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EAN : 9782818056813
144 pages
P.O.L. (05/01/2023)
3.69/5   29 notes
Résumé :
Le Relais des Amis, c'est un café dans une petite station balnéaire sur la côte normande, mais c'est aussi le principe ludique qui anime ce roman, où de relais en relais, on suit toute une série de personnages.

Simon a loué une maison pour écrire mais il est en panne d'inspiration. Il part se promener jusqu'au Relais des Amis, d'où bientôt ressortent Frédo le maçon et son apprenti, lequel au travers de la vitre d'une agence immobilière aperçoit Loret... >Voir plus
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Une farandole littéraire libre et pétillante…

C'est vertigineux quand nous prenons le temps d'y réfléchir quelques instants, toutes ces vies qui se nichent derrière chaque personne, tous ces possibles à raconter, à détailler, à entrevoir. Toutes ces richesses. Chaque jour, les personnes croisées sont autant de bulles de vie qui s'entrechoquent tout en s'ignorant. Christine Montalbetti, dont je découvre l'écriture pétillante, part de cette idée dans « le relais des amis » qui offre quelques heures de lecture très agréables. le lecteur, souvent interpellé par l'auteure, y découvre une galerie de personnages, abordés de relais en relais, selon un principe ludique et joyeux de passage de témoin : via une mouche s'échappant d'un appartement, un postillon atterrissant sur la personne d'en face, une visioconférence entre deux personnes à l'autre bout du monde, des ronflements amples traversant une cloison, une paire de Converse, une mouette…
La force de cet écrit étant de réussir à nous attacher, à nous émouvoir, chaque personnage du collier, pourtant entraperçu rapidement, devient un être à part entière, avec ses espoirs et ses regrets, ses relations humaines plus ou moins compliquées, celles qui commencent, celles qui patinent et se terminent. Un collier d'humanité, une brochette de si, une ronde de possibles en un traveling réjouissant.

« Ces ébauches de possibles se contentent alors de scintiller comme des espèces de papillons sur la prairie de vos pensées (je le dirais comme ça), et leurs battements d'ailes malgré tout vous accompagnent ».

Ce voyage nous permet ainsi de partir de Simon, un écrivain qui, en panne d'inspiration, part se promener jusqu'au Relais des amis, bar dans lequel il retrouve quelques habitués sur lesquels l'auteure va faire quelques zooms, puis de passer à Lorette de l'agence immobilière d'à côté qui emmène son client Bastien visiter un appartement…et voilà, le traveling un peu vertigineux commence, nous permettant, de fil en aiguille, de regarder passer les bateaux sur le fleuve Douro au Portugal, de nous promener en pleine nuit à Kyoto, de jouer au pachinko à Tokyo, de marcher sur les rives d'un lac du Colorado, de flâner sur une plage normande…C'est un vent de liberté qui nous autorise à faire un délicieux petit tour du monde, tel un pur moment de cinéma.

« Oui, c'est avec eux à présent qu'on embarque, vous commencez à comprendre le principe, à eux que Rémi passe le bâton de relais, d'autant que le train, ça nous ouvre de nouveaux horizons ».

Par moment Christine Montalbetti nous questionne directement : quel personnage choisir, là tout de suite : « Attention, on n'a que quelques secondes pour se décider. Qu'est-ce qu'on fait ? Je me dis que si on monte avec elle, on sera plus vite arrivée à la mer », pour mieux ensuite nous balloter et nous imposer sa propre fantaisie. Ce livre ose, interpelle, digresse, pose des parenthèses, alterne les passages à l'écriture ciselée avec des passages aux expressions familières et aux analogies surprenantes. C'est un véritable éloge à la littérature, aux voyages immobiles qu'ils permettent, aux mille et une vies qu'ils abordent, à la liberté qu'ils autorisent.


Les livres, un espace préservé dans lequel nous pouvons évoluer librement et toucher du doigt toutes les sensations du monde…tel est le message primordial de ce récit qui en faisant éclater quelques bulles de vie bondissant en tous sens m'a fait l'effet légèrement enivrant d'une fine bulle de champagne. A petite dose, cette ivresse est délicieuse, à plus grande dose cela aurait pu être un tantinet écoeurant. le dosage ici est parfait même si ça confine, nous devons le reconnaitre, à l'exercice de style.

« Ces impression caracolent dans son coeur comme des poulains sauvages, et est-ce qu'il finira par lancer enfin vers elles le lasso de ses phrases, zui zui, la courbe onduleuse et graphique de leur longue lanière, hop là, pour s'efforcer d'attraper telle ou telle d'entre elles sur laquelle il commencera (prudemment, joyeusement) à mettre des mots, on le lui souhaite ».
Simon, je ne sais pas, mais vous, vous y arrivez merveilleusement Madame Montalbetti !

