Force est d'écrire aimer : poèmes

Sans vouloir faire la genèse de ce 4e recueil d'Emeric de Monteynard publié aux éditions de l'Arbre à paroles, ceux qui ont suivi l'évolution de ce poète pourront mesurer le chemin parcouru, la patience et la ténacité dont il fait preuve pour écrire et réécrire ses textes jusqu'à les transfigurer en les épurant, gagnant ainsi en force, en intensité, en clarté. « Force est d'écrire aimer » est une version entièrement remaniée d'un livre paru il y a plus de quinze ans, dont l'éditeur a disparu. Le roman épistolaire en prose initial, une quarantaine de lettres adressées à une femme, devient une suite d'une cinquantaine de poèmes d'amour plus condensés, pouvant se lire séparément ou « comme une seule et même lettre du début à la fin. » Ici, la métamorphose de la prose au poème s'effectue aussi par l'usage de la majuscule à chaque début de vers, le groupement des vers, les blancs, la typographie, la ponctuation, etc. Entre écrire et aimer, il y a peu de différence. L'écriture, dirait Jean Tortel, « est la manifestation corporelle du langage, le lieu qui le rend visible et désirable ».
Comme dans ses autres œuvres, Emeric de Monteynard ne garde que la quintessence et le silex des mots justes ; pour moi,
« Force est d'écrire aimer » est un concentré d'élixir poétique, un magnifique livre-poème palimpseste, grave, éblouissant, sensuel et intimiste qui nous touche au plus profond.
« Au point
De s'y brûler petit homme

De devoir s'y
Brûler »