Voici le récit d'une grande passion inédite, un hymne à l'amour, l'histoire hors norme, hors du temps, rocambolesque,un peu folle et irréaliste, sensible, très sensuelle de la religieuse Paola Petra....
Un beau récit, filé, bercé, accompagné par la musique, situé à la moitié du dix- huitième siècle, en Italie.
La petite comtesse: Paola Pietra , jeune fille sensible et imaginative,et ses compagnes de "claustration", les nonnes, vivent au couvent de Sainte Radegonde.....orpheline de mère, placée là,par son père contre son gré,Paola commence à s'identifier au frisson de participation qui s'élève dans la nef en écoutant le choeur des soeurs qui chantent les laudes ,le matin...
Et, sous la conduite de soeur Rosalba, sa maitresse de chant, elle se découvre une voix solide et définitive, une superbe voix de contralto,une des plus belles voix dont s'était occupée soeur Rosalba, une voix à la séduction profonde et obscure, une voix au timbre sensuel...
Au cours d'une cérémonie funèbre, Paola s'évanouit dans l'église, vite relevée et portée par les bras de John Breval, un diplomate Anglais en mission.....
Ces deux êtres que tout sépare tombent en passion l'un pour l'autre......
" Elle oeuvrait pour le démon, soeur Rosalba, elle ne le savait pas encore clairement, mais elle n'était plus immobile"....
Toujours par l'entremise de la musique, soeur Rosalba donne à Paola la clé " le violoncelle de son professeur travaillait beaucoup à essayer les rythmes et les manières d'une messe de Palestrina..."
Après la fuite,Paola et John vivent ensemble- et séparés-, une fuite rocambolesque jusqu'en Angleterre.....je n'en dirai pas plus..
Paola est forte, rebelle, ferme, apte à des changements fondamentaux,prête à vivre son amour,émerveillée par une sensualité qu'elle se découvre, une espèce de force tranquille qui la guide tout au long de son aventure, animée d'un
violent désir lors de la visite et dans l'attente de son amant....capable d'une grande transgression.
Elle brave avec sérénité,en femme de caractère , avec audace, les interdits, les conventions, les contraintes incroyables de son époque.....
Un ouvrage délicat et subtil, tout en nuances,en fines analyses psychologiques,
en évocations assumées de la maturation de l'héroïne et de son amant.
L'écriture est magnifique,poétique,les phrases sont ciselées, travaillées , riches.
On entend en sourdine "le Stabat Mater du Maestro Pergolese", la musique nous berce, nous accompagne avec grâce et retenue...
Je referme ce beau livre avec émotion et tendresse, " une note secrète.....
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Avant d'entamer ce livre, il faut se mettre en condition et écouter le très beau Stabat Mater de Pergolèse, qui vient d'être composé en ce début du 18ème siècle.
Il faut donc être conscient de la modernité de cette musique, qui même sacrée, peut être considérée par l'Eglise comme oeuvre de vanité et dérivatif à la prière, par la beauté des voix.
Par la vue fugace d'une fine cheville et l'écoute d'un timbre sublime de contralto, Sir John, diplomate anglais en poste à Milan, succombe au charme de la voix d'une femme invisible car religieuse.
Par le contact éphémère du à un évanouissement, Soeur Paola va entrouvrir la porte d'un monde de sensations inconnues et interdites.
Une trame romanesque qui s'apparente bien à la littérature de l'époque, avec les désirs suggérés, la sensualité et l'imagination pour seul support aux élans du coeur, et le rêve, seule nourriture de l'état amoureux.
Et heureusement, aucun effet facile qui aurait pu transformer le récit en roman d'aventure, d'enlèvement et de flibuste.
Une histoire d'amour, élégante, délicate, poétique, d'une exquise sensibilité, pour un fait-divers sulfureux, scandaleux, à une époque où il est impossible de disparaitre aux yeux de la société et de l' Eglise.
Parce que j'adore ce Stabat Mater, parce que je suis une éternelle romantique, parce que, dans une autre vie, je voudrais être une soliste de chant sacré ( ...pas gagné! ), parce que c'est l'Italie merveilleuse et éternelle, cette lecture fut un plaisir.
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Déniché dans une librairie bretonne toute mignonne, estampillé coup de coeur du libraire, ce roman a irrémédiablement attiré mon regard. Si en plus, on y parle musique, histoire d'amour impossible et XVIII siècle, what else ? Tous ces alléchants éléments combinés, me voici embarquée dans la Milan du XVIIIe auprès d'une jeune aristocrate, Paola Pietra, forcée de prendre le voile par un père qui n'a plus vraiment envie de s'en occuper. Comme souvent à cette époque, l'Eglise s'en chargera. Initiée au chant lyrique par une sœur esthète et mélomane, elle enchante le chœur du couvent et les fidèles se massent nombreux pour venir l'écouter. L'un deux, un aristocrate anglais, homme marié, venu négocier quelques affaires politiques, tombe follement amoureux de la belle nonne dès la 1e note. Transi d'amour, il fomente un plan d'évasion destiné à libérer et culbuter (oups pardon) notre pure et innocente Paola. Notre roman est donc le récit de cette évasion et du périple qui mènera Paola et son amant insatiable à travers la méditerranée, de Malte puis jusqu'à Londres. Que d'aventures pour notre duo charnel !
