C'est à travers les yeux bleus de la narratrice que nous lisons cette histoire qui s'étend de 1961 à 1990 en seulement 78 pages. Donc évidemment il y a des ellipses temporelles, mais la scénariste
Gwenola Morizur a fait des choix judicieux et l'histoire est très fluide. Nous suivons donc la narratrice, surnommée Bleu par tout le monde, depuis sa naissance, dans une famille de paysans bretons. Son père devient maire, un petit frère trisomique nait, sa mère gère la ferme, son grand-frère et elle sont très complices. La vie s'écoule tranquillement jusqu'à la terrible catastrophe, le naufrage de l'Amoco Cadiz qui marquera à jamais la famille, le village, et toute la région.
Le ton est très juste, on ne tombe jamais ni dans le pathos ni dans la victimisation. Il y a tout juste un peu d'amertume à l'évocation de l'attitude des représentants de l'état, mais ce qui est important c'est la solidarité des élus de Bretagne et leur détermination à aller jusqu'au procès pour obtenir réparation. Face à cette grande cause, les membres de la famille de Bleu réagissent et s'investissent de manières différentes, selon ses possibilités et ses convictions.
J'ai bien aimé cet album car je connaissais mal les tenants et les aboutissants de cet événements. L'histoire, inspirée de la vraie famille de l'auteur, est relatée avec beaucoup de sobriété (de la modestie, même) et de justesse, et avec une grande tendresse pour les personnages.
Les aquarelles de
Fanny Montgermont sont très belles et correspondent bien au propos.
J'ai apprécié aussi le petit dossier explicatif à la fin, j'aime bien quand un auteur raconte la genèse de son projet.