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Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Luca ne supporte plus l'autorité de ses parents et de ses professeurs. L'adolescent rejette leurs valeurs bourgeoises et lutte contre une vie quotidienne vide de sens. Refusant les contingences sociales, il décide de désobéir. Une attitude dont le couronnement ne peut être que le refus de l'injonction de vivre.

Mais Luca ne meurt pas, il découvre le désir charnel, la passion sans amour en contrepoint de son désir de mort. Bientôt, son refus de la normalité est battu en brèche par une sensualité exacerbée née de l'intervention d'une banale infirmière. Un apprentissage des sens, qui éteignant sa colère et sa révolte, le fera passer de l'adolescence à l'âge adulte.

La désobéissance, une oeuvre sensuelle et personnelle où Alberto Moravia analyse magistralement la découverte de la sexualité, l'initiation à celle-ci comme un passage essentiel pour l'intégration et l'épanouissement de l'homme dans la société.


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Âgé d'une quinzaine d'années, Luca voit sa vie s'effriter : le monde lui semble soudain rempli d'injonctions arbitraires et absurdes. Les valeurs qui lui tenaient à coeur enfant n'échappent pas à cette impression de fausseté générale. Ainsi quand il découvre que le portrait religieux auquel ses parents l'envoyaient prier cachait le coffre-fort familial, le jeune garçon réalise qu'on l'envoyait vénérer l'argent, et pas Dieu.

Luca décide donc de désobéir. « Il faut » bien travailler à l'école ? Il ne fera plus le moindre effort. « Il faut » respecter la valeur de l'argent ? Il déchirera ses billets de banque. Cette désobéissance sera totale, jusqu'à cesser de se nourrir correctement, même s' « il faut » prendre des forces, et d'espérer voir la mort arriver. Sa renaissance ne viendra qu'avec la découverte de la sexualité, auprès de l'infirmière engagée pour rester à son chevet.

