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Le Cycle d'Elric tome 0 sur 11

Jacques Goimard (Préfacier, etc.)
EAN : 9782258066823
1216 pages
Omnibus (30/11/-1)
3.92/5   249 notes
Résumé :
Elric des Dragons - La Forteresse de la Perle
Le Navigateur sur les mers du destin
Elric le Nécromancien
La Sorcière dormante
La Revanche de la Rose
L'Épée Noire - Le Dernier Enchantement
Stormbringer
Elric à la fin des temps

"Un temps vint où il y eut de grandes transformations sur la face de la Terre et dans les Cieux, où la destinée de l'Homme et des Dieux fut martelée dans la forge de la Fatalité, o... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (20) Voir plus Ajouter une critique
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Bien que n'étant pas encore arrivée au bout des 1 200 pages de cette intégrale, la période des préparatifs de Noël m'encourage à publier dès à présent un avis qui ciblera, par conséquent, davantage la forme que le fond.

En effet, l'avantage essentiel et flagrant de cette intégrale est d'être... une intégrale. Elle regroupe les 10 récits du cycle d'Elric de Melniboné, une oeuvre fantasy déjà très connue des aficionados du genre, jeunes ou moins jeunes. Si elle est d'ores et déjà passée à la postérité des littératures de l'imaginaire, c'est à la fois grâce à son originalité et au style efficace de son auteur, le non-moins célèbre Michael Moorcock.

Je voudrais dire à celles et ceux qui chercheraient encore un livre à offrir à leurs amis adeptes du genre (ou à eux-mêmes) que le cycle d'Elric est un incontournable et qu'au-delà de l'appréciation personnelle que l'on peut avoir de l'oeuvre, l'envie de conforter sa culture générale peut à elle seule motiver le choix de sa lecture. Donc, ne vous laissez pas rebuter par sa couverture peu avenante (mais pourquoi tant de haine ?) ni par son papier "Bible" (qui se froisse trop facilement) et plongez avec curiosité dans l'univers d'Elric, dans lequel vous (re)trouverez avec plaisir des dragons, un régicide, de la sorcellerie, des batailles, des épées de pouvoir, des gentils, des méchants, un empereur, une femme aimée et un zeste de réflexion politique voire philosophique.

Non, je n'ai pas d'actions chez Omnibus mais il faut bien reconnaître que cet éditeur s'est fait une spécialité des intégrales et pour ce qui est des cycles de fantasy et de science-fiction, c'est quand même bien agréable (et économique) de disposer de l'ensemble de l'oeuvre ainsi que d'annexes, comme ici un très utile index des personnages, plutôt bien étoffé.

NB : je n'attribuerai une note à ce livre qu'une fois ma lecture complètement terminée.
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Après une entrée en matière quelque peu difficile (l'action mettant une cinquantaine de pages à se mettre en place), je me suis passionnée pour les aventures d'Elric. C'est un héros qui a tout pour plaire : albinos, sorcier de talent, épéiste hors pair, héritier d'un royaume sur le déclin… Mais il est perçu comme quelqu'un de faible par son peuple. de constitution fragile, sa survie dépend des drogues qu'il doit ingurgiter quotidiennement, et il a eu la mauvaise idée d'être "trop gentil".

Il me rappelle un autre héros qui appartient lui aussi à une saga très connue en fantasy : Drizzt. Ces deux êtres sont issus d'une race cruelle, voire mauvaise, très puissante et qui manipule la magie, leurs deux espèces servent des dieux maléfiques, et tous deux entrent en opposition avec leur héritage. À noter aussi qu'ils ont des traits physiques qui les distinguent, l'un étant albinos, et l'autre ayant les yeux violets. Et évidemment, ce sont des guerriers sans égaux dotés d'un physique irréprochable...
Mais le cycle d'Elric a un ton beaucoup plus sombre que Les Royaumes oubliés : Elric est maudit, enchaîné à une épée maléfique à cause de sa santé défaillante et contraint de passer un pacte avec le plus puissant des Seigneurs du Chaos pour sauver celle qu'il aime (comme un petit air de Faust...). Les inspirations de Mickael Moorcock sont nombreuses et variées, et il est lui-même une grande source d'inspiration (le principe d'Inception ressemble curieusement à celui qui est exposé dans « La Forteresse de la Perle »).

Cette saga est loin d'être manichéenne. Ici, la lutte entre le Bien et le Mal n'a pas court, c'est plutôt la Loi et le Chaos qui s'affrontent en un combat sans fin. Ils ne sont ni bons, ni mauvais, puisque la Loi sans le Chaos n'est que vide absolu et le Chaos sans la Loi n'est que distorsion de la matière (sans aucune création). Tout être possède en lui une part de ces deux camps. Mais la neutralité existe aussi à travers la cité éternelle, Tanelorn, qui refuse de jurer fidélité à l'un des partis. C'est appréciable de voir une autre alternative dans la fantasy.

