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Quand j'ai choisi ce roman à la bibliothèque, le roi de Kahel, je m'attendais à une chronique d'un roi peul d'une autre époque, médiévale, d'un quelconque parent de Kanga Moussa. Depuis peu, j'ai développé un intérêt pour l'Afrique de l'Ouest alors j'avais grande hâte de le lire. Vous comprendrez ma surprise quand Olivier de Sanderval fit son apparition, fin dix-neuvième siècle, avec son projet loufoque de conquérir le Fouta-Djalon. Puis ma stupéfaction en découvrant qu'il s'agissait d'un personnage historique.

Ainsi, cet homme traça la voie au dialogue avec les différentes peuplades de la Guinée actuelle, et plus loin encore. Pour tout dire, il jeta les bases de la colonisation. Et l'auteur Tierno Monénembo nous en fait un portrait touchant. Son personnage, visionnaire, ne baisse jamais les bras, il lutte contre tous, explorateurs anglais, administrateurs français, chefferies peules, etc. Parfois même contre lui-même… C'est ce qui le rend attachant. Heureusement parce que, sinon, il n'en resterait qu'un héros picaresque.

J'ai beaucoup appris sur l'Afrique de l'Ouest et la colonisation française (ce ne sont pas des sujets au programme scolaire ni prisés en Amérique) : climat difficile, chaleur suffocante, maladies, etc. Mais c'est contrebalancé par les riches coutumes des peuples Peuls et la beauté des paysages. J'avais l'impression de lire un carnet de voyage d'une autre époque, surtout dans les cent premières pages. Surtout, on sent l'amour (tant de l'auteur que de son personnage) pour cette contrée.

Toutefois, j'ai surtout ri. Ou plutôt, j'ai beaucoup souri. C'est que, ce Sanderval, il est plutôt coloré. Bien intentionné, mais naïf et ignorant des coutumes (c'est normal, vous direz !), provoquant quelques épisodes burlesques. Par moment, il semblait un peu caricatural. Heureusement, il est compensé par une détermination et un sens politique incroyables. Pareillement pour son interprète Mâly et son cuisinier Mâ-Yacine, ainsi que pour quelques Peuls, chefs et griots, qui, à d'autres moments, paraissaient plus justes.

C'est ce constant va-et-vient dans le ton, allant de l'humoristique et le réaliste, qui m'a surtout déstabilisé. Après tout, n'est pas une grande épopée (héroïque ?) que celle des débuts de la colonisation, même si l'on peut se mettre d'accord sur ses dérives ? Ça m'a détourné de Sanderval. Ainsi, passé l'enchantement de la nouveauté et de la découverte, le roman semblait se transformer en un cumul de péripéties prévisibles et redondantes. Malgré cela, j'ai persisté et j'en suis tout de même content. Ça donne le goût d'y voyager...
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A la suite de René Caillé, l'explorateur de Tombouctou , Olivier de Sanderval a un objectif : être le premier à aller jusqu'au Fouta Djalon, le pays des eaux vives et des fruits, du lait pur et des érudits, les cascades, les contreforts et les vallons à l'intérieur des terres de l'actuelle Guinée(ex Conakry). Même et surtout si c'est dangereux et que les premiers Peuls qu'il rencontre le dissuadent.

Tierno Monénembo, en bon Peul, non seulement raconte ces dangers, « la sournoiserie des habitants, les caprices des princes, les aléas du ravitaillement, les défections des porteurs, les coliques et les crises de palu », mais aussi l'aide absolue qu' Olivier notre héros reçoit de ses traducteurs ( qui parfois, pour lui éviter de se faire couper la tête, affirment le contraire de lui et inventent sa parenté avec le roi de France!) et qui lui expliquent cette culture , un peu florentine, où la ruse et l'esquive sont des manières de déjouer les pièges et de faire de la politique.

Les Peuls sont les Anglais de l'Afrique, dit il, « tous les défauts et toutes les qualités de la terre : radins, perfides, ombrageux ; intelligents, raffinés, foncièrement nobles », sournois, tordus, valeureux, tout à fait fascinants. Leur communauté fondée sur l'islam lutte contre la traite esclavagiste, c'est un islam de sages, de mystiques et de prophètes, un islam de grands seigneurs, avec,( démocratie oblige bien que le Fouta Djalon soit étiqueté comme théocratie) alternance des princes.

