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sur 762 notes
De fait, je n'avais pas lu Montaigne depuis longtemps. Il m'a fallu me réhabituer au vieux français, à l'orthographe erratique et à la ponctuation surprenante.
Juste quelques notes prises en lisant le troisième livre.

Il m'a perdue dans le long chapitre de la vanité où il parle des voyages, des embarras de la vie, de la politique, de la mémoire, des voyages, des femmes, de l'amitié, de la mort, des voyages, de sa vénération pour les anciens Romains et quel qu'autres sujets que je n'ai pas notés, mais je n'ai pas vu la vanité... Et je tombe soudain sur "Cette farcissure est un peu hors de mon thème", ben voyons ! Lequel ? C'est suivi un peu plus loin de "J'aime l'allure poétique à sauts et à gambades", ce dont je me doutais depuis un moment :-) Un peu plus loin encore, "C'est l'indiligent lecteur qui perd son sujet, non pas moi" : au temps pour moi.
Autant j'aime la parfaite architecture rhétorique de Pascal, autant je me délecte des méandres de la pensée montanienne ; il ne faut pas chercher à comprendre. “A foolish consistency is the hobgoblin of little minds" (Emerson). Je suis un grand esprit CQFD ! ;-)
Montaigne me met en joie. Même lorsqu'il parle de sujets dramatiques comme la quasi destruction des peuples indigènes de l'Amérique latine (Des coches), il reste que sa manière d'aborder le thème, directe, sans façon, passant et repassant pour balayer la totalité du champ, me réjouit.

Il est assez machiavélien dans ses postures politiques (De l'utile et de l'honnête) : les rois sont contraints à la violence, la traitrise et au mensonge de par leur fonction. Très désabusé quant à l'espoir d'une amélioration - les guerres civiles ont parfois cet effet - ce qui l'amène à une position très conservatrice (De la vanité).

Quelques citations que j'aime particulièrement.
Ma préférée : "Le monde n'est qu'une branloire pérenne. Toutes choses y branlent sans cesse, la Terre, les rochers du Caucase, les pyramides d'Egypte, et du branle public et du leur. La constance même n'est autre chose qu'un branle plus languissant. Je ne puis assurer mon objet : il va trouble et chancelant, d'une ivresse naturelle" (Du repentir). En nos temps d'accélération extrême, de brouillage du vrai et du faux, des algorithmes et des IA régissant nos vies, l'impossibilité d'assurer son objet prend une tournure aigüe et la posture de Montaigne face au savoir et à la prise de décision est d'autant plus précieuse.
"C'est mettre ses conjectures à bien haut prix que d'en faire cuire un homme tout vif" (Des boiteux). Au milieu de nos nouvelles guerres de religion, la phrase fait frémir, même si on décapite plus qu'on ne brûle.
Je termine avec "C'est une absolue perfection, et comme divine, de savoir jouir loyalement de son être" (De l'expérience) : ça vaut tous les préceptes des psychologies positive ou du bonheur.