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De relais en relais

Dans ce roman d'une construction virtuose, Christine Montalbetti nous fait faire le tour du monde en passant d'un personnage à un autre. Des existences qui se relaient au fil des rencontres. Une manière de porter un regard malicieux sur la société actuelle.

Le jeu du Marabout, qui consiste à trouver une suite de mots dont les premières syllabes correspondent phonétiquement aux dernières de l'expression précédente.
Marabout, bout d'ficelle, selle de cheval, cheval de course, course à pied, etc. s'appelle la concaténation. Si je vous en parle ici, c'est que Christine Montalbetti utilise un procédé narratif similaire dans son nouveau roman pour passer d'un personnage à l'autre.
Tout commence avec Simon, écrivain venu en Normandie pour se mettre à son nouveau roman, mais reste en panne d'inspiration.
Pour la retrouver, il décide de faire une marche. Une promenade qu'il achève en allant prendre un café au comptoir du Relais des amis. Outre Tatiana, la serveuse, il croise deux habitués, Frédo et Roger, Gégé le patron et Momo, assis seul à une table. Mathieu, l'apprenti de Frédo, venant compléter le tableau. Alors Simon "se laisse impressionner par les petits froissements d'âme autour de lui" et détaille ce microcosme. Avant de suivre Frédo et Mathieu qui ont du boulot. Leur camionnette est garée près de l'agence immobilière de Lorette. Lorette qui prend le volant de sa Clio pour faire visiter un bien à son client du jour. Mais cette maison est trop chargée d'histoires et Bastien, le client, renonce à l'acquérir. En revanche, il a un peu de temps libre et demande à Roger, le chauffeur de taxi, la direction de l'aquarium. Mais Roger est distrait, il doit prendre en charge le couple Worcester pour le conduire à la gare. On suit alors Eva et Greg Worcester qui prennent place dans leur compartiment. Les septuagénaires sont bientôt rejoints par Lila, une jeune fille qui a le don d'agacer Eva.
Si le petit jeu continue, ce n'est pas sans un clin d'oeil au lecteur: «Et là, je mets cartes sur table. Deux solutions s'offrent à nous : les suivre ou rester avec Lila. Ah, le monde est un réseau inextricable de possibles, qui font autour de nous leur sarabande, et que nous assassinons finalement sans vergogne chaque fois que nous faisons un choix. Vous avez une préférence ?»
On choisit donc de rester avec Lila. Qui rentre chez elle où l'attend Dylan. On entre alors dans l'intimité d'un jeune couple. Mais pas trop, car la décence a des limites. Alors suivront la mouche que chasse Lila et entrons dans la loge où Estelle et Vanda papotent et évoquent le Portugal où Alberto, le mari de Vanda, est parti construire une maison pour leur retraite.
Et nous voici sur les bords du Douro où vit aussi Manoel, le fils de Vanda et d'Alberto. Après une conversation téléphonique avec sa mère, on le suivra que le temps de croiser un nouveau protagoniste.
Maintenant que vous avez compris le principe de ce roman construit avec virtuosité, je vous laisse découvrir la suite. Une belle galerie de personnages et de lieux vous attend, passant du Portugal au Japon, où vous découvrirez le pachinko, puis aux États-Unis, à Paris où une mouette prend son envol pour retrouver la Normandie pour un final magique. L'occasion pour la romancière d'ajouter aussi quelques "vraies" connaissances aux rencontres proposées, mais aussi de revisiter sa bibliographie de l'autrice. de Trouville Casino (Normandie) à Love Hotel (Japon) et à Plus rien que les vagues et le vent (USA).
Oui, décidément, La vie est faite de ces toutes petites choses dont on se régale tout au long de ce roman drôle et entraînant qui pétille de malice. Une pépite de cette rentrée !



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Ha, le bistrot d'antan! Nostalgie, quand tu nous tiens.
 
Le bistrot légendaire ancré dans ma mémoire de bambin effarouché qui sifflait sa limonade ou son diabolo-menthe à la paille, agrippé au pantalon de tergal bleu marine de papa qui venait trinquer le coup avec les copains aux voix de caverne et au verbe haut.
 
Car c'est ça, le relais des copains, c'est ‘à l'abri de la tempête', ‘à l'abri côtier', celui que j'appellerai le bon vieux rade, plus tard, quand j'aurai pris de la bouteille et que la limonade ou le diabolo-menthe (ça fait une paye) restera le marqueur du temps jadis, de quand l'insouciance et la peur de la trogne du pilier de comptoir, seules, emplissaient ma tête de rejeton curieux et sacrément ravi d'être admis dans ce viril cocon quand maman enfournait dans la gazinière, tranquille, le poulet du dimanche dans le plat en Pyrex à la maison.
 
