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EAN : 978B004APYBI8
(30/11/-1)
3.46/5   78 notes
Résumé :
La « découverte » du Nouveau Monde, en 1492, provoque un bouleversement d’une ampleur inouïe, qui fascine les penseurs humanistes de la Renaissance. Mû par son insatiable curiosité, Montaigne consacre une partie des Essais à la rencontre entre Européens et Amérindiens.
Inspirés des récits de voyageurs, les chapitres « Des cannibales » et « Des coches » proposent un portrait ethnologique des « sauvages ». Avec le souci de débusquer les préjugés, Montaigne déco... >Voir plus
Que lire après Des cannibales - Des coches Voir plus
Critiques, Analyses et Avis (6) Voir plus Ajouter une critique
Montaigne a été en relation avec l'explorateur français Villegagnon qui, traversant l'Atlantique, fit terre en ce qu'il appela "France Antarctique", et qui s'appelle aujourd'hui Rio de Janeiro.
Montaigne en a fait un Essai appelé "Les Cannibales" dans son premier livre édité en 1580.
Il démonte les préjugés des Européens contre les précolombiens ( cannibalisme, polygamie ) en prenant des contre-exemples.
Il va même plus loin : il fait témoigner deux indiens "importés" : ceux-ci constatent l'illogisme d'obéir à un enfant ( Charles IX ), ou d'être riche et de ne rien donner aux pauvres qui vivent à côté.

.
Dans "Des coches", paru dans le troisième livre, celui de 1588, Montaigne revient sur ce sujet qui lui tient à coeur.
C'est un essai au départ sur les ustensiles à roues (coches, carrosses ), précisant qu'il n'aimait que se déplacer à dos de cheval.
Après une digression sur les arènes, les mythes et la réalité, il en vient à écrire qu'on ne sait vraiment pas grand chose du passé des hommes : le passé nous échappe.
Il revient alors sur son essai "Des cannibales" : les précolombiens vivent sans avoir ni le cheval, ni la roue, ni le fer ( quelle disparité avec nous ! ), c'est un "monde-enfant", et malgré tout, ils sont plus Sages que nous, les Européens du XVIè siècle !
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J'ai dû m'y reprendre à deux fois pour comprendre le style d'écriture du XVIè siècle, mais la deuxième fois, c'était bien plus clair. J'ai préféré "des cannibales", vraiment axé sur le Nouveau Monde. Cependant, le deuxième essai m'a permis des recherches sur le niveau technique des Indiens. Mais...
"Peut-être serait-ce seulement une question d'utilité. L'Amérique précolombienne ne connaît aucun animal de trait : ni cheval, ni boeuf pour tirer les charrettes. La roue ne leur aurait tout simplement servi à rien."
( Dailygeeks ).
En effet, ayant le poisson et les fruits en abondance, il n'avaient pas besoin de cultiver.
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Pour Montaigne, pour la majorité des philosophes et pour moi, la richesse est un fléau, un manque de Sagesse : il retourne la situation : les Indiens sont plus Sages que les Européens.
Et ça n'a pas changé :
Quand on voit d'une part, l'Indien Raoni défendant sa forêt amazonienne, et la famille Rothschild d'autre part, étouffant sous les actions, à côté des 8 millions de pauvres en France ( revenu inférieur à 880 euros par mois ), qui a raison ?

Je ne peux m'empêcher de rapprocher ces deux essais du superbe livre de Jean-Claude Carrière, "La controverse de Valladolid" : sur la demande de Charles Quint, des experts se réunissent en 1550 pour savoir si les Indiens sont des animaux (sans âmes ) ou des humains avec une âme donc !
Bouquin essentiel !
C'est avec lui que j'ai compris que la religion catholique avait fait autant de mal à la population terrestre que les islamistes.
Mais ceci est une autre histoire...

