Citations sur Le roi de Kahel (43)
Qu'importe le résultat : seul l'effort donne un sens à l'existence ! Il ne faut jamais braquer son regard sur la distance, mais sur le pas. Ce pas-ci gagné, songer aussitôt au suivant.
De cette scène pitoyable, il tira une magistrale leçon : quand il serait roi, il interdirait l'Afrique aux vulgaires, aux incultes, aux mendiants, aux fainéants, aux bagnards et aux escrocs.
[...] – Oui, mais pourquoi le Fouta-Djalon ?
– D’abord à cause du nom, et ensuite de la géographie !
- Tenir l'Afrique par le Sénégal et le Soudan, c'est tenir le sabre par la lame ! Sans le Fouta-Djalon, nous risquons de tout perdre là-bas !
Il s'interrompit quelques instants pour se diriger vers la mappemonde collée au mur :
- Revoyons un peu, si vous le voulez bien, monsieur le ministre, la carte du monde. Qu'avons-nous autour de notre pauvre France ?
Il prit la règle et montra d'un air grave l'Espagne, l'Angleterre, l'Allemagne, rien que des ennemis ! Comment survivre dans ce guêpier ? L'Afrique ! Il n'y avait pas d'autre solution ! "Elle doit être le corps et nous l'esprit !", insista-t-il. Il avait compris, lui, dès son arrivée à Gorée, qu'elle deviat immédiatement cesser d'être une simple réserve d'esclaves et d'oléagineux pour devenir, minutieusement dégrossie sous le scalp d'Athènes et de Rome, une amie, une alliée, une province française. Alors, la France pourrait y lever une grande armée ; grâce à elle, la conquête de l'Italie serait facile ainsi que le passage par le Brenner vers l'Autriche. L'Allemagne n'aurait plus le choix : la paix éternelle et peut-être même l'union face à une angleterre ennemie de l'Europe. Et comment faire de l'Afrique une province française ? En faisant du Fouta-Djalon sa base, c'était aussi évident que le nez au milieu du visage.
Des brumes du songe aux durs cailloux de la réalité, quel chemin ! Lui, Olivier de Sanderval parlait peul, respirait peul, sentait peul, allait et venait en pays peul. Il habitait le Fouta, le Fouta l'habitait, plus exactement. Plus qu'une complicité, une fusion ; plus qu'un lien, une communion mystique ! Oui, quel chemin depuis les jeux de marelle et les culottes courtes, depuis les limbes si ça se trouve ! Une simple intuition au début puis un rêve, puis un projet. Il en était maintenant à l'œuvre, à la finition de l'œuvre, les deux ou trois derniers gestes décisifs et bientôt...
À huit ans, c'était clair, il ne se contenterait plus de devenir explorateur, il serait le souverain des sauvages. [...] Mais où : au Tonkin, au Fouta-Djalon? Il hésita longtemps avant d'opter pour le second. "Tonkin" avait des airs de tocsin dans sa tête de gamin, alors que Fouta-Djalon! Et puis, depuis Marco Polo, l'Asie n'était plus vraiment à découvrir. On pouvait deviner ses cités et ses lois jusque dans les profondeurs du Takla-Makan. L'Afrique, pendant ce temps, restait, elle, obscure, extravagante, parfaitement imprévisible.
[…] L’Afrique lui apparaissait comme un monumental opéra baroque : des personnages difformes, des scènes extravagantes, une orgie de bruits et de couleurs, une musique jamais entendue ; un spectacle démesuré, à désintégrer l’esprit, à brûler les sens !
Il se retint difficilement d’essuyer ses bottes sur le visage de ce misérable, le colon tel qu’il le méprisait : ignorant, mesquin, cupide, un rat d’égout venu dans les colonies juste pour flairer les épices et l’indigo !
«Point n'est besoin de conquérir la Gaule pour devenir Jules César, il suffit parfois d'une simple torgnole.»
- [...] On est à Paris, jeune jeune : ici, planète ou nouvelle maladie, rien n'existe qui n'a pas reçu l'assentiment du beau monde.