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4,15

sur 388 notes

Critiques filtrées sur 4 étoiles  
La Storia entrelace avec un grand art la trame de l'Histoire collective - cet "interminable assassinat" - et les fils des histoires individuelles, de 1941 à 1947. Les personnages sont très beaux, en particulier Useppe, du genre à rester en nous après la lecture, comme une petite lueur qui dorénavant nous accompagnera dans l'existence.
Useppe m'a d'abord fascinée par sa capacité d'émerveillement, son regard de poète transfigurant la pauvre réalité en une vision enthousiasmante:
"On eût dit, à la vérité, à entendre ses rires et à observer la continuelle illumination de son petit visage, qu'il ne voyait pas les choses réduites à leurs aspects usuels, mais comme des images multiples d'autres choses variant à l'infini. Sinon on ne s'expliquait pas comment il se pouvait que le misérable et monotone spectacle que lui proposait tous les jours la maison pût être pour lui un divertissement aussi varié et aussi inépuisable."
Mais la merveilleuse confiance d'Useppe, pour qui "il n'existait pas d'inconnus, mais seulement des gens de sa famille, de retour après une absence et qu'il reconnaissait à première vue", va être dévastée par les horreurs de la 2nde guerre mondiale et laisser place à une profonde angoisse et à une "solitude inquiète et éperdue":
"On eût dit que quelqu'un, pour le punir, avait interposé entre lui et les autres une cloison semi-opaque, derrière laquelle il prétendait, comme ultime défense, rester caché."
Tandis que La Grande Broyeuse qu'est L'Histoire déchiquète la vie des personnages de la Storia, les oiseaux, dont Useppe comprend parfois le langage, chantent
"C'est un jeu
un jeu
rien qu'un jeu"

(La comparaison avec le Hugo des Misérables de la 4ème de couv risque de susciter de la déception: Elsa Morante n'utilise pas les procédés romanesques qui font des Misérables un grand roman populaire, l'écriture est beaucoup plus distanciée.)

Challenge pavés
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Un classique. Drame historique déchirant publié en 1974 et porté à l'écran en 1986 avec la sublime Claudia Cardinale. Une grande fresque populaire racontant la vie des plus humbles habitants de Rome à l'époque de la Seconde Guerre mondiale.

L'histoire se déroule à Rome de 1941 à 1947 et conte l'histoire d'Ida Mancuso, institutrice, veuve, à moitié juive, et de ses deux fils Antonio dit Nino et Giuseppe « Useppe » né d'un viol par un jeune soldat allemand, les animaux présents dans l'histoire sont également personnages à part entière.

L'innocence et la tragédie, l'horreur et tourments de la guerre sont la toile de fond du roman.
L'autrice s'attache à nous rapprocher de tous les personnages, humains, animaux domestiques, en racontant leur quotidien, les difficultés, et les horreurs vécues. Une véritable empathie se crée.
Ne souhaitant pas en dévoiler plus, je n'écrirai que ces quelques entrées :
Maternité - Pudeur des sentiments - Seconde Guerre mondiale - Fascisme - Lois raciales anti-juives – Ghetto juif de Rome - Shoah - Résistance – Libération.

