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sur 1809 notes
Les lettres persanes se lisent comme un roman épistolaire, même si le propos a des ambitions philosophiques et sociologiques
Usbek et Rica quittent la Perse pour découvrir l'Europe, et font par de leurs impressions dans ces écrits qu'ils adressent aux amis qu'ils auront croisés au cours d é leur périple mais aussi à des correspondants restés en Perse.
La naïveté avec laquelle ils décrivent les moeurs des pays traversés (et surtout la France) donne un ton léger à ce qui est pourtant une critique acerbe des us et coutumes locaux. (Montesquieu est aux Pays-Bas lorsqu'il rédige l'ouvrage, qu'il ne signe pas). C'est aussi un atout pour le lecteur que cet humour satirique.
Tout y passe : la mode, la religion, le mariage, la monogamie, le verbiage des érudits, mais aussi la monarchie, l'esprit des lois, la justice la presse quotidienne naissante et l'opportunisme des courtisans.
Si Montesquieu donne la parole à un musulman fidèle à sa religion, il n'hésite par cependant à faire part de ses doutes sur certaines pratiques (les interdits alimentaires notamment ). Mais l'occasion est belle aussi pour exprimer ses doutes quant aux fondements du christianisme et aux légendes qu'il colporte.

Les lettres couvrent une période de neuf ans et l'absence d'Usbek prolongée au sérail a des conséquences dramatiques : il perd ses épouses. le voyage a profondément transformé l'homme qui se sent contraint de retourner au pays.

Belle incursion au coeur du 18ème siècle, sous une forme accessible et plaisante ( qui demande cependant un peu d'attention, car le style d'écriture, le vocabulaire et les références sont d'époque, même si les adaptations les plus récentes facilitent la tâche).


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Rédiger un commentaire sur ce livre est une tâche difficile. Ce n'est pas assez que de percevoir en lui un simple roman épistolaire constitué d'une douzaine de personnages orientaux. Les lettres persanes est un roman encyclopédique :
- Une analyse historique et commentaire original sur les genres de pouvoir politique.
- Une fresque universelle des sociétés occidentale et orientale.
- Un dictionnaire des métiers.
- Une vue sur les diverses religions.
- Un commentaire sur les domaines philosophiques traités par d'autres philosophiques.
- Une critique d'art et surtout de la littérature.

Les lettres persanes est un roman où son héros Usbek quitte ses femmes et voyage avec son ami Rica, de la Perse vers l'Europe et précisément en France où il s'installe. Usbek ressent une terrible nostalgie envers sa patrie et veut revoir ses femmes (ce sujet central n'est qu'un prétexte pour Montesquieu pour d'autres intentions).

Montesquieu a fait une ébauche de son projet ultérieur de L'Esprit des lois. Il traite du despotisme en exposant ses dangers pour le despote, ses inconvénients et les outrages qu'il exerce. de plus, il nous présente les rois –avec toujours cette comparaison Orient-Occident- guidés par leurs ambitions et la bassesse de leurs ministres mais aussi d'un savoir très modeste résultats du mauvais conseil des maîtresses multiples et des confesseurs. Montesquieu semble plus favorable vis-à-vis les républiques qui sont la voix du peuple et sa volonté (toujours selon lui). Après, il vient aux gouvernements dont les plus doux sont les plus parfaits, et aux ministres source de la corruption des rois qui seront parfaits étant de bonne foi et conscients de leur responsabilité.

Par ailleurs, Montesquieu décrira son idéal des lois et les règles selon lesquelles elles doivent s'établir. Pour lui les peines doivent être modérées et justes. Il fera une ample présentation de la justice, sa définition, son rôle, son importance et ses critères de réussite. Montesquieu trouve l'occasion aussi de mettre à nu les avocats et leurs manoeuvres, de faire le portrait des juges et de ridiculiser les jurisconsultes qui manquent d'esprit et de justesse.