Ce roman initiatique est assez dense, le genre de livre qui demande au lecteur de s'arrêter toutes les dix pages pour réfléchir et assimiler ce qu'il vient de lire. le récit possède différents niveaux de lecture, du passage d'un enfant à l'âge adulte et les désillusions qui l'accompagnent, au refus politique d'obéir aux ordres de la société. Étant friand des livres qui disent beaucoup en peu de pages, nul doute que je retrouverai prochainement l'auteur sur mon chemin.
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Cela fait deux mois que je n'ai rien publié sur ce blog. Je vous rassure, je vais bien et je continue à lire mais la motivation pour écrire se fait de plus en plus rare. Mais bon, je crois que vous commencez à être habitués à mes absences prolongées et injustifiées !
Je reviens aujourd'hui avec un titre d'Alberto Moravia, auteur italien que j'affectionne beaucoup. J'avais déjà lu de lui son célèbre roman « le Mépris » massacré à l'écran par Godard et ses acteurs pitoyables. Il a d'ailleurs été le sujet d'une de mes toutes premières critiques sur le blog. Et je me souviens avoir été conquise par cette première découverte de l'auteur.
Pendant l'une de mes absences, j'ai lu aussi ( mais donc pas chroniqué) un autre de ses titres « le conformiste », roman que j'avais beaucoup apprécié et qui traitait principalement de la normalité, de la pression sociale et de son influence sur notre comportement et nos prises de décision. A travers cette deuxième lecture, j'ai pu remarquer à quel point Alberto Moravia détaillait avec minutie les états d'âme de ses personnages, il décortique et analyse brillamment leur psychologie.
Ce troisième roman n'y échappe pas et bien qu'antérieur au « Conformiste » et au « Mépris », Alberto Moravia y fait déjà la démonstration de ses talents.
Dans « La Désobéissance », il met en scène un jeune adolescent, Luca, qui refuse de continuer à obéir à tout le monde et de se soumettre à une quelconque autorité. Rejet de ses parents, rejet de l'institution scolaire, rejet de toute forme d'attachement matérialiste, Luca pousse son délire anarchiste jusqu'à renoncer à la vie.
C'est amusant de faire le parallèle avec le conformiste dans lequel le personnage principal Marcello prend très tôt conscience de son anormalité. Et là où Luca fait tout pour s'extraire des conventions, Marcello, lui, a le comportement complètement inverse et fait tout comme tout le monde et tout ce qu'on attend de lui afin de se fondre dans la masse. Toutefois, les deux romans restent bien différents puisque La Désobéissance se cantonne vraiment à cette période difficile de l'adolescence or que le Conformiste retrace la vie entière de son personnage.
En général, je n'aime pas trop les romans traitant de la période adolescente, c'est une période qui est loin derrière moi à présent et les préoccupations qui caractérisent cet âge ne sont plus les miennes et ne m'intéressent absolument plus.
Mais je dois bien reconnaître qu'ici Alberto Moravia m'a bluffée tant il décrit merveilleusement bien la violence qui peut accompagner le passage de l'enfance à l'âge adulte.
Pour Luca, la transition s'effectuera non sans qu'il ait risqué sa vie. Luca tombe gravement malade. Ses délires sous l'emprise de la fièvre sont l'occasion pour Moravia de nous offrir de magnifiques pages révélatrices de la transformation qui s'opère dans l'esprit du jeune garçon.
Mais c'est justement le fait d'avoir frôlé la mort de si près, d'avoir presque atteint ce but qu'il s'était fixé d'être enfin détaché de ce monde, qui va précipiter sa renaissance. Grâce aux soins zélés d'une infirmière, Luca va découvrir l'amour charnel et ainsi, telle une chrysalide se métamorphosant en papillon, devenir enfin un homme.
La justesse et la précision des sentiments, des pensées, des interrogations et des réflexions De Luca découlent peut-être de l'expérience personnelle de l'auteur qui, jeune garçon, est tombé gravement malade de la tuberculose et aura fréquenté les sanatoriums pendant de longues années.
Outre la qualité du style et de la retranscription des émotions et des idées, je trouve quand même un peu confuse la tentative de faire de l'acte sexuel l'élément déclencheur de la transition garçon/homme. Même dans le texte, je trouve que Moravia n'est pas très clair. Pour moi, faire de la première fois le « rite de passage » est un peu cliché. J'ai l'impression que c'est surtout la maladie de Luca le déclencheur et d'ailleurs le passage dans le texte décrivant le rêve/délire De Luca en est l'illustration. Je n'ai pas compris pourquoi Moravia a brusquement dévié et donné toute l'importance à l'acte sexuel. Et puis personnellement, même si les « rites de passage » existent dans toutes les formes de société, je pense que ce sont surtout les événements de la vie qui font de nous une personne adulte.
Dans l'ensemble, j'ai quand même préféré la première partie consacrée à la désobéissanceDe Luca , plus forte, plus violente, plutôt que la deuxième lorsqu'il est confié aux bons soins de son infirmière, attendue mais presque décevante par sa banalité.
Alberto Moravia m'aura encore une fois conquise par sa maîtrise et sa capacité à traiter un tel sujet avec tant d'acuité et d'authenticité.




