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André Gabastou (Traducteur)
EAN : 9782757808177
448 pages
Points (06/03/2008)
3.45/5   66 notes
Résumé :
Lucia et Ramon décident de passer le 1er de l'an à Vienne. Dans la salle d'embarquement de l'aéroport, Ramon se rend aux toilettes et disparaît. Après avoir demandé l'aide de la police, Lucia entreprend une enquête personnelle avec l'aide de deux de ses voisins : Adrian, un jeune homme de 20 ans, et Fortuna, un vieil anarchiste octogénaire, ancien torero et compagnon de Durruti pendant la guerre d'Espagne. Ils affrontent une étrange organisation terroriste et découv... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (18) Voir plus Ajouter une critique
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Lucía, 41 ans, attend son mari Ramón à la porte d'embarquement de l'aéroport de Madrid. Ils ont décidé de passer le Nouvel An à Vienne. Mais Ramón est parti aux toilettes et ne revient pas. Après recherches dans tout le terminal, il est toujours introuvable. Où est-il donc passé ? Disparition volontaire ou kidnapping ? Fugue, pense la police, qui ne se préoccupe guère de l'affaire. Lucía prend alors les choses en mains, avec l'aide de deux de ses voisins, Félix, 80 ans, et Adrián, environ quatre fois moins. L'enquête démarre réellement quand arrive une demande de rançon, réclamée par une organisation inconnue, "Fierté ouvrière". S'ensuivent des péripéties plus rocambolesques les unes que les autres, où l'on voit Félix et Adrián s'imposer lentement mais sûrement dans le quotidien de Lucía, le premier avec la sagesse et l'expérience d'une vie passée, l'autre avec l'insouciance et l'ardeur d'une vie qui reste à vivre. Entre les deux, Lucía, un peu perdue dans sa crise de la quarantaine, se demande si, à son âge, elle a sa vie devant ou derrière elle.
Ce livre commence comme un roman policier, mais il est loin de se réduire à cette catégorie : par le biais des souvenirs de Félix, c'est un pan de l'histoire d'Espagne qui nous est livré : le mouvement anarchiste avec son leader Durruti, la guerre civile, le monde des toreros. Et la tension amoureuse qui se crée entre Lucía et Adrián donne lieu à des réflexions existentielles sur la vie, l'âge, le désir, les sentiments. Si l'enquête qui sert de trame est assez laborieuse, elle permet néanmoins de dénoncer la corruption qui règne (régnait?) à tous les échelons de l'administration espagnole. Burlesque et un brin tragique, ce roman au rythme chaotique met en scène des personnages hauts en couleurs, un peu stéréotypés, qui évoluent entre secrets, mensonges et trompe-l'oeil. Des ingrédients qu'on retrouve (peut-être mieux agencés qu'ici) dans certains livres postérieurs de Rosa Montero.
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Aussi atypique que son titre, ce livre mélange polar, réflexions philosophiques et Histoire de l'Espagne...

Si le polar m'a semblé un peu poussif, j'ai été très intéressée par les récits historiques sur la Guerre d'Espagne, les toreros ou les anarchistes. Mais le clou du cannibale, si je puis dire, tient dans les petites tranches de sagesse distillées deci delà, sur le sens de la vie, l'échec, le couple, la famille, l'état amoureux, les différents âges, la dépression, les rêves, le renoncement. Elles m'ont touchée et fait réfléchir, peut-être parce que je me retrouve un peu dans l'héroïne, (même s'il n'y a pas de Ramon kidnappé dans ma vie !).