Le relais c'est la coquille de noix qui flotte sur l'océan du temps passé, qui sent le plancher imbibé des odeurs d'alcool que je ne savais pas encore identifier (malt, merlot, houblons, anis…) et dont les tenanciers s'appelaient Marie-Ange,  Momo ou…
 
Ici, dans ce relais où échoue Simon D avoir échoué à l'écriture de son nouveau roman, Marie-Ange c'est Tatiana et Momo c'est Gégé (les temps n'ont pas tant changé, finalement).
 
Mais il y a comme une caméra miniature qui suit Simon, une camera 360°, un capteur d'atmosphère, un humeur d'ambiance, une sorte d'éponge à émotions.
 
Et c'est un patchworks ce rade, un fourre-tout intimiste ou se brassent intimement des existences disparates à la recherche, peut-être, d'une forme d'intimité.
 
On fait bloc
autour d'un bock
ou d'un broc
de vin d'Oc.
 
Sauf que les minutes s'égrènent, même là, accoudé au bar et chacun doit vaquer à ses occupations, prendre congé d'un signe entendu puis pousser la porte de l'abri-refuge qu'il retrouvera demain,  comme d'hab' : « salut les potes, tu le mets sur ma note Gégé…»
 
Alors, comme dans l'ancienne publicité pour le CNP sur la célébrissime valse numéro 2 de  Dmitri Chostakovitch, la caméra miniature 360° qui suivait Simon, embarque sur un fictif drone silencieux, pour suivre plein cadre et en 16/9ème  celui qui vient de disparaître du champ visuel des habitués du bistrot et happer dans son champ optique à travers la vitrine de son local commercial, le regard non moins commercial de Lorette, l'agente immobilière, qu'elle suivra dans la visite organisée pour un Bastien trentenaire en recherche d'un nouveau nid douillet.
 
Telle une abeille virevoltante attirée, au hasard, par les différents coloris bucoliques d'un jardin printanier, la caméra papillonnera de personnage en personnage, dressant le portrait d'une communauté en perpétuel mouvement, communauté composée des tenanciers et des clients du bistrot, de l'agente immobilière, de son client potentiel, d'un chauffeur de taxi, d'un couple de touristes anglais, d'une jeune voyageuse, d'une mouche (et oui !!!), de notes de musique, d'une concierge, de son fils, de son amie…et de surprises étonnantes pour ce qui est des intervenants comme des traits d'union entre entre-eux.
 
Au cinéma, on appellerait cela un plan séquence. Ce plan tarabiscoté qui suppose une habile préparation afin de permettre à l'opérateur de ne jamais couper sa caméra et lui assurer une grande fluidité pour épouser les divers protagonistes qu'elle devra suivre de son numerique objectif énamouré.
Ce plan cinématographique est ici matérialisé par le verbe panoter (utilisé deux fois) comme par le ‘on' qu'adopte l'autrice pour s'extraire de ses personnages et nous décrire ce que nous devons voir, nous, en tant que lecteurs détachés des perceptions intérieures des différentes personnes que nous accompagnerons par son truchement (100 points de gagnés ;-).)

Pourtant, ce sont ces mêmes perceptions intérieures qu'elle interroge (quand ce n'est pas nous, directement, parfois), imaginant ce qui pousse ses personnages à agir comme s'ils étaient doués d'une totale autonomie.

Comme nous, l'autrice est témoin des scènes qu'elle nous décrit, scènes qui semblent échapper à son propre discernement et dont elle n'est absolument pas responsable.

Nous l'accompagnons plus qu'elle ne nous dirige, découvrant en même temps qu'elle les vies qui, comme des perles sur un collier, vont s'enfiler et cohabiter (non, ce n'est pas pornographique) pour composer une étude ethnologique et sociologique présentée sous la forme de roman léger et très agréable à lire, chaque rencontre fortuite faisant l'objet d'une courte nouvelle le temps d'un chapitre ou d'un paragraphe, nous emmenant même dans un voyage à travers la planète.
 
Si la formule fonctionne à fond dans la première moitié du roman, elle finit un peu par lasser, la recherche de la transition entre les protagonistes fait que la forme prend le dessus sur le fond pourtant bien privilégié en première partie d'ouvrage.
 
La jolie ronde initiale (Chostakovitch) se transforme peu à peu en chenille de premier de l'an ou du 14 juillet (Patrick Sébastien) et l'articulation entre les personnages en artifice (sans aucun feu) se fait au merlin(de moins en moins enchanteur).
 