Olivier de Sanderval a réellement existé, au moment où rêver d'apporter le progrès sous la forme d'un chemin de fer, le rayonnement de la science , bref de faire de ce pays de cocagne une nouvelle Rome, une nouvelle Athènes est juste passé de mode. Les pays européens imaginent ( à tort) que le temps des explorations est terminé et qu'il faut coloniser, et leur pré carré dont ils définiront chacun les frontières à la conférence de Berlin de 1884, donne lieu en réalité à des guérillas entre pays colonisateurs, et contre les pays qu'ils veulent conquérir. Longtemps, l'intérieur du continent africain ne les a pas intéressé, par peur et par ignorance et ils se sont contentés de comptoirs côtiers, des factoreries. Moins de risques, et des gros sous.
Ayé, c'est décidé, ils y vont.

Sanderval ne veut pas conquérir, on pourrait presque dire qu'il veut vivre en paix, supporter tous les inconvénients, la faim la prison, le palu, les maux divers et jusqu'au coma, à la condition d' être reconnu comme Peul, cette grande civilisation, venue sans doute d'Egypte, comme la beauté longiligne de ses habitants le montrent, et cultiver, se repaitre chaque jour de la splendeur des vallées, du vert des montagnes, de l'Eden terrestre, qu'est cette terre isolée.

Construire un chemin de fer, en 1879, c'est un peu nouveau, cependant à cette date le premier à être envisagé sera Dakar/ Saint-Louis, donc le rêve commence à être crédible.

Tierno Monénembo , avec la figure d'Olivier de Sanderval , dont il a consulté les archives de famille, nous présente un aventurier un peu moins « explorateur » qu'un Mungo Park ou qu'un René Caillé, et parallèlement un peu moins proche au niveau humain que ces nouveaux ignorants/ commerçants /administrateurs qui décident en 1884 d'annexer la Guinée, et d'y faire régner le travail forcé.
De chemin de fer, nenni.

Il voulait être roi de Kahel, c'est à dire du paradis sur terre.
Mais.
Les crocodiles d'Afrique ont infestés les ministères français.

Je ne peux m'empêcher d'évoquer les Peuls du Niger, les Wodaabés, qui venaient danser à Niamey après leur fête du Geerewol, les hommes maquillés de jaune et de rouge, avec plumes et perles sur la tête, la bouche peinte en noir, et derrière, ne dansant pas, les femmes habillées de gris : c'est le moment où chaque femme choisit un homme, pour la nuit, la semaine, ou pour toujours, s'il est gentil, ah, il faut qu'il soit à la hauteur et gentil, et les hommes se laissent choisir en faisant de leur mieux pour plaire avec leurs sauts, leurs mimiques, leurs magnifiques bijoux. Ils sont splendides, et à la différence des Peuls de Guinée, ils sont nomades.
( cf le livre de Carol Beckwith : Nomades du Niger).

Les peuls de Guinée, eux, se sont sédentarisés il y a des siècles.
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La littérature francophone africaine en temps normal j'adhère. Alain Mabanckou m'avait enchantée avec Verre cassé, Yasmina Khadra et Tahar ben Jelloun font partie de mes références. Bon alors que pasa avec ce Roi de Kahel ? Bah pasa que je n'ai pas beaucoup accroché, on ne va pas se le cacher.

Décidemment l'année 2016 débute mal chez moi : aucun roman ne trouve grâce à mes yeux, c'est un drame. Je passe à côté, oscillant entre profond désintérêt et simple apathie, je suis une déprimée de la lecture.

Alors que reproche-je à notre auteur guinéen ? Ce qu'il faut savoir c'est que j'ai acheté ce roman emballée par la perspective de découvrir A) un auteur guinéen B) un roman picaresque guinéen C) les dessous de la conquête de la Guinée par les Français au XIX.

Le sujet de notre roman m'avait ferrée dès la 4e de couverture : l'histoire vraie d'Olivier de Sanderval, utopiste aventurier fasciné par l'Afrique, riche industriel dont l'unique obsession fut de conquérir le royaume Peul du Fouta Djalon et d'y posséder un empire. Je m'imaginais les pérégrinations en terre peule d'un homme de son siècle, lourd du poids de ses préjugés concernant la population africaine et la mission civilisatrice de la France (de ce côté-là on est servis), frétillant gardon qui irait de déconvenues en déconvenues sur un rythme effréné. Alors côté déception et déconfiture y'a de quoi faire (je vous passe le nombre de fois où notre héros est atteint de diarrhées ou échappe de peu à la mort). En revanche côté rythme effréné on repassera.