Qui c'est les barbares ?
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Quand il s'agit d'essais philosophiques, je suis à la fois curieux et paresseux.
Donc, plutôt que de lire l'ensemble des Essais de Montaigne, je me contenterai de cet extrait qui, apparemment, a fait l'objet du Bac Français 2020. le livre fait partie de la collection Étonnants Classiques et se veut une aide pour le lycéen : explication de texte, questions, chronologie, illustrations, texte originel à gauche, en français actuel à droite. Faut avouer qu'à l'époque du bac, tout cela m'ennuyait profondément ; je n'avais d'yeux que pour la science. J'y viens sur le tard et Babelio n'y est pas pour rien.

Les deux extraits présentés ici ont un atout pour me plaire : ils sont de l'ordre du commentaire historique. Il y a moins d'un siècle que deux mondes se sont rencontrés : l'Europe et les Amériques. En quelques décennies, le premier a sans pitié ratiboisé le second. On pense d'abord aux empires Aztèque et Inca, mais Montaigne s'intéresse aussi aux civilisations rencontrées en France Antarctique, éphémère colonie française du Brésil.
La force de ce récit vient de la capacité de l'auteur à se projeter dans « l'autre civilisation », à s'imaginer en être un représentant et, ce faisant, à justifier le plus naturellement du monde les rituels et comportements considérés comme étranges voire répugnants lorsque observés à travers le prisme européen. Vus par Montaigne, les Indiens ne sont pas les Barbares de l'histoire, ce sont bien les Européens, et plus précisément les Espagnols (je me suis d'ailleurs demandé si l'attaque contre les Espagnols avait une arrière pensée politique, France et Espagne étant à couteaux tirés à l'époque). Les moeurs simples, l'absence de volonté d'accaparation, même le comportement cannibale trouvent leur justification naturelle. L'approche m'a rappelé ma lecture de Azteca, de Gary Jennings.

Bien sûr, on pourra objecter que toute tradition trouve sa justification naturelle dans sa propre culture. Selon cette approche, tout est acceptable et on ne peut rien critiquer, de la corrida à la soumission des femmes iraniennes à une interprétation religieuse extrémiste et masculine. Bref, on ne peut pas vraiment justifier une généralisation de la méthode. Cependant j'ai le sentiment que, appliquée par Montaigne à la destruction de peuples qui n'avaient rien demandé à personne, et ce pour des raisons d'avarice bien plus que religieuses, la technique a un rôle bénéfique de remise en question de notre propre barbarie camouflée sous des habits de grandeur nationale ou d'orgueil personnel.

Je fais des phrases trop alambiquées aujourd'hui. Stop ! Je termine en disant que, une lecture en appelant une autre, j'ai bien envie de lire Rouge Brésil de Jean-Christophe Rufin, qui conte l'histoire de cette France Antarctique.
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S'il fallait lire deux essais de Montaigne ce seraient ces deux-là: pas une ride!

Quelle clairvoyance, quelle prescience des catastrophes à venir, quelle vigoureuse ironie et quelle vibrante indignation! La colonisation et le fameux "choc des civilisations" fantasme commode pour l'exploitation de l'une par l'autre -devinez lesquelles- y sont abordés à l'occasion d'une ambassade de Montaigne auprès de ces fameux cannibales et d'une méditation sur les dégâts irrémédiables -déjà- des conquistadores, plus tard évoqués par Hérédia "comme un vol de gerfauts hors du charnier natal"...

On est loin du mythe du bon sauvage de notre Jean-Jacques, idéaliste et un peu naïf, qui donnait envie à qui le lirait de "marcher à quatre pattes", disait cette peste de Voltaire.

La sagesse, la culture, le raffinement des civilisations amérindiennes ne le laissaient en rien à leur courage, ni à leur droiture. Culturellement et moralement, ils éclipsaient largement leurs futurs vainqueurs. Ce sont seulement la poudre et les balles qui ont prouvé leur "supériorité" sur ce nouveau monde à qui nous n'avons pas laissé la moindre chance de revigorer notre vieux monde perclus et corrompu. S'en suivra un déséquilibre que nous n'en finirons pas de déplorer. mais il sera trop tard: le mal sera fait, nous dit en substance Montaigne.

