Me voici bien perplexe avec , entre les mains , un roman au drôle de titre ," le lézard lubrique de Melancholy Cove " , titre qui me fait " un peu tiquer " , comme on dit , d'autant plus que " la sympathique petite bête verte " qui orne la couverture n'est pas de nature à dissiper les doutes qui m'assaillent.
Mon libraire , garçon plutôt bien " équilibré " et avisé aurait- il subi un choc ces derniers jours ? Il est de mon devoir de vérifier, je ne voudrais surtout pas être accusé de non- assistance à personne en danger , et si la situation l'exige , il faudra bien agir , c'est un devoir...
J'ouvre ce livre avec méfiance et ....me voilà transporté à " Melancholy Cove ",une station balnéaire sans grande renommée, voire plutôt tristounette où, on s'en doute à mes dires , il ne se passe jamais rien......
Un matin , changement de ton ....une femme se suicide et le sheriff Théo Cowe mène l'enquête. Bien brave , le Théo , mais un peu porté sur la marijuana ....Et si notre Théo n'a pas fini de surprendre , les témoins principaux qui vont se succéder ne sont pas non plus " piqués des hannetons " .Molly , un ancienne actrice de série B , un joueur de blues ,une psy qui remplace les cachets de ses patients par des placébos , un pharmacien lubrique qui rêve de dauphins....
C'est dans ce cocktail de " personnalités étonnantes " que va surgir le héros du roman , le super STEVE , oui , oui , la "petite et sympathique bête de la couverture ".
A partir de là , vous " suivez le mouvement " et vous vous joignez sans " barguiner " à cet asile en fête...Pas moyen de vous y soustraire . C'est déjanté, jubilatoire ,on n'y croit absolument pas mais , comme on rit , on tourne les pages , passant de l'un à l'autre avec délectation.
Écrire un tel roman me semble être une grande prouesse littéraire car chaque situation , chaque phrase , chaque mot est un grand moment de " bravoure ". Porter la dérision à un tel niveau mérite un grand coup de chapeau, vraiment.
Ce livre contient des longueurs , la fin notamment m'a semblé traîner un peu , c'est incontestable et , je vous l'avoue , on n'en lirait sans doute pas plusieurs à la suite mais il mérite tout de même vraiment " le détour ", ne serait - ce que pour savoir quel est ce phénomène qui fait exploser la libido des habitants de la cité.....Ah , intéressant, ça , non?
Allez , je vous donne des nouvelles de mon libraire ...J'avais tort de m'inquiéter pour lui , il m'a fait lire un bon divertissement , un ouvrage à découvrir, qui peut cependant déplaire à certains et certaines.
Ensuite , je vous l'ai dit , " Melancholy Cove " était , avant les faits , une morne cité balnéaire. Je suis sûr que vous serez contents de découvrir pourquoi elle est , aujourd'hui , l'une des plus prisées de la côte..
Pardon ? Y aller passer des vacances ? Oui , bon , faut voir , mais faut pas " pousser " non plus , hein ?
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Un "havre de mélancolie" pour lézarder notre triste face d'un grand sourire, les jours de "blues" ! Non, ce n'est pas contradictoire...en tout cas, pas dans ce livre !
Dans une petite ville de la côté Californienne, le suicide d'une femme, l'arrivée d'un blues-man et l'émergence d'une espèce de Godzilla romantique ((jusqu'à là endormi au fond de l'océan)...vont faire basculer la population de Melancholy Cove dans une joyeuse débandade érotique...
Bien que édité dans la "Série noire" de Gallimard, ce "polar" n'en est pas un : c'est une histoire indéfinissable !
L'auteur se moque des convenances et se donne à coeur joie à la loufoquerie la plus totale, sans perdre, pour autant, le sens de la réalité. Les protagonistes ont du caractère et un vécu (même le reptile intempérant) ; on s'attache à eux parce qu'ils ont l'étincelle d'une réelle existence...or, la situation à laquelle ils vont être confronté dépassé de loin leur (et notre !) imagination.
Dix ans après la lecture de ce récit déjanté, ma "vague à l'âme" se lézarde une fois de plus à ce souvenir guilleret et fantasque...le coeur léger, sourire aux lèvres et l'esprit un brin polisson !
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( un camion-citerne vient d'exploser)
-- Pour le chauffeur, dit Théo, je vais me renseigner pour savoir s'il fumait.
-- C'est déjà fait, fit une voix toute proche. Et question fumette, il va se tenir peinard, le chauffeur, à présent.
Théo et l'inspecteur se retournèrent. Ils virent arriver vers eux Vance McNally qui tenait à la main un sac de plastique transparent à fermeture Eclair, rempli de poudre grise et blanche.
-- Tiens, le v'là, le camionneur, fit Vance en brandissant le sac. Vous voulez l'interroger?
-- Tu sais que t'es un sacré marrant, Vance, lança Théo.
-- Y vont être obligés de pratiquer l'autopsie avec un truc à tamiser la farine, dit Vance.
- Je me suis laissé dire qu'elle était de la secte des amish, dit Vance.
- Non, elle est pas amish, répondit Théo.
- J'ai pas dit qu'elle l'était, j'ai dit que c'est ce qu'on m'avait dit. Mais quand j'ai vu le mixer dans la cuisine, je me suis dit qu'elle était pas amish. Les amish ne croient pas aux vertus du mixer.
- Elle devait être mennonite, dit Mike avec autant de persuasion dans la voix que son jeune âge autorisait.
- C'est quoi les mennonites ? Demanda Vance.
- C'est des amish avec des mixers.
- Nous collectons des signatures et votre signature est très importante pour que l'œuvre du Très-Haut se concrétise ici-bas.
- Ouais, mais moi je vis en caravane et Dieu a une sainte horreur des caravanes.
- Je vous demande pardon ?
- Oui, c'est vrai, les caravanes, il les fait cramer, ou il s'arrange pour que ceux qui y vivent se les gèlent dedans ou bien il les détruit dans les tornades. C'est prouvé: Dieu hait les caravanes. Vous êtes sur que je ne risque pas d'être un frein à votre mouvement ?
Théo et l'inspecteur se retournèrent. Ils virent arriver vers eux Vance qui tenait à la main un sac plastique transparent à fermeture Éclair, rempli de poudre grise et blanche.
-Tiens ! Le v'là, le camionneur, fit Vance en brandissant le sac. Vous voulez l'interroger ?
- Tu sais que t'es un sacré marrant, Vance, lança Théo.
- Y vont être obligés de pratiquer l'autopsie avec un truc à tamiser la farine, dit Vance.
- Vous croyez que je devrais prévenir les flics ?
- A propos de ses problèmes d'alcool ?
- Non, au sujet du monstre. Vous savez que le petit Plotznik a disparu ?
Le docteur Val fit semblant de tirer sur son chemisier pour reprendre une attitude plus professionnelle.
- Estelle, je crois que nous devrions modifier votre traitement.
Interview with Author Christopher Moore