Heligoland, gibraltar de la mer du nord

Curieux pirate que ce Störtebekker, homme fort dévot semble-t-il, puisqu'il fit don un jour à la cathédrale de Verden d'un vitrail représentant les sept péchés capitaux sur lequel ses armes parlantes : deux verres croisés, occupaient le compartiment réservé à la gourmandise. Mais ce n'étaient pas ses propres excès qui lui avaient valu le surnom d'"Avaleur de verres" - encore que ses armes parlantes pussent donner à penser qu'il n'était pas sans en vider un bon nombre. Il le devait, à ce que rapporte la légende, à une épreuve assez singulière, renouvelée des ordalies, qu'il avait inventée pour ses prisonniers. Ceux-ci étaient invités à vider d'un seul coup le contenu de son hanap. Qui triomphait de l'épreuve était libéré, qui échouait était massacré. J'oubliais de dire que le dit hanap contenait quatre bouteilles.

Les belles lettres n'étaient pas oubliées, et l'on pouvait encore voir dans l'île, avant les destructions de la seconde guerre mondiale, la petite maison où le poète Heinrich Hoffmann von Fallersleben composa le 26 août 1841 Das Lied der Deutschen, qu'il vendit pour quelques louis d'or à l'éditeur Campe de Hambourg. Trois semaines plus tard, ce dernier revenait à Héligoland avec son poème adapté sur une mélodie de Haydn, que le monde entier a appris à connaître sous le nom de Deutschland über alles. Mais combien de gens savent que l'hymne national allemand a été composé dans une île britannique !