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EAN : 9782352121008
64 pages
6 Pieds sous Terre Editions (06/06/2013)
3.82/5   17 notes
Résumé :
"L'amour infini que j'ai pour toi" est un recueil de dix histoires oscillant entre fantastique et autobiographie, réminiscence de l'enfance et construction de soi. Récits courts et animés d'une intense vision poétique, ils sont chacun réalisés avec une technique graphique différente. La grande force du travail de Paulo Monteiro est sa capacité à susciter et exprimer de puissantes émotions. En l'écoutant évoquer sa filiation et ses origines, on se remémore les aspect... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (9) Voir plus Ajouter une critique
10 petits récits, assez noirs, au dessin brut chargé d'influences, Chagall, Picasso, Fernand Léger, l'expressionnisme allemand, Kafka… Un texte, parfois évasif, qui se confronte à l'image, c'est une suite de poèmes, accompagnés de traits noirs, épais, des moments d'épiphanie, de contemplation, et aussi d'hommages à des être chers à l'auteur, un grand-père, un père, une fiancée. J'aime rencontrer ce genre de lectures, qui ne sont que des suites d'impressions, d'émotions, qui laissent notre imagination errer au fil des corrélations, des rapprochements. Je suis heureux que la bande dessinée ai osé se lancer sur ces chemins difficiles de la poésie, que la lumière du graphisme vienne se confronter au mots, d'une façon naturelle et élégante, comme dirait Paulo Montero, “Parce que c'est mon métier”...
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Paulo Monteiro semble avoir tellement galéré à assembler les différentes histoires constitutives de son Amour infini que j'ose à peine évoquer les sentiments que celles-ci m'inspirent.


On commence dans le vif du sujet avec quatre pages consacrées au titre éponyme. Un bouc masqué galope sur quelques cases et se noie de contemplation pour une donzelle aux joues roses. Il s'agit d'en arriver rapidement à la conclusion du titre : ô l'amour infini que j'ai pour toi. Après ça, page blanche. Où est la chute ? Y en a pas. Qu'a-t-on appris ? compris ? Rien… Drôle d'apéritif. On continue.


« Ta guerre est terminée » vient heureusement corriger la mauvaise impression laissée par l'histoire précédente. Comme « Parce que c'est ça mon métier », Paulo Monteiro évoque ici ses relations avec un des membres de sa famille –d'abord son grand-père, ensuite son père. Les détails choisis pour représenter leurs rapports donnent une inflexion sensible à ces histoires et ne sentent pas ce chiqué qui nous fera grimacer des pages plus loin. Pause contemplative. Repos du guerrier-lecteur avant le grand maelström de mauvais goût qui va suivre.


« J'irai voir l'aimée », « La chanson du soldat », « Tes lèvres roses » et « le pendu » se lisent avec beaucoup de souffrance. Non seulement les textes puent l'eau de rose bon marché (« J'emporte avec moi une étincelle de ton regard et le vague souvenir de ta bouche au goût de grenade », « Elles ignorent que j'ai un rossignol à la place du coeur ») mais les dessins viennent encore alourdir le propos avec un symbolisme usé qui sent le gothique façon années collège. Grand embarras du lecteur devant cet avilissement artistique. Paulo Monteiro a voulu faire genre (genre poétique, genre romantique, genre torturé) mais il ne convainc personne.


Si « Au-delà des collines » apporte un peu d'originalité au recueil et passe ainsi pour l'histoire la plus personnelle, « Je reste avec mes blattes » rend au contraire un hommage raté à la Métamorphose de Kafka –comme s'il s'agissait de remplir des cases de blattes pour égaler l'angoisse véhiculée par le maître praguois. Encore une fois, ce n'est pas le texte –du sous-Houellebecq sans ironie- qui améliorera notre ressenti (« Je suis seul avec mes blattes. La plus grosse vient se coucher à mes côtés et pond ses oeufs dans ma bouche. Ça me renvoie à ma condition : un morceau de viande qui pourrit… »). Honte. On a envie de dire à Paulo Monteiro : tu n'étais pas obligé de faire ça pour nous plaire.