Dans son roman, Montesquieu n'oubliera pas la littérature. Pour lui les poètes dramatiques sont supérieurs aux poètes lyriques, les épopées sont rares (il n'y a que deux). Il décrira la vie des comédiens et leur détresse. Mais il est hostile aux romans et n'épargne pas l'art, pernicieux et enseignant la mollesse.

Les lettres persanes présente un débat sur les religions où l'auteur décèle leurs misères et leurs grandeurs. Il se réfère surtout aux adeptes de ces religions qui se plaisent à transgresser leurs commandements. Il esquissera de nombreuses questions métaphysiques comme l'existence de Dieu et sa bonté, la liberté de l'homme… et montrera la limite de la raison humaine.

Ce roman épistolaire est aussi un véritable dictionnaire des métiers : médecins, juges, avocats, évêques, acteurs, financiers, interprètes, militaires, marchands, astronomes, scientifiques, orateurs, paysans… et des conditions : esclaves, eunuques, maîtresses des rois, bourgeois, vieux, femmes (qui tiennent une place importante dans le roman)…

Montesquieu fera un vol sur plusieurs peuples, portugais, français, espagnols, turcs, persans, romains, grecs... faisant une description de leurs moeurs, caractères et spécificités, tout en rapportant plusieurs faits historiques. le roman contient beaucoup d'anecdotes aussi.

Tout cela dans une prose admirable, l'une des meilleures de la littérature française. Ce qui fait de cette oeuvre l'un des plus grands romans.
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Le premier "roman épistolaire" n'était pas censé en être un ! Montesquieu, désireux surtout de publier une correspondance fictive, se rend compte quelques années plus tard que son ouvrage est perçu véritablement comme un roman à part entière. Montesquieu nous offre ici une oeuvre captivante qui a l'immense intérêt de nous proposer plusieurs niveaux de lecture.
Au premier regard, nous avons le point de vue d'Orientaux fictifs en train d'observer, de commenter et de tenter de comprendre la société française du début du XVIIIe siècle. C'est donc sous la forme d'une intrigue légère, teintée de naïveté, qu'on découvre d'abord cette oeuvre, intrigue qui ne peut que cacher un dessein plus important.
En effet, nous voyons bien sûr poindre, par la suite, les propres pensées de l'auteur : ses critiques de la société française, et surtout son système politique, la monarchie autoritaire de Louis XIV puis les abus de la Régence, ses doutes en matière religieuse (on ressent fortement la tentation déiste), ainsi que sur les modalités de pensée de l'époque selon le savant-philosophe qu'était Montesquieu. C'est un véritable commentaire social auquel se livre donc cet auteur unique.
Enfin, dernier regard possible, celui de l'historien. Les Lettres Persanes sont une fantastique plongée dans les circulations internationales au XVIIIe siècle. Publiées d'abord à Amsterdam, faussement à Cologne, puis dans toute l'Europe, par un auteur français qui fait intervenir des grands personnages orientaux, nous avons là des mobilités fantastiques à l'échelle de l'Europe ! de même, on voit que la circulation des idées dans toute l'Europe est parfaitement digérée et cela est surtout illustrée par l'usage de ces correspondances internationales qui, adressées individuellement, étaient souvent lues collectivement ensuite. Enfin, Montesquieu se base sur un nombre de sources impressionnant et d'origine très diversifiée, notamment des récits de voyage dont le nombre devient exponentiel au XVIIIe siècle.
En conclusion, les Lettres Persanes, sur certains aspects, pourraient certainement être rebaptisées "Les Français Ridicules" tant le regard porté sur la France est conséquent. Mais comme je viens de le décrire, cette oeuvre est même bien plus que cela.
Entre humanité et identité nationale, c'est la vision de l'Autre qui est ici développée, vision finalement très (trop) actuelle (investissements en masse des Qataris, rejet de l'immigration, etc.), dans un monde globalisé qui stigmatise de plus en plus, malgré les bienfaits de toute compréhension de "l'Autre"...
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Comme si j'n'existais pas
Elle est passée à côté de moi
Sans un regard, reine de Saba
J'ai dit Aïcha, prends, tout est pour toi

