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4,09

sur 430 notes
La lecture du roman Les Vivants et les Morts, de Gérard Mordillat, m'avait beaucoup marqué. Lorsque j'ai appris que le livre avait été adapté en série pour la télévision, j'étais curieux de comparer les deux. Or, je n'ai pas été déçu.

Après avoir vu les six premiers épisodes, je me suis rendu compte que cette immense fresque sociale et souvent très intimiste, ne pouvait être adaptée que par son auteur lui-même. le récit est tellement dense que la réalisation a imposé de résumer certaines parties de l'histoire en deux épisodes.

Les Vivants et les Morts permet de comprendre de l'intérieur ce qui s'est passé et se passe encore lorsque la finance l'emporte sur l'humain. Cette recherche permanente et obsessionnelle du profit détruit tout simplement la vie. L'auteur décortique bien le mécanisme diabolique mis au point pour réussir à déposséder les ouvriers de leur outil de travail.
Les ouvriers, les employés sont prêts à tous les sacrifices pour conserver ce qui est leur dignité et leur fierté. D'autres hommes – méritent-ils ce nom ? – n'hésitent pas à employer tous les stratagèmes pour parvenir à leurs fins. Témoins de ce spectacle désolant, les hommes politiques sont pathétiques et Gérard Mordillat démontre bien toute leur impuissance devant ce véritable massacre. Les vrais décideurs sont ailleurs et ils se gardent bien de se montrer.
Les deux derniers volets de cette terrible histoire bien trop contemporaine m'ont laissé KO. La révolte de toute une ville qui sent qu'on est en train de l'assassiner, est montrée avec brio et beaucoup de réalisme par le réalisateur : « Qui sème la misère récolte la colère ! »
Ce sont les femmes qui font prendre conscience à tous du drame qui se joue alors que, de réunion en réunion, responsables et hommes politiques tentent d'en finir en douceur. Arrive alors la répression aveugle et dévastatrice des forces de l'ordre. L'auteur nous montre bien que ce sont ceux qui les dirigent, de loin, par radio, qui portent la faute de la catastrophe qui s'amorce.
Dans le film, Marie Denarnaud qui joue le rôle de Dallas, se révèle vraiment dans ses deux derniers épisodes où elle est tout simplement extraordinaire de présence, de force et d'émotion. Elle vole même la vedette à son mari, Rudy, joué par un très bon Robinson Stévenin, et finit par imposer sa volonté.
Inutile de détailler tout ce qui se passe dans Les Vivants et les Morts, tellement cette histoire est dense et riche en émotions. L'oeuvre cinématographique réalisée est à la hauteur du roman et tout le mérite en revient à Gérard Mordillat et à tous ceux qui l'ont soutenu pour réaliser cette superbe fresque.