Tous les personnages ont une certaine profondeur. Elric est naturellement porté vers la Loi, mais son pacte avec le démon Arioch le contraint à servir le Chaos, ce qui en fait un héros déchiré, pieds et poings liés, manipulé par des puissances supérieures. Sa conscience le torture, et pourtant est-il vraiment responsable de ses agissements ?
Le seigneur Arioch, lui, est insaisissable, manipulateur, mesquin – je l'ai adoré ! Il joue avec Elric comme un chat avec un moineau blessé, lui accordant tantôt son aide, tantôt son indifférence, mais l'assurant toujours de son affection profonde. le destin de son petit protégé semble beaucoup l'amuser.
Quant aux compagnons d'Elric, ils ont chacun leurs particularités, leurs défauts, leurs limites… Tristelune et Wheldrake sont petits et rondouillards, l'un guerrier et l'autre poète, et leur proximité avec le prince des ruines les rend comiques. Les femmes sont souvent séduites par le romantisme et la fatalité qui émane du héros, mais qu'elles soient vertueuses ou entreprenantes, aucune ne saura combler le vide dans son coeur. Sauf…

L'univers de Moorcock est extrêmement développé et je m'y suis même perdue quelques fois. La dimension dans laquelle vit Elric n'est pas la seule : il en existe une infinité d'autres, et le héros "tombe" accidentellement dans diverses d'entre elles. Chacune a ses particularités et ses bizarreries (un soleil bleu, des Seigneurs d'En-Haut plus ou moins forts, la Nation Tzigane, qui ne peut s'empêcher d'avancer, encore et encore, pour prouver son indépendance…). Mais toutes ont une version d'Elric.
Car Elric, héros de l'histoire, est aussi une des multiples incarnations du Champion Éternel, voué à se battre toute sa vie pour la Loi et le Chaos. C'est donc un Héros au sens strict du terme : il est important, il est puissant, il a une chance et une malchance hors normes, son destin est prédéfini, il est le jouet de forces qui le dépassent… Et pourtant, son comportement n'est pas celui d'un Héros : corrompu par son épée, il a soif de carnage. Il lui arrive de prendre des décisions égoïstes, et il se laisse dominer par cette lame qu'il s'était pourtant juré de maîtriser. C'est une contradiction vivante !
La dimension épique fait partie intégrante du texte (les personnages principaux affrontent des ennemis titanesques et des situations désespérées, ne craignent pas la mort est se battent avec honneur), mais pourtant, elle est remise en cause plusieurs fois. Erekosë pose cette question fataliste si juste : « Pourquoi ne pouvons-nous jamais nous trouver devant un problème mineur ? Un problème domestique ? Pourquoi faut-il donc toujours que le sort de l'univers soit en jeu ? ». Ce à quoi un ami lui répond : « Peut-être les problèmes domestiques sont-ils pis encore ? Qui peut le dire ? »

Un très bon livre, donc. Mais...
Souvent, l'auteur fait référence aux traits si particuliers des Melnibonéens – c'est même un élément très important de l'histoire, compte tenu du fait que l'ascendance d'Elric sera toujours reconnue des habitants des Jeunes Royaumes, qui le repousseront. Cette race n'est même pas considérée comme humaine, mais on ne sait pas ce qui la distingue des êtres humains ! Outre le fait que les Melnibonéens soient des sorciers, qu'ils soient cruels et que tous ceux qu'on rencontre soient beaux, qu'est-ce qui permet de les différencier au premier regard ? J'ai regretté de ne pas avoir une meilleure vue d'ensemble, et je me suis contentée de les imaginer comme des elfes.
Les tournures de phrases de l'auteur sont lourdes et vieillottes, un lecteur peu entraîné aurait du mal à persévérer. L'intérêt que j'ai porté aux différents livres était assez inégal (ceux que j'ai le moins aimé sont La Revanche de la Rose et Elric à la fin des Temps : le premier parce qu'il est long, que l'histoire avance difficilement et qu'il est confus, le deuxième parce que j'ai l'impression qu'il ne sert à rien et qu'il a été rajouté un peu par hasard). La saga se termine véritablement avec Stormbringer : le destin du héros est accompli, le monde est en grand changement suite à ses actes, et il découvre enfin le destin que les Dieux lui ont préparé (et quelle ironie…). La Fin des Temps, en revanche, est très loin du ton sombre et désespéré du livre précédent. Elric renaît littéralement de ses cendres (comment ? Pourquoi ? On ne sait pas) pour arriver dans une dimension où les gens sont omnipotents, tordus et immatures, ce qui donne lieu à de nombreux quiproquos. L'esprit de ce livre m'a paru en totale contradiction avec les autres.