ça se termine dramatiquement, dans le sang, au sérail d'Usbek, qui est à Paris. Loin des yeux, loin du coeur ?
Les lettres persanes est/sont un roman philosophico-politique épistolaire. Usbek abandonne son sérail d'Ispahan à son grand eunnuque noir, et part plusieurs années pour Paris avec son ami Rica.
Ce qui les frappe d'entrée, ce sont les Parisiennes, libres, pas voilées, qui vont où elles veulent, qui disent ce qu'elles veulent.
Après, selon les lettres et la sensibilité des deux amis, ceux-ci ( le baron de Montesquieu) abordent divers sujets, religieux, politiques et sociaux.
Louis XIV, les jésuites et Dieu ( convention humaine) en prennent pour leur grade ; la justice et les lois aussi, mais surtout l'étroitesse d'esprit des magistrats et de ceux qui font les lois. Depuis Les lettres persanes ( 1721), on voit pointer le traité politico-philosophique " de l'Esprit des lois"(1748).
.
La forme épistolaire permet à Montesquieu une critique déguisée sous forme de deux étrangers qui s'envoient des lettres, entre eux mais aussi en Perse, de critiquer indirectement le système français.
Par exemple, quand Montesquieu croit percevoir un abaissement de la démographie. Il explique cela d'une façon intéressante.
Pour l'auteur, le système romain ( mariages-divorces) était meilleur ; ici, une femme qui n'aime pas son mari ne peut divorcer ; d'autre part, il y a trop d'ecclésiastiques ( qui ne font pas d'enfants) ; quand au système musulman des harems, le nombre d'eunnuques empêche, selon lui, l'augmentation des naissances.
Après une descente aux enfers de l'incompétence des médecins, l'auteur trouve une solution aux problèmes d'insomnies : des décoctions à base de tisanes de feuilles philosophiques saoûlantes, de harangues ou de sermons !
Il fait une belle analyse de chacun des pays d'Europe, relevant d'une phrase les points forts et faibles de chacun !

Puis le lecteur "souffle", se distrait quand Zalema imagine un sérail inversé où une femme aurait plein d'hommes !
Enfin, John Law passe au tribunal montesquien : c'est un infâme ministre ( oui, j'ai vérifié, cet Ecossais a été ministre français), qui donne le mauvais exemple avec ses billets, bouleverse l'ordre établi sous la régence, et l'on s'aperçoit que des débiteurs tuent alors leurs créanciers ( vrai/faux?)
.
J'ai été lent à le lire, ce livre est soporifique pour moi, comme les sermons de la décoction montesquieuse ; en plus je n'aime pas les romans épistolaires, car même si je rentre dans le coeur des personnages, je suis perdu car j'aime suivre un fil rouge. Là, on passe du coq à l'âne. Chez mon Friedrich aussi, mais lui, je l'aime, c'est différent, j'ai une profonde amitié pour mon moustachu souffrant de l'humain trop humain, tout comme pour mon Stefan en crise ( L'homme cardinal est, lui aussi, une révolte)
.
ici, Charles Louis de Secondat, baron de la Brède et de Montesquieu, par les yeux perçants de nos deux Persans, semble faire un froid bilan de la France de Louis XIV, qui abaisse les nobles, et de Philippe II, duc d'Orléans, qui se fait piéger par un financier étranger.
Cependant, c'est brillant ! le style est clair, malgré de rares passages obscurs, et comme mon Friedrich, Charles Louis ( n'est ce pas ; tu-vas-bien ?) Charles Louis donc, sait faire de petites phrases qui illuminent ce roman épisolaire :)
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Véritablement transportée par l'ensemble des échanges de nos deux protagonistes et de leurs amis.

La qualité des réflexions nous renvoie inévitablement à notre société actuelle. L'humour piquant employé dans certaines lettres permet de confronter les différences de civilisation entre l'Europe et l'Orient. le concept est très moderne. Montesquieu aurait bien pu écrire ce livre au XXIème siècle. C'est ce qui m'a le plus frappé.

