Les gardiens de la lagune

« La moindre des qualités que doit posséder un homme d’honneur consister à garder un secret. La plus grande consiste à oublier ce secret. »

(attribué à Al-Muhalaab, 630-702).

- C’est ma mère qui m’a dit de vous avertir, ma mie, elle sait à quel point nous n’avons le choix que de l’esclavage ou de l’enfermement que nos pères, nos maris, nos frères, nos oncles décident pour nous.
Le sort des femmes était donc partout le même, songea Eleonor, que ce fût en Normandie, en Sicile ou à Venise.

Un proverbe arabe ne disait-il pas que pour bien aimer une femme, il fallait l’aimer comme si elle allait mourir le lendemain ?

- Les gondoliers, messire, ce sont eux, les gardiens de la lagune. Le mouvement incessant de leurs rames maintient la créature dans les eaux profondes. Comme un filet à travers duquel elle ne peut se glisser.
Tomà se tut puis finit par ajouter :
- Tant qu'il y aura des gondoliers, nous autres, Vénitiens, nous survivrons.

Rinaldo affirmait que les pires fautes commises par les hommes ne s'effaçaient pas, même avec le temps. Leurs souillures imprégnaient les lieux, surtout quand un meurtre avait été commis.

Il avait suffi de ces mots-là pour qu'il devienne un homme à tête de loup, une bête nuisible que tout vénitien aurait le droit d'abattre s'il contrevenait aux ordres de la justice.

Au milieu de toute cette agitation, seules deux silhouette restaient immobiles, accoudées au bastingage. Un homme et une femme, si proches l’un de l’autre que leurs épaules se touchaient. Lui, mince et brun, visage à la peau sombre d’un oriental, les yeux d’un noir profond. Elle, les cheveux couleur de nuit, enveloppée dans un mantel de velours du même vert émeraude que sa robe de brocart.

Quelques jours avaient passé depuis l’enterrement de Roberto Vitturi. La vie avait repris son cours à la Ca’ Vitturi, même si le climat y avait changé.

Jacopo Vitturi ne cachait plus ses divergences avec sa mère ; lui qui jusque-là jouait la séduction et le mensonge, il lui tenait tête, exigeant de gérer leur fortune, ce que refusait dame Ambrosia. Il l’accusait de dilapider leur argent pour la reconstruction de l’église, lui reprochait d’avoir vendu des terres et des salines au doge, son oncle.

Et puis, pour couronner le tout, il y avait eu cette convocation à comparaitre au château ducal, devant la Curia.

Depuis lors, Jacopo ne décolérait plus.

-Pensez-vous que la mort de votre cousin soit le fait d'un étranger?
La mélancolie, et autre chose aussi que Hugues n'arriva pas à déchiffrer , obscurcit le regard d'ambre de la jeune femme.
-ne sommes-nous pas déjà étrangers à nous-mêmes, messire?

corally4
corally4 24 mars 2019
Merci à Babelio et aux Editions 10/18 pour cet envoi.
J’aime les romans historiques, policiers, et le Moyen Age …. Et je ne connaissais pas Viviane Moore, donc c’était parfait pour ce lancer dans Venise sur les pas d’Hugo de Tarse
Il arrive à Venise après un séjour lointain…ET de suite il est mis contribution pour élucider un crime.
Les personnages ne sont pas toujours décrits avec précisions pour les distinguer … Et il faut un peu deviner ce qui leur est arrivé précédemment. De ce fait, j’ai même cru qu’il s’agissait d’une suite !!! D’où une lecture difficile pour comprendre exactement de quoi il s’agit.
On suit Hugo de Tarse d’Iles en iles, de ruelles en ruelles dans Venise qui interroge de ceci delà des gens….Lui qui est étranger à cette citée à l’air de connaître tout le monde.
L’auteure nous rend très bien Venise au 12eme par les descriptions culinaires, les moments de réception, les intérieurs et extérieurs des demeures …
Mais l’intrique n’a pas été très passionnante…Pas réellement un policier