Zéphyrine, tome 1 : Divine Zéphyrine

Ayant trouvé il y a quelques années dans une boîte à livres le troisième et dernier tome des aventures de Zéphyrine, j'avais toujours eu envie de découvrir le début de l'histoire. Quelques petites recherches plus tard, les deux autres volumes ont rejoint ma bibliothèque...

Le terme n'existait pas à l'époque où Jacqueline Monsigny a imaginé sa saga, mais Zéphyrine est clairement une Mary-Sue « before it was cool » : un physique à faire se pâmer tous les mâles sont elle croise la route, une érudition largement supérieure à tout le monde, une certaine tendance à attirer sur elle tous les malheurs possibles et un caractère bien trempé. Zéphyrine est belle, Zéphyrine est exceptionnelle, Zéphyrine croise comme par hasard rien moins que Léonard de Vinci, Rabelais, La Palice, François Ier, sort avec le frère aîné de Pierre de Ronsard et parvient presque à mettre le jeune Nostradamus dans son lit.

Jacqueline Monsigny ne craint absolument pas de tomber dans l'exagération et ne se refuse donc rien. Outre ce festival de guest-stars, on assiste également au camp du drap d'or, à la construction de Chambord... tant pis si chronologiquement, l'autrice prend quelques libertés avec l'histoire. A cette dose-là, comme chez Dumas, ça fonctionne parfaitement et très vite, plus rien ne nous surprend. D'autant que la plume, très fluide et immersive, rend le livre particulièrement difficile à lâcher. Certes, niveau péripéties, ce premier volet est finalement plutôt calme, on est clairement dans un tome d'introduction, qui pose les bases pour la suite. Ne vous fiez pas aux couvertures vieillottes (quoique pleines de charme), tout ça a très bien vieilli et s'avère même plutôt moderne pour l'époque : la première scène un peu suggestive se déroule entre lesbiennes (et dans un couvent !), et ce sont clairement les femmes, Zéphyrine et sa belle-mère en tête, qui mènent le récit (et les hommes, par le bout du nez) ! Évidemment, le contexte historique demeure sexiste, aussi passent-elles finalement pas mal de temps à ruser pour agir comme bon leur semble, au nez et à la barbe du patriarcat.

Si vous connaissez une autre célèbre rousse de la littérature romanesque française, à savoir Angélique, vous vous demanderez sans doute parfois où se situe la limite entre inspiration et plagiat tant les similitudes entre les deux héroïnes sont nombreuses. Mais qu'importe ! de nos jours, l'on ne fait plus de grandes épopées romanesques comme celles-ci, plus proches des Trois Mousquetaires que d'Indiana Jones. Comme on dit, oldies but goldies !

Divine Zéphyrine ... Un titre si bien trouvé pour un roman fort et poignant, qui vous permet de suivre la période du règne de François Ier, et tous les grands événements de ce siècle.

J'ai découvert Zéphyrine, et par extension la littérature de Mme Jacqueline Monsigny, lorsque j'avais 13 ans, et la lecture de ce 1er tome me marquera à vie. Comme une madeleine de Proust, je le relis régulièrement, tous les 2/3 ans environ, poussée irrésistiblement par l'envie de retrouver cet univers et ces personnages.

Ce 1er tome est pour moi le plus réussi de la trilogie, et à chaque relecture, j'ai l'impression de découvrir de nouveaux éléments, au prisme de ma propre expérience, et de mon propre âge.

Ma dernière lecture à 30 ans n'a pas été la même que ma 1ère à 13 ans.

Zéphyrine, c'est l'héroïne émancipée par excellence. C'est une jeune femme orpheline de mère, avec un père absent et peu impliqué, qui se construit pendant l'enfance sur les représentations de ses plus proches compagnons : son ami serf Bastien, sa nounou Pélagie, l'écuyer de son père La Douceur ...
On balaye dans ce 1er volet la vie de Zéphyrine de sa naissance à ses 15 ans.
Marignan, le camp du draps d'or, Pavie ... On vit ces grands événements par les yeux de cette jeune femme de bonne famille, arrogante et fière, qui apprendra que la vie ne se déroule pas toujours comme on l'a prévu.
Dans ce volet, Zéphyrine, qui devient femme au fur et à mesure des chapitres, passe son temps à lutter, d'abord avec elle-même.

