AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
>

Critique de Derfuchs


An de grâce 1156, Barfleur et voyage maritime.

Respirez, nous sommes en Normandie, sur le Cotentin, sur ce port qui a vu tant de figures couronnées s'embarquer vers des horizons pas toujours clairs et dégagés. Les ducs de Normandie aimaient cette cité maritime et qui apparaît aussi bien chez Follett dans son Les piliers de la terre que chez Druon pour Les rois maudits. L'air marin fouette les visages, fait onduler les chevelures et frissonner les vergues. le commerce bat son plein, les hostelleries dégorgent de marchands, hommes d'armes, marins et voyageurs.
La ville est en alerte, des enfants disparaissent et sont retrouvés mutilés, égorgés et poignardés plein coeur avec ces initiales V.R.S, gravées au couteau dans leur sang au bas du dos. Malheureux gosses victimes de la pauvreté et de l'appât de quelques sous.
Tancrède poursuit son initiation et sa quête de son identité, que son maître, véritable père adoptif mais aussi Pygmalion et professeur, distille au compte-gouttes. Il apprendra au cours de ce voyage la destinée de sa mère et en restera chaviré un bon moment, puis la vérité sur ses origines ainsi que le nom de son géniteur en toute fin du bouquin, au passage des colonnes d'Hercule (détroit de Gibraltar), devant la côte africaine, pleine de promesses et d'odeurs épicées.
L'esnèque a été frétée par Henri II pour transporter un cadeau qu'il destine à Guillaume 1er, roi normand de Sicile. Pour accompagner ce présent : des hommes d'armes venus du nord, appelés les guerriers fauves. Si Hugues et Tancrède voyagent sur la même embarcation que ceux-là, d'autres passagers, pour diverses raisons, sont sur le Knörr.
De récifs en pirates, de tempêtes en bordées, d'escales en embuscades, d'attaques en assassinats, Hugues parviendra après bien des aléas à confondre le misérable personnage auteur de ces abominations y compris celles perpétrées à Barfleur.
Certains seront surpris que les personnages du roman n'aient pas de téléphone mobile, grave erreur s'il en fut, les SMS ne datent pas de cette époque et la langue, châtiée, utilisée par Dame Moore est non seulement aussi élégante que raffinée, mais, également adaptée au langage des marins de l'époque. Les personnages parlent un français où j'aime à me retrouver, même si certains mots demandent une explication volontiers divulguée en fin de livre dans une annexe fort utile que nous offre l'auteure. Grand merci à cette dernière.
Cette aventure, qui nous ramène neuf siècles en arrière, est contée avec brio par Dame Moore, avec moult détails de la vie d'alors, des occupations et des tribulations des uns et des autres, d'une écriture riche comme le vocabulaire savait l'être à cette époque, agréable et si facile que la lecture s'en voit facilitée. le lecteur fait corps avec le livre comme le bateau avec la mer, les guerriers avec leurs haches et le peuple avec ses guenilles. de stirman en homme de hache et de pilote en sondeur, la navigation nous est racontée au cordeau, simplement, tout bonnement parce que c'était là la façon de naviguer. L'intrigue rondement menée et de rebondissement en impossibilité, le dénouement tombera comme une doloire sur son billot. Bien tranchée, bien dite et bien amenée. Que du bonheur !
Et puis, tiens, je vais mettre ma chainse, ma broigne, mes braies, mes chausses, m'équiper de mon harnois, enfiler mon escoffle, monter mon destrier et aller faire une partie d'eschets avec le directeur marketing et informatique d'à côté, tout en savourant un gigot à la broche avec du cidre moratum à l'estaminet sis vis-à-vis de la tour du Guet.
Lien : https://www.babelio.com/livr..
Commenter  J’apprécie          250



Ont apprécié cette critique (23)voir plus




{* *}