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EAN : 9782912728043
141 pages
L'Arganier (11/04/2005)
4.75/5   4 notes
Résumé :
Ouvrez-moi.
Mon livre, je veux dire moi, n'existera que par votre regard; vous êtes libre de faire de moi ce que vous voulez. Vous pouvez caresser mes pages, les chiffonner, les déchirer, les brûler, les trouer et y enfoncer votre doigt, votre langue, votre sexe; vous pouvez commencer par la fin pour me faire mourir plus vite ou bien relire et relire pour qu'ainsi je renaisse autant de fois que vous le souhaiterez. Je ne suis qu'un objet entre vos mains, alor... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (4) Ajouter une critique
Je suis dans une pénombre, je ne veux rien qui puisse me détourner des idées qui déboulent violemment après cette lecture. Un morceau de cette chère chair, Ô combien inestimable au toucher, entre les doigts. Elle gît encore sur cette table. Je l'ai ramassée et la malaxe une dernière fois pour en extraire ce jus au goût de fer. Votre strip-tease m'a laissé sur le carreau. Bernard vingt ans après aussi. Je suis immédiatement allée relire ses extraits au tout début (vous auriez du me voir sauter de page en page pour trouver ces extraits de lettres) et je me dis : elle a fait le job. Bravo !

Ca me remonte un peu la tête hors de l'eau mais les bulles d'oxygène manquent encore. Des bulles si pleines que j'en ai encore le souffle court. Ces silences, contenus dans un si petit contenant et qui sont si criant d'amour, nous entourent. Je dis nous, mais je dis aussi Vous, Moi, moi et vous, rarement eux. Ce manque qui fait courir les mots sous les doigts, glisser les ressentis dans les plis et replis d'une peau naufragée m'emplit d'une tristesse insondable. J'aime vous savoir encore pleine de cet amour de l'enfance, bravant les interdits qui ne sont que des emplâtres pour cacher les fêlures que les grands ne savent pas dire. le pouvoir des mots doit être au service de la vie, sans honte. Tout ce qui est bon doit être pris avec la beauté qu'il recèle.

J'aime que vous me rapportiez des contes grâce à votre sensibilité à fleur de peau, une peau de papier qui vit au travers de mes yeux, dans mon esprit et s'adapte à moi, membrane élastique. Votre texte vous appartient et m'appartient maintenant avec mon moi et mon Moi, en creux ou en plein délié, et sa musique résonnera au travers de ces différents lecteurs.

Quel partage mystique qui me fait toucher la réalité sensuelle de la vie ! Un livre bouleversant, réaliste et magique.

Merci Blackbooks pour ce merveilleux cadeau :)
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Liminaire.
Peut-on faire une critique d'un "récit" où l'auteur, qui se prend pour un livre ,s'autocritique en permanence?…non, ce sera

Un auteur/livre se livre!

Monologue de 142 pages où se confondent dans un discours, "moi" (ici l'auteur/livre), "Moi", l'inspirateur, et enfin le lecteur, dans un contexte charnel, intense et labile où le mot devient une matière élastique, à température, taille et intensité variable, sujet à engendrer des espaces émotionels où un cri à le droit d'être chuchoté, et un chuchotement hurlé! En une phrase, l'auteur met instantanément le lecteur dans le bain… Dans son bain qui est l'ensemble des organes du livre: bras, jambes. sexe, ventre, bouche, voix, regard, et bien d'autres choses à découvrir au fil de la lecture, car la diablesse, de sa boite de Pandore, elle en ressort au besoin avec malice et délectation tout au long du déroulement de ses mots sur 142 pages…

"Peau de papier" débute ainsi:

"Ceci n'est pas un livre, c'est un morceau de moi éparpillé entre vos doigts.
Chaque page que vous touchez est la chair de mes pensées. le saviez-vous?
Ma peau de papier, caressez-la doucement, sans la griffer. Fermer les yeux un instant et sentez les grains de ma peau, immobiles sous vos doigts. C'est une peau morte que seule votre imagination fera vivre.
Les mots couchés sont des yeux clos dont il vous reste à tirer les cils.
Si vous plongez dans mon corps, dans mon sexe, dans mes yeux, là où la rétine se rétrécit, vous risquez de vous brûler, car à l'intérieur de moi se consume tout ce qui s'y crée. Chaque cendre est la matière première d'une autre pensée, qui brûlera elle aussi."