Marta Morazzoni s'y entend pour nous conter cette rocambolesque histoire d'amour et de musique. Du rythme et de beaux passages lyriques pour décrire l'émotion musicale et la transe éprouvée lors des duos de chant, ce roman est de la belle ouvrage. Oui mais. Cela s'essouffle très vite je trouve, bizarrement dès que notre Lord parvient à détourner notre Paola du droit chemin. Le récit de leur périple m'a semblé long et fastidieux et je dois avouer avoir eu envie d'en finir le plus vite possible. Seuls les passages liés à la musique ont trouvé grâce mes yeux. De quelques chose de lyrique et de passionné, on assiste à un lent délitement vers du banal (même du picaresque) et mon petit cœur de lectrice ne l'a point supporté. Tant pis.
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Si la musique sacrée hante le roman de bout en bout, c’est qu’elle est incarnée… par une sacrée femme. On ne dira pas plus de la Note secrète, qui porte décidément bien son titre, sauf à gâcher les mystères d’une histoire chahutée et follement romanesque.
Lire la critique sur le site : Liberation
On lui coupa les cheveux, et le geste tranchant de la nonne âgée eut quelque chose de triomphant :
- Ils devaient beaucoup vous gêner sous le voile, hein, ma soeur ?
Mais la soeur ne se prononça pas. Elle avait décidé, pour sa défense, de ne manifester dans ce lieu aucun sentiment, aucune émotion. Elle regarda sa chevelure éparse sur le sol, et eut l'impression de voir le pelage d'un animal mort, encore inutilement doux. Elle pensa au setter, qui s'élançait dans le grand pré de Sevenoaks. La nonne âgée se pencha pour ramasser la chevelure :
- Vous ne le croirez pas, mais mes cheveux avaient la même couleur, et ils étaient encore plus longs, quand j'ai prononcé mes voeux. Elle se tut un instant, puis revint sur le sujet, afin que, dans la tête fille de la jeune femme qui rajustait capuchon et voile, ne naisse aucune idée fausse : Mais j'ai été si contente de les voir à terre, comme toutes les vanités !
Et elle sortit, portant dans son tablier les cheveux qui deviendraient la perruque de quelque dame romaine.
En fait, il se tourmentait autour d’un plan sans espoir de réussite, qui était de parvenir jusqu’à sœur Paola Pietra, de la revoir et de se montrer à elle. Il se réveillait la nuit avec, dans sa tête, la voix profonde du contralto dans le Stabat Mater, et il en caressait le timbre comme il l’aurait fait avec la peau de la jeune fille, si seulement il avait pu chasser la sensation rêche de la robe. Il n’avait pas souvenir d’un désir aussi intense, la nuit où il avait aidé sa femme à sortir de l’embarras suscité par ce qu’ils devaient faire. Et maintenant que, face à cette adolescente enveloppée dans l’habit monacal, il aurait voulu, tant voulu ! devenir son maître, l’impuissance la plus objective l’arrêtait au seuil du rêve. Il était en terre étrangère, et il avait affaire à une religieuse, à des us et coutumes qui lui étaient étrangers. Que pouvait-il savoir, sir John, des prouesses de son contemporain Casanova de Venise, pour lequel même un monastère sur la lagune n’était pas un obstacle suffisant à la passion, alors que, pour lui, le mur d’enceinte des bénédictines de Sainte-Radegonde était une barrière qui l’excluait définitivement ? Du moins en apparence. Il découvrit que son esprit l’amenait, plus qu’il n’aurait dû, vers le couvent, car celui-ci avait fini par devenir un sujet de conversation avec les invités des nombreux dîners auxquels il était convié. Sir John finit même par être de plus en plus présent dans la vie mondaine, dans l’espoir, sans doute peu lucide, de trouver une solution à son tourment.
On peut se demander quel maître mystérieux coordonne la mise en scène d'un amour. Je parle d'un amour, c'est-à-dire d'une chose rare, bien plus rare que cette pacotille d'unions et de fusions et confusions entre apparence, convenance, nécessité, sentiment, parfois, et sexe, qui fait un mariage. Les mariages sont la norme, l'amour l'exception.
Car il faut dire que les funérailles ont l’avantage, par rapport aux mariages, d’être des cérémonies ouvertes, sans besoin d’invitation, et si la réputation va de pair avec la curiosité, eh bien l’espace d’une église comme Sainte-Radegonde ne pourra que se remplir, telles les alvéoles d’une ruche, la nuit tombée.
"De la nef de l'église s'élevait vers l'autel, l'admiration du public, des ignorants aux cultivés, mais le message visait une seule personne, qui devait comprendre que l'invocation à Jésus Sommo Conforto était un labyrinthe dans lequel la voix cherchait le chemin pour parvenir jusqu'à lui."