Elric des dragons est un grand classique de la fantasy, une pierre d'angle sur laquelle s'appuient de nombreux imaginaires. Je suis très heureuse d'avoir découvert cette saga-fleuve (un mois et demi avant d'arriver au bout de cette lecture : record !) Merci aux éditions Omnibus et à Babelio pour m'avoir offert cette occasion :) D'autant que l'objet-livre en lui-même est très beau et que c'est la seule édition intégrale de cette saga.
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Vie et mort d'Elric de Melniboné. Tel est le thème du cycle d'Elric de Michael Moorcock.
Il est inutile d'aller au-delà pour résumer cette oeuvre puisqu'Elric est un héros mythique dans le paysage de la Fantasy, et ce à plus d'un titre. Bien sûr il est mythique parce qu'il a dépassé aujourd'hui la cinquantaine (il est né en 1955) et qu'il continue d'être abondamment lu (Omnibus a édité l'intégrale présentée ici en mai 2006). Il est également mythique parce qu'il s'agit d'un personnage pour le moins original dans un genre où les super-héros plus ou moins naïfs sont légions. Elric est en effet un albinos qui ne vit que grâce aux bienfaits de drogues puissantes et de son épée, Stormbringer, douée d'une vie propre. Elric est surtout éminemment torturé, plein de contradictions et peu sûr de lui tant les interrogations qui l'obsèdent trouvent difficilement une réponse.
La vie, la vérité, le rationnel, et leurs contraires bien sûr, sont quelques uns des thèmes qui hantent l'esprit d'Elric. Et lorsqu'un semblant de réponse semble naître, c'est oublier un peu vite que son univers est multiple et que les Dieux eux-mêmes semblent jouer avec les hommes sans aucune raison bien précise. le personnage d'Elric est par ailleurs servi par une écriture nerveuse qui lui sied parfaitement et le rend réellement humain. Il faut dire que Michael Moorcock avait pour habitude d'affirmer dans les années 60 qu'Elric "c'était lui".
Tout cela donne donc au personnage une puissance dramatique rarement égalée.
Quant à la structure du cycle, elle est pour le moins complexe et peut dérouter le néophyte. Voici donc quelques explications.
L'édition OMNIBUS propose l'ordre de lecture suivant :
1) Elric des Dragons (Elric of Melniboné, 1972, traduction de Daphné HALIN)
2) La forteresse de la perle (The Fortress of the Pearl, 1989, traduction de Gérard LEBEC)
3) le Navigateur sur les mers du destin (The Sailor on the Seas of Fate, 1976, traduction de George W. BARLOW)
4) Elric le nécromancien (The Weird of the White Wolf, 1977, traduction de Michel DEMUTH et Frantz STRASCHITZ)
5) La sorcière dormante (The Sleeping Sorceress, 1977, traduction de Michel DEMUTH)
6) La Revanche de la Rose (The Revenge of the Rose, 1991, traduction de E.C.L. MEISTERMANN)
7) L'Épée noire (The Bane of the Black Sword, 1977, traduction de Frantz STRASCHITZ)
8) le dernier enchantement (The Last Enchantment, 1978, traduction de E.C.L. MEISTERMANN)
9) Stormbringer (Stormbringer, 1977, traduction de Frantz STRASCHITZ)
10) Elric à la fin des temps (Elric at the End of Time, 1984, traduction de E.C.L. MEISTERMANN)
Cet ordre correspond à la chronologie de l'intrigue. Néanmoins d'autres ordres de lecture sont possibles tant la publication des aventures d'Elric fut décousue, et inégale en qualité.
Le coeur du cycle est composé de quatre recueils de nouvelles (Elric le Nécromancien, La sorcière dormante, L'épée noire et Stormbringer). Elles ont été écrites à partir du milieu des années 50 jusqu'en 1965. Elles ont toutefois été regroupées en volumes plus tardivement, et ce de manière parfaitement appropriée puisque l'on peut avoir l'impression qu'elles constituent bel et bien un tout à leur lecture. Ces quatre volumes sont les meilleurs, Stormbringer étant tout simplement un chef d'oeuvre. Ils se suffisent d'ailleurs à eux-mêmes.
En réponse au succès public du cycle original, Michael Moorcock publie deux autres volumes dans les années 70 : Elric des dragons (1972) et le navigateur sur les mers du destin (1976). le premier est un roman, le second un recueil de trois nouvelles, les deux étant consacrés à la jeunesse d'Elric. Même si ces ajouts n'ont pas la force des quatre premiers volumes, et n'apportent que peu d'éléments à l'intrigue, le cycle d'Elric comporte alors 6 volumes présentés souvent comme l'édition définitive (Pocket publie les six volumes sous coffret à la fin des années 80).
Mais Michael Moorcock publie un troisième tome dédié à la jeunesse d'Elric en 1989 (La forteresse de la perle), qui s'insère chronologiquement entre les deux premiers. Un autre roman est publié en 1991 (La revanche de la Rose), celui-ci se caractérisant par une intrigue confuse qui en fait ce qu'il y a de moins bon dans le cycle.
Il existe enfin deux nouvelles annexes : le dernier enchantement et Elric à la fin des temps. La première nouvelle, écrite en 1962, mais publiée 16 ans plus tard, est sans intérêt (d'où probablement le délai nécessaire à sa publication). La seconde, publiée en 1984, propose un regard neuf de Michael Moorcock sur le personnage qu'il a créé vingt ans plus tôt. C'est intellectuellement intéressant, mais n'apporte rien au cycle lui-même.
Tous ces romans et nouvelles sont donc placés dans l'ordre chronologique de l'intrigue par OMNIBUS, ce qui facilite les choix du lecteur potentiel. Néanmoins celui-ci, s'il est pressé, ou s'il ne veut que le meilleur, peut se contenter des volumes 4, 5, 7 et 9 pour parfaitement appréhender le personnage d'Elric. A eux quatre, ils constituent un incontournable de la Fantasy que tout amateur du genre se doit d'avoir lu. Ils pourraient d'ailleurs bien lui donner envie de lire les textes tardifs, en dépit de leurs faiblesses.
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J'abandonne cet omnibus, et je n'ai même pas fini Elric des Dragons. Mon expérience avec ce texte a juste été misérable, mais je ne la coterai pas, seulement parce que je ne l'ai pas finie. Je vais cependant décrire mes raisons pour l'avoir abandonné; je veux classer la chose et au moins mettre sur papier mon ressenti.

