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Poursuite de ma lecture de la série des «Jeunes Filles». Dans «Le démon du bien», Montherlant concentre son récit sur la question du mariage à travers ses personnages Costals et Solange.

Ce 3ème opus est divisé en deux parties.

Dans la première partie, la question du mariage émerge entre nos deux protagonistes. On découvre la volonté pour Solange de se marier, souhait de jeune fille prévisible, mais il faut avouer que sa personnalité jusqu'ici présentée ne rendait pas cette volonté si évidente.
On a en face un Costals plus qu'hésitant ce qui ne surprend pas, ce dernier ayant toujours clamé son horreur pour le mariage. Mais, par affection pour Solange, il se sent prêt à l'envisager, sous certaines conditions... mais quelles conditions ?! S'engagent alors discussions et négociations entre Costals et la mère de Solange sur les termes d'un éventuel mariage.

«Il fallait cette rupture brutale pour me sortir de l'enfer de mes incertitudes et de mes variations quotidiennes.»

Il a fui... Dans la seconde partie du roman, on retrouve Costals, seul, à Gênes en pleine écriture de son oeuvre. Mais la visite de Solange le replonge dans ses indécisions, apportant des instants de tendresse, mais aussi d'autres chargés de cruauté et de rejet...

Dans ce volume, les questions sur le mariage sont clairement exposées. Pourquoi se marier ? le mariage est-il d'ailleurs envisageable pour tous ? Est-ce plus important que l'amour entre les deux personnes ? Qu'est-ce qu'aimer ? Quelles concessions est-on près à accepter dans un mariage ? Peut-on épouser une personne par charité ?...

«Je connaîtrai, à votre choix, si vous aviez seulement du goût pour un état - le mariage - ou si vous aviez de l'amour pour un individu.»

On pourrait penser au premier abord qu'il s'agit d'un roman où l'auteur dénonce le mariage, mais son personnage extrême, qu'est Costals, n'est pas le meilleur ambassadeur pour convaincre le lecteur.
En revanche, je nuancerais en disant qu'ici, c'est plutôt l'imposition de cet état du mariage - présentée comme une évidence, comme la régularisation d'une situation, à priori indispensable afin de gagner en respectabilité, en réputation et en moralité - qui est dénoncée. Ici, Costals doit épouser Solange s'il veut poursuivre sa relation avec elle... Bien agir pour l'autre, en sachant que ce ne sera pas forcément bon pour soi, le dilemme, le démon du bien...

Je ne sais pas si je suis dans le vrai, c'est en tout cas comme cela que j'ai ressenti cette lecture. Reste le dernier volume à lire, «Les lépreuses», un titre qui m'interpelle et m'interroge...
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Quelque peu décevant. Notre ancien tueur d'amour hésite. Mariè-je, mariè-je pas ? Certes, les raisons invoquées pour céder au conformisme du mariage sont honorables, mais suffisent-elles à maintenir l'excitation naturelle que nous ressentons face à la pulsion de destruction ? Je n'en suis pas sûre.


- Si je me marie, ma vie sera un tel enfer que je n'aurais plus besoin de faire d'effort pour trouver la matière qui nourrira mes futurs écrits.
- Si je me marie, j'aurais accès à une dimension de l'amour qui a été peu analysée par les petits joueurs, ceux qui s'en tiennent aux préliminaires pré-matrimoniaux.
- Si je me marie, je désillusionnerais définitivement mon épouse. Je n'aurais pas le plaisir d'être heureux, mais j'aurais au moins le plaisir d'avoir rendu quelqu'un malheureux.


Parmi les passages hallucinants de ce livre, celui où Costals nous parle de sa « chattoune » au pur sens zoologique du terme, sans aucune allusion de con. On commence par aimer un chat, on finit par redevenir humain. Ce n'est pas ce à quoi nous avait habitué Henry. On le lit pour sentir le fond des poubelles, on en ressort un bouquet de roses bien-odorant. Dans d'autres circonstances, ça pourrait être agréable mais là, y a arnaque sur le produit.
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Voici le troisième tome lu de cette série de quatre, et je vais devoir marquer le pas pour commander le dernier, que je n'ai pas.