Tout est fastidieux : j'ai peiné à poursuivre ma lecture, l'enthousiasme des débuts se muant irrémédiablement en ennui. Les personnages sont pourtant truculents, la palme revenant à Olivier de Sanderval qui incarne l'esprit européen condescendant par excellence et en devient presque touchant de bêtise. J'ai engrangé moult savoir sur l'histoire de la conquête du royaume Peul par la France et comment en quelques années la France est passée du désintérêt pour ce continent à une véritable frénésie colonisatrice. de ce côté-là, Tierno Monemembo a effectué un travail de recherche louable qui fait tout l'intérêt de ce roman. Il renseigne aussi sur l'organisation de la hiérarchie en territoire peul : un royaume central duquel dépend des royaumes vassaux, sorte de fédération de trônes. Et l'esprit peul, fier et roublard (c'est pas moi qui le dis c'est l'auteur) est des plus saisissants.

Le roi de Kahel est un récit historique intéressant mais un brin rébarbatif qui vaut le détour si on est curieux de cette époque et du peuple peul si mystérieux. A vous de voir.
Lien : http://www.livreetcompagnie...
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Qu'est-ce-qui animait Olivier de Sanderval quand il décida de s'installer en territoire africain et d'y apporter une part de modernité ? le goût de l'aventure, l'amour de la gloire, un désir de conquête ? La dernière raison semble l'emporter, au fur et à mesure que l'on découvre le périple de ce personnage qui a réellement existé.

Comme le lecteur, il est loin d'imaginer ce qu'il va rencontrer dans cette Afrique encore méconnue, y compris des futurs colons. C'est tout l'intérêt du livre, même s'il s'agit essentiellement du vécu d'un explorateur européen.

Son rêve d'édification le poussera à composer avec les us et coutumes de ceux qui occupent déjà la terre convoitée ( les Peuls) et bientôt, de se confronter à ceux qui projettent de la soumettre, Français en tête.

Un ouvrage instructif sur la période précoloniale française et sur un des peuples d'Afrique.
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Impressionnant ce roman : tout d'abord l'univers dans lequel il nous fait entrer : l'Afrique noire qui nous envoûte. Les descriptions du pays, de sa nature sont tellement belles que l'on voudrait tout copier dans les citations. C'est une Afrique à couper le souffle qui en même temps qu'elle fascine le personnage principal nous emporte.
Ce roman en plus de sa qualité d'écriture remarquable nous permet de connaître un personnage ayant vécu fin XIXème siècle qui est tellement fanatique de l'Afrique qu'il va chercher à y créer un royaume chez les Peuls. C'est aussi un beau roman historique qui retrace les débuts de l'épopée coloniale.
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Il s'agit de la biographie romancée du vicomte Aimé Victor Olivier de Sanderval, un personnage fascinant. Aimé, nommé Yémé par les Peuls n'a qu'une idée en tête: La conquête du Fouta Djalon (situé au coeur de la guinée actuelle).
Précurseur de la colonisation en Afrique de l'ouest, il est captivé depuis l'enfance par les grands explorateurs tel que René Caillé.
Peu lui importe les dangers de l'Afrique, les difficiles conditions de vie, les maladies, la détention, les moqueries des bureaucrates parisiens, qui le prennent pour un illuminé, Yémé n'abandonne pas.
Il fait preuve de ruse et parvient progressivement à gagner la confiance du grand Almani, chef du royaume qui fera de lui un Peul, un ami, un roi de « Kahel ».
Mais l'empire colonial français s'étend et désormais rien ne sera plus jamais comme avant.
Un livre passionnant.
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Voici un livre exhumé de ma conséquente PAL car en effet il m'a été offert pour mon anniversaire en 2008. Je ne sais pas pourquoi je l'avais laissé de côté depuis si longtemps, peut être parce que le sujet ne m'emballait pas, n'ayant jamais été une grande fan des périodes de colonisation..



Toujours est-il que je l'ai donc sorti de son ensevelissement et je me suis mise à le lire , pas vraiment convaincue au départ..mais peu à peu je me suis laissée entrainée à la suite de Olivier de Sanderval dans sa conquête de cette partie de l'Afrique inexplorée ou presque.