- Premier point de mention, le style. Je n'accroche vraiment pas à la plume de Moorcock. Ça ne clique pas. Tout est froid, abrégé, saccadé, sans verve. J'ai abandonné un peu avant la fin du premier roman, et il m'a été impossible à tout moment de vraiment m'immerger dans le monde, comme si l'auteur sautait dans le texte et plantait une pancarte dans ma face qui dit « Interdiction d'immersion ». Il y avait aussi trop de tell au lieu de show.

Les combats sont plutôt banals, un peu flous, sans excitation ou frisson (tel qu'il m'en vient avec les combats chez Howard). Les descriptions sont plates, on dirait qu'il manquait toujours une ou deux phrase pour vraiment étoffer et donner plus de localisation, de détails plus importants et sensoriels qui complètent l'image mentale. Ça manque aussi de rythme et de démarche. Soudainement la narration va passer de lent à rapide en même pas un paragraphe, soudainement ils font l'amour, soudainement c'est deux mois plus tard, puis tout d'un coup on est de retour au présent, puis on accélère encore – c'est très saccadé, ça crée une impression que c'est un brouillon, que quelqu'un a pesé sur la manette et fait accélérer le film.

Je vois souvent ce que Moorcock essaye de faire, comment une telle scène s'imaginait, comment un tel concept devait représenter telle chose, mais tout me parait si maladroit, et en manque de peaufinage. Ça n'aide pas, donc, que je sois au courant de la réputation de Moorcock comme un écrivain ultra-rapide, reconnu pour la vitesse à laquelle il écrit et produit une histoire (ce qui est propice à mes complaintes).

- Deuxième point de mention, les idées et concepts. C'était là le point de vente du livre, pour moi, l'imagination de Moorcock, les concepts nouveaux et étranges, alors que le reste de l'oeuvre m'était souvent décrite comme banale : les idées étaient vraiment l'appel. Et ça l'aurait peut-être été la clef, et ce qui m'aurait gardé en lecture, ne serait-ce des nombreuses réinterprétations modernes de ses idées, notamment The Elder Scrolls (les Aedras et les Daedras sont essentiellement les Seigneurs de la Loi et les Élémentaires) et Donjons et Dragons.

L'influence de Howard était aussi bien ressentie; si j'avais le choix entre Elric et Kull, je prendrais Kull, car la Valusie et son monde m'apparaissent bien mieux développés que Imrryr qui n'a jamais fait grand sens à mes yeux. Toute civilisation fonctionne sur des systèmes et des lois, donc je m'imagine difficilement comment une telle civilisation a réussi à être fondée et à durer ainsi en étant axée sur le chaos. C'est une dure suspension d'incrédulité, ça m'en demande trop. Donc si les idées sont déjà faites et mieux faites ailleurs, il ne me reste plus beaucoup de raisons pour rester avec un récit ordinaire au style froid et impersonnel.

