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Critique de candlemas


A l'heure d'évoquer cet ami fidèle, mort en 1592, mon propos ne sera point d'une quelconque érudition, que d'autres, dans un français plus digne de la vénérable Sorbonne, manient mieux que moi.
Quoique l'aisance de son dialogue avec les ancêtres latins donne clairement à voir sa vaste culture classique, Michel de Montaigne cultive dans ses Essais un langage des plus simples (pour l'époque), "naturel et ordinaire, sans contention ni artifice". Il me semble qu'un commentaire aussi personnel que simple lui est dû.
"Mon dessein est de peindre" cette belle rencontre que je fis, depuis la première page de ces Essais, jusques à la dernière, durant plusieurs années. Montaigne réservait ces Essais comme une commodité pour se faire connaître de ses parents et amis, quand il aurait quitté cette terre. N'étant point, à ma connaissance, de sa famille, c'est donc en ami que je parlerai de lui.
Comme beaucoup, je le rencontrai au détour d'une page d'un manuel scolaire (Lagarde et Michard je crois). Cet homme se décrivait alors, après une vie d'aventure, à courir le monde et les femmes, à voyager et survivre au milieu des guerres et intriques politiques de son temps, à faire profiter autant que possible les Princes, puis ses concitoyens bordelais, de son humanisme engagé, prenant refuge dans sa bibliothèque.
Au coeur de la tour du château de Montaigne, il entreprenait de livrer son âme non à Dieu mais à qui voudra, dans cette entreprise de prime abord pleine de vanité, et finalement au contraire tellement belle d'humanité et de simplicité, de parler de lui-même (ce que nous faisons tous, tout le temps, en définitive.... ) Grâce à cet abandon de fausse pudeur, j'eus la joie et l'honneur de me sentir dans l'intimité de cet honnête homme du XVIème Siècle incarné.
L'évocation de ce sage retiré en son château de Montaigne nourrit mon désir au fil des pages du 1er volume des Essais. A l'âge où d'autres jeunes gens s'imaginent pilote de ligne ou ingénieur informatique, je rêvais, moi, d'une telle retraite, après une même vie de voyages, d'aventure et d'expérience des relations humaines, en notre temps.
Il faut sans doute plus de temps au XXIème siècle pour réaliser cette ambitieux programme humaniste, probable utopie, et la retraite n'est pas pour tout de suite (pour peu qu'elle arrive un jour), mais la lecture des tomes 2 et 3 des Essais, achevée une première fois à l'âge de 38 ans (âge qu'avait Montaigne quand il entreprit leur rédaction) continue à me hanter avec bonheur dans cette vie. Quelle joie, en écrivant ce commentaire, de constater que cette ambition n'a pas varié depuis 25 ans, et que mes choix d'études, de métier et de vie continuent de s'inspirer de cette vision de l'existence humaine, face aux pièges de l'ambition, de l'habitude, des déceptions.
Probablement l'un des rares livres que je relirai.
Monument de littérature, témoignage historique ou autobiographique, oeuvre moraliste, philosophique.... pour moi peu importe, Michel de Montaigne fait partie de ces grands frères qui me guident sur un chemin d'humanité avant tout, et dont les doutes et les remises en question, les rires et les coups de colère, les inquiétudes et les bosses de la vie, répondent aux nôtres, suscitant l'émotion d'un partage au-delà des siècles.
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