Pour conclure cet embêtant recueil, Paulo Monteiro a choisi d'intégrer quelques extraits de son journal de travail. On découvrira que si la lecture fut difficile, l'écriture ne le fut pas moins, et que ni la prose ni le dessin ne coulent avec fluidité de l'inspiration de Monteiro (« J'ai dessiné de 2h00 à 5h00 du matin. Mais sans aucune envie. Quelle lutte ! »). On a parfois l'impression d'assister à une entrevue avec un psychiatre, les heures de travail étant méticuleusement soumises à un décompte pathologique. Mais ici encore, Paulo Monteiro ne peut s'empêcher de se regarder écrire, prenant des poses d'artiste torturé ou de vagabond moderne à moteur (« J'ai quitté la maison à 3h00 du matin et j'ai roulé en voiture sans but, pendant près de 2 heures. Rien à voir avec les 400 ou 500 km que je pouvais faire quelques années en arrière. Sans destination. Rien que la route goudronnée et la nuit noire. J'ai trop pensé au livre et je n'ai pas envie de faire ça. La solution c'est de rouler en voiture sans s'arrêter. Ça me semble pas mal… »). Et puis, on tombe parfois sur quelques craintes confirmées (« J'ai horriblement peur que tout ça ait l'air mièvre et mal fignolé ») et on ne peut s'empêcher d'éprouver l'embarras de devoir confirmer Paulo Monteiro dans ses doutes. Il avait visé juste ! Et plutôt que de se corriger, que lit-on à peine plus loin ? « Il faut que j'en finisse le plus vite possible ! » Voilà comment on en arrive sans doute à publier des ouvrages qui ont non seulement fait souffrir leur auteur, mais qui embarrassent leurs lecteurs. Toute cette souffrance productive inspire de la pitié. Pour un peu, on n'oserait presque plus dire que le boulot de Paulo Monteiro ne vaut pas grand-chose. Sauf s'il nous l'autorise…
Lien : http://colimasson.over-blog...
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Le dessinateur portugais Paulo Monteiro donne dans cet album une suite de petits textes lyriques, principalement sur le thème de l'amour et de la mort, qui d'une certaine manière sont deux états voisins.

Shakespeare, le plus sceptique quant à la possibilité d'un amour humain désintéressé, déverse sa pensée corrosive sur ce plan, et il ne reste plus après ce bain d'acide que quelques vagues traits aussi indécis qu'un dessin de Bonnard. Shakespeare illustre que l'amour n'est qu'un remède au vague à l'âme bourgeois, qui par ce moyen refoule la mort en dehors du cercle de ses préoccupations. La mort est une borne, que la spéculation amoureuse a le don de repousser à l'infini, de façon artificielle. L'espoir fou que l'amour fait naître chez certains s'accommode mal de la trivialité de l'acte sexuel.

L'intérêt du bouquin de Monteiro, qui de façon judicieuse a placé un bouc en couverture, est qu'il traite surtout de l'amour filial, où le sublime amoureux réside, bien plus que dans le coït conjugal banal, bien trop terre-à-terre.

Paulo Monteiro évoque son amour pour son père, sa puissante vertu tutélaire jusqu'à la mort de celui-ci, précédée par l'étiolement de ses forces dû à l'âge. Il dessine un rapport amoureux qui repose d'abord sur la force physique d'exister que son père et créateur lui procure, avant de devenir "infini", quand celui qu'on croyait immortel ne peut plus servir d'appui. Dès lors nostalgie et mémoire deviennent le fondement, moins net, de l'espoir de bonheur, à l'instar des civilisations à bout de souffle.

Les rayons des librairies sont pas mal envahis par des niaiseries sentimentales (dont les mangas japonais se font souvent une spécialité), ou des histoires de couple répétitives, cet auteur portugais publié par les éditions «6 pieds sous terre» (!) a choisi d'aborder la foi amoureuse sous un angle moins commun.

Même s'il ne suggère pas précisément comme Shakespeare que l'infini, en amour, prouve qu'il n'y a pas d'amour, mais une réflexion narcissique exacerbée, Paulo Monteiro permet au lecteur de s'interroger sur la sincérité de son éthique personnelle, en partant de l'amour familial primitif, qui détermine les amours secondaires au cours de l'existence.