- Et comme dernier point de mention, Arioch. J'aime l'idée du Chaos contre la Loi, mais je n'ai pas l'impression que Moorcock a la même interprêtation que la mienne. Je m'imaginais surtout le progrès contre le conservatisme, l'extrémisme contre le modérantisme, la force de la nature contre la force de l'homme. Au lieu, ça m'apparait être juste une couche de peinture craquelée mise par-dessus le Bien contre le Mal. Dans la scène où Elric invoque Arioch, il suffit à changer le nom Arioch pour Satan et pratiquement rien ne change à la scène. La profondeur n'y était pas.

C'est tout ce que j'avais à dire. Je sens que Moorcock a de l'imagination, plus que l'écrivain moyen, mais ce n'est pas assez pour me garder dans son monde. Son style manque, c'est froid et plat, l'histoire n'a rien de spécial et bien que l'univers soit inventif et riche, il m'apparait mieux fait ailleurs et même avant. Peut-être que j'ai tort et que je rate immensément de bonnes idées qui viennent plus tard. Mais je ne crois pas, du moins pour l'instant, avoir l'envie ou la motivation de continuer à lire dans le vague espoir que ça s'améliore. J'ai Solomon Kane qui m'attend, bon sang, et ça fait depuis trop longtemps que je le remets.

