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EAN : 9782021352603
288 pages
Seuil (04/05/2017)
3.75/5   18 notes
Résumé :
Stockés dans des décharges, éparpillés à la surface des océans ou dispersés en particules invisibles dans l'atmosphère, les déchets sont désormais des traces indélébiles de notre présence sur terre autant que des symptômes de la crise du monde contemporain. Après les avoir enfouis et brûlés, il est devenu impératif de les réduire, de les réutiliser, de les recycler.
À l'heure de l'économie circulaire, cette promesse d'un monde sans restes rappelle un mensong... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (3) Ajouter une critique
Sur un sujet aussi intéressant que celui de l'envers du décors de nos sociétés, les déchets, l'auteur nous propose un vaste parcours historique de l'histoire de notre rapport aux détritus, à l'immonde, aux déchets que dès la fin du 19ème siècle, les hommes ont cherché à faire disparaitre via les réseaux d'eaux usées, les premiers incinérateurs, et les nombreuses décharges, rompant ainsi avec des siècles d'enrichissement mutuelles, des boues urbaines fertilisant les champs des campagnes et la nourriture des campagnes alimentant les villes, dans une logique du "circulus", prémisse d'une économie circulaire largement promue aujourd'hui.
Mais il est étrange de constater tant la critique d'une approche techno-centrée de la gestion moderne des restes que celle des engagements écocitoyens pour prévenir et réduire les déchets. Point de salut donc dans ces lignes d'analyse.
Baptiste Monsaingeon, sociologue réduit l'économie circulaire à une quête du recyclage infinie, ce qu'elle n'est pas, puisqu'elle promeut avant tout la réduction à la source (cf. la définition de l'Ademe - https://www.ademe.fr/expertises/economie-circulaire) et oppose à celle-ci une logique de chiffonnier pour se confronter aux restes de l'histoire des hommes et de leur société et en faire une critique.
Cette dernière posture est intéressante pour un chercheur, mais il me vient une réflexion. Que contient sa poubelle quotidienne et quelles actes de tous les jours fait-il pour ne plus encombrer les fours, décharges ou centre de tri du pays ?
Je reste sur ma faim, bien qu'ayant trouvé des réflexions intéressantes, après la lecture d'un auteur que l'on sent éloigné du terrain sans confrontation aux centaines de millions de tonnes de déchets produites chaque année ne serait-ce qu'en France et qui appellent nécessairement des réponses quotidiennes tout en nécessitant de réinterroger nos sociétés du gaspillage sur le temps long.
C'est un peu le lot de tous ces ouvrages à fort tirage qui nous alertent sur les maux environnementaux de la planète mais qui ne proposent que deux ou trois pages de pistes à creuser pour que cela change sans vraiment savoir par quel bout les prendre.
Le travail de recherche est toutefois à saluer, mais les réponses aux questions posées restent absentes, c'est fort dommage, car pas d'analyse critique sans confrontation aux solutions, sinon, on ne fait qu'agiter les foules, sans en maîtriser les effets.
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L'ouvrage de Baptiste Monsaingeon, « Homo Detritus », répond aux objectifs de la collection « Anthropocène » des Editions du Seuil. Cette collection « interroge les enjeux écologiques globaux et l'avenir de la planète »avec des spécialistes et « acteurs des alternatives et des luttes socio-écologiques pour penser ce nouvel âge ».
Philosophe, sociologue, Baptiste Monsaingeon a participé à la première expédition dédiée à l'identification de concentrations de débris plastiques en Atlantique Nord.
L'auteur replace la notion de déchets dans le temps. Traces de la présence des hommes sur la Terre depuis l'Antiquité, ils peuplent tous les lieux au XXI ème siècle. L'Homo sapiens est l'acteur d'une nouvelle couche géologique : l'Anthropocène. « L'Homo detritus » est la version cachée de l' « Homo economicus », il est celui qui jette en conscience et qui croit sauver la planète en « bien jetant ». La consommation d'objets recyclés, éloignés de ses utilisateurs a donc de belles perspectives de longévité. La démarche du recyclage absout le consommateur d'une réflexion sur le système productiviste. Faire disparaître, recycler les objets donnent une légitimité à la consommation et déculpabilise le consommateur. L'économie circulaire trace un idéal de perfection, les progrès techniques permettent de maintenir l'équilibre et l'intégrité de la nature. Deux voies s'opposent et annoncent les changements : la solution technologique high-tech et la recherche du zéro –déchets par les pratiques low-cost (compostage…). le déchet est objet politique. La collapsologie annonce la mortalité de nos sociétés, des communautés expérimentent le lombricompostage, le freeganisme (mouvement de dons et d'échanges..). cherchent comment survivre à côté du capitalisme…
L'auteur emprunte les analyses à la philosophie, l'anthropologie, la psychanalyse, la sociologie…Les références et les citations sont nombreuses. le style est soutenu, l'expression est ramassée. L'ampleur des thèmes et idées abordées nécessite des raccourcis qui demandent relecture ou complément d'information. le livre est dense, dérangeant ; il est à ce titre un éveilleur de conscience.



