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Philippe Sollers (Préfacier, etc.)Marc Dambre (Éditeur scientifique)
EAN : 9782080704986
224 pages
Flammarion (07/01/1993)
3.77/5   31 notes
Résumé :
Publié en 1930, ce livre constituait un essai mythologique, une longue nouvelle, un guide touristique, un reportage, un traité d'ethnologie...
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Critiques, Analyses et Avis (5) Ajouter une critique
Un matin de septembre 1609, le Capitaine Hudson, remonte une rivière américaine en espérant avoir trouvé la route de la soie, et découvre des indigènes habitant une ile nommée Manhattan… Les hollandais bâtissent les premières maisons d'un village nommé Nouvelle Amsterdam.

En septembre 1664, une expédition anglaise montée par le Duc d'York s'empare de la ville et la renomme New York. Paul MORAND, à défaut d'avoir été témoin des deux événements, les romance en 1929, après trois séjours aux USA, et plonge le lecteur dans la dynamique qui propulse cette ville et en fait en 250 ans, la principale ville mondiale.

Vague après vague les immigrants européens ou africains, prolongent la ville vers l'est, vers l'intérieur, et façonnent les nouveaux quartiers selon leurs codes culturels. Véritable traité d'ethnologie, ce guide est aussi un manuel d'histoire qui décrit aussi bien les populations qui ont bâti cette ville que leurs histoires complexes et divergentes que le melting pot américain finit par intégrer pour son grand profit.

« Les Juifs possèdent New York, les Irlandais l'administrent et les Nègres en jouissent.", le mot célèbre de l'auteur peut choquer le lecteur qui oublierait que c'est à cette époque d'entre guerres qu'Aimé Césaire et Léopold Sédar Senghor ont hissé la négritude à son sommet littéraire et politique et que le substantif nègre n'avait nullement le sens péjoratif et raciste qu'il véhicule un siècle plus tard.

Cet ouvrage conserve tout son intérêt car l'auteur connaissait le tout New York qui le recevait fort civilement et a perçu la dynamique qui allait faire des Etats Unis la principale puissance mondiale et de New York un pôle d'attraction de nombreux talents. S'y attache, en ce qui nous concerne, l'intérêt et l'émotion d'avoir un exemplaire que mon grand père puis mon père ont annoté et complété de 1930 à la destruction des Twin Towers.
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Paul Morand (1888-1976) commence en 1913 une carrière de diplomate qui le conduira aux quatre coins du monde. Révoqué après la seconde guerre mondiale pour proximité avec le régime de Vichy, il est rétabli dans ses fonctions d'ambassadeur en 1953 et mis à la retraite des Affaires étrangères en 1955. Elu à l'Académie française en 1968 il est considéré comme l'un des pères du « style moderne » en littérature, il s'est imposé comme l'un des grands écrivains français du siècle dernier.
Morand s'est rendu à New York quatre fois entre 1925 et 1929 et en a tiré ce récit paru en 1930, « Je me suis efforcé de demeurer le plus étranger possible, pour mieux expliquer à des étrangers » nous dit-il. Guide touristique alliant les points forts du Guide Bleu et celui du Routard mais écrit avec beaucoup plus de style, reportage pointu et détaillé sachant sortir des sentiers battus des guides, étude sociologique, tout, tout, tout, vous saurez tout sur le New York de ces années-là et de « l'électricité new-yorkaise », un livre référence sur cette ville à nulle autre pareille.
Paul Morand était à New York vers 1930, j'y suis allé au début des années 90, télévisions et autres médias nous en donnent des images d'aujourd'hui, les époques diffèrent mais globalement rien ne change vraiment, et à suivre les déambulations de l'écrivain sur les lieux que j'avais foulés, j'ai retrouvé mon émerveillement d'alors et mes émotions devant ce trop de tout.
Morand a l'oeil américain comme dit l'expression, perçant et scrutateur, il voit tout et nous en fait profiter. Tous les quartiers sont visités à l'intérieur de Manhattan surtout, tous les milieux sociaux et ethniques explorés, des hôtels et restaurants de luxe entre gens du monde aux bouis-bouis cosmopolites des quartiers Russes, Chinois, Juif, Italien etc. Il goûte à toutes les nourritures, fréquente les salles de jeux ou les tripots. Tout est prétexte à nous instruire, que ce soit quand il va au théâtre (« un divertissement cher ; par contre, pas de pourboire, pas de strapontins et le programme gratuit », ou quand il visite musées ou bien les coulisses d'un grand journal new-yorkais et même la prison de Sing Sing !
Texte cultivé mais pas indigeste du tout, les références littéraires abondent, l'architecture est omniprésente bien sûr, gratte-ciel, ascenseurs vertigineux, les ponts dont celui de Brooklyn particulièrement (et ce n'est pas Woody Allen qui le démentira !). Impossible de lister tous les sujets abordés dans ce livre. Sans exagérer ce point, je ne peux omettre de signaler que quelques lignes ici et là feraient hurler nos contemporains d'aujourd'hui quand il est question des « nègres » ou des Juifs mais ne prenez pas ce prétexte pour ne pas lire ce bouquin.
Excellent.
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Une promenade érudite dans le New York de 1930, d'une étonnante actualité ou tout du moins qui nous fait toucher les racines de notre modernité.

