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Critique de Unhomosapiens


Sentiment d'avoir lu un livre écrit par un auteur japonais, tellement l'ambiance est parfaitement restituée et ressemblante aux descriptions d'un roman japonais.
C'est en sortant, encore imprégné de sérénité, de mon cours de yoga, et après une ridicule altercation pour une place de parking, que je me suis attablé à la terrasse d'un café devant la mer pour commencer, et pratiquement terminer, ce livre. J'ai repensé un moment à la brève altercation du parking, tant après coup, je me suis trouvé ridicule d'accorder de l'importance à ce détail du quotidien. Car ce livre s'inscrit plutôt dans la continuité du yoga et de la méditation, et nous met en communion avec la vie. C'est au cours d'un séjour à Kyoto, ville mythique, que l'auteure a écrit ce livre. L'intrigue est quasiment inexistante mais l'important est ailleurs. Un homme occidental, écrivain, entretient une relation avec une femme japonaise qu'il retrouve régulièrement dans un Love Hotel. C'est tout ! Mais c'est le rapport à l'environnement, au monde, du personnage, qui attire l'attention. On n'est pas loin du concept de « ma », cher aux japonais. Ce qui est essentiel n'est pas concrètement perceptible. C'est l'espace vide entre les choses, les gens, le vide en somme, qui détermine notre rapport au monde. Par ailleurs, la moindre action, la moindre perception est détaillée, décortiquée à l'extrême, minutieusement, donnant une sorte de pesanteur à ce qui pourrait paraître un détail léger, comme un arrêt sur image au cinéma. le narrateur se fond littéralement dans le paysage des bords de la Kamo. La vie est en suspend et semble faire une pause. On s'arrête dans la contemplation de l'écoulement de l'eau de la rivière, devant les arbres où commencent à poindre les bourgeons, devant le sexe de Natsumi. Même lorsqu'ils font l'amour, retirés dans l'intimité de cette chambre d'hôtel, Natsumi et son amant semblent dans un autre espace-temps, comme si leur orgasme s'inscrivait en communion avec l'univers.
L'écriture est d'une poésie rare, avec des mots choisis minutieusement, en des associations étonnantes, pour nous insuffler une autre façon de voir le quotidien de notre vie, pour mieux nous détacher des contingences et prendre la mesure de ce qui est important.
Nous sommes également plongés dans le monde animiste des Esprits du shinto. Les esprits de la rivière, de l'arbre, des ancêtres, errent parmi nous et parfois nous jouent des tours plus où moins malicieux. C'est du moins ce que raconte la grand-mère de Natsumi qui se souvient également du comportement à adopter lors d'un tremblement de terre, occasionné par un dragon furieux surgi des entrailles de la terre.
C'est un roman qui nous donne une autre perception du monde. Attitude contemplative devant l'univers ! Je ne peux m'empêcher de penser au très beau récit de Yannick Haenel « Je cherche l'Italie », beaucoup plus politisé, mais nous donnant sa vision très contemplative de Florence, où il séjournait.
Ce livre s'inscrit parfaitement comme support à une méditation. Finalement, cette lecture a été une prolongation de mon cours de yoga. Méditant sur l'Esprit de la mer, me fondant dans les allées et venues du ressac à mes pieds.
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