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On n'a pas mieux expliqué, je pense, le rapport qu'un amateur de Les Essais entretient avec Montaigne, qu'Orson Welles ne le fit en écrivant ceci, que je tire de la couverture de mon édition :
« Montaigne est le plus parfait écrivain que le monde ait produit. Je le lis littéralement chaque semaine, à la façon dont les gens lisent la Bible, pas très longtemps ; j'ouvre mon Montaigne, lis une page ou deux, au moins une fois par semaine, pour le plaisir, comme ça. Pour moi, il n'y a pas de plus grande joie au monde. En français, pour le plaisir d'être en sa compagnie. Ce n'est pas pour ce qu'il raconte, mais c'est un peu comme d'attendre un ami, vous savez. Pour moi, c'est quelque chose de merveilleux, de très cher. J'ai de l'affection pour Montaigne. C'est un grand ami de ma vie. »
Éloge paradoxal, s'il en est : il ne s'agit pas d'aimer Montaigne « pour ce qu'il raconte » mais pour « sa compagnie ». Étrange compagnie qui ne « partage pas le pain » c'est-à-dire une matière un tant soit peu roborative. Qu'est-ce donc qu'on goûte dans un livre, si ce ne sont les mots ? Et comment juge-t-on un écrivain « parfait » dont on ne lit « qu'une page ou deux », de temps en temps ? C'est absurde. Et c'est pourtant vrai qu'il se lit et s'apprécie ainsi : Welles ne manquait pas, apparemment, de rappeler qu'il s'en faisait un véritable bréviaire…
Lever la contradiction dans la mentalité du lecteur reviendra à indiquer la substance même de l'auteur à travers son livre.
Montaigne est un « grand ami », il est certes foncièrement amical. Indéniablement, c'est un homme sincère et honnête, une nature sympathique, paisible : ce ton de douceur, celui d'un « gentilhomme campagnard du temps de Henri III » (la périphrase est De Voltaire), qui prend longuement la plume pour transcrire ses pensées, avec une franchise directe et cependant une grande modération, séduit sans aucun doute les êtres tranquilles, curieux d'innocente quiétude, désireux des tendres facilités de l'existence, et soucieux de ne pas heurter parce que ne disposant pas des facultés de résistance et d'évolution pour souhaiter pour eux-mêmes les vertus du choc. Tout ce qu'on lit dans Les Essais est déjà su, on n'y apprend rien, et c'est précisément pourquoi Welles ne le lisait pas dans l'ordre : à la suite ou au hasard, c'est la même chose pour ce qui est de s'en édifier, sur aucun sujet on n'y trouve une réflexion singulière. Il ne s'agit pas d'extraire de l'ouvrage des extraits éloquents ou des articles de pensée originale, mais de s'imprégner du ton sans polémique, rassis et qui n'étonne point, de se laisser envahir par l'imperturbable souffle de vérités inutiles et anodines qu'on confond proverbialement avec la profondeur, pour se croire contaminé par une « sagesse », comme si le parangon de la philosophie consistait à ne vouloir que parler sans blesser personne, opportunisme des gens qui estiment qu'être bonhomme, c'est être un homme bon parce que c'est facile. Welles concède qu'il n'apprend rien à lire Montaigne, et il admet que Montaigne le rassure : c'est « l'ami de sa vie » parce que c'est ce dont il a besoin pour se sentir meilleur dans la vie, nécessité d'autant superficielle qu'elle ne s'éprouve que par intervalles (« chaque semaine ») et en général par courtes durées (« pas très longtemps »). On distingue chez Montaigne de la lourdeur fade, et qu'on peut appeler constance, en dépit de sa langue plaisante (plaisante surtout comme étymologique : langue du fondement, rafraîchissante et essentielle), lourdeur qui se signale par l'abus des références, sortes de compilation un peu crâne de tout ce qu'il a lu (la manière instante dont Montaigne semble avoir publié prouverait que, désirant plaire et se diffuser pour exemple, il n'était pas si humblement reclus et solitaire qu'on le peut supposer), et fadeur qui se révèle par ce que, si l'on excepte de la légende ce qu'on croit savoir du fameux « esprit obscurantiste » de la fin du Moyen Âge, ce que dit ici Montaigne est d'une moralité mièvre et indécise, sans caractère ni fermeté, dont le succès se situe dans le contraire des attributs de l'intégrité et de l'idiosyncrasie, à savoir dans une raison que chacun reconnaît et que personne n'ose contredire parce qu'elle se contente d'arborer les insignes du bon-sens le moins controversé – autrement dit, c'est en entier ce que Nietzsche eût appelé de la « moraline », pommade douce et lénifiante, pas contrariante, toujours vraie en ce qu'il s'agit de ne jamais prendre de positions conflictuelles. Montaigne est chrétien, traditionnel, bonasse, et il incite à se fier à la religion de son pays, à ses traditions, à ses valeurs débonnaires ; en somme, et c'est simple à comprendre, c'est un homme qui traverse son temps sans rien égratigner, avec l'air non seulement du temps, mais de tous les temps indécis et évaporés, des temps passés et à venir les plus évidents et incontestables. Il est ainsi l'ami de tous parce que nul ne peut lui en vouloir d'un mot aventuré ou audacieux : il est agréable parce qu'il n'atteint pas, son opinion est celle de quelqu'un qui n'en a pas sinon de s'accorder avec une sorte d'unanimité reculée et paisible. En cela, la lecture de Les Essais paraît inoffensive et universelle : c'est « sage » parce que sans apparence d'erreur, mais puisque c'est surtout sans tentative de se tromper, sans jamais aucun risque, on est aussi bien en peine, comme je l'ai été, d'y annoter un mot profond ou une idée originale et forte, c'est stérile et creux comme un soupir de vieille dame. le lire revient à asseoir sans apport son goût de la patience ; c'est incidemment s'habituer à ne lire que fadaises émollientes, et, peu à peu, renoncer à l'action sur soi des littératures hardies et bouleversantes, de celles qui, au lieu de conforter, vous forcent et changent. On peut craindre avec l'habitude que chez le lecteur de Montaigne le sens de la philosophie tourne au breuvage tiède sans effets, comme on prend une tisane ou une cuillérée de miel pour remède à la toux ou à la mélancolie : ses péroraisons sont générales, abstraites et irrésolues, et, à bien y regarder, la tenue à tout prix d'un juste-milieu les rend presque toujours contradictoires, les résumant à : « Faire ceci est une faute mais l'inverse est inutile. » Après 150 pages, je suivais toujours des développements qui se résumaient au plaisir de perdre son temps avec un être vieillard, aimable et s'exprimant bien, même trop disert et digressif mais me tenant par l'affection, à la façon dont on s'hypnotise de certaines voix rauques en-dehors même du sujet qu'elles exposent, et… je me suis ébroué – ce qui m'est de moins en moins pénible à force de résolutions fermes et écrites sur la littérature – en songeant que cet exercice méthodique et soigneux ne contribuait en moi à l'ajout d'aucune puissance réelle, d'aucune vitalité mâle, d'aucun apport que peut-être me pourrait faire, quoique improbablement (car je ne me fais pas d'illusion), un autre ouvrage : lire ainsi, c'est une lourde paralysie vers la tombe. J'imagine bien quelle satisfaction on peut tirer de livres comme ceux-ci : par crainte cacochyme de se remuer et scandaliser de pensées fortes, surtout parce qu'on n'a plus la faculté de les suivre et entretenir, on commence à haïr la vivacité et les éclairs, et l'on s'enferme au songe doucereux d'oeuvres molles à la Mann, Bernanos, Proust et Pessoa, de ces textes qui convient à atermoyer peu de notions véritablement personnelles en une langueur dont l'ennui passe pour de la grandeur parce qu'on suppose que, puisque les vieux sont capables de regarder durant des heures des voitures passer, assis au perron de leur maison, la patience serait signe de maturité. Et en présence de ces voix où l'individu se résume à une exceptionnelle attente, on se résigne et s'accoutume à appartenir à ces sages longanimes, en immortalité de fossile qui, parce qu'elle requiert un certain effort quoique pas un effort actif, passe indûment, peut-être définitivement, pour de l'humanité, voire pour de l'humanisme, dont on fait un modèle de tempérance supérieure, qui n'est en vérité et par impression qu'une pratique de l'inexistence satisfaite et coite, béate et confite en disparition veule, une minéralisation nonchalante et lasse des fringantes capacités de l'esprit net et vivant.

