AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet

Arlette Ounanian (Traducteur)
EAN : 9782494289024
352 pages
Les Argonautes (06/01/2023)
3.85/5   17 notes
Résumé :
Été 1936. Janna, dix-huit ans, est envoyée en Allemagne près d'Aix-la-Chapelle. Un ami de son père, Egon von Bötticher, doit l'aider à se perfectionner au fleuret. Grand maître d’escrime, von Bötticher réside dans une belle propriété, le Raeren, où il organise, malgré leur interdiction, des combats de Mensur avec armes réelles. Janna cherche à percer le mystère unissant cet homme avec son père et tombe inévitablement sous le charme de son maître charismatique.
... >Voir plus
Critiques, Analyses et Avis (10) Voir plus Ajouter une critique
3,85

sur 17 notes
5
4 avis
4
4 avis
3
0 avis
2
1 avis
1
0 avis
La vierge néerlandaise de Marente de Moor traduit par Arlette Ounanian est mon premier livre lu dans la bibliothèque néerlandaise des belles éditions Les Argonautes et c'est un coup de coeur absolu.

Il se dégage de ce roman un charme foudroyant obsolescent qui m'a complétement captivée tout au long de ma lecture. Sur fond d'histoire et de drames, j'ai appris quelques règles d'escrime et surtout l'existence d'Hélène Mayer à laquelle je me suis intéressée.

Dans un huis-clos dramatique, j'ai été touchée par ses personnages pris dans les sangles de l'Histoire mais follement épris de l'instant même le plus évanescent.

En 1936, Janna âgée de 18 ans quitte Maastricht pour Aix la Chapelle afin de parfaire son apprentissage de l'escrime auprès de l'illustre grand maître, le baron allemand Egon von Bötticher.
Jacq, le père de Janna et Egon se sont connus pendant la première guerre mondiale au cours de laquelle Egon grièvement blessé et défiguré a été soigné par Jacq, médecin au front mais ils ne se sont plus revus depuis 20 ans.

Comme j'aime autant les personnages que le décor et les lieux, j'ai été immédiatement séduite par la demeure de Raeren à la fois austère et majestueuse, vieille gardienne solitaire du code chevaleresque à l'image de son hôte le baron Egon.

L'auteure Marente de Moor en seulement deux saisons, l'été et l'automne, les couleurs du roman, nous fait entrer dans un monde sensoriel, palpable et vivant qui se confronte aux secrets scellés des vieilles lettres dans les tiroirs d'une chambre fermée à clef.

La demeure comme ses habitants, Janna, Egon et le couple de domestiques Heinz et Léni vivent les derniers moments d'une époque sertis dans l'odeur de la cire, le parfum de la clématite enjambant le portail, le bruit des casseroles dans la cuisine enfumée.

L'écriture de l'auteure et narratrice tout en poésie et finesse, saisit l'instant voluptueux avant qu'il ne devienne souvenir, abandon. Destruction.
J'ai aimé le romantisme exacerbé de Janna, tout autant que sa droiture dans les jeux de la passion et de l'escrime.

Les bouleversements de l'histoire s'immiscent graduellement et presque sournoisement dans la demeure de Raeren servis par une galerie de personnages extérieurs inquiétants et réalistes.

Je me souviendrai longtemps de Janna, la jeune fille au fleuret, et d'Egon, le dernier baron de la cavalerie.

Ce roman d'une désuétude douceur irremplaçable m'a enveloppé de son charme magnétique qui traverse le temps par la magie de l'écriture de Marente de Moor.

J'ai hâte de lire la prochaine traduction aux éditions les Argonautes.


