AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
>

Critique de Nadou38


«Les Lépreuses» est le quatrième et dernier volume de la série des «Jeunes Filles» et je dois avouer que j'ai fermé le livre en étant partagée et perplexe, ne sachant pas trop quoi en penser ou plus exactement avec des sentiments contradictoires.

Depuis le début, Montherlant nous brosse un personnage principal relativement antipathique. Nous suivons en effet Pierre Costals, écrivain aux moeurs libertines, qui éprouve un rejet farouche envers le mariage. Soyons honnête, des femmes, il aime surtout le désir, le plaisir et la jouissance qu'elles lui procurent. Pas vraiment de sentiments, mais à sa décharge, il est clair avec ça et ne leur fait donc jamais de fausses promesses. Il n'y a que sa pitié pour certaines qui lui apporte au final des ennuis. L'auteur nous dévoile donc dans ce dernier tome l'issue, somme toute assez logique, des diverses relations féminines qu'on l'a vu suivre (Andrée et Solange).

Je pensais donc avoir à peu près cerné ce personnage solitaire qui a décidé de consacrer son temps exclusivement à son oeuvre et à son fils, et ne pouvait donc pas perdre son temps avec les exigences d'une femme, et à fortiori celles du mariage. On peut ne pas être d'accord, mais c'est un choix personnel qui s'entend et se respecte.

Mais là où l'auteur fait mal, c'est dans le petit appendice tout à la fin du livre. On y découvre un Costals qui définit la femme comme un être inférieur et méprisable, voire nuisible. J'ai été choquée car je n'avais pas ressenti aussi violemment cette misogynie. Je comprends mieux la subtilité du titre à présent.

Comme j'ai regretté d'avoir lu cet appendice ! Dans un premier temps, je n'ai pas vu l'intérêt de l'auteur à le mettre, sinon provoquer et surprendre le lecteur. Ensuite, je me suis interrogée sur ma naïveté. Après tout, je n'ai peut-être pas voulu voir cet aspect haineux auparavant car je n'aime pas détester les personnages principaux des livres que je lis. Il y a certainement un peu de ça, mais pas que. Non, l'auteur veut vraiment qu'on le déteste. Il ne veut pas que son héros nous apparaisse sympathique. Mission accomplie.

J'ai découvert un auteur de talent avec une écriture fluide et agréable, mais également riche et soignée. Cultivé, il sait utiliser et détourner les mots, les phrases et autres citations, et ainsi les mettre à profit pour nous transmettre sa vision perçante et souvent juste sur les hommes et les femmes.
Dans cette série, Montherlant est cruel envers les femmes, c'est clair, mais l'est également envers ceux de son sexe. Il dénonce aussi le mariage avec l'hypocrisie qui l'entoure (concessions familiales et paraître) ainsi que l'étouffement qu'il génère (obstacle à la réalisation de soi-même et de ses objectifs personnels). On pourrait en dire bien d'autres choses encore, mais je tenais surtout à exprimer mon ressenti dans ce billet.

Merci à jeeves_wilt pour cette recommandation et surtout pour son précieux accompagnement au fil de ces lectures, nos échanges m'ayant permis de mieux appréhender l'univers d'Henry de Montherlant.
Commenter  J’apprécie          135



Ont apprécié cette critique (13)voir plus




{* *}