La fin des "Coches" - quand, sous les coups de feu des conquistadores, s'effondre au sol le "coche" humain des guerriers portant sur leurs épaules, en pleine bataille de Cusco, leur dernier roi, je n'ai jamais pu la lire à haute voix: ma voix s'étrangle.

D'émotion, d'indignation.

Lire Montaigne devrait être obligatoire, ordonné par la loi, remboursé par la sécurité sociale, comme une vaccination contre la bêtise, la violence à front de taureau et l'intolérance ordinaire.
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Ces deux chapitres, parmi les plus célèbres des Essais, sont une véritable leçon de tolérance. Montaigne nous apprend que les sauvages ne sont pas forcément ceux que l'on croit. Les chrétiens s'entretuant durant les guerres de Religion sont tout aussi sauvages que les Sauvages. «Chacun appelle barbarie ce qui n'est pas de son usage» : nous sommes tous le Cannibale de quelqu'un.
C'est aussi le récit d'une curiosité et d'une fascination : Montaigne nous parle de la découverte du Nouveau Monde, des récits des voyageurs qu'il a lus, et de sa propre expérience de l'altérité.
Montaigne invente ici ce que l'on nomme le relativisme culturel : une société n'est pas meilleure qu'une autre ; pour comprendre des usages qui ne sont pas les nôtres, il faut simplement se mettre à la place de l'autre. Ce décentrement, ce regard éloigné, cette défense radicale de la différence sont aujourd'hui plus que jamais nécessaires
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Relecture.
Extrait de ma note de lecture :
Il tente, dans "Des Cannibales" de disculper (on sent le juriste !) avec talent les Tupinambas, peuple que Villegagnon a trouvé dans les terres derrière la baie qui sera celle de Rio de Janeiro. Ces derniers sont qualifiés de "sauvages" et de "barbares". Montaigne va stratégiquement encadrer de volées d'éloges et d'exemples de valeur le fondement principal de cette accusation - leur cannibalisme. L'appellation de Cannibale (qui vient de kaniba, kariba : hardi, courageux => Caraïbes) a désigné l'ensemble des Amérindiens, dans un premier temps, après l'abordage d'Hispaniola (la future St-Domingue), et s'est donc appliquée un temps aux Tupinambas. Les références à l'Antiquité, son argument d'autorité, sont omniprésentes ils ont la simplicité du mode de vie des épicuriens, ne dédaignent pas l'ardeur belliqueuse ni amoureuse ("[Le prêtre] ne leur recommande que deux choses : la vaillance contre les ennemis et l'amour pour leurs femmes"), leur langue ressemble au grec et certains de leurs textes évoquent, promet Montaigne, le style d'Anacréon. Il s'étend beaucoup sur les circonstances au cours desquelles sont tués et mangés les ennemis des Tupinambas car elles permettent paradoxalement d'évacuer le pathétique : les ennemis ne demandent pas grâce, ils défient même leurs vainqueurs de les tuer, et ceux-ci les traitent bien pendant la détention. Très fort, Montaigne, très, très fort...
Lien : http://aufildesimages.canalb..
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Citations et extraits (28) Voir plus Ajouter une citation
CITATIONS ET EXTRAITS (3) AJOUTER UNE CITATION
SZRAMOWO SZRAMOWO 15 janvier 2015
Des cannibales
Tous nos efforts ne peuvent seulement arriver à representer le nid du moindre oyselet, sa contexture, sa beauté et l’utilité de son usage, non pas la tissure de la chetive araignée. Toutes choses, dict Platon, sont produites par la nature, ou par la fortune, ou par l’art ; les plus grandes et plus belles, par l’une ou l’autre des deux premieres ; les moindres et imparfaictes, par la derniere. Ces nations me semblent donq ainsi barbares, pour avoir receu fort peu de façon de l’esprit humain, et estre encore fort voisines de leur naifveté originelle. Les loix naturelles leur commandent encores, fort peu abastardies par les nostres ; mais c’est en telle