Commenter  J’apprécie          414
Ce livre est de grâce et de gravité. L'immensité d'une littérature sans rivalité, tant son pouvoir est grandiose.
Janna est une jeune fille de dix-huit ans qui vit à Maastricht avec son père. Ce dernier envoie sa fille en Allemagne en Rhénanie-du-Nord à Aix-la-Chapelle afin de se perfectionner dans sa passion d'escrimeuse.
Janna est missionnée d'un pli de son père, afin de le remettre en main propre à Egon von Bötticher, maître d'armes.
Ces deux hommes se connaissent bien, trop même. Entre eux, le tumulte de la première guerre mondiale. le père de Janna était médecin durant la guerre. Il a soigné Egon. La cicatrice sur la joue de ce dernier est sa signature.
On ressent au travers de la missive, un double langage. Les non-dits résurgence, les effluves des tranchées ensanglantées. Les regards baissés, un blessé qui s'abandonne en confiance, dans les capacités d'un chirurgien. Réparer le visible, abolir les souffrances, soulager l'enfant redevenu.
Egon, épée en main foudroie ce passé qui le dévore subrepticement. Son visage est le reflet des tourments vifs encore, et de ses troubles du comportement.
Deux hommes qui se retrouveront au préalable en janvier 1915.
« L'image idyllique que je me faisais de mon maître avant de le rencontrer s'est vite effondrée. Elle s'était formée à partir de notre album de famille. Deux hommes, l'un l'air sévère, l'autre agité. C'est moi, avait dit mon père en pointant le doigt vers l'homme sévère. Et l'autre, dont on ne distinguait que la vieille capote déboutonnée et le chapeau en fourrure, lui, c'est ton maître. »
Von Bötticher est malgré ses démons intérieurs, un homme avec des convictions et au libre-arbitre avéré. Il organise dans la grande salle immense et glacée de son domaine, des combats de Mensur, pourtant interdits par le régime totalitaire. On ressent comme un pied de nez à l'adversité. Un contre-pouvoir dans l'antre même de Raeren. Janna prend ses marques dans cet espace à la masculinité très forte. Elle s'entraîne souvent seule. Avec son maître d'armes et professeur, d'une façon très perfectionniste comme si l'enjeu même d'un combat réel était de mise. Un face à face qui va la troubler et décupler ses qualités de combattante. Elle progresse, se jette corps et âme dans l'arène. Elle glane aussi dans cette vaste demeure éloignée de tout, le mystère qui magnétise cet antre. Il y a un secret. Janna n'est pas ici par hasard. Elle est le bouc-émissaire, mais de qui ? Janna est attirée par Egon. Elle pressent une part d'ombre à apprendre de lui. Ce qui le lie à son père. le corps enivré de désir, elle marche sur un fil ténu, sans aucune provocation, naturelle et spontanée, divinement féminine. L'initiation à l'amour peut-être, ou bien l'inaugural commencement de son aura de femme révélée.
Le récit à tiroirs est bouleversant et prenant. L'atmosphère, le magnétisme, cette capacité hors norme de produire un kaléidoscope, mouvementé et sentimental, historique et profondément humain.
Janna est troublée et déterminée dans sa gestuelle d'escrimeuse. Une guerrière-née, avide d'exutoire. Elle cherche dans chacune de ses postures d'escrimeuse à recoller les morceaux d'un puzzle dont son père tient en main la pièce maîtresse.
Ce roman est comme un film au ralenti. On aime les ombres qui se profilent et qui annoncent la teneur de ce grand livre. D'une maîtrise inouïe, on est de suite en plongée dans l'idiosyncrasie de l'entre deux-guerres, dans le réel d'une femme-enfant qui découvre l'émoi des maturités masculines. L'escrime est un rituel, une formidable passation des pouvoirs. L'identité d'un homme qui cherche la réponse à l'énigme de sa blessure. Lui, Egon qui a offert toute sa connaissance de maître d'armes pour les scènes de crime dans « Les Trois Mousquetaires ». Cet homme aux multiples facettes, dont le père de Janna le trouble encore dans cet infini des rappels pavloviens. Que vaut une cicatrice contre une blessure de l'âme insondable ?
« Ton père n'a jamais compris que mon esprit ne pouvait trouver la paix que dans la guerre. Il s'est penché pour cueillir une fleur sur la terre durcie. »
« Qu'est-ce- que c'est, un chez-soi ? »
Ce livre brillant, dévorant de perfection et de maîtrise, est tout en mouvement et pétri de sentiments. On aime les séquences, les arrêts sur image, les signaux de Marente de Moor autrice de renom. Sensuel et magnétique, une page d'Histoire, encore vive et méfiante. Cette jeune fille en métamorphose, rebelle dans sa splendeur et encore innocente. Elle, jetée peut-être en pâture, dans une histoire de grandes personnes qui ne peuvent assumer ce qui fût de ce temps de guerre. Magistral. « La Vierge néerlandaise » est traduit du néerlandais par Arlette Ounanian. Publié par les majeures Éditions Les Argonautes.

Commenter  J’apprécie          81
C'est l'été 1936. Janna, jeune néerlandaise de dix-huit ans, va faire un séjour à quarante kilomètres de chez elle, en Allemagne, chez un ancien ami de son père. Egon von Bötticher va l'aider à se perfectionner en escrime, sport qui passionne la jeune fille. Dès son arrivée, elle ne sent pas très à l'aise dans la grande propriété. von Bötticher se montre peu accueillant, seule Léni, la femme du couple de domestiques la met, de manière sibylline, au courant des habitudes de la maison. Les entraînements d'escrime commencent, et arrivent aussi deux garçons un peu plus jeunes que Janna, des jumeaux.

