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EAN : 9782070245680
88 pages
Gallimard (31/03/1948)
3.94/5   16 notes
Résumé :
Sigismond Pandolphe Malatesta, seigneur de Rimini, fut chef de guerre, poète, érudit, mécène, assassin, fol coureur et pourtant idolâtrant sa femme Isotta – vivante incarnation de l'amour conjugal –, assez frivole pour faire bâtir une église où il n 'y a que des symboles païens, assez grave pour vivre avec un crâne sur sa table, assez sacrilège pour être condamné au feu par le Saint-Office, assez religieux pour mourir en chrétien, en 1467, à cinquante et un ans. C'e... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (3) Ajouter une critique
Sigismond Pandolphe Malatesta est le seigneur de Rimini, il a 51 ans. C'est un homme extrêmement lettré mais dur, sans scrupules ni pitié, impulsif et sanguin, ne respectant que la force des armes dont il est un des meilleurs capitaines dans toute l'Italie de cette fin du quinzième siècle.
Sa sainteté le pape Paul II, de peur que la cité de Venise, qui a des troupes dans Remini, n'intervienne dans ses affaires, propose à Malatesta l'échange de sa ville contre deux autres belles cités d'Italie - Spolète et Foligno -.
La colère de Malatesta est telle, qu'il projette d'assassiner lui-même de sa dague le pape durant une audience privée.
N'ayant pu cacher son projet, par manque de sang froid et pris par les hommes du Vatican - il est une fois de plus pardonné par sa sainteté Paul II, qui en réalité a grand besoin d'un puissant homme de guerre.
Et c'est l'histoire de la déchéance d'un formidable soldat, tenu en laisse et finalement empoisonné par le seul homme qu'il estimait peut-être, que nous conte Henry de Montherlant dans cette pièce flamboyante.
Et dans l'avertissement préalable, l'auteur nous dit que ce drame historique est inspiré fidèlement mais que peut-être les accusations portées contre Malatesta ne furent jamais que politiques et qu'il mourut, en fait, dans son lit à l'âge que lui donne la pièce.
L'auteur nous précise, aussi, avoir donné à cette pièce un peu de la familiarité et de la gentillesse italienne, qui donne à "Malatesta" un ton si différent du ton "fraise espagnole" du "Maître de Santiago".
Et Henry de Montherlant nous offre, une fois de plus, un petit bijou de Théâtre au style élégant et empli de finesse et d'intelligence.
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J'avoue n'avoir aucune accointance ni goût pour les cruelles tragédies grecques, les classiques drames historiques, les pièces mythologiques au lyrisme exacerbé. En cela Shakespeare m'ennuie profondément pour parler franchement. Oh, loin de moi l'idée de lui reprocher quoi que ce soit, bien au contraire, c'est sur moi que je pleure. Je n'ai peut-être pas les clés qu'il faut, la bonne tournure d'esprit requise. D'autre part, les intrigues du Vatican, les manigances religieuses au plus haut degré, les combines de l'Eglise me laissent froid, excepté peut-être dans quelques chefs d'oeuvres dont je ne citerai ici que celui d'Umberto Eco. Pour finir, je n'apprécie que modérément le théâtre et ses grandiloquences, question d'éducation, mes penchants m'inclinent davantage vers le septième art et ses possibilités de subtilités de jeu, sauf exception là encore, en la personne de Cyrano.
Et pourtant, en dévorant (il n'y a pas d'autres mots) la pièce De Montherlant, je fus aux anges. Chaque réplique claque comme un coup de fouet, les mots nous giflent et les expressions fusent tels des aphorismes. La lecture en est tellement jouissive qu'on se plait à lire à haute voix. Même à jouer le texte de temps en temps.
Voilà ma définition du talent : parvenir à intéresser sur un sujet qui rebute.
Bien entendu, on retrouve au fil des répliques cinglantes tous les stéréotypes des grandes tragédies historiques : trahison, volte-face, manigances diverses et une inconstance des personnages qui n'arrêtent pas de se contredire et semblent avancer à tâtons.
Montherlant a voulu dépeindre cette période précise qu'est la Renaissance Italienne. Renseignements pris, Malatesta a réellement existé tout comme le Pape Paul II, son ennemi attitré. le dramaturge a conservé les traits de caractère des principaux personnages et ne s'est accordé uniquement le privilège d'une fin plus mélodramatique que la réalité : le vrai seigneur de Rimini mourut dans son lit. Pas très théâtral, il faut le reconnaitre.
Mais tous les rebondissements, les complicités, les trahisons et les tumultes qui émaillent les quatre actes ne m'ont pas touché une seconde. Je le redis, il n'y a ici que l'amour des mots prononcés péremptoirement, des répliques scandées qui tombent comme des coups de poing dans la figure. On en reste k.o.
Et on en redemande.
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Que sait-on vraiment de quelqu'un?

Que peut-on d'ailleurs véritablement en savoir quand la complexité d'une personnalité se décline dans une infinité de facettes potentiellement contradictoires et incompatibles?

C'est notamment ces questions qu'expose Montherlant dans cette pièce touffue.