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Notre société n'a cessé de technologiser les problèmes pour les résoudre, en créant par la-même de plus vastes encore. "L'argument écologique continue d'être le Cheval de Troie d'un imaginaire technicien." Telle est l'histoire de nos ordures que nous raconte Baptiste Monsaingeon dans un court essai très riche et documenté, qui souligne l'impossibilité même de gérer, recycler, faire circuler ce qui ne peut plus l'être. Monsaingeon montre très bien comment le dressage du consommateur à jeter prolonge le problème plus qu'il ne le résout (jeter est devenu notre mode de développement). Il souligne également que face à la submersion nous n'avons pas de recours. Dommage que son ode finale au glanage, au chiffonnage soit un peu courte. Il aura déploré la culpabilisation du consommateur sans jamais vraiment tenter d'esquisser des pistes pour réguler, limiter, contraindre cette ingérable production. Comme s'il n'y avait rien à faire, que tous les rêves de solution étaient éteints.
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critiques presse (3)
LaViedesIdees
12 octobre 2018
Producteur de déchets toujours plus nombreux, l’homme moderne n’a plus avec eux le même rapport. Que révèlent ces déchets que l’on tente de cacher ou d’éloigner de nos sociétés ? Maîtrisons-nous les déchets que nous tentons de gérer ou nous échappent-ils ?
Lire la critique sur le site : LaViedesIdees
NonFiction
27 novembre 2017
Un nouvel ouvrage de la collection Anthropocène remet en perspective les enjeux contemporains de la gestion des déchets
Lire la critique sur le site : NonFiction
Telerama
21 juin 2017
Exclu par le règne du jetable, comme devant à tout prix disparaître, le déchet a été banalisé. Contre cette orchestration de l'oubli, Homo detritus tient à redonner leur force critique aux déchets.
Lire la critique sur le site : Telerama
Citations et extraits (15) Voir plus Ajouter une citation
Ce "marché mondial de 300 milliards d'euros"- au sein duquel le déchet ménager pèse pour 150 milliards d'euros alors qu'il ne représente que 4% de la masse totale des déchets produits-pourrait avant tout s'inscrire comme la réussite d'un "capitalisme vert". Loin d'aborder les déchets en termes de biens communs, les principaux groupes industriels privés de gestion et de traitement des déchets semblent être les grands "gagnants": au cœur de ces marchés désormais mondialisés de quelques grandes matières premières secondaires, l'industrie de la propreté et du déchet prospère en tirant profit de la promesse de réintégration de nos rebuts dans les circuits de production.
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Tout au long du XXè siècle, en s'institutionnalisant comme "produit d'un abandon", le déchet a été exclu à la fois des centres de vie et, en même temps, du champ de la perception des jeteurs. p63
[...]
Le jeteur semble à même d'abandonner autant d'objets que d'éléments de son histoire intime, il renonce plus aisément à ses appartenances communautaires, religieuses ou politiques. p65
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Autrement dit, en rattachant sphère publique et sphère privée, espace domestique et espace commun, cette politique des petits gestes s'inscrit donc tant comme un moyen pour redistribuer les responsabilités propres à l'action publique, au sein même de l'espace domestique, que comme un argument pour faire de l'action routinière un acte de socialisation.
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Le voilier est un espace carcéral tant il impose à ceux qui y vivent une existence sociale ininterrompue, sans reste.
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[...] en cherchant à faire disparaître les déchets, c’est comme si nous nous étions efforcés d’effacer les preuves tangibles de l’insoutenabilité de nos modes de vie et de production.
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Videos de Baptiste Monsaingeon (2) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Baptiste Monsaingeon
Effractions : le podcast vous fait découvrir des livres mis à l'honneur pendant le festival Effractions, organisé par la Bpi. Migrations, deuil, révolte, gestion des déchets... Dans chaque épisode, un spécialiste en sciences humaines analyse, du point de vue de son champ de recherche, l'une des thématiques abordées par un roman.
Dans cet épisode d'Effractions : le podcast, Baptiste Monsaingeon, sociologue de la gestion des déchets, parle du livre Freshkills de Lucie Taïeb. Retraçant l'histoire des décharges autour des grandes villes occidentales et de l'imaginaire lié à ces espaces, il fait le parallèle avec la figure du chiffonier développée par le philosophe Walter Benjamin.
Cet épisode a été préparé par Cyril Tavan Réalisation : Michel Bourzeix et Soizic Cadio Lecture : Denis Cordazzo Extrait lu : Lucie Taïeb, Freshkills, Recycler la terre, © La Contre allée, 2020 Musique : Thomas Boulard Ce podcast a été enregistré dans les studios du Centre Pompidou
Retrouvez sur notre webmagazine Balises le dossier "Effractions 2021" en lien avec le festival de littérature : https://balises.bpi.fr/dossier/effractions-2021/
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