Morand nous fait passer de quartier en quartier, de rue en rue, de blocks en blocks par d'imperceptibles transitions qui donnent à son texte une fluidité très intéressante et agréable.

Et l'on comprend mieux le mélange unique qui façonne cette ville mosaïque. Une histoire urbanistique unique dont Paul Morand nous livre les clés qui aide à imaginer ce que fut Manathan, d'où Wall Street tire son nom, comment Broadway s'est érigée etc…

Un foisonnement perpétuel où tout se mélange, s'entrechoque, s'interpénètre, se rejette et s'agite aussi bien dans les bas-fonds que dans les quartiers huppés où l'argent coule à flot, ou encore dans les lieux de plaisirs et de spectacles agités par les lumières clignotantes et multicolores qui pavoisent les gratte-ciels omniprésents dans tout le texte.

C'est aussi plus subtilement une réflexion sur le lien ambigu à l'Europe que nourrit l'Amérique et réciproquement.

Une lecture que je recommande, moi qui n'aime pourtant pas cette ville.
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Diplomate et grand voyageur, Paul Morand a écrit des essais sur plusieurs villes : Londres, Bucarest, Venise et donc New-York. Morand écrit cet ouvrage en 1929, il a déjà fait deux voyages aux Etats-Unis.
Dans la préface, Philippe Sollers explique que la ville de New-York est quasi-absente de la littérature française. Il ajoute que Morand est l'un des seuls écrivains européens à décrire la saisissante modernité de la ville, à comprendre qu'elle a amorcé un profond changement urbanistique, architectural, technique et qu'elle s'impose de plus en plus comme le centre économique du monde.
Morand commence par nous relater de façon vivante la naissance de la ville et son développement jusqu'en 1929. Puis, nous guidant, il nous offre un itinéraire extrêmement complet du sud au nord de Manhattan. L'ouvrage se clôt sur un panorama de New-York. Décrivant, analysant, livrant ses impressions, Morand nous offre une promenade et un reportage sociologique passionnants. le tout dans un style alerte.
Le seul bémol est l'antisémitisme et le racisme se dégageant de quelques passages...