Si j'avais une dernière note à décrire sur Moorcock, c'est qu'il semble être quelqu'un qui plante les graines. Il est le genre d'écrivain qui plante les graines, qui pointe dans la bonne direction, pour qu'ensuite viennent d'autres artistes qui élaborent et développent la base de sa vision artistique. Il servirait surtout d'inspiration et de plateforme pour de plus grands concepts fantastiques, comme une sorte d'outil pour d'autres écrivains, et moins comme un livre à lire pour tout le monde.
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Difficile de donner une note à ce cycle complet.
Du bon, voire du très bon, notamment dans les mises en situation, dans une certaine richesse du monde magique (j'aime beaucoup la facétie et la versalité d'Arioch envers son serviteur), et pourtant, d'un autre côté, un style empreint d'énormément de facilité, du moins on sent beaucoup de rallonge à la sauce, ça tire, ça s'étire.
Certes, il ne faut pas oublier comment ont été écrit toutes ces petits ouvrages : Moorcock faisait mourir son héros dès le 2ème tome, l'éditeur a trouvé ça très dommage et lui a demandé d'écrire des ouvrages au milieu.
Une lecture très facile et fluide, la seule difficulté étant qu'il y a là une bonne dizaine de petits romans.
J'ai connu le jeu de rôle (Stormbringer) et donc un rapide résumé de l'histoire d'Elric à l'adolescence; J'en attendais donc peut-être plus que ce que je ne devais...
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Citations et extraits (17) Voir plus Ajouter une citation
Les deux épées runiques s'abaissèrent.
Stormbringer se dirigea vers la main droite d'Elric, Mournbalde vers la main droite d'Yyrkoon.
Les deux hommes se tenaient face à face. Chacun observa son adversaire, puis son épée.
Les lames chantaient, d'une voix faible mais distince. Elrc souleva la gigantesque épée sans aucune peine et la retourna d'un côté et de l'autre pour admirer sa beauté.
- Stormbringer, dit-il.
Puis l'angoisse s'empara de lui.
Il eut cette angoissante impression de renaître, de renaître avec cette épée runique, cette impression de l'avoir toujours portée.
- Stormbringer ! hurla Elric en bondissant à la rencontre de son cousin. Stormbringer !
Et toujours cette angoisse, cette angoisse qui ne voulait pas le quitter ! Mais elle devint bientôt cette impulsion violente, ce besoin féroce de se battre et de tuer son cousin, de plonger sa lame dans le cœur d'Yyrkoon. Un besoin de vengeance, de sang, de mort.
- Mournblade !
C'était Yyrkoon qui venait de crier, dominant le murmure des épées et les palpitations de la caverne.
Mournablade para le coup de Stormbringer et riposta. Elric s'effaça, virevolta et tint Yyrkoon et Mournblade en respect pendant quelques instants. Nouvelles passes de part et d'autre. Les deux hommes et leurs épées étaient de même force. Les lames semblaient accomplir leur propre volonté, mais elles ne faisaient en fait qu'accomplir la volonté de ceux qui les maniaient.
Le cliquetis des armes devint bientôt un chant aux féroces accents métalliques entonné par les épées. Un chant plein de gaieté, comme si elles avaient été heureuses de croiser le fer de nouveau, bien que cet engagement dût les mettre face à face.
Elric ne voyait du Prince Yyrkoon que son visage sombre et féroce lorsqu'une lueur venait à l'éclairer. Il concentrait toute son attention sur les deux épées noires. L'enjeu de ce combat semblait être la vie d'un des deux hommes - peut-être même des deux. La rivalité entre Elric et Yyrkoon ne pouvait se comparer à la rivalité fraternelle entre les deux épées, qui semblaient même prendre un certain plaisir à rivaliser après tant de méillénaires.
Lorsque Elric le remarqua, toujours combattant - mais maintenant il se battait pour sauver son âme et sa vie -, sa haine implacable pour Yyrkoon s'affaiblit.
Il était toujours décidé à tuer son cousin, mais pas pour le plaisir d'un autre, pas pour le divertissement de ces épées.
Mournblade visa les yeux d'Elric, mais Stormbringer para le coup une fois de plus.
Elric ne se battait plus contre son cousin. Il se battait contre les épées, contre leur volonté.
Stormbringer pointa la gorge d'Yyrkoon. Mais Elric la rattrapa, sauvant ainsi la vie à son cousin. L'épée gémit alors - un gémissement presque plaintif - tout comme un chien à qui son maître interdit de mordre l'intrus.
Elric dit alors entre ses dents :
- Tu ne feras pas de moi ton pantin, épée runique ! Entendons-nous bien là-dessus, si nous devrons œuvrer ensemble.
L'épée sembla hésiter et relâcha son attention. Elric eut quelque peine à parer l'attaque de Mournblade, qui semblait avoir remarqué l'occasion à saisir.
Elric sentit un courant d'énergie envahir son bras droit et se propager dans son corps tout entier. L'épée venait d'user de son pouvoir. Dès lors Elric n'avait plus besoin de drogues et ne devait plus sentir ses forces l'abandonner. En temps de guerre, il allait triompher, en temps de paix régner en Empereur orgueilleux. Il allait pouvoir voyager seul en toute sécurité. Tout cela, c'était l'épée elle-même qui semblait le lui rappeler, alors qu'elle ripostait à l'attaque de Mournblade.
Et l'épée, que devait-elle recevoir en retour ?
