Citations sur La femme pressée (14)
Ah ! Les mots… Parfois, il l'épuisaient. Les mots omniprésents, mot du livre qu'elle avait promis à Carles, mots des transcriptions de Fàtima, mot de tant de patients qu'elle gardait en mémoire et qui résonnaient dans sa tête, mots de fous à la fois emplis de sens et si vides, mot des personnes sensées si prévisibles et ennuyeuses…
A l'époque déjà, ma liste des choses qu'il faut faire, même si elles font perdre du temps intégrait de voler au secours des amis ou des parents proches en petite forme ; les amis (de la famille ou pas) occupaient et occupent un espace prioritaire dans ma vie, et le temps qu'il faut leur consacrer n'est pas négociable ; je compense cette dépense de temps en me faisant le moins d'amis possible.
Si j'aime autant la maison des Bach, c'est parce que je m'y suis ennuyée comme jamais plus dans ma vie. Je m'y suis ennuyée à fond. Je m'y suis ennuyée ferme. Et j'en ai la ferme nostalgie aujourd'hui. Mais tant de choses se sont passées entre cet ennui et cette nostalgie.
Le temps était un amant infidèle, débordé et indisponible, qui l'abandonnerait au moment le plus inattendu.
Je compris que parvenu à ce que l'on croit être une frontière, on franchit cet étape sans le savoir et l'on continue avec les mêmes inquiétudes, ou avec de nouvelles, sans jamais trouver le repos. Jamais de pause, jamais de trêve.
U. était un poète. Il possédait des connaissances et une culture qu'il n'utilisait jamais à l'état brut mais qu'il savait au contraire mettre au service d'une intelligence extrêmement vive. Mon père, à l'inverse, était beaucoup plus méthodique, plus rigide dans sa façon de relier entre eux des savoirs tout à fait conventionnels. Il était plutôt un grand accumulateur de connaissances, un grand dépôt, propre et ordonné.
En un mot, en accordant peu d'attention à la chose, Silvia lui a donné sans le savoir la meilleure éducation possible. Dans le cas de Zoé, cela a consisté à la laisser penser par elle-même devant la console de jeux, même si elle préfère souvent un livre. En matière d'éducation, les voies de l'influence sont impénétrables. Sans aller plus loin, avec son enfant - si elle en avait eu un - Nes aurait adopté un comportement absolument inverse de celui de ses parents envers elle.
C'est étrange pour moi de l'appeler ainsi ; pour tout le monde, elle a toujours été Do, un surnom qui lui allait comme un tablier à une vache! Ne me demandez pas pourquoi : cette note de musique ne lui allait pas. Mais à la maison, lorsqu'on avait un prénom un peu long, on nous l'amputait immédiatement. C'était l'œuvre des Rapides ; nous étions les dominants de la tribu.
Tu me reproches de ne pas fréquenter l'un des clubs de retraités et de ne pas me faire de nouveaux amis, du moment que ce sont des hommes bien sûr, des fois que je parte avec une "poule" comme le grand-père Bach
Mais il est vrai que ma hâte vient de peut-être de là. J'ai toujours tellement couru pour pouvoir vivre plusieurs vies…