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EAN : 9782070374465
128 pages
Gallimard (03/03/1983)
3.5/5   9 notes
Résumé :
Un homme de cinquante-huit ans est aimé par une femme de soixante ans, qu'il n'aime pas, et en aime une autre, de dix-huit ans, qui ne l'aime pas. Chassé-croisé d'amours et d'indifférences dont Gabriel Marcel a pu dire : "Rien sous doute d'aussi racinien n'a été écrit depuis Racine."

Source : Gallimard
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Critiques, Analyses et Avis (2) Ajouter une critique
C'est toujours un grand plaisir de retrouver la langue d'Henry de Monterlant. Un petit côté précieux, un petit côté guindé, un petit côté châtié, un petit côté désuet (ça commence à faire beaucoup de petits côtés, je vous le concède) mais assurément un petit côté agréable pour les amoureux de la langue dont je fais partie.

Et puisque la désuétude semble le lot lorsqu'on souhaite parler de cette pièce, je m'en vais vous rechercher une référence absolument désuète. Si vous avez le bon âge, c'est-à-dire plutôt la génération de mes parents, vous avez encore forcément dans la tête quelques airs du fort désuet Joe Dassin. Et parmi ses titres désuets, l'un d'eux l'est plus que tout autre et me semble particulièrement adéquat pour parler de la pièce :

♫ Il y a des filles dont on rêve
Et celles avec qui l'on dort
Il y a des filles qu'on regrette
Et celles qui laissent des remords
Il y a des filles que l'on aime
Et celles qu'on aurait pu aimer
Puis un jour il y a la femme
Qu'on attendait... ♪

Ravier est un antiquaire parisien très en vue et formidablement réputé. Il a ses entrées dans tous les musées et surtout, dans tous les ministères. On peut dire sans peur qu'il est plein aux as. À l'approche de la soixantaine, sa jolie figure commence à ressentir les effets de ses longues années de vie dissolue auprès des femmes, que par dizaines il a fait asseoir dans ses bergères Louis XV avant de leur faire essayer le moelleux d'autres meubles de style.

Et donc, après avoir joui de tout et à tous les prix, commençant à reconnaître la vanité de l'existence, le voilà, surpris, ému, par une jeunesse de dix-huit ans. Une petite provinciale fraîchement débarquée de sa Lorraine, qui n'accepte ni ses cadeaux ni ses flatteries, qui se fiche de la longueur de son bras comme de l'épaisseur de son porte-feuilles. Bref, une oeuvre d'art qui n'a pas de prix.

Ravier se désespère de ce dédain et lui, le jouisseur par excellence, sent monter en lui un sentiment manifestement plus noble pour cette créature. Il n'a même pas envie de la toucher, il ne veut pas la souiller de son désir, il voudrait simplement qu'il comptât pour elle. Et même ce peu semble loin d'être acquis.

Auprès de Ravier, depuis sept longues années gravite Mlle Andriot, une brave vieille femme d'un goût, d'une intelligence et d'une sûreté d'expertise rares, et dont les qualités s'avèrent précieuses pour l'antiquaire. Elle a, quant à elle, déjà atteint la barre symbolique des soixante ans.

Elle est raide dingue de Ravier et l'aime du plus pur amour qu'on puisse imaginer même si au fond d'elle-même, elle aimerait, vous vous imaginez, être appréciée du grand antiquaire pas seulement pour son goût raffiné en matière d'art. C'est pourtant à elle que Ravier confie ses peines de coeur, elle, peut-être la seule à pouvoir pleinement le comprendre dans toute sa déchirure...