Jeune femme brillante et très cultivée, elle pense que son esprit pourra la sauver de toutes les situations. Son érudition la pousse régulièrement à dépasser les limites, et elle se cassera les dents plusieurs fois sur des problématiques que le seul esprit ne peut résoudre.
En parallèle, son corps qui grandit, prend en maturité, et attire de plus en plus de monde, lui semble comme une traitre enveloppe qui la rabaisse à une simple créature charnelle.
Zephyrine reste encore bien jeune, bien impudente, et c'est un réel plaisir de voir son corps et son esprit lutter tout le tome, sans trouver un réel accord.

Enfin, Divine Zéphyrine intègre tous les éléments qui en font pour moi un roman historique bien au dessus de la romance convenue : des personnages secondaires forts et attachants, une richesse de lieux et de situations, un ennemi charismatique et énigmatique, un profond mystère qui se dévoile petit à petit comme une enquête, la période de François Ier...

Divine Zéphyrine fait partie de ces romans historiques indétrônables, avec une héroïne inoubliable et la plume envolée de Jacqueline Monsigny.

Zéphyrine, c'est une Angélique bis... belle, intelligente, cultivée, indomptÂÂÂble, etc. à qui on impose un mari qu'elle trouvera délicieux ensuite et n'aura de cesse de retrouver quand on lui enlèvera.
Ajoutons que l'auteur lui donne toutes les clés de son époque, ce qui fait de la divine une allumée qui reconnait avant tout le monde le génie de Léonard de Vinci ou Nostradamus.
Ajoutons qu'en plus de quitter son village et son château, énorme aventure pour quiconque à l'époque, elle envoie son héroïne faire le tour des états italiens, ainsi que de l'Espagne de Charles Quint, et même à la rencontre du dernier Inca dans le tome 3...
Ajoutons que la belle est sensuelle et sait en jouer, histoire de titiller les jeunes filles en herbe, et ajoutons enfin que son caractère la précipite plus vite encore dans les précipices de l'aventure.
Vous avez-là la parfaite héroïne tête à claque et insupportable que vous suivez pourtant sur trois tomes.
Heureusement, seulement 3 d'ailleurs !

Ayant récupéré ce livre complètement par hasard et sans n'en avoir jamais entendu parler, je n'avais aucun à-priori sur l'auteure ou le roman avant de le commencer. Et j'ai vraiment adoré ce premier tome !
Il s'agit là d'un vrai roman d'aventures, où on suit la jeune Zéphyrine dès sa naissance jusqu'à ses 16 ans. Ce premier tome est excellent car il place les pions des complots, nous fait rencontrer tous les personnages importants, sans jamais nous ennuyer. Les péripéties s'enchainent, Zéphyrine voyage et grandit et son caractère se construit peu à peu, passant de la petite fille insupportable à la jeune fille pleine de bonnes intentions.
Alors certes, certains aspects du personnage sont certainement un peu désuets : Zéphyrine est belle et elle le sait, et elle utilise sa beauté et son charme comme une arme pour séduire ses interlocuteurs. Je ne suis pas sûre qu'on retrouve cette utilisation du corps de la femme dans des romans actuels. Et pourtant, cela ne m'a pas choquée du tout, car le roman se passant à la Renaissance, c'était normal ! C'est même le fait que Zéphyrine soit si cultivée et instruite qui est novateur pour l'époque.
L'écriture est fluide et classique, les pages défilent. Les petits clins d'oeil aux grands moments ou personnages de l'Histoire m'ont fait sourire.
Pour conclure, j'ai vraiment aimé ce premier tome, qui contient tous les ingrédients d'un bon roman d'aventure : une héroïne avec du caractère, des personnages variés, de l'amour, un méchante belle-mère, des complots historiques, un mystère à résoudre... Je vais de ce pas enchaîner avec les suivants !

Et voilà encore une autre série romanesque et historique que j'ai dévoré à l'adolescence.
Jacqueline Monsigny signe un cocktail explosif. Zéphyrine est une de ces héroïnes au tempérament fort et dont on ne peut s'empêcher de suivre les aventures.