Le roman commence par une lettre du père de Janna à son ami d'autrefois, et donne l'impression de contenir beaucoup entre les lignes, ce qui rend le roman assez intriguant, d'emblée. La narratrice est Janna, ce qui offre un décalage curieux avec le titre, on peut supposer qu'elle ne se nomme pas ainsi elle-même. Mais par la suite arrivera une explication de ce titre à double sens. L'écriture est remarquable dès les premiers chapitres qui mettent en place le décor et les personnages. Parlons-en, des personnages : autour de Janna, pas plus mal dans sa peau que tout autre jeune fille de son âge, ils ont chacun leur singularité et provoquent souvent des situations qui la mettent mal à l'aise. le contexte du nazisme rend les circonstances encore plus équivoques, ainsi que l'organisation par le maître d'escrime de combats avec armes non mouchetées. Janna tombe sous le charme de cet homme aussi âgé que son père, mais reste lucide, toutefois. Cette jeune fille compose un personnage particulièrement intéressant.
La localisation entre Pays-Bas et Allemagne, ainsi que l'époque troublée, rendent ce roman initiatique atypique et prenant d'un bout à l'autre.
Les thèmes de l'amitié, de l'amour, de la folie, de la gémellité, s'y croisent de manière habile et l'écriture reste de bout en bout à la hauteur de cette histoire particulière. J'ai l'impression que les auteurs néerlandais, pour ce que j'en ai déjà lu, aiment bien cultiver l'ambiguïté, un certain trouble, et si vous aimez cela, vous goûterez sans nul doute ce roman.
C'est l'une des premières parutions de la nouvelle maison d'édition des Argonautes, et c'est un roman qui a obtenu de nombreux prix à sa sortie en 2010.
Lien : https://lettresexpres.wordpr..
Commenter  J’apprécie          100
Pour leur toute première publication, les jeunes éditions de littérature européenne Les Argonautes se sont offerts le second roman de l'autrice néerlandaise Marente de Moor, initialement paru en 2010 et notamment lauréat du Prix de littérature de l'Union Européenne.

Pendant l'été 1936, la jeune Janna est envoyée par son père de Maastricht aux Pays-Bas à Aix-la-Chapelle en Allemagne pour se perfectionner au fleuret chez Egon von Bötticher, maître d'armes reconnu et installé en pleine campagne avec son homme à tout faire, sa cuisinière et une petite ménagerie.

Alors qu'elle s'entraîne sans relâche, Janna est troublée par le maître et son émoi tournera bientôt à l'obsession sensuelle. Pour comprendre le lien qui unit von Bötticher à son père médecin, et comment les deux hommes en sont venus à nouer une amitié pendant la guerre de 14-18 tout en étant de deux pays séparés, elle va devoir s'intéresser à leur correspondance personnelle, quitte à transgresser tous les interdits.

Seulement voilà, l'Allemagne connaît cet été là de grands remous sociétaux depuis l'arrivée au pouvoir de ce Führer qui promet de restaurer la grandeur du pays et rassemble derrière-lui tous ceux qui rêvent de faire basculer l'ordre ancien, quitte à s'en prendre à ses symboles.

Roman audacieux tournant autour de l'escrime et baigné dans cette ambiance si particulière de l'entre-deux-guerres et de la montée du nazisme, La Vierge néerlandaise dépeint le portrait d'une jeune femme libre et déterminée livrée à un homme talentueux mais insaisissable. Une première publication qui place la barre haut et invite à surveiller avec enthousiasme les prochains parutions des Argonautes.

📖 La Vierge néerlandaise de Marente de Moor paraîtra le 6 janvier 2023 aux éditions Les Argonautes dans une traduction d'Arlette Ounanian. 320 pages, 22,90€.