Je vous laisse découvrir cet échange à trois, assez psychologique, parfois même presque philosophique, ayant pour centre l'amour et le prix qu'on y fixe. du beau texte, peut-être pas extraordinairement scénique, mais très agréable à lire. Mais ce n'est bien sûr qu'un avis duquel un maître expertiseur pourrait probablement vous dire qu'il ne vaut pas grand-chose...
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Petit bouquin délicieux, qui se lit les yeux fermés ou presque à cause de sa simplicité, son accessibilité et son sujet intemporel; l'amour.
Comme toujours l'ami Montherlant est sur de ce qu'il écrit, on sent l'expérience et toujours une phrase assassine au détour des pages(pour laquelle on rigole ou l'on se fâche, mais on ne reste jamais insensible).
Il est préférable d'avoir lu "Les jeunes filles" mais ce n'est pas une obligation, cela peut aussi servir d'amuse-rétine avant "Les jeunes filles".
C'est une pièce de théâtre, comme quoi l'ancien n'est pas un amateur du genre littéraire.
Le style est un régal c'est un Oscar Wilde Parisien( je n'y avais jamais pensé cela m'est venu en l'écrivant et je trouve la comparaison assez juste, non?).
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Citations et extraits (10) Voir plus Ajouter une citation
CHRISTINE : C'est lourd, vous savez, un amour qu'on n'a pas demandé. On n'a rien fait pour cela, et cela peut vous empoisonner la vie. Cet amour toujours à la même place, et dont la constance exaspère. Ces yeux qui voudraient n'être pas implorants, et qui le sont... Le regard d'un homme qui vous aime, sans cesse posé sur vous, c'est quelque chose d'horrible.

Acte II, Scène 4.
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RAVIER : Les objets sont insignes, et les hommes sont hideux. [...]Vous m'avez entrouvert la porte un instant sur un monde tout à fait autre, et puis l'avez refermée. Sur quel monde ? Sur le monde de la propreté, de la fierté et du courage. Et encore : sur le monde qui celui des neuf dixièmes de l'humanité, le monde des gens qui n'ont pas plus d'argent qu'il ne leur en faut. [...] Un monde où il y a autre chose que les liaisons d'apparat ou l'amour vénal... Vous m'avez ouvert cette échappée sur un jardin plein de musique, et puis vous l'avez refermée.

Acte I, Scène 1.
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RAVIER : Même un seul de ces fruits, vous n'en voulez pas. Il faut à toute force que je n'aie pas le pouvoir de vous faire plaisir !
CHRISTINE : Vous croyez que je suis quelqu'un que l'on use avec des cadeaux ?
RAVIER : Que faut-il donc pour conquérir votre amitié ? Ne rien vous offrir ?
CHRISTINE : Ne pas attendre que ce que vous offrez vous rapporte.

Acte I, Scène 1.
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MADEMOISELLE ANDRIOT : Les larmes aux yeux devant vous ! Le meilleur moyen de vous exaspérer !
RAVIER : Vous vous trompez. J'aime les larmes.
MADEMOISELLE ANDRIOT : Vous aimez, peut-être les larmes, mais vous les aimez jeunes. Les jeunes larmes...

Acte I, Scène 2.
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CHRISTINE : Parce qu'il m'aime, il faudrait que je l'aime. Et, s'il y avait trois ou quatre hommes qui m'aimaient, je devrais donc les aimer tous les trois ou quatre ?

Acte II, Scène 4.
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Videos de Henry de Montherlant (23) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Henry de Montherlant
Narcisse Slam a répondu au décalé et intimiste Questionnaire de Trousp, autant inspiré par celui de Proust que des questions de Bernard Pivot. Site Internet: https://trousp.ch/
0:00 Introduction 0:17 Que pensez-vous de cette citation? «C'est curieux un écrivain. C'est une contradiction et aussi un non-sens. Écrire c'est aussi ne pas parler. C'est se taire. C'est hurler sans bruit. C'est reposant un écrivain, souvent, ça écoute beaucoup.» Marguerite Duras 1:19 Quel métier n'auriez-vous pas aimé faire? 3:06 Quelle qualité préférez-vous chez l'Homme? 4:22 Quel est pour vous le pire des défauts? 5:38 Avec quel écrivain décédé, ressuscité pour une soirée, aimeriez-vous boire une bière au coin du feu? 8:33 Comment imaginez-vous les années 2050? 11:18 Quel mot vous évoque le plus de douceur? 12:48 Comment commence-t-on un roman? Par exemple L'Épouse? 16:23 Si vous pouviez résoudre un problème dans le monde, lequel choisiriez-vous? 20:18 Que pensez-vous de cette citation? «Les écrivains sont des monstres.» Henry de Montherlant 23:19 Quel livre emporteriez-vous sur une île déserte? 25:09 Si votre maison brûle, qu'aimeriez-vous sauver en premier? 28:36 Comment construit-on un personnage? 32:04 Remerciements
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