce que je trouve regrettable.
J'ai également eu un peu de mal avec le cliché de la jeune fille populaire qui a un "beau cul", qui est "baisable" et plusieurs autres idées du même acabit, et qu'elle se considère comme une "salope" à plusieurs reprises.
Un point que je trouve également dommage est le prix du livre. En effet, il coûte presque dix euros pour moins de cent pages, ce qui restreint énormément les futurs lecteurs. En effet, tout le monde ne peut pas se permettre d'acheter un bouquin à ce prix-ci quand on peut avoir un poche de plus de trois cents pages pour moins cher, même si le sujet de "Rattrapage" est intéressant. Personnellement, j'avoue que je ne l'aurais jamais pris par moi-même. D'autant plus que c'est un roman qui, honnêtement, ne se lit qu'une fois et qui malgré le sujet, s'oublie assez rapidement de mon point de vue. Il est normal de rémunérer les différentes personnes de la chaîne du livre et bien évidemment l'auteur de manière convenable, mais il est vrai qu'il est dommage que cela en diminue la portée du livre. C'est pour cette raison que je pense déposer ce livre dans une boîte à livres ou quelque chose dans la même idée, afin qu'il touche plus de monde.
Mais il faut souligner que le livre est facilement accessible, du fait de l'écriture qui est actuelle mais aussi qui correspond à la façon de parler que peuvent avoir les adolescents, avec un langage plutôt familier, des mots que chacun connaît.
En conclusion, j'ai trouvé que cette lecture était intéressante du fait du point de vue choisi sur ce sujet, mais, pour moi, on restait en surface du fait de la brièveté du livre. Malgré l'écriture adaptée pour faire passer le message à des jeunes, je trouve que le texte s'oublie facilement et qu'il n'a malheureusement pas autant d''impact que je l'aurais imaginé. Néanmoins, un livre à faire passer pour, je l'espère, faire prendre conscience du problème que sont le harcèlement et le cyberharcèlement.
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On ne peut jamais savoir exactement ce que les autres pensent. On peut juste essayer, nous, de ne pas penser des choses trop sales à leur propos.
Personne n'est "la rousse aux yeux de poisson", "le geek moche au cul plein de boutons" ou "la blonde au cul bandant". Personne n'est ça ailleurs que dans le regard des autres.
Tout ça, c'est pour faire croire que le monde est plus juste qu'il ne l'est. Mais non, le monde n'est pas juste. Les numéros gagnants sont rares, et ceux qui en ont décroché un passeront leur existence à l'exhiber fièrement. Il y a des gens beaux et il y a des gens laids. Et que je puisse être sale à l'intérieur ne changera rien avant mon autopsie : c'est quand même à moi qu'on sourira dans la rue, à moi qu'on excusera plus facilement les erreurs, à moi qu'on pensera.
C’est trop facile, là, à la fin de l’année, de la jouer tourmentée par la culpabilité en ressassant de vieilles images et des envies de pleurer. De quel droit je me complais là-dedans ? […] J’essaie de me persuader que j’ai compris des choses, appris de mes erreurs, mais je suis toujours une reine du lycée, toujours plus intéressée par moi-même que par les autres. Tout ce que je veux savoir c’est s’il me hait, pas comment il va.
Sur la droite, la rousse aux yeux de poisson me repère. Elle s'arrête un instant de discuter avec le mec qui l'accompagne et me fait un geste de la main, avec un sourire gigantesque. Comme si elle était contente de me voir. Comme si on se connaissait. Je t'appelle "la rousse aux yeux de poisson", meuf, ne souris pas en me voyant ! Un peu de dignité, s'il te plaît. Dresse-moi ton majeur, plutôt.
[p25]
J’étais l’une des filles les plus populaires du lycée. Et lui, c’est un type aux cheveux gras avec des boutons sur la gueule, qui marche d’un pas traînant, les épaules voûtées. […] On est aux deux extrêmes de la chaîne alimentaire lycéenne. Je suis le genre de fille qu’il ne peut même pas rêver d’avoir un jour comme copine. Il est le genre de mec auquel je n’accepterais même pas de faire la bise.
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