Il le fait à travers Sigismong Malatesta, personnage historique réel de la Renaissance italienne.

Seigneur autoritaire de Rimini mais soumis aux plus puissants, attaché aux arts et aux belles choses tout autant que mercenaire sanguinaire aux intérêts successifs, religieux à temps partiel, athé à temps compté, époux fidèle, volage et violeur... qui fut-il vraiment?

Et tout cela se termine en tragédie, comme il se doit.

Le coeur de l'intrigue est basé sur des faits historiques avérés, ce qui donne d'autant de force à la démonstration.

De son côté le texte est de facture très classique, ce qui donne au tout une certaine solennité.

On ne peut qu'avoir de l'admiration pour les comédiens et comédiennes qui, à l'occasion, ont eu à s'imprégner de ce texte dense et parsemé de très longues tirades.

Mon exemplaire à appartenu à un certain Patrick Saunier en 1972. Patrick, si tu es ici...😉
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Citations et extraits (4) Ajouter une citation
A Rimini, dans la Rocca Malatestiana, château fortifié des Malatesta, la chambre de Sigismond Pandolphe Malatesta.
Un lit à courtine, deux cassoni, un dressoir avec des ouvrages manuscrits reliés et deux fragments de sculptures antiques.
Table et chaises.
Sur les murs nus et rudes, des brocarts d'or, quelques armes, des pièces d'armure, des paniers de bât et des harnais de guerre.
L'aspect du lieu est sobre et plutôt féodal.
Par la fenêtre, on voit le sommet d'une tour et un pan de chemin de ronde, couleur d'ocre, et, à l'horizon, les contreforts bleutés des montagnes de San Marino.
Portes côté cour et côté jardin.
Au lever du rideau, la scène est vide, et le reste un assez long moment. Puis on entend, côté jardin, proche de la porte, des halètements et des mots entrecoupés et balbutiés. Par la porte apparaît à mi-corps un homme engagé dans une étreinte, puis son corps tout entier, puis apparaissant les corps des deux hommes qui s'étreignent, le poignard à la main, et qui, luttant ainsi, pénètrent en scène pied à pied.
(lever de rideau de l'édition parue à la "Nrf" en 1948)
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La lecture de cette pièce, en manuscrit, par quelques personnes, m'a montré chez elles une si grande ignorance de ce que fut la Renaissance italienne, que je crois devoir avertir ici que maint trait, qui surprendra peut-être un lecteur, est trait essentiel du caractère italien de cette époque : par exemple, l'imprégnation constante de la vie privée et publique par les souvenirs de l'Antiquité.
Les grands hommes de la Rome ancienne sont vivants, agissants, obsédants, exemplaires pour le "Renaissant" italien, comme le sont sans doute les "Saints" pour le chrétien d'aujourd'hui : à l'article de la mort, on se fait lire une page de Sénèque, comme le chrétien d'aujourd'hui se fait lire une page des "Testaments".
Loin d'avoir mis trop de grecs et de romains dans "Malatesta", j'ai pris grand soin de n'en mettre tout juste ce qu'il fallait.
D'autre part, le salmigondis pagano-catholique qu'on remarque chez mon héros est, lui aussi, un des caractères du "Renaissant" italien....
(extrait de l'avant-propos inséré en début de l'édition parue à la "Nrf" en 1948)
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On m'accuse de ce dont on me croit capable, et on me croit capable de tout, parce que ce sont mes ennemis qui ont pris le dessus dans la fabrication de ma légende : se justifier par l'opinion publique, quand on a créé soi-même cette opinion à coups de mensonges, c'est trop facile.
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Ce qui me dégoûte dans la haine, c'est sa grossièreté : elle accueille n'importe quel bruit, se nourrit de tout, sans examen, sans discernement. Comme elle est bête et rend bête !
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0:00 Introduction 0:17 Que pensez-vous de cette citation? «C'est curieux un écrivain. C'est une contradiction et aussi un non-sens. Écrire c'est aussi ne pas parler. C'est se taire. C'est hurler sans bruit. C'est reposant un écrivain, souvent, ça écoute beaucoup.» Marguerite Duras 1:19 Quel métier n'auriez-vous pas aimé faire? 3:06 Quelle qualité préférez-vous chez l'Homme? 4:22 Quel est pour vous le pire des défauts? 5:38 Avec quel écrivain décédé, ressuscité pour une soirée, aimeriez-vous boire une bière au coin du feu? 8:33 Comment imaginez-vous les années 2050? 11:18 Quel mot vous évoque le plus de douceur? 12:48 Comment commence-t-on un roman? Par exemple L'Épouse? 16:23 Si vous pouviez résoudre un problème dans le monde, lequel choisiriez-vous? 20:18 Que pensez-vous de cette citation? «Les écrivains sont des monstres.» Henry de Montherlant 23:19 Quel livre emporteriez-vous sur une île déserte? 25:09 Si votre maison brûle, qu'aimeriez-vous sauver en premier? 28:36 Comment construit-on un personnage? 32:04 Remerciements
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