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Critique de BurjBabil


On trouve dans ce livre un recueil d'articles, d'interviews, de lettres et de récits réunis par son petit-fils Guillaume de Monfreid. Vivre libre nous rappelle qu'Henry de Monfreid fut un aventurier mais aussi un écrivain.
C'est Joseph Kessel qui l'incita à écrire, le « révéla à lui-même ». Il refusera de s'inspirer de ses aventures après avoir lu quelques-uns de ses textes sur l'esclavage, alors qu'ils naviguaient ensemble vers Djibouti, en disant : « Ce serait du plagiat ! ». (Toute non-ressemblance avec des médiocres comiques d'aujourd'hui est purement factuelle).
Marcel Pagnol lui-même lui confia qu'il voyait en lui « l'un des plus grands écrivains de ce siècle »
Il est vrai que ce personnage hors norme raconte ses aventures avec une plume légère comme la brise et précise comme une carte marine. Henry de Monfreid est un poète de la géographie, un peintre des éléments.
La mer, chez Monfreid, est bien sûr au coeur de tout : méditerranée, mer rouge, océan Indien.
Le récit de la destruction par les éléments déchaînés de Massawa, au nord de l'Ethiopie, est superbe. de quoi faire frémir de jalousie les présentateurs météo actuels, malgré l'avantage du réchauffement climatique.
Ce n'est pourtant pas par prédisposition au voyage qu'Henry de Monfreid a gagné l'Afrique, mais pour fuir la vie qu'on lui proposait : « Je suis arrivé là-bas, non pas pour y chercher l'aventure, c'est là un grand mot qui ne représente qu'un accident pour moi… mais simplement pour gagner ma vie, loin du tumulte de la vie européenne et de sa monotonie surtout »
Il choisit donc de quitter son pays et les circonstances firent le reste. Mis en relation avec un négociant français des plateaux abyssins, Monfreid plongea dans le commerce des grains de café, des perles et des peaux. Puis, comme un hommage à son prédécesseur poète, il passa à des marchandises plus lucratives et plus dangereuses : les armes et le hachisch.
Il redoutait le poids des habitudes, des convenances, du monde. « Je préfère la jungle africaine à la jungle parisienne… » Ce qui frappe dans cet amoncellement de textes, c'est la vitalité qui s'en dégage. Cette belle langue française qu'il utilise résonne aujourd'hui encore magnifiquement à qui sait l'apprécier et accentue cette évidence qu'elle nous parle déjà de nos questionnements contemporains .
Proust publiait dans la revue Livres de France en 1952, un questionnaire avec les réponses de 21 autres auteurs illustres (Louis Aragon, Blaise Cendrars, Eugène Ionesco, Joseph Kessel, Marcel Pagnol, Raymond Queneau...). Henry de Monfreid est âgé de 72 ans au moment où il répond aux questions et j'en ai choisi deux parmi la quarantaine :
-Vos héroïnes favorites dans la vie réelle ? « Toutes les mères, pour leurs fils. »
- La réforme que j'admire le plus ? « Je n'admire pas la réforme, je la subis, car elle détruit toujours un équilibre, bon ou mauvais, auquel je me suis adapté. »
La liberté, dans ce livre comme dans cette vie, est le maître-mot. Celui de la fin de ce billet sera laissé à Arnaud de Lagrange : « Henry de Monfreid était un homme complexe. Un homme, donc. »
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