A travers l'idée du "père de la nation", ce mysticisme religieux perdure d'ailleurs au niveau politique, et l'espérance des citoyens dans les pouvoirs quasiment surnaturels de l'élu. Mais le pape aussi prend la place du père, contrevenant même ainsi à l'interdiction expresse des écritures saintes d'appeler quiconque n'est dieu son "père". le seul fait de cette interdiction indique que l'enjeu amoureux de la paternité n'est pas des moindres.
Lien : http://fanzine.hautetfort.co..
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Ce n'est pas un recueil de récits, même s'il en contient dix. Ce n'est pas non plus de l'illustration : comme chez Loustal, l'image subordonne le texte, magnifiée par la force des états d'âme qu'il exprime. Cette bande dessinée (appelons-la ainsi) prouve, une fois de plus, que la figuration narrative repousse toujours plus loin les limites que nous tentons de lui donner, et qu'il est de plus en plus malaisé de la définir sans perdre nos propres repères. Après avoir lu ce petit livre, on se dit qu'il faudrait décidément d'autres mots pour décrire et qualifier un mode d'expression dont les possibilités infinies ne cessent de nous surprendre et de bousculer nos schémas de lecture.
Dix tranches de vie, réels et imaginaires, où s'expriment l'angoisse d'un homme face au désespoir. Tranches de vie ? Pas vraiment non plus, l'action est quasi inexistante : le texte et l'image ne reflètent qu'une résignation quotidienne face au temps qui passe et qui détruit. L'amour et la mort s'enchevêtrent tout au long du livre dans un chant de tendresse désespérée. C'est l'auteur qui nous parle, avec une sincérité à laquelle nous sommes peu habitués, et qui nous bouleverse par la simplicité de ses phrases, la justesse de ses mots et la force des images qu'il nous donne à voir.
Il s'agit incontestablement d'un chef-d'oeuvre de poésie et de sensibilité. Pessimistes s'abstenir.
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Le livre est fantastique (les critiques sont unanimes - DBD, Bodoï, etc.) Un petit chef-d'oeuvre !
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critiques presse (1)
BoDoi
09 juillet 2013
L’auteur portugais réussit un étonnant tour de force, revivifiant l’écriture de l’intime, espace saturé depuis plusieurs années dans la bande dessinée. Par un découpage extrêmement sobre et une voix off subtile, il créé la distance nécessaire à l’observation la plus pure.
Lire la critique sur le site : BoDoi
Citations et extraits (9) Voir plus Ajouter une citation
- Hier, nous avons atteint les premières lignes. Nous nous sommes battus avec dévouement... Je en reverrai pas mon aimée... Alors qui sera son amant ? ... Certains d'entre nous sont déjà rentrés à la maison habillés d'un cercueil resplendissant... Moi, je reste ici, Maman, je reste ici... étendu par terre, pourrissant...
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Extraits du journal de travail :


Beja, 12 décembre 2009, samedi.

J’ai dessiné de 0h00 à 3h00 du matin. 3h00 de travail.
J’ai quitté la maison à 3h00 du matin et j’ai roulé en voiture sans but, pendant près de 2 heures. Rien à voir avec les 400 ou 500 km que je pouvais faire quelques années en arrière. Sans destination. Rien que la route goudronnée et la nuit noire.
J’ai trop pensé au livre et je n’ai pas envie de faire ça. La solution c’est de rouler en voiture sans s’arrêter. Ça me semble pas mal…
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Quand tu t’endors devant la télévision, après le dîner, je remarque que tes bras sont désormais maigres et noueux, comme les branches d’un vieil arbre, et cela m’effraie. Le temps coule aussi vite qu’une rivière et je ne sais ce que je ferai de ma vie sans toi…
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Mon grand-père conservait toutes les chutes de papier, toutes les ficelles, les vieux boutons et des milliers d’autres choses sans importance apparente.
« A cause de la guerre » disait-il…
« Ça pourrait manquer ».
Nous avions un placard rempli de boîtes, méthodiquement organisé, avec les affaires de mon grand-père. Mais aussi des dizaines de conserves de sardines, sacs de farine, paquets de sucre et de riz. Et personne n’avait le droit d’y toucher !
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Extraits du journal de travail :

Beja, 16 septembre 2008, mardi.
[…]
J’ai dessiné de 2h00 à 5h00 du matin. Mais sans aucune envie. Quelle lutte !
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