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Luca est un adolescent d'une quinzaine d'année, ayant la sensation d'avoir grandi trop vite, d'être adulte avant l'heure. Cela entraîne chez lui de grandes perturbations psychologiques se traduisant par des colères violentes, contre les êtres humains mais aussi les objets inanimés (« Luca avait le sentiment que le monde lui était hostile et que lui-même était hostile au monde ; et il lui semblait livrer une guerre continuelle et exténuante à tout ce qui l'entourait »).
Pour s'en sortir, il décide de renoncer. Renoncer, simplement, à tout : possession matérielle, vie en société, relations humaines. Cette abdication est pour lui la désobéissance ultime, la lutte la plus efficace qui soit. Dans toutes circonstances de sa vie, il développe une ligne de conduite allant dans ce sens, ce qui le conduit à l'alitement. Jusqu'au jour où une infirmière…
Excellent roman initiatique d'Alberto Moravia, écrit en 1949, où l'on trouve toutes les caractéristiques de cet auteur : une observation clinique des êtres humains et de leur comportement en société, une lutte permanente contre les idéologies dominantes (ces premiers écrits ont été produits à compte d'auteur sous la dictature de Mussolini), sans oublier une bonne dose de sensualité... On rencontre dans ce roman une infirmière assez mémorable...
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La désobéissance, un roman de l'enfance aux sulfureux secrets ? Pas vraiment. Ce n'est pas le registre de Moravia. On est très loin des innocentes transgressions enfantines.
L'auteur commence et termine son récit par un voyage en train. Entre ces 2 trajets Luca, 15 ans, va vivre un long épisode de distanciation de la réalité. Il se convainc que le normal est abject. Rien que ça ! Sa résolution est sans faille. de façon délibérée il refuse -en ce sens il désobéit- la normalité. Luca cherche à se persuader et à nous prouver que son attitude est le fruit d'une décision réfléchie et parfaitement cohérente. On retrouve la démarche existentialiste avant l'heure. Allant crescendo, d'un vague malaise à la perte d'appétit de vivre, le dépouillement va conduire Luca à la maladie au délire. Il va jusqu'à tutoyer la mort.
Sa lente descente aux enfers est troublante et réussie. L'abandon par Luca de tout ce qui a constitué une enfance heureuse et choyée est douloureuse pour le lecteur. La société bourgeoise étriquée représentée par ses parents est présentée comme l'élément déclencheur.
Par deux fois dans cette spirale d'autodestruction il croisera deux femmes mures qui éveilleront, mystérieusement, son désir sexuel et un appétit de vivre. La première relation sera un acte manqué, la seconde, une infirmière obligeante, lui apportera la lumière dont il avait besoin.
Moravia excelle à évoquer le passé paisible, le bonheur serein passé et par opposition la cruauté et le nihilisme de l'acte de rupture actuel.
En revanche je reste un peu sur ma faim, moyennement convaincue par la résurrection soudaine liée à un rapport sexuel avec une infirmière. le texte lui-même montre quelques faiblesses dans cette dernière partie, je pense à la symbolique plutôt facile de l'arbre.
C'est un roman de l'intime, de l'émancipation. C'est aussi avant tout un roman d'une personnalité profondément en souffrance.
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Un jeune homme rentre de vacances en train. le voyage est long et ses parents décident du repas, sans lui demander son avis. A partir de là, le jeune homme sera habité d'une colère sourde et puissante. Peu à peu, il va découvrir petit à petit les raisons de cette colère. Et réaliser que ses parents ne sont pas des demi-dieux puissants et vénérables, mais des adultes tristement normaux.
Le héros va alors se rebeller contre ce que les autres, parents, amis et professeurs, attendent de lui. Son unique but sera alors de désobéir aux diktats sociaux et de se défaire de tout ce qui l'entrave dans sa quête morbide vers le détachement extrême, la liberté absolue.
Ce roman m'a fait étrangement penser à l'étranger de Camus, peut-être de par le détachement, ici progressif, du héros avec tout ce qui fait la vie, autant dans sa médiocrité, dans sa quotidienneté que dans sa beauté et sa grandeur.
Difficile de critiquer ce genre de livre qui traite de l'expérience de l'absurde. L'auteur écrit sur un ton dégagé, en pur observateur, presque clinique. Mais je trouve que si Moravia décrit très bien le décalage du héros et sa perte d'appétit de vivre, il excelle aussi dans son retour vers le plaisir de vivre.
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Vu à travers le regard lucide et sans concession d'un adolescent, le monde apparait comme un théâtre de marionnettes, une pitrerie, le lieu d'un spectacle presque irréel où conformisme, hypocrisie et veulerie se conjuguent.
Tout commence peut-être quand Luca découvre par hasard que ses parents lui demandent chaque soir de prier devant la Vierge de Raphaël et que ce tableau masque en fait la porte d'un véritable coffre-fort rempli de billets de banque. L'ironie est cinglante et toutes ses valeurs s'effondrent : la prétendue bonté de ses parents n'est plus qu'une pitrerie supplémentaire. Il va s'enfoncer dans une désobéissance systématique qui n'est que la face cachée d'un suicide et détruire tout ce qui l'attachait à la vie. Dans l'ivresse et la recherche de ce qu'il croit être sa liberté, il va enterrer ses économies dans un jardin public et se défaire de tous les objets auxquels il tenait. Il refusera d'étudier et de se nourrir au point qu'il va frôler la mort avec délectation. Puisque le dégout s'insinue dans les moindres recoins de son être, le désir et la sexualité ne seront pas épargnés jusqu'au jour où, au sortir d'une longue maladie, il renait et découvre le monde avec des yeux nouveaux, d'une façon un peu artificielle à mon goût, à travers l'attirance charnelle qu'il éprouve envers l'infirmière qui le soigne.
L'auteur avec un luxe de détails inoui et une grande justesse nous rend palpable cet élan mortifère qui flirte avec le délire, et conduit Luca inexorablement vers la destruction.
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Moravia
La désobéissance
Un jeune adolescent, Luca, ne veut plus rien, trouve tout négatif et s'oblige à désobéir à tout, que ce soit chez lui, en voyage avec ses parents, en classe, avec les copains, le refus de tout, il s'oblige même lors de ses devoirs de tenter d'atteindre le sommeil et se jeter sur son lit pour dormir. Il en refuse aussi la nourriture, ce qui le diminue tous les jours un peu plus. C'est mortel et il va tomber malade et gravement, fatalement.
Il lui reste encore un peu de se désir sexuel qu'il ne comprend pas vraiment et voudrait désobéir aussi. Mais il se trouve en présence, entre autre de l'infirmière, qui lui révèle ce secret de vie.
Mais va-t-il pouvoir s'en sortir, trouvera-t-il une autre forme de désobéissance.
J'ai lu que l'auteur à neuf ans a souffert de la tuberculose osseuse, il est passé par des hôpitaux, puis des sanatoriums et enfin, il a décidé de lire plusieurs livres par semaine
Je pense que ce livre est un livre autobiographique, modifié certes, mais qui est pour lui une auto analyse de ce qu'il a traversé (je me trompe peut-être).
D'ailleurs ce livre montre de façon évidente le passage de l'enfance avec ces effets négatifs à l'adolescence et à l'être adulte avec l'analyse de la souffrance et du pourquoi ces changements psychologiques et physiques.
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Comment ais-je pu attendre si longtemps avant d'enfin lire ce livre ? Un vertige dans les méandres de la pensée d'un adolescent d'une famille aisée pour la mise en place de son scénario qui doit l'amener à sa mort.