Post-scriptum : J'ai poursuivi plus loin d'une cinquantaine de pages les cent cinquante annoncés dans cet article. Rien n'y change, non que j'y tienne : ce théorème est exact.
Lien : http://henrywar.canalblog.com
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Montaigne voyait son époque, la Renaissance, comme une époque de dissimulation, de corruption, de violence et d'hypocrisie, et il n'est donc pas surprenant que le point de départ des Essais se situe dans la négativité, la domination des apparences et la perte du lien avec la vérité. d'être. le scepticisme tant discuté de Montaigne résulte de cette négativité initiale, car il remet en question la possibilité de toute connaissance et voit l'être humain comme une créature de faiblesse et d'échec, d'inconstance et d'incertitude, d'incapacité et de fragmentation ou, comme il l'écrit dans le premier de ses essais, comme « une chose merveilleusement vaine, diverse et ondulante ». Son scepticisme se reflète dans le titre français de son ouvrage, Essais, ou « Tentatives », qui n'implique pas une transmission de connaissances éprouvées ou d'opinions confiantes, mais un projet d'essais et d'erreurs, d'exploration provisoire. Ni référence à un genre établi (puisque le livre de Montaigne a inauguré le terme d'essai pour désigner la courte composition en prose qui traite d'un sujet donné de manière très informelle et personnelle) ni indication d'une unité et d'une structure interne nécessaires à l'oeuvre, le titre indique une attitude intellectuelle de questionnement et d'évaluation continue.