A vouloir faire différemment à chaque ‘fondue', ce qui était audacieux voire poétique au début (les notes du piano) devient exercice de style un peu appuyé voire lourdingue à la longue (les ronflements nippons, le postillon (grrr) !!!).

Gare, ce qui pourrait être amusant à l'image peut s'avérer navrant à l'écrit.
 
Un relais, une ronde ?
Non, un manège finalement et comme chacun le sait, l'attrait du manège réside  essentiellement dans sa rareté et sa fugacité.
Mais ceci n'est que mon ressenti, loin de moi l'idée d'alimenter la foire du troll !
 
Je m'étais servi une aimable coupe de champagne rafraîchissante, mais les bulles se sont évanouies me reste un blanc tiède quelque peu fade.
J'ai même bien failli le jeter.
 
Dommage…l'écriture me plaisait à la folie, au début (l'ambiance du bistrot) vraiment beaucoup, vraiment (le couple d'anglais)…et puis un peu moins (Tokyo, les USA)…et puis plus du tout (la description des sneakers)…

et puis, chouette, un sursaut final (ha, Giséle et Yves) qui aide à faire passer le temps qui reste de lecture jusqu'à ce que la farandole se ferme, persuadé que je suis de retourner au ‘relais des amis' qui me rappelle le bistrot d'antan, le bistrot légendaire ancré dans ma mémoire de bambin effarouché qui sifflait sa limonade ou son diabolo-menthe à la paille, agrippé au pantalon…
Commenter  J’apprécie          2010
« Ils marchent le long du lac, et on prend l'air avec eux. C'est plaisant de s'imaginer ces terres vastes, la ligne ondulée des montagnes, cette frange d'arbres aux feuilles à peine bruissantes, ce reflet du ciel dans l'eau, ça ouvre quelque chose dans l'espace réel dans lequel on se trouve, ça crée comme un second espace plus grand, plus ample, et disponible, dans lequel on a tout de même un peu le sentiment de se promener.
Oh, l'espace préservé que c'est, un livre, dans lequel on peut évoluer à notre aise, sans masque ni gel, juste à y barboter gaiement, impunis et libres, tout en nous souvenant de nos heures, de nos joies et de nos peines, de ce qui nous constitue, de ce à quoi on tient, les sensations du monde. »
(pp.88-89)
On ne quitte jamais un livre de Christine Montalbetti que pour en attendre un autre, avec l'espérance toujours d'un bonheur renouvelé, toujours trop éphémère quand on tourne la dernière page. Et ça n'a pas manqué avec le Relais des amis, peut-être parce que ce dernier roman évoque davantage encore que d'autres textes de l'auteure les pouvoirs extraordinaires de la fiction, ce territoire que l'auteure ne cesse d'explorer avec légèreté, tendresse et allégresse, nous invitant à chaque fois, hôtesse généreuse, à partager l'aventure.
le Relais des amis, c'est d'abord le nom d'un bar où Simon, le premier personnage du texte, un romancier en quête d'une phrase inaugurale d'où découleraient, avec une « énergie joyeuse », toutes les autres, où Simon, donc, se réfugie pour trouver l'inspiration, près d'une plage de la côte normande. Un lieu de rencontres, où s'ébauchent déjà, autour du comptoir, des histoires même lorsque ce ne sont que celles, plutôt banales, des habitués (mais, et c'est tout l'art de Christine Montalbetti, avant même et après cette merveille de récit, La vie est faite de ces toutes petites choses (P.O.L,2016), que de magnifier le plus modeste sentiment, geste ou objet du quotidien, par la magie de son écriture), un lieu évidemment, comme son nom l'indique, où se nouent des relations fraternelles, mais assi le point de départ, lorsque finalement on quitte le café pour suivre d'autres protagonistes - Frédo et son apprenti Mathieu, bientôt remplacés par Lorette, l'agente immobilière et son client, puis par Rémi le taxi et ses passagers, le couple Worcester, puis par Lola, leur voisine de wagon, ah Lola !, puis par…, et par…- d'une véritable course de « relais », justement, dont le bâton passera de mains en mains, de personnages à personnages, jusqu'à la fin du texte. Ainsi progresse ici la narration, illustrant les privilèges de la fiction, avec des débuts d'histoires qui s'enchaînent les unes aux autres, qui s'enchâssent les unes dans les autres, comme naturellement, dans un marathon (et la durée de lecture du texte est peut-être, d'ailleurs, proche de la moyenne de celle de cette épreuve mythique… mais on peut lire aussi plus doucement !) plein de vigueur. Avec des passages de relais multiples et divers, parfois occasionnés par des personnages canins de passage, une mouette en mal d'océan, voire un simple papier d'emballage froissé au pied d'une table, quelquefois aussi par une simple association d'idées ou, après avoir laissé faussement le choix de la direction au lecteur, la décision magistrale de l'écrivaine-reine. Et, loin de rester au bord de la route, simples témoins, Christine Montalbetti, comme à son habitude, nous invite, lecteurs, à participer activement à l'odyssée, questionnant avec espièglerie nos connaissances et la qualité de notre regard, et s'installe elle-même constamment dans son texte, pour mieux tirer, l'air de rien, les ficelles des héros de son petit théâtre.
Malice de Christine Montalbetti, adorable malice, oui, ou même charmant culot et belle insolence, d'une écrivaine qui peut, ici, « pauvre bichou », prendre pitié d'un mégot écrasé, là, comparer la forme d'une goutte de pluie écrasée sur la vitre d'un wagon à un spermatozoïde en goguette, ou bien encore, ailleurs, laisser un cocker mélancolique méditer face à un défilé de chaussures… Une Christine Montalbetti qui en profite aussi pour nous emmener au bout du monde, réviser la géographie, de la Normandie de Trouville aux Etats-Unis des « Romans américains », de ces oeuvres antérieures, mais aussi nous ramener vers ses territoires plus intimes, lorsque l'on retrouve, au détour d'une page, le mérou qui apparaissait au début de cette biographie fantasque de [S/Mon] ancêtre Poisson (P.O.L, 2019). Et, non, on ne spoile rien, l'histoire, au bout de ses méandres, ira peut-être jusqu'à une fin paradoxale, happy-end qui serait en même temps le signal d'un début de dépression des lecteurs, sinon de l'auteure elle-même, obligés de quitter tous ces nouveaux amis, de lâcher le bâton de ce relais de fantaisie, pour retourner à la grisaille de la réalité… Mais, haut les coeurs, n'en doutons pas une seconde, la fée Christine ne tardera pas à le ramasser, lui rendant ses vertus de baguette magique ! Yes, Christine, et n'hésitons pas ici à user d'un anglais énergique puisqu'elle est elle-même si souvent polyglotte, don't let us down without your stories, play them again… L'écriture, la lecture, Reine Montalbetti, et cette belle amitié que tu tisses toujours entre toi, tes personnages et tes lecteurs, la vie quoi !
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❝Two roads diverged in a yellow wood,
And sorry I could not travel both
[…]
I took the one less traveled by,
And that has made all the difference.❞
The Road Not Taken, Robert Frost