Nous retrouvons Costals aux prises avec ce dilemme du mariage avec Solange, la seule jeune fille qui lui ait donné envie ne serait-ce que de se poser la question - sans avoir plus envie de franchir le pas. Notre héros désagréable s'est entendu avec la mère de Solange pour mettre cette dernière à l'essai en quelque sorte, avant de se décider. Il la fréquente, oscille sans cesse entre le oui et le non, donne de faux espoirs et se sent coupable. Un jour elle le surprend par son caractère à la fois affirmé et facile (oui, c'est possible), le lendemain il la juge ennuyeuse. Et surtout, elle n'est pas très motivée par leurs relations physiques, qu'elle cherche à éluder parfois.

Costals, rendu fou d'hésitation, se décide sinon à rompre, du moins à fuir, et part s'installer à Gênes, où il mène une vie de patachon qui lui convient nettement mieux. Toutefois, la pitié, ou encore le démon du bien, le reprend, et il invite Solange à le rejoindre pour cohabiter avec lui quinze jours. Il fait connaissance plus avant avec elle, d'autant plus qu'elle se livre davantage et se montre passionnée dans les ébats. Il constate également qu'en plus de sa beauté qui le trouble encore, elle a un côté sauvage, et de même que lui, elle est proche des animaux et des enfants qui la recherchent. Malgré ce nouveau terrain d'entente, Costals ne tardera pas à être repris par un autre démon, celui de son égoïsme, et à tout gâcher encore, du moins du point de vue de la jeune fille.

Les scènes de préparation du mariage sont bien amenées, et Montherlant s'en sert pour donner une illustration sans complaisance des rapports humains, entre hypocrisie et lâcheté. Comme d'habitude, Costals est un concentré de calcul décomplexé, d'esprit de dérision et de provocation. On jurerait qu'il est gagné par l'ivresse de dévoiler son narcissisme sardonique, de mettre à jour ses vraies motivations, celles qui sont tues habituellement. N'oublions pas qu'il est écrivain, et que peut-être, instaurer du drame dans ce roman plat qu'est le mariage n'est pas pour lui déplaire, en sautant tête la première dans cet arrangement qui pourrait ne jamais avoir lieu. Nous sommes toujours servis par les aphorismes de l'auteur, qui en veut sans doute plus à la société qu'il ne déteste les femmes.

J'ai été un peu plus gênée par l'expression, qui mêle un langage recherché de bon aloi avec des passages d'une plus grande crudité, voire grossièreté, ce qui crée des contrastes dissonants ; ajoutons à cela des réflexions pour le moins douteuses sur l'influence qu'aurait Costals sur les enfants et adolescents. On a su par la suite que Montherlant s'adonnait au tourisme sexuel avec de très jeunes gens, et franchement on n'est pas loin ici de l'aveu, c'est dérangeant quoique fugace. le tome reste toutefois tout à fait lisible, et la vie italienne et ses chats nous font de l'oeil.
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"Le démon du bien" est le troisième tome de la série "Les jeunes filles" De Montherlant.

Costals hésite à s'en rendre malade : "épouserai-je ou n'épouserai-je pas ?"

Car pour Costals, écrivain à la mode, on n'épouse pas quelqu'un : on épouse tout court.

Costals fait vivre l'impensable à la jeune fille qu'il aime/qu'il n'aime pas/qu'il aime/qu'il n'aime pas.

Il est prêt à se sacrifier par pitié. Il est tendre par pitié. Il fait l'amour par pitié. Par un mouvement de balancier, quand la pitié vient, il va vers la femme. Quand elle se retire comme se retire la vague, il reflue avec elle et une rage folle l'étreint alors : un monstre prend sa place qui torture sans pitié, qui torture jusqu'au meurtre symbolique.