En effet on le suit dans toutes ses démarches, sa douce « folie » : vouloir devenir roi de Kahel. On imagine très aisément les difficultés, les risques et les ruses employés pour parvenir à ses fins.. car si au début on le prend pour un doux rêveur, il s'avère que par la suite cette région devient un véritable enjeu et est convoitée par de nombreux pays colonisateurs et ainsi le pauvre Olivier doit batailler longuement et souvent pour obtenir ce territoire..


En effet rien n'est jamais acquis, tout est toujours à refaire.. là-dessus se rajoutent les maladies, les traitrises, les empoisonnements et les tentatives d'assassinat.. on imagine parfaitement combien cette conquête est difficile et combien il faut de ténacité pour parvenir à conserver les acquis si chèrement obtenus et négociés..


De ce point de vue là l'auteur a très bien relaté toute la force et le courage d'Olivier de Sanderval qui ira au bout de son rêve.


Il a également très bien montré combien, à cette époque, les africains étaient considérés comme des « sauvages », des « singes » ou presque.. en tout les cas des sous humains à coup sur. On est gêné par la façon dont les « blancs » pensent apporter tellement de progrès et de civilisation à cette population qu'ils considèrent pratiquement comme à peine plus évoluée que celle animale..

Le seul reproche que je ferai au roman est celui de m'avoir un peu perdue en route avec les différents noms très africains des divers dirigeants des régions environnantes du Kahel…mais c'est un détail par rapport à la richesse du roman sur la période colonisatrice de la France.

Un très bon roman au final que je conseille à qui aime les histoires d'aventures humaines…
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Qu'est-ce qui a bien pu pousser Aimé Victor Olivier de Sanderval, aristocrate français à laisser derrière lui, femme, enfants, château et entreprise pour aller explorer cette partie de l'Afrique encore inconnue, territoire des Peuls qui deviendra plus tard une partie de la Guinée ?
C'est son histoire que nous raconte ici l'auteur guinéen, Tierno Monénembo.
Du moins les 20 années de 1880 à 1900 qui ont séparé l'arrivée de Aimé que les Peuls vont appeler Yémé à son départ définitif d'Afrique.
20 ans qu'il aura mis à conquérir le Fouta-Djalon, 20 ans à combattre contre la nature sauvage, faune et flore, contre les maladies, contre les guerriers Peuls, contres les anglais en quête de territoire africain, et surtout, surtout contre l'administration française qui voyait d'un très mauvais oeil cet homme conquérir pour son seul profit cette partie de l'Afrique.
Les Peuls feront de Yémé l'un des leurs et lui donneront une partie de leur territoire Kahel sont il sera proclamé roi.
Les français quant à eux le considéreront comme un espion, comme un traitre, et le mettront au ban de la société.
Tierno Monénembo nous offre ici une jolie épopée historique à la mémoire de cet aventurier explorateur dont un quartier de Conakry capitale de la Guinée porte le nom.
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Ah ces aventuriers colonialistes : "Je ne suis rien là où je suis né : si je devenais roi chez les sauvages ?" Tellement pétris de préjugés qu'ils avaient toutes les audaces, tous les culots.
En arrière-plan, l'administration coloniale qui le voit venir : comment tirer parti de l'énergie de cet imbécile ?
Et tout cela constitue l'épopée coloniale. La - triste - réalité de cette "épopée".
...
Je n'ai pas pu m'empêcher de faire le parallèle avec L' Or de Cendrars : il débarque en Californie sans oublier d'amener avec lui des Kanaks à exploiter, "met en valeur" le territoire de l'actuelle Californie, puis s'en rend maître légalement, simplement en demandant aux autorités lointaines qui ont d'autres chats à fouetter...

Mais là, l'auteur introduit la dimension du ridicule. C'est vrai : on rit. Et on s'attendrit : tout de même, il a du courage et il est têtu
Histoire vraie...

A lire pour s'instruire - édifiant, étonnant.
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Le prix Renaudot vient d'être attribué à Tierno Monénembo pour son roman le roi de Kahel. Malgré que ce soit (encore) un livre de l'écurie gallligraseuil qui reçoit un prix, c'est un choix pertinent qui récompense un auteur originaire de Guinée. C'est aussi après Mabanckou (Renaudot en 2006), ou Léonora Miano (Goncourt des lycéens en 2006) une preuve supplémentaire qui montre que les (bons) livres écrits en français ne sont pas seulement le fait d'écrivains français.
Lien : http://opoto.org/blog/wordpr..
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