Le Relais des amis est le titre du dernier roman de Christine Montalbetti en plus d'être le principe qui préside à la construction de cette histoire qui va, bondissante et joyeuse, d'un personnage à l'autre, d'un roman à un autre, d'un pays à un autre, sans préméditation aucune, au petit bonheur des hasards.

Simon est le premier à tenir le témoin de ce relais qui se court sur quelque 140 pages. Las ! Notre relayeur n'est pas très en jambes. Écrivain en panne d'écriture, Simon est venu trouver refuge dans un paisible village de Normandie, entre mer et campagne, à un jet de galet du Havre. Avec lui on pousse la porte du Relais des Amis, le café du bourg et là… là… hop ! la course de relais est lancée. On va abandonner Simon pour suivre le temps d'une ou deux pages Frédo et Mathieu avant qu'un autre personnage ne nous fasse bifurquer, qu'on lui emboîte le pas, que l'on visite un appartement vétuste, que l'on monte dans le taxi de Rémi, puis dans le train avec Greg et Eva, un couple d'Anglais que l'on quitte bientôt pour suivre une jeune voyageuse, une mouette, une mouche, une araignée ou, plus déroutant encore, un papier d'emballage de gaufre, un postillon, un mégot, un briquet, une paire de Converse, tous objets qui auraient quitté leur Conférence pour vivre enfin leur vie au grand air, et que l'on abandonne sans tarder ni scrupule, tout à l'allégresse de se laisser happer par l'impromptu d'une nouvelle rencontre et saisir le relais, aussi incongru soit-il, que Christine Montalbetti nous tend. Ainsi s'en va-t-on, primesautiers, au petit bonheur des bifurcations en un mouvement joyeux, léger, d'un personnage à l'autre, d'un livre de l'autrice à un autre, de la France au Portugal, du Japon aux États-Unis, avant de revenir en Normandie pour un dernier passage de relais et franchir, un peu essoufflés, décoiffés mais heureux, la ligne d'arrivée de ce grand tour en compagnie de Simon qui a retrouvé la forme en même temps que l'inspiration.