Elric alors l'apprit ; c'est elle qui le lui dit sans même avoir besoin de parler. Stormbringer avait besoin de se battre, c'était sa raison de vivre. elle avait besoin de tuer, c'était son souffle de vie. Elle avait besoin de la vie et de l'âme des hommes, des démons et même des dieux.
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Il regardait autour de lui. Son armée l'escortait. À sa tête se trouvaient Magum Colim et Dyvim Tvar. La foule bordait les rues tortueuses et faisait force révérences. Les esclaves se prosternaient devant lui. Même les bêtes de somme se mettaient à genoux sur son passage. Yyrkoon goûtait le pouvoir comme l'on goûte un fruit fondant. Il aspirait de grandes bouffées d'air. Même l'air état à lui. Tout Imrryr était à lui. Tout Melniboné. Bientôt le monde entier serait à lui. Et il dilapiderait toutes les richesses du monde. Il allait de nouveau faire régner la terreur, du nord au sud et du sud au nord.
Dans une passion extatique, presque aveugle, l'Empereur Yyrkoon pénétra dans la tour. Il marqua une pause devant les grandes portes de la Salle du Trône.Il fit signe à ses serviteurs d'ouvrir les portes pour jouir du spectacle qui allait se dérouler devant ses yeux. Les murs, les bannières, les trophées, les galeries, tout cela était à lui. La Salle du Trône était vide, mais elle serait bientôt pleine de couleurs, de cérémonies et de divertissements dignes de Melniboné. Il y avait bine longtemps que l'odeur du sang n'avait pas empli l'atmosphère de cette salle. Puis son regard se mit à gravir lentement les degrés du Trône de Rubis ; mais avant de parvenir au sommet, il entendit Dyvim Tvar suffoquer derrière lui. Il regarda alors vers le Trône de Rubis et frémit. Il n'en croyait pas ses yeux.
- Illusion !
- Apparition ! dit Dyvim Tvar avec une certaine satisfaction.
- Hérésie ! hurla l'Empereir Yyrkoon qui s'avança alors d'un pas mal assuré, désignant du doigt la silhouette drapée d'une cape et coiffée d'un capuchon, tranquillement assise sur le Trône de Rubis. C'est à moi ! À moi !
La silhouette resta muette.
- C'est à moi. Va-t'en ! Le trône appartient à Yyrkoon. Yyrkoon est l'Empereur maintenant ! Qui es-tu ? Pourquoi viens-tu me tourmenter ?
Le capuchon se rabattit, découvrant un visage d'une pâleur cadavérique. Des yeux pourpres regardaient sereinement la chose hurlante, titubante qui se rapprochait d'eux.
- Tu es mort, Elric ! Je sais que tu es mort !
L'apparition ne répondit toujours pas, mais un léger sourire se dessina sur ses lèvres blanches.
- Tu n'as pas pu survivre. Tu t'es noyé. Tu ne peux pas revenir. Pyaray s'est emparé de ton âme.
- Il y a d'autres Seigneurs qui règnent sur la mer, dit la silhouette assise sur le Trône de Rubis. Pourquoi m'as-tu tué, mon cousin ?
À la perfidie d'Yyrkoon succédèrent la terreur et la confusion.
- Parce que c'est mon droit de gouverner ! Parce que tu n'étais pas assez fort, pas assez cruel, pas assez cynique ! ...
- N'est-ce pas là une bonne plaisanterie, mon cousin ?
- Va-t'en ! Va-t'en ! Va-t'en ! Cen'est pas un spectre qui va prendre ma place ! Un Empereur défunt ne peut gouverner Melniboné !
- C'est ce que nous verrons, dit Elric en faisant un signe à Dyvim Tvar et ses soldats.
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Le Docteur Jest s'en retourna a ses occupations. Allongeant son bras gauche, il saisit alors adroitement les parties génitales de l'un des prisonniers . Il y eut un éclair du scalpel, puis un gémissement.Le Docteur Jest jeta ensuite quelque chose dans le feu. Elric était assis dans le fauteuil qui lui était réservé. Ce rite, qui accompagnait inéluctablement les interrogatoires, l'ennuyait plus qu'il ne le dégoûtait. Les cris déchirants, le cliquetis des chaînes, les sourds murmures du Docteur Jest, tout venait de détruire cette sensation de bien-être qui était sienne lorsqu'il avait pénétré dans la caverne.
Mais cela faisait partie de son métier de roi d'assister à de semblables cérémonies pour recueillir de précieux renseignements, et féliciter ensuite son Inquisiteur. Il devait aussi élaborer un plan de contre-attaque, conférer avec ses amiraux et généraux, toute la nuit durant probablement, pour décider des plans à adopter et des mesures à prendre concernant la capture des hommes et des vaisseaux. Avec un bâillement d'ennui à peine étouffé, il s'enfonça dans son fauteuil pour jouir du spectacle du Docteur Jest en train d'opérer sur les corps avec ses doigts, son scalpel, sa pointe, ses pinces et ses tenailles. Ses pensées allèrent vers d'autres problèmes, à ces problèmes philosophiques qu'il n'avait pas encore résolu.
Non qu'Elric fût un barbare; mais il était un Melnibonéen. Il était depuis l'enfance accoutumé à de tels spectacles. Même s'il l'avait désiré, il n'aurait pas pu libérer les prisonniers sans enfreindre les traditions de l'Ile aux dragons. Et il eût alors été inutile, voire dangereux, de mettre en œuvre une stratégie quelconque, aussi astucieuse fût-elle. Il avait ainsi pris l'habitude de faire abstraction de tout sentiment qui ne fût pas compatible avec ses devoirs d'Empereur. S'il avait eu une raison de libérer les quatre prisonniers, qui se tordaient maintenant de douleur pour le plus grand plaisir du Docteur Jest, il l'eût fait.