pureté, qu’il me prend quelque fois desplaisir dequoy la cognoissance n’en soit venue plus-tost, du temps qu’il y avoit des hommes qui en eussent sceu mieux juger que nous. Il me desplait que Licurgus et Platon ne l’ayent eue ; car il me semble que ce que nous voyons par experience en ces nations là, surpasse, non seulement toutes les peintures dequoy la poesie a embelly l’age doré, et toutes ses inventions à feindre une heureuse condition d’hommes, mais encore la conception et le desir mesme de la philosophie. Ils n’ont peu imaginer une nayfveté si pure et simple, comme nous la voyons par experience ; ny n’ont peu croire que nostre societé se peut maintenir avec si peu d’artifice et de soudeure humaine. C’est une nation, diroy je à Platon, en laquelle il n’y a aucune espece de trafique ; nulle cognoissance de lettres ; nulle science de nombres ; nul nom de magistrat, ny de superiorité politique ; nul usage de service, de richesse ou de pauvreté ; nuls contrats ; nulles successions ; nuls partages ; nulles occupations qu’oysives ; nul respect de parenté que commun ; nuls vestemens ; nulle agriculture ; nul metal ; nul usage de vin ou de bled. Les paroles mesmes qui signifient le mensonge, la trahison, la dissimulation, l’avarice, l’envie, la detraction, le pardon, inouies.
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SZRAMOWO SZRAMOWO 15 janvier 2015
Des coches
Les grandes ames vont bien plus outre, et representent des fuites, non rassises seulement, et saines, mes fieres. Disons celle qu’Alcibiades recite de Socrates, son compagnon d’armes : Je le trouvay (dit-il) apres la route de nostre armee, luy et Làchez, des derniers entre les fuyans : et le consideray tout à mon aise, et en seureté, car j’estois sur un bon cheval, et luy à pied, et avions ainsi combatu. Je remarquay premierement, combien il montroit d’avisement et de resolution, au prix de Lachez : et puis la braverie de son marcher, nullement different du sien ordinaire : sa veue ferme et reglee, considerant et jugeant ce qui se passoit autour de luy : regardant tantost les uns, tantost les autres, amis et ennemis, d’une façon, qui encourageoit les uns, et signifioit aux autres, qu’il estoit pour vendre bien cher son sang et sa vie, à qui essayeroit de la luy oster, et se sauverent ainsi : car volontiers on n’attaque pas ceux-cy, on court apres les effraiez. Voylà le tesmoignage de ce grand Capitaine : qui nous apprend ce que nous essaions tous les jous, qu’il n’est rien qui nous jette tant aux dangers, qu’une faim inconsideree de nous en mettre hors. Quo timoris minus est, eo minus fermè periculi est. Nostre peuple a tort, de dire, celuy-là craint la mort, quand il veut exprimer, qu’il y songe, et qu’il la prevoit. La prevoyance convient egallement à ce qui nous touche en bien, et en mal. Considerer et juger le danger, est aucunement le rebours de s’en estonner.
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Evadee Evadee 03 mars 2014
Chacun appelle barbarie ce qui n'est pas de son usage.
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Des cannibales
Tous nos efforts ne peuvent seulement arriver à representer le nid du moindre oyselet, sa contexture, sa beauté et l’utilité de son usage, non pas la tissure de la chetive araignée. Toutes choses, dict Platon, sont produites par la nature, ou par la fortune, ou par l’art ; les plus grandes et plus belles, par l’une ou l’autre des deux premieres ; les moindres et imparfaictes, par la derniere. Ces nations me semblent donq ainsi barbares, pour avoir receu fort peu de façon de l’esprit humain, et estre encore fort voisines de leur naifveté originelle. Les loix naturelles leur commandent encores, fort peu abastardies par les nostres ; mais c’est en telle pureté, qu’il me prend quelque fois desplaisir dequoy la cognoissance n’en soit venue plus-tost, du