Le scepticisme de Montaigne n'exclut cependant pas la croyance en l'existence de la vérité, mais constitue une défense contre le danger de trouver la vérité dans des notions fausses, non examinées et imposées de l'extérieur. Son scepticisme, combiné à son désir de vérité, le conduit à rejeter les idées communément acceptées et à une profonde méfiance à l'égard des généralisations et des abstractions ; il vous montre également le chemin vers une exploration du seul domaine qui promet des certitudes : celui des phénomènes concrets et surtout du phénomène fondamental de votre propre corps et de votre esprit. Ce moi, avec toutes ses imperfections, constitue le seul lieu possible d'où peut commencer la recherche de la vérité, et c'est pourquoi Montaigne, du début à la fin des Essais, ne cesse d'affirmer que « je suis la matière de mon livre. » Il découvre que son identité, sa « forme maîtresse », comme il l'appelle, ne peut être définie en termes simples d'un soi constant et stable, car il s'agit de quelque chose de changeant et fragmenté, et que l'appréciation et l'acceptation de ces caractéristiques sont les seules. garantie d'authenticité et d'intégrité, seule manière de rester fidèle à la vérité de son être et de sa nature et non aux apparences des autres
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En abordant "Les Essais" de Michel de Montaigne, on pénètre dans l'esprit d'un homme profondément introspectif, curieux et avant-gardiste pour son époque. C'est une oeuvre qui nous invite à nous questionner sur nous-mêmes et sur la nature humaine de manière générale.

J'ai été particulièrement séduit par la manière dont Montaigne tisse des réflexions sur des sujets aussi divers que l'amitié, l'éducation, la mort ou encore la morale. Son style, bien que parfois difficile d'accès pour le lecteur moderne en raison de ses tournures et références de l'époque, reste d'une élégance et d'une profondeur rarement égalées.

Cependant, je dois admettre que certains passages m'ont semblé répétitifs ou trop ancrés dans le contexte de son temps, ce qui peut occasionnellement entraver la fluidité de la lecture. Néanmoins, cette immersion dans l'esprit d'un homme du XVIe siècle a une valeur inestimable.

En somme, "Les Essais" demeurent, pour moi, une exploration fascinante de la pensée humaine, bien que l'oeuvre nécessite parfois une lecture attentive et patiente. À tous ceux qui souhaitent se lancer, je recommande vivement de prendre le temps d'apprécier chaque essai individuellement, car chacun regorge de pépites de sagesse et d'insight.

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La prose de l'époque, même délicieusement adaptée par André Lanly, en dit long, déjà, par elle même, sur la sublime façon de vivre le monde d'alors, et pour autant les problèmes vitaux sont restés semblables aux nôtres.
Il sera le dépositaire du " discours de la servitude volontaire" de la Boétie, le seul ami de sa vie, mort très jeune.
Pour qui s'intéresserait à cet auteur du XVIe siècle, voilà un ouvrage à savourer onctueusement.
Le parcours de ce sage tout en humilité, simplicité et savoir vivre,pourrait faire bien des jaloux parmi beaucoup de philosophes qui se prennent sans doute trop au sérieux.
Exquis, de fouiller un peu dans ce discours dont l'auteur a gardé seul le fil, exquis de voir comment il a pu humblement et sciemment changer sa vision de l'homme entre le temps de sa jeunesse et celui de sa vieillesse, où il est beaucoup question des fondamentaux que sont la mort et la vie, la santé et la maladie, mais aussi des relations amoureuses.
Les références à la littérature de l'antiquité grecque et romaine sont omniprésentes.
Un long voyage en Europe lui fera prendre également de la distance à l'égard de multiples préjugés.

Un ouvrage majeur dans l'histoire de la littérature francophone.
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En toute franchise, j'ai abandonné le livre dès les premières pages, car je n'ai pas du tout accroché au style d'écriture. Etant donné que je n'ai lu que quelques pages, je ne peux pas faire un avis objectif sur le livre. Peut-être que j'essaierai de nouveau un jour pour me faire un avis plus définitif. Et peut-être dans une autre édition car celle que j'ai c'est écrit tout petit.
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Ah ! Montaigne... Je me suis baladé, tranquillement, à mon rythme, pendant presque un an avec lui. C'est peu de dire que ce fut plaisant : j'aime cet homme, ce Brassens du XVIe siècle, profondément bon, sceptique et gai, humble et indulgent, simple mais profond, si particulier et pourtant si universel.