Alors, même si on sent parfois qu'il s'agit d'un roman de jeunesse, construit sur le même principe que 'L'idée ridicule de ne jamais te revoir' mais plus confus et farfelu, c'est une lecture que je recommanderais, notamment aux quadras qui se posent des questions.
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Lucia et son mari doivent embarquer pour Vienne, au dernier moment Ramon va aux toilettes. Il ne reparaitra pas. Pourtant Lucia n'a pas quitté la porte des yeux, son mari semble-t-il s'est volatilisé. A la police on lui fait comprendre que c'est monnaie courante : à la quarantaine il arrive souvent que les maris disparaissent quelques jours puis rentrent au bercail : y a pas à s'inquiéter ma p'tite dame. Arrive alors une demande rançon en échange de la vie de Ramon. Aidé deux voisins : Félix le vieux et Adrian le jeune, Lucia essaye de démêler l'imbroglio qui entoure la disparition de Ramon.
Un livre qui démarre comme un thriller mais ce n'est qu'un prétexte à nous faire découvrir des pans du passé ou de la culture espagnol. L'enquête est surtout une trame pour suivre aussi les interrogations de Lucia face à la quarantaine, avec pour miroir Félix octogénaire et Adrian la vingtaine.
Trois personnages trop caricaturés ne m'ont pas convaincu et quelques longueurs sur les anarchistes en Espagne ou sur les toreros ont eu raison de ma ténacité.
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Un roman construit sous toutes les coutures, qui révèle, à ne point douter, les talents ingénieux de Rosa Montero à interroger la vie, et aussi, l'histoire! A partir d'un Kidnapping , La Fille du Cannibale passe en revue l'histoire de l'Espagne avant et après la deuxième guerre mondiale, un pays versé dans des mouvements de révolutions et des courants de protestations, le plus souvent, à caractère terroristes, qui vont par la suite se transformer en des organisation de mafia et de corruption. d'une grande échelle, impliquant dans leur machination l'administration...
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La fille du cannibale commence comme un roman farfelu habité par des personnages atypiques réunis par des circonstances pour le moins étonnantes : le mari de Lucia semble s'être bel et bien volatilisé dans les toilettes de l'aéroport, lieu romanesque au possible... le vieux Félix, anarchiste et torero à ses heures va alors se joindre à Lucia pour mener l'enquête. Et si ladite enquête piétine, Félix va en profiter pour raconter sa vie et éclairer de sa sagesse d'octogénaire la vie de ses nouveaux compagnons. A l'inverse, le jeune Adrian incarne l'insouciance de la jeunesse qui file là où le vent le porte, et, pourquoi pas, dans les bras de Lucia.



Mais derrière cette insouciance apparente, se cachent des blessures inhérentes à la vie, des interrogations qui ne peuvent trouver de réponses car elles appartiennent aux mystères de la vie et de l'identité des êtres. Lucia est une femme lucide qui essaie de se construire en racontant, en se créant par le récit un être particulier :



"Mais moi, je suis persuadée que l'art primordial est celui du récit, parce que pour pouvoir exister, nous les humains, nous devons d'abord raconter." (p. 19)



Alors oui, quelquefois, elle ment, elle cache la vérité pour agrémenter sa vie d'un brin de folie, ou, paradoxalement d'un souffle de souffrance. Elle nous raconte le couple et son usure :



"Si je sortais avec Adrian, si je partageais ma vie avec lui, il arriverait probablement un moment o^j ele haïrais parce qu'il parle la bouche pleine, comme il était en train de le faire à ce moment-là, projetant des miettes de pain et des postillons partout. Mais, ce jour-là, même de telles cochonneries m'attendrissaient. Il n'est au monde pire arbitraire, injustice plus atroce que ceux du sentiment." (p. 177)



Le monde qu'elle cotoie lui apprend le mensonge, la trahison, la faiblesse de l'être humain sans arrêt tenté par le Mal,



"Ce que vous disiez tout à l'heure, a ajouté Félix. A quoi pouvait servir de se comporter dignement. Eh bien, à nous donner la mesure de ce que nous sommes. Nous, les humains, voyez-vous, sommes incapables d'imaginer ce qui n'existe pas ; si nous pouvons parler de choses telles que la consolation, la solidarité, l'amour et la beauté, c'est parce qu'en fait, ces choses existent et font partie des êtres, de même que la férocité et l'égoïsme." (p. 380)



Lucia va apprendre la sagesse, elle va comprendre que même la souffrance est nécessaire à la vie, car elle nous aide à rester vivant, l'absence de douleur nous tuerait en effet plus sûrement et rapidement que les symptômes salvateurs.