🔗 Service de presse numérique fourni par l'éditeur.
Commenter  J’apprécie          110
Parmi les littératures européennes mises en avant par la maison d'édition Les Argonautes, la littérature néerlandaise fait partie de celles que je connais le moins bien (je n'ai lu qu'Anne Frank je crois). C'est l'une des raisons pour lesquelles je me suis précipitée sur leur première publication.
Au coeur de ce roman, il y a des frontières, entre Pays-Bas, Allemagne et Belgique. Il y a un moment historique aussi : 1936, et la montée en puissance du nazisme. Et il y a une jeune fille enfin: Janna, une jeune néerlandaise de 18 ans, passionnée de fleuret. Son père la confie à l'un de ses amis allemands, Egon von Bötticher, grand maître d'escrime, afin qu'elle se perfectionne.
Egon est un vétéran de la Première Guerre Mondiale, il est adepte des combats de Mensur (combats d'escrime avec des armes réelles) qu'il organise dans sa belle propriété, devenus illégaux depuis l'arrivée d'Hitler au pouvoir. Son charisme brut, son attitude mystérieuse vont rapidement fasciner la jeune fille. Au-delà de l'intérêt qu'elle porte à Egon et à ce qu'il lui enseigne, elle découvre au fil de son séjour la relation troublante qui relie son père à son maître d'armes. de secrets en révélation, ce sont les cicatrices de l'ancien combattant qui se révèlent bientôt à elle, et une passion nouvelle.
Par ailleurs, au fil des pages et des personnages qui se succèdent dans la propriété, Janna assiste à l'entrée fracassante et inquiétante de l'idéologie du national-socialisme qui vient bousculer un ordre ancien incarné par von Bötticher.
Si je n'ai pas toujours été convaincue par l'histoire d'émancipation de Janna, j'ai en revanche beaucoup aimé en apprendre davantage sur les Pays-Bas et la Belgique pendant la guerre 14-18. L'autrice réussit surtout à restituer l'atmosphère de 1936, pesante et pleine de menaces, celle d'un monde sur le point de basculer dans le chaos.

Une maison d'édition à suivre !
Commenter  J’apprécie          90


critiques presse (3)
LaLibreBelgique
27 février 2023
Un roman énigmatique et original de l'écrivaine Marente de Moor qui parle d'escrime, de désir et de guerre.
Lire la critique sur le site : LaLibreBelgique
LeMonde
09 janvier 2023
Amateurs de sabres et de rapières, en garde ! Ce livre est pour vous. Il ne parle pas seulement d’escrime, mais explore « le combat comme expérience intérieure » – pour reprendre un titre de l’écrivain allemand Ernst Jünger (1895-1998) dont l’esprit flotte sur certaines pages.
Lire la critique sur le site : LeMonde
LeMonde
09 janvier 2023
Marente de Moor y mélange trois sujets apparemment sans lien, la guerre, le ­désir et… l’escrime.
Lire la critique sur le site : LeMonde
Citations et extraits (8) Voir plus Ajouter une citation
Des larmes me sont montées aux yeux. Le mal du pays ? Je ne pensais pas souvent à mes parents. Peut-être qu’ils s’adressaient à nouveau la parole à présent que je n’étais plus entre eux. Nos soirées ne me manquaient pas. Mes amies, même, ne me manquaient pas. Les couleurs avaient passé, comme celle d’un magazine maintes fois lu. Je ne pourrais jamais leur raconter ce que j’avais vécu.
Commenter  J’apprécie          30
Avant que ces bras gauches n’envahissent la salle d’escrime, cet emblème avait eu une existence grisâtre sur les timbres-poste et sur les reichsmarks, les petites cuillères des fêtes commémoratives, la besace militaire de Heinz et la camionnette du boucher, qui était d’ailleurs le seul de nos visiteurs à remplir son devoir en faisant le salut hitlérien.
Commenter  J’apprécie          00
J'en rêvais ; on peut rêver de ses obsessions et du goût qu'elles ont.
Commenter  J’apprécie          160
C'est alors que j'ai tout expliqué à mon père, le pacifiste, dont le métier était de guérir les blessures. Qu'un fleuret n'est pas fait pour tuer. Qu'il s'agit d'une arme d'entraînement, d'une invention sportive. Qu'il n'a jamais été conçu pour prévenir les coups mortels et ne peut en aucun cas arracher un membre, que seul le tronc peut être touché, qu'il doit son nom à la mouche placée à son extrémité, qui ressemblait autrefois à une petite fleur. C'est la première fois que mon père a pris mon avis au sérieux. Avec cette arme, mon cher fleuret, je suis devenue adulte.
Commenter  J’apprécie          10
Placez un miroir en face d'un miroir. Ils se reflèteront. De plus en plus petits, de plus en plus flous, mais aucun ne cédera à la place de l'autre. Il en est ainsi de certains souvenirs. Ils n'échappent pas à la première impression que contient un souvenir plus ancien.
Commenter  J’apprécie          30

autres livres classés : escrimeVoir plus
Notre sélection Littérature étrangère Voir plus

Autres livres de Marente de Moor (2) Voir plus



Quiz Voir plus

Quelle guerre ?

Autant en emporte le vent, de Margaret Mitchell

la guerre hispano américaine
la guerre d'indépendance américaine
la guerre de sécession
la guerre des pâtissiers

12 questions
2795 lecteurs ont répondu
Thèmes : guerre , histoire militaire , histoireCréer un quiz sur ce livre