J'ai « écouté » ce livre (une première pour moi !) lu par Jacques Gamblin et réalisé par Juliette Heymann, disponible en plusieurs épisodes en podcast sur Radio France – France Culture.
Notons qu'Elsa Morante (1912-1985) est née à Rome dans le quartier populaire du Testaccio, décor du roman. Sa mère était institutrice de confession juive, son père employé des postes ne l'avait pas reconnue. Elle le sera par Augusto Morante dont elle portera le nom.
La Storia publiée en 1974 devint le best-seller adapté par la suite à la télévision et au cinéma que l'on connaît.
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La Storia raconte l'histoire d'Ida, de son fils aîné Antonio, dit Nino, et du petit Useppe, qu'elle a conçu après avoir été violée par un soldat allemand. La description des horreurs de la guerre à Rome est l'occasion pour Elsa Morante de dénoncer la monstrueuse violence qu'elle exerce sur chaque individu. Les Juifs en sont les premières victimes, de même que les soldats italiens envoyés sur le front russe. Les civils aussi paient un lourd tribut, qui se prolonge bien après la fin des combats. La faim, la peur, les difficultés quotidiennes se poursuivent comme si elles ne devaient jamais s'arrêter. Personne ne ressort indemne de cette tragédie, la folie guette les plus meurtris.
Dans ce livre écrit avec le coeur, Elsa Morante fait preuve d'une grande compassion à l'égard de tous ses personnages. Ce qui rend son livre inoubliable, c'est le don époustouflant qu'elle a pour les rendre si vivants, si présents. A commencer par la pauvre Ida, sans ressources financières ni familiales, et qui détruit sa vie peu à peu pour sauver celle de ses enfants. Et puis les deux garçons, le flamboyant Nino, miroir inversé de sa mère, qui traverse la guerre comme un poisson dans l'eau, jamais à court d'astuces pour s'en sortir, et le bouleversant et si fragile Useppe dont on suit les premiers pas, les premiers mots, les premiers rêves, sa douloureuse découverte du mal universel, qui aura raison de sa santé physique et mentale, son refus du monde tel qu'il est et son refuge auprès des animaux (ou des enfants qui leur ressemblent), et dont les obsédants « pourquoi » vous poursuivront pendant longtemps.
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Janvier 1941, Rome. Un soldat allemand aviné viole une veuve italienne, mère d'un fils de 13 ans. C'est le point de départ d'une grande fresque dans l'Italie de la Seconde Guerre mondiale.

La Storia est le roman d'un pays détruit par les combats, dont l'impact se fait toujours ressentir bien après la signature du traité de paix de 1945, un pays où les gens souffrent de la faim et du froid, un pays où les juifs sont victimes de l'antisémitisme. C'est aussi le portrait de la famille d'Ida, des petites gens qui luttent pour (sur)vivre. Tout est subtil et bien écrit dans ce roman où les personnages ne sont malheureusement que trop crédibles, comme le malheureux VIVALDI CARLO ou Nino, la tête brûlée qui rêve de liberté. Quelques facilités apparaissent au fil des pages, mais elles se noient dans l'efficacité du récit d'Elsa Morante, qui nous décrit de manière très juste, brute de décoffrage, les conditions de vie de ses héros, humains emportés par les méandres de l'Histoire.

Un grand roman sur l'Italie de la Seconde Guerre mondiale.
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Toute une oeuvre que ce roman de Elsa Morante. Outre le destin de Ida et de son fils Giuseppe conçu lors d'un viol, on a aussi droit à l'histoire de Nino, l'autre fils de Ida et de tout une panoplie de personnages plus ou moins secondaires tous unis par la guerre, la misère, la pauvreté et la maladie. Il n'y a pas de destin facile parmi tous ces personnages pas plus qu'il n'y a de fin heureuse pour quiconque.

Plus qu'un autre roman sur la guerre La Storia est une oeuvre sociale et politique. Ella Morante prend fait et cause pour les travailleurs et les demninis dénonçant les abus du Pouvoir et de ceux qui le détiennent avec une charge à fond de train contre les bourgeois par l'intermédiaire de son personnage de David qui enchaîne les discours sur le cancer que représente la bourgeoisie et tous les systèmes en place les trouvant interchangeables et ne différant que par leur étiquette.

C'est une oeuvre forte qu'on a comparé à l'oeuvre de Victor Hugo ce qui à mon humble avis n'est pas exact. Jamais je ne me suis ennuyé en lisant Hugo ce qui n'est pas le cas avec La Storia que J'ai trouvé trop long , pourtant je n'ai pas l'habitude d'être rebuté par un pavé de 900 pages ou plus. Cette fois il y a eu des moments où J'ai eu de la difficulté à rester concentré surtout lors des longues divagations de David ou lors des nombreux récits des rêves faits par les uns ou par les autre. La longueur excessive de ce roman est le seul point qui m'empêche de lui donner la note maximale.
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A travers cette fresque familiale, le récit de la vie d'une femme et de ses deux fils ballottés par les événements, Elsa Morante retrace l'histoire de l'Italie du début du siècle à l'immédiat après-guerre. Fascisme, guerre, shoah, communisme, libération et reconstruction, les événements rythment le livre.
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C'est un pavé, c'est une somme, c'est le roman-fresque qui a fait la réputation de la grande écrivaine Elsa Morante auprès des générations suivantes.
Mais La Storia, c'est bien plus que ça…