Costals est un être abject, une "hyène", dit Montherlant. Et son démon est la pitié. Costals est le "Le démon du bien", d'où le tire du roman, car la pitié empoisonne à la fois celui qui la dispense et celui auquel elle est dispensée. Celui qui n'est capable que de pitié et non d'amour est le Malin en personne.

Et l'autre versant du Démon n'est autre que la divinité. Dans un final paraphrasant avec jubilation la Génèse, Montherlant avec dérision (autodérision ?) ajuste l'autre partie du masque de l'écrivain mondain en le dépeignant infatigable en ses oeuvres :

"Et il écrivit ensuite quatre jours, à raison de quatorze heures de travail par jour. Et ensuite il prit du repos : il chassa la femme durant trois jours, et il eut deux aventures.
Et ensuite il écrivit encoure quinze jours, à raison de douze heures de travail par jour. Et ensuite il prit du repos : il chassa durant deux jours, et il n'eut pas d'aventure.
Etc....
..."
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une écriture soignée, de la bonne littérature s'il en est avec une réflexion poussée sur le mariage, le personnage de Costals est totalement imbu de sa personne et la pauvre Solange, ressemble bien à une pauvre fille aujourd'hui! Qu'elle jeune femme aujourd'hui se laisserait traiter de la sorte, par cet amant qui ressemble plus à un goujat qu'à autre chose! mais il faut replacer l'histoire entre les deux guerres, et là tout prend forme! Ce livre en devient presque un témoignage historique...
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Bien sûr, Montherlant a raison.
Le mariage, cette institution bourgeoise est un tue-l'amour ! C'était vrai au début du XXème siècle (c'était vrai depuis le début d'ailleurs) et c'est évidemment pareil aujourd'hui ! Et les nouvelles moeurs n'y changent rien. En vérité, le mariage n'a plus lieu d'être et il serait temps de trouver de nouveaux arrangements sociétaux pour protéger les enfants, fruits d'unions souvent éphémères, dans la mesure où la plupart du temps, les deux membres d'un couple s'ennuient à mourir l'un auprès de l'autre !
Et bien sûr, Montherlant est un écrivain,
un vrai, qui sait manier le français avec maestria et non seulement la langue, mais aussi les concepts. Rien à voir donc avec un pisseur d'encre, dont les ouvrages envahissent, à vous en coller la nausée, les têtes de gondole des hyper d'aujourd'hui ! Car pour les librairies, il faut les chercher !
Bon, là n'est pas le sujet.
Et, il est vrai que certaines jeunes filles d'aujourd'hui, aussi idiotes que celles de l'époque De Montherlant, en cela bien aidées par les media et la publicité en sont encore à rêver de leur jour de gloire, de leur longue robe blanche froufroutante, du voile qui l'accompagne et de tout ce cérémonial ridicule qui fait le bonheur et l'opulence de toutes les officines dédiées à la réussite d'un beau mariage.
Mais heureusement, la plupart des jeunes filles d'aujourd'hui, ne sont pas que cela !
La grosse différence, c'est que depuis le début du siècle dernier, elles ont, heureusement pour elles, eu, enfin, accès à l'éducation.

Le problème avec Montherlant, c'est qu'il est, avant tout, un répugnant macho, un type immonde pour qui une femme n'est visiblement rien d'autre qu'un vagin.
Lire les jeunes filles et les suites que Montherlant leur a données, c'est se plonger dans l'abjection. Pour Montherlant, un corps de femme c'est quelque chose de sale, plein de sucs juste destinés à empoisonner l'homme.
Pour Montherlant, une femme c'est forcément un esprit faible, un être absolument incapable d'une pensée intelligente ! Toutes les femmes qu'il dépeint ne sont que de pauvres êtres ridicules, toutes férocement caricaturées !