« Qu'un pareil homme ait écrit, véritablement la joie de vivre sur terre s'en trouve augmentée. » Ce jugement de Nietzsche, je le partage totalement : je suis simplement heureux qu'un homme comme lui ai existé, qu'il soit connu et reconnu, et admiré. J'en aurais presque une bouffée d'optimisme pour le genre humain.
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Sur les trois livres rassemblés dans « Les Essais » de Montaigne, je n'ai lu que le premier. Et pourtant, j'ai l'impression que ces quelques centaines de pages contiennent déjà toute la sagesse et la matière philosophique nécessaires à la « vie bonne ».

Avec une langue percutante, riche et naturelle, Montaigne nous parle de la mort, de l'éducation, de la culture, du voyage, des émotions, des hommes, des arts, de l'Histoire et de la poésie. Son propre texte et les vers latins qu'il ajoute forment ensemble une oeuvre bouleversante, profonde et intemporelle.

J'insiste sur la notion d'intemporalité. C'est toujours un privilège exceptionnel que de recevoir directement des conseils et des enseignements d'un génie des siècles passés. Mais cette expérience transcende le lecteur qui prend conscience que ces conseils nous touchent profondément, nous modernes, et impactent frontalement notre vision du monde et des hommes. Car en effet, dans ce cas, les siècles et la distance sont soudainement oubliés : c'est une conversation des âmes à l'échelle universelle.

Montaigne se place dans l'histoire des idées et de la littérature comme une plaque tournante en Occident ; il forme à lui tout seul une transition remarquable entre le monde antique/médiéval, et le monde moderne. Ainsi, il puise son inspiration et ses idées dans la littérature antique, principalement romaine, puis transpose les réflexions d'Horace ou de Cicéron pour les appliquer à son époque (car selon lui tout savoir doit pouvoir s'appliquer en pratique). Il invente le genre prometteur de l'essai, et peut être considéré comme le premier grand philosophe et écrivain français. Il est ainsi, dans l'histoire de France et plus largement de l'Occident, un penseur fondamental.

Montaigne maîtrise incontestablement l'art de la formule, et je n'ai pas pu m'empêcher de recopier une bonne centaine de citations extraites du premier livre, qui par leur concision et leur esprit, pourraient s'appliquer à tous les évènements de la vie. Les Essais forment un guide, un Vade-Mecum, qui, comme l'aurait voulu son auteur, doit non seulement se lire, mais aussi se digérer et se pratiquer. Il me parait donc trop tôt pour juger de l'influence de cette oeuvre sur moi, car j'estime que ses enseignements s'étireront tout au long de ma vie.
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Résumé: "Nous devons à André Lanly, éminent philologue et professeur émérite à l'université de Nancy, d'avoir servi l'un des monuments les plus difficiles à déchiffrer de la littérature française en osant lui donner sa forme moderne. C'en est fini des obstacles de l'orthographe, du doute sur le sens des mots, de l'égarement suscité par la ponctuation. Lire ce chef-d'oeuvre devient ici un pur bonheur. "Ce ne sont pas mes actes que je décris, c'est moi, c'est mon essence. J'estime qu'il faut être prudent pour juger de soi et tout aussi scrupuleux pour en porter un témoignage soit bas, soit haut, indifféremment. S'il me semblait que je suis bon et sage, ou près de cela, je l'entonnerais à tue-tête. Dire moins de soi que la vérité, c'est de la sottise, non de la modestie. Se payer moins qu'on ne vaut, c'est de la faiblesse et de la pusillanimité, selon Aristote. Aucune vertu ne se fait valoir par le faux, et la vérité n'est jamais matière d'erreur. Dire de soi plus que la vérité, ce n'est pas toujours de la présomption, c'est encore souvent de la sottise. Être satisfait de ce que l'on est et s'y complaire outre mesure, tomber de là dans un amour de soi immodéré est, à mon avis, la substance de ce vice [de la présomption]. le suprême remède pour le guérir, c'est de faire tout le contraire de ce que prescrivent ceux qui, en défendant de parler de soi, défendent par conséquent d'appliquer sa pensée à soi. L'orgueil réside dans la pensée. La langue ne peut y avoir qu'une bien légère part." Les Essais, Livre II, chapitre VI.


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Un recueil de pensées et d'anecdotes variées qui empruntent largement à la philosophie grecque mais aussi à la morale chrétienne. Il y a à boire et à manger, chacun y trouvera donc son intérêt dans certains chapitres, et de la longueur dans d'autres...
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