Un ouvrage à lire en rentrant d'un séjour dans Big Apple afin de raviver les souvenirs.
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Ecrit en 1929, ce récit de voyage est d'une incroyable actualité. A lire pendant ou en rentrant d'un séjour à New York. le bémol est effectivement l'antisémitisme et le racisme hélas courant dans les années 30.
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Citations et extraits (13) Voir plus Ajouter une citation
Ceux qui ont connu New York il y a trente ans sont surpris de ce qu’ils voient aujourd’hui. Les gratte-ciel étaient des constructions d’une dizaine d’étages, isolées les unes des autres, très laides. Claudel, qui fut élève-consul à New York, m’en a dit bien souvent la hideur et le vilain coloris. La ville alors était brune, désormais elle est rose. Stevenson qui, misérable et inconnu, y débarqua en 1879, la décrit ainsi : « une ville plate qui ressemble à Liverpool ». Demain, ces immeubles que nous admirons ne nous déplairont peut-être pas moins ; New York apparait plus beau à mesure qu’il est plus neuf.
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Harlem, c’est la patrie du jazz. Le jazz, c’est la mélodie nègre du sud débarquant à la gare de Pennsylvanie, plaintive et languissante, soudain affolée par ce Manhattan adoré, où tout est bruit et lumière ; c’est le rêve du Mississipi, devenu cauchemar, entrecoupé de trompes d'autos, de sirènes ; comme à travers Wagner on pressent le tumulte des éléments, ce qu’on entend au fond du jazz, c’est la rumeur de Lenox Avenue. Le nègre est heureux à New-York. Ni durs travaux, ni Klu-Klux-Klan, ni wagons réservés ; en pleine ville, dans les restaurants populaires, un nègre peut maintenant se faire servir. Beaucoup d'écoles de Blancs l’admettent, sauf protestation des parents blancs. Les plus cultivés ont accès aux professions libérales ; ils forment un centre artistique agréable, une petite « intelligenzia » en contact avec les milieux analogues blancs ; elle compte des artistes comme le ténor Roland Hayes, Paul Robeson, l’acteur incomparable d’Emperor Jones et le beau baryton de Show-boat, Walter White, excellent Romancier noir.
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Très loin, dans une maison du Bronx, habitait pendant la guerre un Juif russe à barbiche et à lunettes d’acier. Ce matamore passionné regardait par les fenêtres la ruelle où des marchands de cacahouettes grillées défendent leur marchandise contre les vauriens rapides, chaussés de patins à roulettes ; il hésitait... fonderait-il ici une famille ? s’enliserait-il dans l’égalité du bien-être américain ou rentrerait-il un jour à Pétrograd pour y prêcher un autre communisme ?,.. Vint la debacle de 1917. Il décida d’échapper à la surveillance interalliée et se mit en route pour l’histoire : c’était Léon Davidovich Bronstein, dit Trotsky.
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D'immenses domaines sont distribués aux premiers membres de la Compagnie des Indes qui s'installent en Amérique. Ces patrons (patroons) doivent amener avec eux cinquante personnes, au moins ; ceux qui composent leur suite ne sont pas libres : ce sont des serfs, des vassaux de la Compagnie ; ils se groupent autour de leur chef. La démocratie new-yorkaise commence par une féodalité.
Ces patriarches protestants ont reçu en bordure de la mer et de la rivière des concessions qui, faute de frontières, s'étendent idéalement vers l'intérieur : d'où des difficultés avec les voisins anglais au sud et des guerres contre les Indiens. À l'époque où, chez nous, Corneille donne Le Cid, les hommes rouges, Algonquins ou Mohawks, pénètrent parfois dans Broadway pour y massacrer les habitants.

I. LA VILLE BASSE.
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Une affaire : en 1626, Peter Minuit, d'origine française, achète aux Indiens leur île de Manhattan pour vingt-quatre dollars, payables en perles de verre.
Le fort, à l'extrémité du promontoire, reçoit quelques canons et devient Fort-Amsterdam. La ville prend le nom de Nouvelle-Amsterdam. Un mur de pieux traverse maintenant l'île de part en part, protégeant le bétail contre les incursions des ours et des loups. De ce mur (wall), il ne reste qu'un nom : Wall Street ; aujourd'hui le mur est démoli et les loups peuvent entrer.

I. LA VILLE BASSE.
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Videos de Paul Morand (34) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Paul Morand
C'est une histoire française. Elle se passe à Paris pendant l'Occupation, puis dans le maquis du Vercors où les résistants se battent dans la neige, jusqu'au dernier. C'est une histoire qui oppose deux France. Celle des Cossé-Brissac, le côté maternel de l'auteure, dont la grand-mère May, aussi libre de son corps en privé qu'attentive aux conventions en public, reçoit le Tout-Paris de l'Occupation, de Paul Morand à Pierre Drieu La Rochelle, de Josée Laval à Coco Chanel. Une jeune fille grandit là, promise à un mariage de l'entre-soi, bientôt elle sera rebelle. Elle se nomme Marie-Pierre de Cossé-Brissac. L'autre France, c'est celle de la résistance par les idées et par les armes. Un grand médecin juif parisien envoie son fils en province. L'intellectuel rompu aux joutes de l'esprit rejoint le maquis. Il se nomme Simon Nora, rebaptisé « Kim » dans son réseau. À la fin de la guerre, le survivant du Vercors rencontre l'aristocrate en rupture avec sa famille. Les héritiers des deux France s'aiment comme s'ils n'en formaient qu'une. Mais auront-ils le droit à la liberté ?
Ce roman haletant est une fresque guerrière, un amour impossible, une brève libération.
Extrait disponible sur notre site https://www.editions-stock.fr/livres/la-bleue/une-breve-liberation-9782234094024
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