Le parti pris de baser chaque section sur la grande histoire de la deuxième guerre mondiale avant de revenir au récit m'a tout d'abord étonnée, éloignée de celui-ci. Et puis, ces vies modestes et ordinaires, celle d'Iduzza et de ses fils, pris dans la tourmente du régime fasciste et de l'occupation allemande, puis de la libération, très vite, prennent le dessus.
La généalogie de cette institutrice à moitié juive, son effacement, donnent un départ sombre à cette Storia, d'autant que celle-ci concorde avec la conception violente et honteuse de son cadet, Useppe. Ce petit enfant d'abord dissimulé pour échapper aux SS autant qu'aux jugements du voisinage, va pourtant se révéler comme un rayon de soleil pour tous ceux qui l'entourent, depuis son aîné Nino jusqu'à la famille des Mille qui partagent leur cachette, en passant par le sombre Carlo Vivaldi ou la maigre Carulina. Elsa Morante donne à voir la terrible réalité du quotidien des petites gens confrontées à une grande Storia qui les broie sans vergogne, et à la fois la beauté de la vie simple et des sentiments familiaux et amicaux. Elle n'évite parfois pas des raccourcis qui m'ont choquée, comme de relier la laideur avec un destin de prostituée, sans doute typiques de son époque.

Elsa Morante a dressé une épopée picaresque où les enfants, parfois projetés dans la vie adulte sans en avoir la maturité, comme Carulina ou Nino, tiennent debout un monde qui s'écroule, avec le soutien et l'affection des animaux, merveilleux Blitz, Rossella et Bella, qui ne regardent pas les faiblesses et tromperies de leurs maîtres, mais gardent un optimisme et une fidélité à toute épreuve, jusqu'au bout.

J'aurais aimé pouvoir fractionner ma lecture comme je l'ai fait avec les trois tomes des Misérables. Aussi y ai-je trouvé des longueurs, qui ne m'ont pas empêchée d'être très remuée par cette famille et leur entourage, particulièrement par le petit Useppe. Tout en reliant en permanence les soubresauts de la Storia mondiale avec ces destins minuscules et attachants.
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Une institutrice à moitié juive, lduzza, rencontre un jeune Allemand, à Rome. Ivre, il la viole. Un bâtard va naître, Useppe. On assiste alors à la lutte acharnée que mènent cette mère, « pauvre d'esprit », et son fils, qui sera épileptique. Les personnages multiples qui les entourent, Ninnarieddu – le premier fils d'lduzza, être ambigu, ayant frayé avec toutes les idéologies - le juif David Segré et tant d'autres figures inoubliables des quartiers populaires de Rome, font entendre une sorte de voix collective de l'Histoire.
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Elsa MORANTE La storia
Nous sommes en Italie dans les années 1940 et dans le destin d'une italienne ordinaire, Iduzza dite Ida.
La quotiden de familles populaires est, comme partout ailleurs dans l'Europe de ces années, fait de difficultés multiples, de monotonie et pourrait s'écouler ainsi, sans grands heurts.
Et puis arrivent les années du fascisme, les guerres, tout ce qui va faire de la vie un enfer pour bien trop de monde.
Dans ce chaos existent pourtant des êtres de lumière, des éclaircies tendres et magiques. Useppe, petit garçon singulier m'a fait penser à ces « enfants perdus » que l'on rencontre dans le monde de Peter Pan. Peut être vient-il d'un petit peuple d'elfes, lui qui sait sait écouter et comprendre les oiseaux, ou les animaux et que la vie émerveille.
Mais il n'y a pas de magie dans ces périodes sombres, et les destins sont tristes, injustes, trop souvent tragiques.
Au début de chaque année, Madame Morante à fait une énumération historique des convulsions politiques qui ont secoué le monde de l'époque. C'est terrible, nous sommes des monstres.
lecture achevée le 26 janvier 2019


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Ma critique est sur l'édition Biblos avec Aracoeli
Lien : https://www.babelio.com/livr..
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