Un regard très critique mais assez juste qui retranscrit parfaitement le mode de vie et de pensée des occidentaux et plus particulièrement des français dans le contexte européens. Personne n'est oublié (sourire).

Il est bien dommage qu'au lycée ce livre ne soit traité que par extraits, car la lecture entière de l'ouvrage apporte toute sa force et sa logique. Un travail méticuleux de Montesquieu qui aboutit sur une oeuvre magnifique.

Sans le challenge "Le siècle des Lumières" initié par Parthenia je serais passé à côté du "livre qu'il faut avoir lu". Merci
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Bah oui, je n'avais jamais lu les « Lettres Persanes » de Montesquieu... Je sais, c'est très mal, mais la littérature du XVIIIe siècle ne m'a jamais particulièrement attirée et je garde un souvenir indifférent de mes lectures scolaires de Voltaire et franchement ennuyé de celles de Rousseau. Histoire de ne pas mourir stupide, j'ai voulu retenter tout de même ma chance avec Montesquieu et ses fameuses lettres encensées par tous les professeurs de littérature depuis que le Grand Manitou a créé le système éducatif.

Au cas très improbable où vous ne connaitriez pas le contexte du livre, le voici : à la fin du glorieux et surtout très longuet règne de Louis XIV, deux persans débarquent en France, poussés leur désir de découvrir le monde occidental. Usbek le penseur vertueux et Rica l'homme sociable arrivent donc à Paris et béent d'ahurissement devant ce monde si différent de celui auquel ils sont habitués : tout les étonne, des extravagances de la mode française aux incessantes querelles de l'Eglise, en passant par les petites manies des bourgeois parisiens et les ridicules des courtisans de la Cour du Roi Soleil. Montesquieu nous fait partager leur abondante correspondance avec leurs proches restés en Perse, prétexte à milles petites réflexions et commentaires philosophiques sur des sujets aussi variés que la politique, la religion, la littérature, la place des femmes dans la société, la justice, etc.

Première chose à souligner à l'avantage de Montesquieu, son style d'écriture est effectivement, et comme je l'ai souvent entendu répéter, très agréable à lire : à la fois fluide et riche, il capte sans difficulté l'attention du lecteur et on saute rapidement d'une lettre à l'autre, d'autant plus que la plupart sont très courtes. La plupart des réflexions exposées dans ces lettres sont à la fois pertinentes et faciles d'accès, présentées avec une simplicité et un humour légèrement narquois qui font plaisir à lire, quand on pense à l'herméticité de la plupart des ouvrages philosophiques (ô cours de terminale, comme vous vous rappelez douloureusement à mon souvenir). Montesquieu philosophe, j'adhère !

