Les enfants d'Héloïse, il faut y venir et y revenir.
Tout au long du roman se développe la question du couple lesbien (Héloïse et Erika) et de la famille... Enfants, cousins, cousines... Préférences, le lien d'affection particulier entre Mélanie, une des deux jumelles d'Héloïse, avec Erika, est intéressant. L'évolution des trois enfants, le frère aîné, Anne, les deux jumelles, Suzanne (qui porte le nom de sa "marraine" cachée, Suzanne Lacombe), et Mélanie, leurs amis et leurs amies. Les questions d'éducation et d'instruction, déjà abordées dans les précédents opus, Mélanie et Suzanne et leur cousine Prieur, (famille d'Ennecour) vont à la Légion d'honneur au grand dam d'Erika, d'abord.
Les rapports entre d'autres personnages et leurs enfants, Claire Rochaz (qui a épousé le frère d'Héloïse) perd de son importance au profit de Manuela, la jeune soeur d'Erika, et de ses deux fils... le développement du personnage de Lise
Schulberg, mère de Jenning, le récit de sa petite enfance pendant la guerre, l'évocation du bombardement de Dresde... Font de ce livre quelque chose d'intéressant, même si à prime abord plus ardu à suivre.
L'histoire de l'Allemagne est très présente, à travers l'évocation de la guerre de Trente ans, la fin de 40-45, et - à la fin du roman, de la chute du Rideau de fer.
Et puis, on suit les amours d'Héloïse, (...) comment vont-elles évoluer ? Mystère.
Hélène de Monferrand a un vrai talent pour les sagas, on retrouve des personnages dans ses différents romans (comme Retour à Sarcelles, roman des Temps prolétariens, où apparaissent Lise
Schulberg et Erika von Tauberg, dans leur environnement professionnel), ainsi que les Chéméré. Et le cousin de Suzanne Lacombe.
Intéressant aussi, le moment où les trois adolescents découvrent le passé, l'histoire de leur mère, en lisant le
Journal de Suzanne.
A noter aussi les références chères à
Hélène de Monferrand, le tribut qu'elle apporte à la mémoire de
Jeanne Galzy à travers l'évocation de sa tétralogie, "La surprise de vivre".
Si Hélène de Monferrand avait prévu une suite, elle y a peut-être renoncé, et c'est regrettable, car des romans de cette qualité, avec une écriture aussi coulante, aussi classique, et un tel don d'écrivain, dans une "niche" intéressante, ce n'est pas si fréquent...