"Laisse-moi te parler des pingouins, ces oiseaux patauds qui habitent par millions la déserte Antarctique. Quand les petits des pingouins sortent de leurs oeufs, leurs paretns doivent les laisser seuls pour aller chercher de la nourriture en mer. Ce qui pose un grave problème, parce que les petits pingouins sont recouverts d'un duvet si léger qu'il ne suffirait pas à les maintenir en vie dans les températures extrêmement froides du pôle Sud. Alors les petits pingouins restent regroupés sur leurs îlots de glace, des milliers de pingouins qui viennent de naître serrés les uns contre les autres pour se tenir chaud. Mais pour que ceux qui se trouvent à l'extérieur du groupe ne gèlent pas, les petis pingouins tournent sans arrêt si bien qu'aucun n'est exposé aux intempéries plus de quelques secondes. (...) C'est une générosité dictée par la mémoire génétique, par la sagesse brute des cellules. Ce que je veux te dire à travers cet exemple, Lucia, c'est que ce que nous appelons le Bien est déjà présent au coeur même des choses, chez les animaux irrationnels, dans la matière aveugle. le monde n'est pas simplement fureur, violence et chaos, mais il est aussi ces pingouins ordonnés et fraternels." (p. 422)




"La vie est beaucoup plus grande que nos peurs. Et nous sommes même capables de supporter beaucoup plus que nous le souhaiterions. Alors, reste calme." (p.423)



Un très beau roman à savourer...
Lien : http://lecturissime.over-blo..
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Citations et extraits (20) Voir plus Ajouter une citation
Je n'ai pas d'enfants. Je veux dire par là que je suis toujours une fille et seulement une fille, que je n'ai pas fait le pas habituel que font d'ordinaire les hommes et les femmes, les juments et les chevaux, les béliers et les brebis, les petits oiseaux des deux sexes, comme je dirais moi-même dans mes abominables contes pour enfants. Toutes les créatures de la création s'efforcent en priorité, avant tout le reste, d'accoucher, de mettre bas, de pondre, de couver et d'élever ; toutes les créatures de la création naissent dans la finalité d'être parents, et il se trouve que moi, je me suis arrêtée à une étape intermédiaire, je suis une fille et seulement une fille, à jamais fille, jusqu'à la fin, jusqu'à ce que je devienne une vieille fille vénérable, octogénaire et décrépite, mais toujours une fille.
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J’ai appris qu’il ne remarquait pas que j’avais de la cellulite ni que mes dents étaient en résine; qu’il aimait les rides au coin de mes yeux et qu’il se souciait comme d’une guigne de mes bras qui pendouillaient un peu. J’ai appris que le regard implacable avec lequel nous passons au peigne fin, dépeçons et méprisons les femmes est un regard qui nous appartient, un regard interne, une exigence folle, moyennant quoi nous faisons de nous-mêmes des esclaves; et que le désir réel, le jugement de l’homme reposent sur d’autres choses: la chair vivante et la salive froide, les transpirations se mêlant dans la pénombre, l’odeur secrète de la peau, la lassitude comblée d’un corps conquis.
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A cette époque, je savais fort bien que nous, les êtres humains, sommes comme des icebergs, et que nous ne montrons à l'extérieur qu'une infime partie de notre volume : nous cachons tous, nous mentons tous, nous avons tous quelques petits secrets inavouables.
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Il est vrai que les hommes et les femmes beaux font, avec une fréquence surprenante, l'effet de créatures particulières, alors que les laids doivent suer sang et eau pour montrer leurs qualités. Nous avons tendance à attribuer à la beauté des vertus étrangères au physique proprement dit, comme si les êtres dont la chair est belle devaient aussi avoir un bel esprit.
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Paquite faisait partie de cette catégorie de femmes qui, tout au long de l'Histoire, se sont chargés de la vie quotidienne, tandis que les hommes guerroyaient, découvraient des continents et inventaient la poudre et la trigonométrie.
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Le saviez-vous que la la romancière et journaliste madrilène Rosa Montero a une formation en psychologie ? Les masterclasses littéraires « En lisant, en écrivant » sont l'occasion de poser aux grands auteurs contemporains, français et internationaux, autant de questions qui vous viennent à l'esprit. Pour cette masterclasse Rosa Montero est interviewée par Marie Sorbier.
En collaboration avec le Centre national du livre et France Culture à parler de sa pratique de l'écriture.
Pour retrouver toutes les Masterclasses du cycle "En lisant, en écrivant" : https://www.bnf.fr/fr/agenda/masterclasses-en-lisant-en-ecrivant
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