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Critique de PhilippeCastellain


Ces temps-ci, Henri de Monfreid semble quelque peu exhumé du royaume des écrivains oubliés. On voit ses livres republiés, plus besoin de faire de l'archéologie chez les bouquinistes pour le lire ! Et tant mieux, car il le mérite. Ce qu'il raconte, c'est là, c'est sa propre vie. Celle d'un aventurier de la mer Rouge dans l'entre-deux guerre.

Avec son petit boutre léger et son équipage, il sillonne la mer Rouge. Djibouti, Yémen, Érythrée italienne, Somalie britannique, Éthiopie, Comores... Grands ports, hameaux de pêcheurs, déserts, côtes sauvages. Il fait un peu de tout : espionnage, transport de nourriture, pêche aux perles, contrebande d'armes… D'après ma grand-mère, qui l'a connu à l'époque, il lui arrivait aussi de temps en temps de faire passer quelques esclaves… Mais un parfait gentleman, aux bonnes manières et sympathique !

Du reste, la zone grouille d'aventuriers comme lui. Commerçant grec, cheikh arabe, marin Somalis… Chacun vaque à ses affaires le long de la route des moussons, dans cette zone de tension entre puissances colonisatrices, et où l'Ethiopie immense et toujours libre suscite bien des convoitises. Et puis il y a les innombrables tribus : Danakils, Issas, Gallas… Toujours en guerre les unes contre les autres, et prêtes à payer à bon prix armes et munitions européennes !

Un petit monde où Monfreid sait admirablement bien se repérer. Il connait le jeu des tribus, les différents peuples. A la compagnie des européens il préfère celle de ses matelots africains et des chefs locaux. Il admire leur science de navigateur, leur courage physique et leur médecine traditionnelle – nettement plus avancé que ce qu'on croit. Un monde brutal du reste, où les guerres sont sanglantes, et où certains peuples sont considérés comme nés pour servir d'esclaves aux autres… Il en connaît les règles, et les dangers.

Henry de Monfreid servit de modèle à Kessel pour ‘Fortune carrée'. Coureur des mers et excellente plume, il nous entraîne dans un monde plus dur et plus libre que tout ce que nous ne connaitrons jamais.
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