Pour le lecteur potentiel qui vient de lire ces neuf premières phrases du texte, c'est le moment ultime du choix: soit il referme le livre à l'instant, soit il l'accepte: dès lors, qu'il continue, et qu'il le veuille ou non, il va être trituré virtuellement dans sa chair et son esprit sans ménagements, il va se trouver instantanément balloté, jusqu'à la page 142, au gré de l'imagination de l'auteur/livre qui se fait découvrir et se découvre elle-même, à la mesure du récit. le lecteur, devenu acteur se fait pièger: son intégrité physique et intellectuelle en prend pour son grade. Survient progressivement une suite d'amputations indolores et même jouissives qui l'identifie petit à petit (et le rend conscient) à son appartenance au monde de l'auteur/livre qui le modèle au gré de son imagination et en fonction des nécessités qui apparaîssant dans le déroulement des événements issus de l'esprit et de l'humeur de l'auteur/livre. Ce n'est pas une entité négative et destructrice, comme on pourrait le croire, non, elle finit toujours par démontrer que le but des tourments qu'elle inflige au lecteur, est un passage obligé pour qu'il se débarasse du superflu inutile, afin d'atteindre une forme de Nirvana entre l'auteur/livre et lui. C'est un don de soi total et mutuel qu'elle veux obtenir et offrir.
Quel en est la raison? Est-ce "Moi", là en permanence, ne quittant pas l'esprit de l'auteur/livre, n'offre-t-elle pas au lecteur, sans qu'il ne s'en rende compte, tous les sentiments qu'elle porte à Moi. Mais ce Moi, est-il seulement lecteur?
L'avis de Mijouet :
La finalité de "Peau de papier" semble être une déclaration d'amour déjantée destiné à "Moi". Chaque lecteur forgera sa version de son/cet amour. Tous les lecteurs réunis auront participé à une lettre collective virtuel destinée à "Moi" et voulu par "moi", l'auteur/livre. S'il paraît que c'est le but inavoué de cet ouvrage, c'est un coup de maître, où chacun y trouve bien plus que son compte: c'est une véritable initiation au plaisir à la fois charnelle et spirituelle des mots, à l'éclatement de leurs significations en un feu d'artifice sensuel et intellectuel nous découvrant au fil de leur écoulement un monde merveilleusement poétique. Mais pourquoi n'y a-t-il pas plus de livres aussi touchant, secouant, vibrant, destiné à offrir au lecteur autant plaisir au sens propre du mot?
Mijouet en ressort tout abasourdi!
Pour lui, cette lecture est totalement différente de tout ce qu'il a lu, et il n'y a pas vraiment d'ouvrages pareils de sa connaissance… oui , quelques usages des mots trouvés ça et là, évoquant un peu l'écriture de "l'écume des jours" de Boris Vian ou également, en moins parti pris, celle totalement déjantée de la pièce de théâtre "Les épiphanies " d'Henri Pichette. (voir citation)
Désolé ,la force de ce texte à foudroyé Mijouet! Il est las et là K.O.!
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Il y a assez de bonnes critiques sur ce livre (magnifique) pour que je puisse me livrer à ma petite manie de raconter l'histoire de ma rencontre avec un livre.

Février 2009... une petite bouquinerie... un livre attire mon attention. Il n'est pas en très bon état (il a pris l'humidité et la page avant la page de titre est déchirée). Je lis le résumé (édition de 1983) : "Les fanstasmes et les réflexions d'une jeune femme à propos de son corps, de son travail d'écrivaine, du rapport du corps à l'écriture. Un roman étonnant qui prend le lecteur à partie, au corps à coeur."

Je lis donc les premières lignes du livres et là : je suis conquise! Et surtout je ne suis pas déçue!

5 ans plus tard, j'apprends que Nadine Monfils sera à la Foire du Livre de Bruxelles. Je n'ai jamais accroché à ses romans avec la mémé cornemuse mais ma Peau de papier sous le bras je suis allée à sa rencontre. Mon idée avait effrayé une amie : je n'allais quand même pas aller me présenter devant elle avec mon livre tout moche??? Et si. Une belle rencontre aussi.

Elle était ravie de revoir ce livre (je me suis quand même excusée pour l'état mais elle n'en n'avait cure). Elle m'a raconté que lorsqu'elle avait remis le manuscrit à l'éditeur qu'elle n'en n'avait pas gardé de copie et donc que si celui-ci ne l'avait pas publié qu'il aurait été perdu! Ce qui aurait été vraiment dommage.