Montherlant, esprit créateur et bien entendu supérieur, ne saurait se compromettre avec ces êtres inférieurs.
Montherlant ne fait rien d'autre, à travers les 4 volumes des Jeunes filles que véhiculer des pensées malsaines, dans un style fleuri qui finit par vous flanquer la nausée !
Je dois être honnête: je me suis arrêtée au troisième des quatre volumes, tellement cette lecture m'est devenue répugnante.
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Si les dragées de mariage De Montherlant sont en forme de mandorle ils ont l'odeur caractéristique d'amande du cyanure.

Contre toute attente, et en contradiction avec tous ses préceptes d'hygiène et de rectitude morale, Costals pense à l'éventualité de convoler avec l'insipide Solange. Ce sont des sentiments des plus ambivalents qui l'induisent à y songer mais la pitié y entre pour une bonne part. Attention, rien n'est acquis, rien n'est définitif, et notre homme, avec l'impudence qui le caractérise et sans en faire secret, établi déjà les modalités qui lui permettraient la rupture indolore d'une union qui ne saurait être contractée aux fins de procréation. Il faut bien dire que ses genoux tremblent et qu'il prévoit surtout le pire de cette affaire. Bref on n'est pas rendu. Fort heureusement Solange est une bonne pâte, du genre pâte à modeler.

Troisième volet de la tétralogie, le Démon du bien dresse le réquisitoire sans appel de l'institution du mariage. La misogynie du propos se fait toujours plus corrosive. le personnage principal est un être complexe, avec des velléités de bien, père aimant et qui chérit les animaux. Ce qui le rend moins sympathique ce ne sont pas ses prétentions à l'esprit fort, ces postures cyniques, mais plutôt son inconséquence coupable, ces atermoiements, et ses petitesses, au premier rang desquelles sa lâcheté.
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Costals est il Montherland ? la question est ici permis en ce qui concerne le personnage principal de l'histoire,tant l'auteur semble aimer ce personnage qu'il met en valeur.A part celà, le livre se lit très bien, reflexion sur le mariage certe personnelle mais très bien détaillée et agréable à lire.A découvrir.
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Costals, qui se plaisait en compagnie de Solange, est maintenant confronté à l' « hippogriffe nuptial » : le mariage que lui réclament la donzelle et ses parents ! Dans la comédie de l'homme amoureux, il ne peut plus nier combien il tient à son indépendance au-dessus de toute chose. D'abord, il y a l'écriture, incompatible avec le couple, lequel brise son énergie créatrice. Et puis les plaisirs de la chair, avec toutes les femmes, dont il ne se prive pas même en étant engagé envers Solange. Costals contrôle tout : sa vie, son oeuvre, ses femmes. Pour la première fois, il se voit envahi par le devoir conjugal : en 1927, on doit épouser la femme qu'on dépucèle. Bref, il a peur du mariage.

Tantôt à Paris, tantôt à Gênes, puis au Maroc, Costals tergiverse, soufflant le oui et le non, le chaud et le froid. Cette grue, s'il l'épouse, c'est plutôt par charité, par goût de bien faire les choses plutôt que pour lui-même. Dans son indécision, il avance d'un pas, fait une promesse, recule de deux pas, prononce des mots assassins. À force de manipulations, il s'interroge plus profondément : va-t-il vraiment l'épouser ? Ce serait une bonne expérience pour son oeuvre, d'incarner l'homme marié. Solange, c'est une bonne fille après tout, docile, discrète, accommodante…

L'intégralité de la critique avec citations sur mon blog :
http://www.bibliolingus.fr/le-demon-du-bien-3-4-henry-de-montherlant-a80136602
Lien : http://www.bibliolingus.fr/l..
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Ce troisième tome du cycle des "Jeunes filles" se concentre sur la relation de Solange et Costals. Celle-ci attend patiemment d'être épousée tandis que le héros tergiverse puisqu'il abhore l'idée de mariage. Costals est toujours très misogyne et un beau salaud mais ses considérations sont aussi très comiques mais également toujours d'actualité. L'auteur arrive à nous faire éprouver de la sympathie pour son personnage et surtout c'est très bien écrit et rythmé, on ne s'ennuie pas du tout.
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