Que vous ayez vu ou pas le film, lisez sans plus tarder le livre, vous ne le regretterez pas !
Lien : http://notre-jardin-des-livr..
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- Flash spécial, l'usine de la Kos celle là même qui avait faillit disparaitre sous les eaux et sauvé par ses ouvriers est en liquidation judiciaire. En direct de Raussel notre envoyé spécial michemuche, vous avez l'antenne.
En effet chers auditrices et auditeurs je suis devant le portail de l'entreprise, c'est un coup de massue que les ouvrières et ouvriers ont reçu ce matin en apprenant le dépôt de bilan de cette usine de plastique....
Bon vous connaissez la suite pas besoin de faire un dessin. " Les vivants et les morts " de Gerard Mordillat est un livre sur le combat de femmes et d'hommes qui pour sauver leurs entreprises sont prêts à toutes les folies.
Des livres qui parlent du monde ouvrier il y a bien sur " Germinal" d'Emile Zola ou " La jungle " de Upton Sinclair et dernièrement le très beau livre de " Joseph Ponthus " " A la ligne".
En fait rien n'a vraiment changé, je ne vais pas faire un cour d'économie, ni sur ce que je pense du néo- libéralisme. ( Il va falloir que je jette un oeil sur le dernier livre de " Thomas Piketty".)
Comme Rudi, Dallas et Lorquin les héros de " Les vivants et les morts " j'ai connu moi aussi dans ma vie professionnelle ce genre de situation.
En 35 ans de carrière j'ai subi un dépôt de bilan, deux redressements judiciaires et le rachat de mon entreprise par une grande multinationale.
J'ai toujours été étonné par la complaisance des pouvoirs publiques de droite comme de gauche, la façon qu'ils ont de tourner la tête pour ignorer le drame social qui se joue. Comment peuvent ils accepter de fermer les yeux sur un patron qui met la clé sous la porte pour un motif fallacieux et remonter une autre société un mois plus tard.
Pour en revenir au roman, j'ai trouvé l'histoire réaliste, la psychologie des personnages convaincante. Un bémol, j'ai trouvé navrant et incongru ces scènes de sexe qui ne servent à rien et qui ralentissent l'histoire.
j'ai une pensée pour les ouvriers de Bridgestone de Béthune.
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Avec « Les vivants et les morts » , Gérard Mordillat signe une oeuvre ambitieuse, profondément humaniste. Un gros pavé pour dénoncer la lâcheté de patrons voyous, qui n'hésitent pas à mettre sur le carreau des centaines de salariés pour satisfaire leurs actionnaires. A la Kos, la direction justement a décidé de fermer définitivement l'usine qui fait vivre une ville entière. Après l' abattement, l'écoeurement, la révolte gronde et la lutte s'organise. A travers le couple Rudy, Dallas ainsi qu'un bon nombre de personnages attachants ou infâmes, Mordillat décrit avec une grande justesse, cette fronde sans merci que vont livrer les salariés face une direction aussi lâche qu'invisible. Mordillat, artiste engagé renoue avec un genre, le roman social avec force et passion. Il montre avec justesse les dégâts directs mais aussi les dommages collatéraux (la vie de couple, les enfants, le lien social, les crédits à rembourser, les tensions qui apparaissent entre salariés etc ... ). Ces nombreux personnages donnent un souffle et un rythme remarquable à son récit. Un roman que l'on ne lâche pas et que l'on quitte à regret.
Mordillat a adapté son roman pour le petit écran. Il a la même puissance que son bouquin.

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Superbe !
Plongée au coeur d'une famille d'ouvriers d'aujourd'hui. Un roman fleuve qui vous transporte comme rarement. Sur fond de passion amoureuse, se dessine une hronique sociale très actuelle : lorsque l'usine ferme, ne reste qu'une alternative : vivre ou mourir.

03/01/2010
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CHALLENGE PAVES 2014/2015 (10/10)

Magnifique peinture sociale d'une France industrielle qui se meurt.
La première scène de ce livre est très forte. Raussel, petite commune de l'Est, sous un déluge venu du ciel, les ouvriers d'une usine de plasturgie, la Kos, se battent corps et âme pour sauver leur outil de travail de l'inondation. Il y a là toute l'équipe de maintenance emmenée par le chef Lorquin, la cinquantaine triomphante, Rudi, à peine trente ans, l'orphelin à l'enfance tumultueuse, mais aussi Totor, Luc, Serge, Hachemi, Willer, Saïd... Ils réussiront leur pari, l'un deux y laissera même la vie. Deux ans plus tard, une décision du holding allemand qui détient l'entreprise vient rompre le fragile équilibre : pour la sauver, leur dit-on, un plan social est nécessaire. Malgré la grève, ce sont les femmes et les anciens qui vont en faire les frais, dont Lorquin que l'on croyait indétrônable.
Ah oui, je ne vous ai pas parlé des femmes, Dallas, Varda, Micky, Gisèle et les autres ; c'est vrai qu'au début, elles jouent plutôt les seconds rôles.
La Kos ne doit pas disparaitre car avec elle, elle entrainera la mort de la commune, voire de la région. C'est l'escalade dans la violence. Finalement, politiques, élus locaux, syndicats, forces de l'ordre et envoyés du gouvernement écriront ensemble la chronique d'une mort annoncée, sous les yeux des médias et des ouvriers anéantis. L'amour permettra à certains de rester vivants, d'autres n'y survivront pas.