Elle m'a écrit : "Pour Marie, cette Peau de papier qui est toujours dans mon coeur des années après... Merci de la garder! N.M."
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Impression mitigée sur une lecture étrange : à la fois addictive et difficile, Nadine Monfils s'effeuille au rythme des pages tournées. Il ne s'agit plus d'un livre, ni même d'un récit : l'auteur se livre et le livre est elle même : vibrante et toute en émotion. Difficile de résumer un livre qui n'en est pas un.

En mettant en exergue tous les sens du lecteur, Nadine Monfils commence son livre par une phrase qui résume à lui seul ce que contient le livre :

"Ceci n'est pas un livre, c'est un morceau de moi éparpillé entre vos doigts.".

Que de passions ensuite et de prose dithyrambique : le verbe est utilisé avec brio et l'écriture si soignée et impudique qu'elle en relève par moment de la sensation : toucher un livre, le sentir, le regarder sous les moindres plis.

Passé la première page, on se rend vite compte qu'il s'agit d'un autre univers, d'un style unique, et d'une verve incroyable. Les tournures de phrases sont poétiques et compliquées. Une force supplémentaire à cet ouvrage, est l'interpellation du livre au lecteur : il nous parle nous intrigue et nous force dans des retranchements, mais en même temps nous fait reculer et nous prévient toujours qu'il ira plus loin.

"Venez, on va danser. Je veux m'enivrer, piétiner l'absence qu'il crée en moi, écraser les silences pour leur faire dire des mots ronds qui tournent autour d'eux-mêmes, des mots-fleuves qui roulent dans la bouche et déversent un roman qui pourrait se résumer en un seul mot : "Je t'aime". "

Déclaration romantique avec force et tumulte, ce livre se confesse, et en même temps on se sent piégé dans des confidences inattendues, tel un amour dont on ne peut que s'enivrer.

Une impression mitigée car par moment, cette idée lancinante de ne pas être à ma place. Une appréhension à tourner la page tellement les sensations qu'il fait naitre sont diffuses et étonnamment élaborées. Un livre qui, comme j'aime m'interpelle, m'étonne et me réveille, mais en même temps me force à une impudique curiosité. Nadine Monfils a encore réussi à m'étonner avec un livre en montagne russe : appréhension, excitation, crainte, joie...

Lien : http://lecturedaydora.blogsp..
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Citations et extraits (13) Voir plus Ajouter une citation
le texte commence ainsi:

Ceci n'est pas un livre, c'est un morceau de moi éparpillé entre vos doigts.
Chaque page que vous touchez est la chair de mes pensée. Le saviez-vous?
Ma peau de papier, caressez-la doucement, sans la griffer. Fermer les yeux un instant et sentez les grains de ma peau, immobiles sous vos doigts. C'est une peau morte que seule votre imagination fera vivre.
Les mots couchés sont des yeux clos dont il vous reste à tirer les cils.
Si vous plongez dans mon corps, dans mon sexe, dans mes yeux, là où la rétine se rétrécit, vous risquez de vous brûler, car à l'intérieur de moi se consume tout ce qui s'y crée. Chaque cendre est la matière première d'une autre pensée, qui brûlera elle aussi.
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Oui, c'est la faim, ce petit creux au cœur qui protège l'amour.
Pourquoi la passion est-elle liée à la douleur ? Passion, mot sacrilège que certains fuient comme un mauvais sort, je t'aime.
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Souvent, je fais rire les autres ; pourtant, je suis très triste, parce que je suis tombée en bas du tableau, parce que Moi me manque, parce que je ne peux vivre comme les autres le voudraient, parce que je ne supporte pas de voir souffrir ceux que j'aime.
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"Venez, on va danser. Je veux m'enivrer, piétiner l'absence qu'il crée en moi, écraser les silences pour leur faire dire des mots ronds qui tournent autour d'eux-mêmes, des mots-fleuves qui roulent dans la bouche et déversent un roman qui pourrait se résumer en un seul mot : "Je t'aime". "
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Car il n'y a rien à comprendre...
Il n'y a qu'à sentir et à se laisser aller pour nous amalgamer dans le creuset du livre.
Mais qui ose avouer qu'il ne comprend rien ? Celui-là aura compris. Il n'y a pas de magie possible sans mystères.
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