Mais il n'avait aucune raison de le faire ; de plus, ceux-ci auraient été surpris de se voir appliquer un autre traitement. Lorsqu'il avait à prendre une décision d'ordre moral, Elric faisait preuve d'un esprit très pratique. Cette décision, il la prenait en fonction de l'action à entreprendre. Ici, il n'y en avait aucune. Ces tractations avec sa conscience étaient devenues chez lui une seconde nature. Il ne désirait pas agir au nom de Melniboné, mais en son propre nom ; Il ne désirait pas entreprendre une action mais connaître la meilleur façon de répliquer aux actions des autres. Un espion était un agresseur : contre l'agresseur on se défend du mieux que l'on peut. Et les méthodes du Docteur Jest étaient les meilleures.
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Yyrkoon redressa la tête et regarda la cour. Il avait l'air attendrissant d'un enfant perdu ; la haine et la colère s'étaient effacées de son visage. Elric sentit naître en lui un sentiment de pitié pour son cousin. Mais, cette fois-ci, il réprima ce sentiment.
- Tu devrais me savoir gré de t'avoir légué le pouvoir quelques heures, de t'avoir laissé jouir de ce sentiment de domination face au peuple malnibonéen.
C'est d'une voix timide et intriguée à la fois qu'Yyrkoon demanda à Elric :
- Comment as-tu échappé à la mort ? tu n'avais ni le temps ni la force de prononcer une incantation. Tu pouvais à peine te mouvoir et ton armure a dû t'entraîner au plus profond de la mer. Tu aurais dû te noyer. Je ne comprends pas, Elric. Tu aurais dû te noyer.
Elric haussa les épaules.
- J'ai au sein de la Mer des amis qui reconnaissent mon sans royal et mon droit de gouverner, si toi tu ne le fais pas.
Yyrkoon essaya de dissimuler sa stupéfaction. À sa haine pour Elric venait maintenant de s'ajouter, de façon singulière, le respect.
- Des amis ?
- Oui, dit Elric, avec un léger sourire.
- Je croyais que tu avais fait vœu de ne pas user de ton pouvoir de sorcellerie.
- Mais tu croyais qu'un tel vœu convenait mal à un monarque melnibonéen, n'est-ce pas ? Je suis d'accord avec toi. Vois-tu, Yyrkoon, tu as finalement remporté une victoire.
Yyrkoon regardait fixement Elric, comme pour essayer de découvrir ce qui se cachait derrière ces paroles.
- Tu vas faire revenir les Seigneurs du Chaos ?
- Aucun sorcier, aussi puissant soit-il, ne peut invoquer les Seigneurs du Chaos, ou, pour la circonstance présente, les Seigneurs de la Loi, s'ils ne veulent pas entendre celui qui les invoque. Cela, tu le sais, Yyrkoon. N'as-tu pas essayé toi-même ? Et Arioch ne s'est pas manifesté, n'est-ce pas ? T'a-t-il fait don de ce que tu désirais, c'est-à-dire les deux Épées Noires ?
- Tu sais cela ?
- Je ne le savais pas. Je l'ai deviné. Mais maintenant, je le sais.
Yyrkoon essaya de parler, mais le courroux le rendait muet ; il ne put qu'émettre un faible grognement. Les soldats s'emparèrent de lui ; il se débattit, mais dut bientôt renoncer à la lutte.
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Arioch s'appuya contre cette porte. Il avait de nouveau l'apparence d'un beau jeune homme. Il souriait d'un sourire ouvert et amical, seuls ses yeux de vieillard trahissaient son page.
- Il est l'heure pour toi d'aller chercher les épées noires, Elric, dit Arioch, de crainte qu'Yyrkoon ne les trouve avant toi. Je te préviens : avec ces épées runiques, il sera assez puissant pour détruire la moitié du monde. Et c'est pour cela que ton cousin affronte en ce moment les dangers du royaume qui se trouve au-delà de la Porte des Ténèbres. S'il s'empare de ces épées avant toi, cela signifiera la fin, pour toi, Cymoril, les Jeunes Royaumes et probablement aussi la chute de Melniboné. Je t'aiderai à trouver les deux épées runiques dans les enfers.
Elric dit alors d'un air songeur:
- On m'a souvent conseillé de ne pas m'aventurer à la recherche de ces épées ; on m'a dit également qu'il était dangereux de les posséder. Je crois qu'il me faut élaborer un autre plan, mon Seigneur Arioch.
- Il n'y a pas d'autre solution. Si ce n'est pas toi, c'est Yyrkoon qui les aura. Avec Mournblade dans une main et Stormbringer dans l'autre, il sera invincible, car elles confèrent un grand pouvoir à celui qui les possède, un pouvoir immense. (Arioch se tut) Tu dois faire ce que je te dis. Tu as tout à gagner.
- Et vous aussi, Seigneur Arioch ?
- Oui, moi aussi. Je ne suis pas tout à fait désintéressé.
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Vidéo de Michael Moorcock
Le grand retour d'une figure mythique de la dark fantasy !
La saga tragique d'Elric se poursuit dans ce nouvel épisode marqué par l'arrivée d'un dessinateur exceptionnel, Valentin Sécher, qui prend désormais les rênes de la mise en scène graphique. Une interprétation visuelle magistrale pour entamer un second cycle de quatre volumes, toujours respectueusement adapté – avec quelques aménagements – de l'oeuvre culte de Michael Moorcock avec la bénédiction de celui-ci. Plébiscitée par le public et la critique, LA référence de la bande dessinée de fantasy !
Découvrez Elric Tome 5 par Julien Blondel, Jean-Luc Cano et Valentin Sécher : https://www.glenat.com/24x32-glenat-bd/elric-tome-05-9782344057230
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