À grand renfort d'apostrophes et de parenthèses, Christine Montalbetti crée un espace de connivence avec le lecteur qu'elle implique et entraîne à sa suite dès l'incipit, l'arrachant à la solitude de la lecture qui n'a d'égale que celle de l'écriture et dont Simon se désespère :

❝Une phrase, allons, une bonne petite phrase qui vous donne envie d'entrer dans cette histoire.❞

et, partant, n'a de cesse de flouter la frontière entre fiction et métafiction. On multiplie les rencontres — certains personnages de précédents livres viennent faire un caméo ; on aperçoit des possibles que l'on suit, on en devine d'autres que l'on délaisse. Pour y revenir plus tard ? qui sait ? Bien malin qui pourrait le dire.
❝On❞ ? oui, car l'autrice, soucieuse de ne pas nous perdre en route, constamment nous interpelle, nous emporte dans le mouvement d'un clin d'oeil ou d'un claquement de doigts. Et on est ravis d'être ainsi ballottés à la merci de sa fantaisie, d'embarquer tel Balzac sur un mot ou un indice intrépide, d'allonger la foulée vers le prochain relais, avant de découvrir ce qu'elle a à nous raconter le temps que notre coeur se calme et notre souffle s'apaise avant que le tourbillon ne nous emporte à nouveau, car de pause il n'est pas question, bien sûr.

❝Oui, c'est avec eux à présent qu'on embarque, vous commencez à comprendre le principe, à eux que Rémi passe le bâton de relais, d'autant que le train, ça nous ouvre de nouveaux horizons.❞

Un roman comme allégorie de la vie faite de bifurcations, de ❝roads not taken❞, d'histoires qui s'écriront, d'autres qui ne s'écriront pas mais qui toutes viendront titiller notre imagination. Que de et si… et si… sème-t-on en chemin !

❝Le monde est un réseau inextricable de possibles, qui font autour de nous leur sarabande.❞

ou comme l'écrivait Jorge Luis Borges :

❝Nos vies sont des jardins aux sentiers qui bifurquent.❞

Un roman comme éloge à l'art de la fiction, à ses espaces de liberté qui font toute la place à l'inattendu, à la subjectivité, à la fantaisie romanesque, où l'on croise des personnages qui portaient les romans déjà écrits par Christine Montalbetti, le passage de relais débordant alors du cadre du présent roman pour aller tisser des liens avec ceux qui l'ont précédé.

Un roman comme euphorisante contribution à l'art de la bougeotte puisque, ennemi du surplace, jamais il ne nous laisse nous installer dans une histoire pour y prendre nos aises. À peine esquissée nous voilà à lui fausser compagnie pour filer à la poursuite d'un autre personnage, sous d'autres cieux. Qui a déjà lu Christine Montalbetti sait combien elle affectionne prendre un petit rien insignifiant et en exprimer l'essentiel. Ici, de ce petit rien elle fait le point de départ vers un ailleurs avant qu'un autre petit rien ne vienne tout renverser. Et les histoires non écrites, comme les pièces d'un puzzle, ne cessent de se recomposer dans notre imagination.

Vous pensez que le Relais des Amis doit être un peu foutraque, un ❝chaos❞ , alors qu'il n'est que la proposition d'une échappée toute affaire cessante dans le romanesque, d'un moment ❝détendu❞ — tel que le souhaite John Steinbeck en exergue — dans un monde qui a oublié de l'être, détendu. La brièveté du roman — 144 pages — fait que le procédé n'a le temps ni de s'user ni de nous lasser.

Ce dernier opus de Christine Montalbetti est une variation de plusieurs de ses romans précédents. Ce que c'est qu'une existence m'avait séduite par son art tant de la construction que de la mise en scène du processus d'écriture (l'écriture d'un roman en train de s'écrire), et son omniprésente interactivité avec le lecteur. Certes, dans le Relais des Amis nous ne suivons pas plusieurs vies en parallèle puisque nous participons à la course du monde en courant derrière l'une avant de nous mettre à courir derrière l'autre, mais il y a toujours chez l'autrice le pouvoir donné à un détail dérisoire — La vie [n'est-elle] pas faite de ces toutes petites choses, après tout ? — de tout changer et d'offrir plusieurs dénouements car la vie est la profusion même et le lecteur, un insatiable curieux.

Christine Montalbetti continue d'explorer, à sa façon vagabonde, les pouvoirs de la fiction. Et nous convie à un voyage impromptu et délicieux.