Montesquieu romancier, un peu moins … Je regrette notamment d'avoir trouvé l'aspect roman épistolaire si peu exploité et essentiellement prétexte à exposer les idées de l'auteur, simple artifice littéraire sans véritable impact narratif. Je n'ai pas éprouvé non plus d'intérêt particulier pour les personnages, aucun ne possédant de véritable « voix » littéraire, leurs réflexions étant interchangeables à mes yeux et variant uniquement sur les thématiques – vertu et éthique pour Usbek, société et mondanités pour Rica. Enfin, mais c'est très subjectif de ma part, le ton moralisateur de l'ensemble m'a un peu lassée sur la fin. Pas une révélation en ce qui me concerne, mais une lecture instructive et intelligente tout de même.
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Lecture scolaire.
Voilà, on sait déjà que ce n'est pas un livre que j'ai choisi, que je n'ai pas parcouru les rayons de la bibliothèque pour le trouver, que je n'ai pas dépensé mon argent de bon coeur après l'avoir choisi à la librairie, que je ne l'ai pas rangé religieusement dans le tiroir de ma table de nuit une fois rentrée, et que je n'ai pas non plus attendu impatiemment de le lire. Et puis, j'ai 16 ans, une crise d'adolescence à faire, des parents contre qui me rebeller, des profs à contester, alors forcément, tout ce qui est imposé, je n'aime pas trop, question de principe. Mais d'un autre côté, les livres, c'est mon carburant, et les Lettres Persanes, c'est un classique littéraire, pas vrai? Soit, Montesquieu, je ferai un effort pour toi.
Pour toi, je dépenserai 3,20€, j'écouterai les discours interminables de ma prof de Français sur ton cher -et je cite- "regard éloigné, étranger, distancié, naïf ou plutôt dirais-je faussement naïf", je l'écouterai décortiquer bon nombre de tes lettres mot par mot, procédé par procédé, figure de style par figure de style...
Et comme je ne suis qu'une sale gamine insolente, laisse-moi te dire, mon cher Montesquieu, que parfois c'est trop long, d'accord, parfois une phrase suffirait au lieu d'une lettre, parfois tu en fais un peu trop.
Ah, mais je voulais aussi te dire, j'ai bien aimé cette lettre dans laquelle tu invitais les femmes à se libérer, et aussi celles, dont la 24 fait partie, où tu en mets plein la face au roi, ça lui fera pas de mal, et il y a ces moments où tu critiques la religion et là je suis bien d'accord avec toi, non mais, ça va massacrer des enfants au nom de Dieu et ça ne sait même pas qu'à la base Dieu répand l'amour!
Et mine de rien, quand j'écoute ma prof parler, je me rend compte que 1721, -tu sais, l'année de tes Lettres Persanes- c'était quand même il y a un bout de temps, et même si on a un peu avancé depuis (tu serais fier de nous!), je peux te dire que c'est affolant comme ton oeuvre est encore d'actualité. Alors je me dis que c'est quand même fort, qu'un drôle de bonhomme comme toi, avec ses phrases tordues et suintant l'ancien français, aie pu traverser les époques de la sorte, pour être encore crédible aujourd'hui.
Finalement, je pousserai mon arrogance jusqu'à te dire : bravo.
Et puis surtout : merci.
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Lecture laborieuse, je crois qu'il faut l'étudier pour bien comprendre toutes les remises en cause et tous les concepts étudiés.
Je vois bien que les idées de Montesquieu, philosophe des lumières, étudient les traits incohérents de sa société ainsi que ses travers. J'ai bien lu les idées modernes qu'il avance.

Le style est facile à suivre, les idées sont bien menées, mais je pense que je n'étais juste pas dans le bon état d'esprit.

Malgré tout, un livre que je suis contente d'avoir lu, il manquait parmi les déjà lus (Voltaire, Rousseau et Diderot).
Peut-etre le plus facile d'accès d'ailleurs!
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Toute critique serait vaine devant le talent , l'intelligence et l'humour décalé
de Montesquieu. Un texte qui ne vieillit pas .Un texte à lire,à relire et à relire encore
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C’est sur les conseils d’un ami syrien féru de linguistique française que je me suis lancée dans ces Lettres persanes de Montesquieu. Quelle lecture originale ! J’imaginais une lecture ardue de par le style vieillot qui devait être celui d’un auteur du début 18ème, mais je me suis facilement laissé entraîner dans cet échange épistolaire. Par le biais de lettres fictives, Montesquieu veut nous montrer les travers de la société française sous Louis XIV puis sous la Régence. Ces lettres sont principalement échangées entre Usbek, maître persan ayant quitté son pays et ses femmes pour se mettre à l’abri de ses ennemis et vivant maintenant à Paris, et ses amis (dont un a rejoint la France avec lui), femmes et serviteurs restés à Ispahan pour veiller sur le sérail. Montesquieu critique non seulement la vie sociale et politique française de l’époque (il publia d’ailleurs au départ son livre sous le couvert de l’anonymat), mais soulève également toute une série de questions sur les religions, les sciences et l’art, sans compter bien évidemment son évocation des mœurs persanes et du traitement réservé aux femmes et aux eunuques à l’époque. C’est une lecture très enrichissante, et étonnamment actuelle dans tout ce qui concerne le contraste entre les cultures mises au contact les unes des autres lors des migrations.
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