temps qu’il y avoit des hommes qui en eussent sceu mieux juger que nous. Il me desplait que Licurgus et Platon ne l’ayent eue ; car il me semble que ce que nous voyons par experience en ces nations là, surpasse, non seulement toutes les peintures dequoy la poesie a embelly l’age doré, et toutes ses inventions à feindre une heureuse condition d’hommes, mais encore la conception et le desir mesme de la philosophie. Ils n’ont peu imaginer une nayfveté si pure et simple, comme nous la voyons par experience ; ny n’ont peu croire que nostre societé se peut maintenir avec si peu d’artifice et de soudeure humaine. C’est une nation, diroy je à Platon, en laquelle il n’y a aucune espece de trafique ; nulle cognoissance de lettres ; nulle science de nombres ; nul nom de magistrat, ny de superiorité politique ; nul usage de service, de richesse ou de pauvreté ; nuls contrats ; nulles successions ; nuls partages ; nulles occupations qu’oysives ; nul respect de parenté que commun ; nuls vestemens ; nulle agriculture ; nul metal ; nul usage de vin ou de bled. Les paroles mesmes qui signifient le mensonge, la trahison, la dissimulation, l’avarice, l’envie, la detraction, le pardon, inouies.
Commenter  J’apprécie          50
A Rouen, quelqu'un voulut savoir d'eux [ indiens ] ce qu'ils y avaient trouvé de plus admirable.
Ils dirent qu'ils trouvaient en premier lieu fort étrange que tant de grands hommes portant barbe se soumissent à obéir à un enfant [ Charles IX ] et qu'on ne choisissait plutôt quelqu'un d'entre eux pour commander.
Secondement, ils avaient aperçu qu'il y avait parmi nous des hommes pleins et gorgés de toutes sortes de commodités, et que les autres étaient mendiants à leurs portes, décharnés de faim et de pauvreté ; et trouvaient étrange comme ces nécessiteux pouvaient souffrir une telle injustice, qu'ils ne prissent les autres à la gorge ou missent le feu à leurs maisons.
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Des coches
Les grandes ames vont bien plus outre, et representent des fuites, non rassises seulement, et saines, mes fieres. Disons celle qu’Alcibiades recite de Socrates, son compagnon d’armes : Je le trouvay (dit-il) apres la route de nostre armee, luy et Làchez, des derniers entre les fuyans : et le consideray tout à mon aise, et en seureté, car j’estois sur un bon cheval, et luy à pied, et avions ainsi combatu. Je remarquay premierement, combien il montroit d’avisement et de resolution, au prix de Lachez : et puis la braverie de son marcher, nullement different du sien ordinaire : sa veue ferme et reglee, considerant et jugeant ce qui se passoit autour de luy : regardant tantost les uns, tantost les autres, amis et ennemis, d’une façon, qui encourageoit les uns, et signifioit aux autres, qu’il estoit pour vendre bien cher son sang et sa vie, à qui essayeroit de la luy oster, et se sauverent ainsi : car volontiers on n’attaque pas ceux-cy, on court apres les effraiez. Voylà le tesmoignage de ce grand Capitaine : qui nous apprend ce que nous essaions tous les jous, qu’il n’est rien qui nous jette tant aux dangers, qu’une faim inconsideree de nous en mettre hors. Quo timoris minus est, eo minus fermè periculi est. Nostre peuple a tort, de dire, celuy-là craint la mort, quand il veut exprimer, qu’il y songe, et qu’il la prevoit. La prevoyance convient egallement à ce qui nous touche en bien, et en mal. Considerer et juger le danger, est aucunement le rebours de s’en estonner.
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Nous n'allons point, nous rôdons plutôt, et tournoyons çà et là. Nous revenons sur nos pas. Je crains que notre connaissance soit faible en tous sens, nous ne voyons ni guère loin, ni guère arrière ; elle embrasse peu et vit peu, courte en étendue de temps et en étendue de matière.
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