❝Ah, les voyages que ça permet, la lecture, ah, l'espace idéal que c'est, un roman, où l'on peut circuler d'un lieu à l'autre, librement.❞

C'est pour cela que la lecture est un plaisir sans cesse renouvelé.
Lien : https://www.calliope-petrich..
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critiques presse (5)
Bibliobs
27 février 2023
Elle jongle avec ces « possibles » dans « le Relais des Amis », qui commence dans un café et promet bien du voyage.
Lire la critique sur le site : Bibliobs
LaLibreBelgique
31 janvier 2023
Dans "Le Relais des amis", Christine Montalbetti suit une histoire qui passe de l’un à l’autre autour du monde
Lire la critique sur le site : LaLibreBelgique
LeMonde
16 janvier 2023
Dans ce livre fourmillant, il y a un café de ce nom, où tout commence et finit. Et des personnages qui se passent le relais – ou se transmettent le virus – de la fiction.
Lire la critique sur le site : LeMonde
LeMonde
16 janvier 2023
Le « Relais des amis » du titre est l’emblème d’une telle ambivalence : c’est à la fois un endroit précis, un café normand en l’occurrence, et le principe actif de ce roman où des personnages se passent le relais.
Lire la critique sur le site : LeMonde
LaCroix
05 janvier 2023
Avec une liberté intacte, Christine Montalbetti embarque le lecteur dans un réjouissant voyage aux confins du romanesque.
Lire la critique sur le site : LaCroix
Citations et extraits (12) Voir plus Ajouter une citation
Une phrase, allons, une bonne petite phrase qui vous donne envie d'entrer dans cette histoire et de vous laisser emmener, une première phrase dont avec un peu de chance les autres ensuite découleront comme d'elles-mêmes, avec cette énergie joyeuse des phrases qui éclosent, ça ne devrait pas être bien sorcier; mais ce n'est pas la peine de vous énerver, Simon n'y arrive pas.
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Alors, juste pour qu'on reste encore ensemble quelques fragiles instants de plus, Simon s'arrête devant la mer, ample, pleine, il se baisse pour ramasser un caillou tout plat qui semblait l'attendre dans le sable humide, et il le lance, voilà, à la surface de l'eau, où, regardez, le galet ricoche, léger, guilleret et harmonieux.
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Roger contemple son verre de blanc comme si la solution à tous ses problèmes se trouvait dedans. Une solution dense et minuscule, une particule, qu'il s'agit de déceler, et si elle n'est pas dans ce verre-là, peut-être qu'elle sera dans le suivant.

