J'ai eu au moins cent chats

New York est la main que l’Amérique tend à l’Européen pour l’accueillir ou le congédier. Cette cité n’est pas née par génération spontanée. Elle ne doit rien au hasard, à la nature. Elle est l’œuvre d’un effort raisonné. Ce roc déshérité fut, et reste, le lieu de rencontre des races, de leurs espoirs, de leurs misères, de leur volonté de ne pas mourir.

Le plan de New York rappelle la géométrie rectiligne des cités antiques, et non le foisonnement de nos villes à racines tortues et bossues. Tout y est surfaces bâties, les constructions hors de proportion avec l’exiguïté des espaces libres ; si peu de squares, de cités-jardins, de mails ombreux, de portes ouvrant sur la campagne…

La vraie campagne, pour New York, c’est l’océan.

L’océan retentit sans cesse des appels des sirènes, du cri rauque des remorqueurs, du vrombissement des moteurs, des crépitements de la TSF, et toutes ces rumeurs rappellent à New York qu’elle est le plus grand marché des valeurs du monde et que l’univers attend ses cotations morales et financières pour y conformer les siennes.