Italie des années quarante, Luca, entre enfance et adolescence, bon élève, bon fils de famille, respectueux des usages et avec un itinéraire tout tracé se découvre brusquement plongé dans les affres d'un malaise profond quasi mystique. Solitaire à l'excès, Il va alors mettre sur pied un plan visant à dominer ses désirs, ses passions (philatélie, théâtre de marionnettes de collection, argent, nourriture) pour s'en détacher définitivement. Emportant dans un zèle furieux, ce sont aussi ses repères et ses racines (ses parents, ses professeurs) qu'il veut détruire pour le libérer de tout ce qui peut le rattacher à une vie qu'il lui semble insupportable alors. Et on s'attend à tout moment à une fin tragique, celle qu'il semble souhaiter passionnément tant Luca va aller loin dans ses actes et sa détermination…. Oui l'adolescence peut être aussi un naufrage….

Sous une plume magistrale (bravo à Michel Arnaud pour sa traduction), le malaise, les pensées, les actes, un environnement qui paraît à Luca de plus en plus sordide sont étudiés dans le moindre détail, au scalpel. Seul, un fin connaisseur des malaises adolescents peut arriver à une telle précision.

Cette plongée dans la démarche auto destructrice De Luca est de loin ce que j'ai préféré dans ce livre, la rémission par les douceurs et les attentions de femmes (la nourrice de ses cousins puis l'infirmière qui va le soigner) à la fois maternelles et sensuelles est, elle, plus convenue et prévisible.

Même si le récit et l'auteur datent, l'ensemble est diablement moderne….
Lien : http://passiondelecteur.over..
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Je découvre Moravia et son écriture, et c'est une belle surprise : une stylistique quasiment proustienne, une analyse psychologique chirurgicale des protagonistes...
Ce roman décrit la radicalité de la désobéissance d'un adolescent confronté à l'abandon de l'enfance et aux difficultés à affronter celui des adultes. Cette désobéissance le conduit à abandonner toutes ces certitudes à travers le délaissement de ses passions, jusqu'à la mise en jeu de sa propre existence. Un roman dur mais d'une grande profondeur.
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