pages 18/19
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Chassons ces idées, allons, observons plutôt la pluie qui tombe sur la vitre, plaquée par la vitesse, emmenée par son frottement. C’est toujours un peu surprenant, ce trajet presque horizontal alors des gouttes, les lignes que ça dessine, le sillage, vous visualisez, de chacune, qui avance en sinuant, qui se propulse, comme si elle avait une petite tête ronde et une queue, et, regardez-moi dans les yeux, en toute franchise, est-ce qu’on ne dirait pas des spermatozoïdes qui s’élancent à toute berzingue, vus au travers d’un microscope et nageant avec vivacité sur leur lame de verre ?
Derrière, le paysage raturé fait ce qu’il peut pour exister, campagne déserte, champs qui prennent l’eau, chemins de plus en plus boueux ; et puis une maison qui au milieu de toute cette nature donne l’impression d’être parfaitement solitaire, calme et tranquille, alors même que son contrechamp, c’est le train, plusieurs fois par jour, qui transporte des milliers de voyageurs dont les silhouettes s’aperçoivent depuis ses fenêtres – parmi lesquelles à cet instant, rapide, fugace et de profil, celle de notre Lila.
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(Lespremières pages du livre)
Une phrase, allons, une bonne petite phrase qui vous donne envie d’entrer dans cette histoire et de vous laisser emmener, une première phrase dont avec un peu de chance les autres ensuite découleront comme d’elles-mêmes, avec cette énergie joyeuse des phrases qui éclosent, ça ne devrait pas être bien sorcier ; mais ce n’est pas la peine de vous énerver, Simon n’y arrive pas.
Toutes les conditions semblent réunies pourtant, cette maison louée exprès pour y commencer son roman, dans laquelle il est arrivé hier soir, ce cadre paisible, le pouvoir stimulant des décors nouveaux.
Son œil fouille le paysage qui s’encadre derrière la fenêtre, la pente douce d’un jardin simple. L’herbe est drue, dense, fraîchement coupée, sans massifs, seulement la tache jaune d’un bosquet de genêts juste avant la barrière. Plus loin, par-delà la haie, des maisons en quinconce descendent vers la mer, vers l’idée de la plage, invisible d’ici, vaste et venteuse.
Est-ce que cette beauté neuve du dehors ne devrait pas lui insuffler l’énergie nécessaire ?
Mais non, c’est calme plat dans la tête de Simon, le langage comme encalminé, c’est ça, pas la moindre brise pour souffler, pas le début d’une phrase pour palpiter en lui (c’est coton, d’écrire). Son œil s’attarde sur la silhouette de l’arbre unique, esseulé, un vieux pommier à cidre qui soliloque, un peu tordu, ressassant la mémoire des saisons, rabâchant des pensées vagues sur le poids des ans. Rien qui remue, s’agite, que pouic – à l’intérieur de Simon, un grand désert.
Mon conseil, dans ces cas-là : la promenade.
Dont acte.
Notre Simon pose sa tasse dans le bac de l’évier en grès, enfile sa veste gros bleu dans la poche plaquée de laquelle patientait déjà un carnet et à laquelle (on ne sait jamais) illico il accroche la hampe d’un stylo. On attrape le jeu de clés auquel ballotte une breloque (maisonnette de bois turquoise, où ricoche une perle de résine), et nous voilà partis.
*
Dehors, l’air est vif, et gentiment iodé.
On en inspire une grande bouffée, et puis, voyons, de quel côté on va ? Si on sort par la barrière, on rejoint la route départementale ; si on passe par le bas du jardin, on arrive assez vite dans les petites rues balnéaires.
Prenons plutôt par en bas.
On traverse d’abord un sous-bois embroussaillé, vaguement laissé à l’abandon, rien de bien méchant mais attention tout de même de ne pas se prendre une branche dans l’œil. Simon se faufile, baisse la tête, écarte une ou deux branchettes, on le suit. Gare aux dénivellations aussi, n’allez pas vous faire une entorse, sans compter qu’il y a des ronces, j’allais oublier les ronces, expertes en croche-pieds, et dont les tiges dentelées frétillent à notre passage, elles qui s’imaginent déjà planter leurs crocs sournois dans la chair de nos mollets (ah, ce qui se passe dans la tête des ronces). Et les orties pareil, avec leurs dards tout gorgés d’histamine (décidément, la nature), tentons de les éviter, voilà, on y va doucement – donnez-moi la main, je vous guide.
Ensuite, ce n’est plus que bitume, facile sous la chaussure.
On y avance le pas souple, délié, avec quelque chose aussi dans les poumons qui s’élargit.
Marcher, je vous le dis pour le cas où vous auriez envie un jour d’écrire, a un drôle d’effet entraînant. Vos jambes, pour un peu, deviennent des pistons, et tout se passe comme si d’invisibles courroies, les reliant à votre imagination, en transmettaient le mouvement à la zone de votre cerveau dans laquelle dormait la possibilité d’un récit. De cette manière bizarrement mécanique, par l’intermédiaire de toute une succession de rouages internes, enjambée après enjambée, lentement quelque chose en vous se remet en route, votre capacité à fabriquer des phrases, à les faire surgir, à inventer des mondes.
Simon sent que son corps s’apprête à se métamorphoser en cette petite machine heureuse. En attendant que la promenade opère, il lit le drôle de poème que forment les noms des maisons qui se serrent les coudes dans la pente, mitoyennes, un peu de guingois, et qui ont l’air de faire ce qu’elles peuvent pour tenir ensemble. Est-ce que ces noms, chaque fois, n’ouvrent pas sur des univers ?
Villa Joséphine, nos imaginations se déclenchent (une grande femme, en robe à col dentelle, non ?), La Marthe (vous la voyez comment ? Pragmatique, peut-être, les mains usées par les travaux domestiques), Villa Louisette (rondeur des avant-bras, c’est ça qui me vient, visage rieur, avec quel chagrin d’amour pourtant qu’elle a gardé dans le secret d’elle-même), Pavillon P’tit Gérard (un éternel fils, attentionné, serviable, qui a oublié de se demander quelle vie il voulait pour lui-même), La Luciole (c’est joli, ça, c’est délicat, on se représente des paysages de nuit et ces minuscules lumières mobiles qui s’agitent, éperdues, dans la nature frémissante), La Sirène, je vous laisse faire. Et Brise Marine, j’oubliais, brise marine, on ouvre grand les narines.
On laisse résonner tout ça en soi, les silhouettes que leurs noms font surgir, et on déboule sur une place, juste en face du Relais des Amis.
Un petit café au comptoir, ça vous dit ?
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Quand le livre s'interroge sur sa propre fabrique, le résultat est souvent jubilatoire et contagieux. C'est le cas des nouveaux romans de Christine Montalbetti, "Le Relais des amis", et de Patrice Pluyette, qui publie "Film fantôme". Ils sont les invités de Nicolas Herbeaux.
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