J'ai trouvé ce roman parfaitement réussi. J'avais pu voir, il y a quelques années, son adaptation télévisée qui lui était tout à fait fidèle. J'avais donc le visage de Robinson Stevenin en mémoire, magnifique incarnation de Rudi.
Par moment, au cours de ma lecture, j'ai ressenti le souffle de Zola dans "Germinal", en version moderne. La vision finale du fantôme de la Kos abandonnée laisse un goût amer car malheureusement ce récit fait référence à une triste réalité, celle d'un monde où la valeur financière l'emporte sur les valeurs humaines. J'ai dévoré ce pavé, aux chapitres très courts car tous les protagonistes, hommes ou femmes sont attachants dans leur force comme dans leurs faiblesses. Si je n'accorde pas la note maximale, c'est tout simplement que j'ai trouvé certaines scènes plutôt crues assez déplacées dans cette lutte anticapitaliste. Déplorant aussi le manque de panache du rôle accordé aux femmes (elles soutiennent les grévistes en manifestant de leur côté bien sûr, mais c'est en tapant sur des instruments qu'elles connaissent parfaitement : des casseroles !), toute fierté ravalée, j'accorde cependant un 17/20.
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L' histoire est d'une effrayante banalité. Une usine, dans le Nord, appartenant à un groupe étranger, va être fermée, les salariés licenciés. Lorsque l'auteur a adapté son roman pour la télévision, il a choisi comme lieu de tournage Hénin-Beaumont, c'est dire …. Et ils se battent, même sans aucun espoir. C'est beau, triste et fort, un roman qui marque à jamais. Ces ouvriers qui continuent à vivre, à aimer, à se révolter sont eux, les vivants. Les morts, ce sont les patrons de l'usine, qu'on ne voit jamais. On a parlé de Zola, de Hugo. Non, le style et la situation sont bien d'aujourd'hui, de chez nous, mais une fois ce pavé refermé, on ne regarde plus l'actualité comme avant.
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Un roman social qui nous plonge au coeur d'un conflit dans le monde ouvrier : sur fond de violence patronale et d'emplois sacrifiés par l'ultralibéralisme, les ouvriers de la Kos se révoltent... "Les Vivants et les Morts" nous plonge dans l'enfer de la désindustrialisation, des plans sociaux et nous montre l'envers du décor, les répercussions de ce drame social à l'usine et à la maison, dans les corps et les coeurs...Poignant, on suit les destins de ces hommes et de ces femmes qui se battent pour rester vivants !
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« Ave Capital, ceux qui vont mourir te saluent! »
Une petite ville française, une usine, quelques commerces autour, au XXIe siècle. L'histoire débute par une saisissante scène de crue des eaux envahissant rues et bâtiments. Quelques ouvriers du plus grand employeur de la place s'évertuent à sauver les machines-outils de l'usine inondée. Rudi Löwenviller et François Lorquin dirigent le sauvetage, le premier manquant d'être emporté par les flots. Malgré ces actes de courage, l'usine ne fera pas long feu, un cas classique des effets de la mondialisation et du libéralisme économique. Syndiqués ou non, les employés restent à la merci de la cupidité des propriétaires ou des actionnaires, toujours prêts à vendre au plus offrant, liquidant tout pour le profit rapide.
Gérard Mordillat a conçu son roman comme un feuilleton, du premier jour de l'annonce de la fermeture de l'usine jusqu'aux plus sombres des manifestations et des grèves, ses personnages principaux et secondaires sont au coeur de l'histoire. Amours, liaisons, naissances, mariages, amitiés, rivalités, conflits familiaux et professionnels, chacun a la parole, en font foi les nombreux dialogues servant la narration. On assiste au délitement d'une communauté emportée par les lois bancales du travail, tombant sous le rouleau compresseur de l'économie de marché.
Un roman socio-économique au style enlevant, à la construction originale et à l'écriture percutante.
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Une petite ville à l'est :Raussel qui existe grâce à son industrie:Plastikos (usine de fibres plastiques)que tout le monde surnomme la Kos.
La Kos a failli fermer lors d'une inondation dû au débordement de la Doucile. Malgré un mort,les ouvriers ont tout fait,au péril de leur vie,pour sauver les machines.Le travail à repris, mais voilà 2 ans après ,le couperet tombe:la Kos licencie :Une centaine de licenciements,les derniers arrivés et les femmes.Parmi elles, Dallas mariée à Rudy, tous 2 employés à la Kos,jeune couple que l'on va suivre tout au long du roman.
Car les premiers licenciements sont les prémisses d'une fermeture definive de la Kos.C'est toute la ville de Raussel qui va se mobiliser pour refuser ce qui leur crève les yeux:leur usine n'est plus compétitive par rapport à celle installée en Espagne. le brevet a été racheté aux Allemands par les Américains.
Tourment,révolte,combat acharné, nous allons être immergés dans cette lutte du désespoir, tout au long du roman.
Une histoire ô combien d'actualité !!,Malgré la date de parution du livre:2004.
Les fermetures d'usines ,à présent, sont présentées dans les informations comme "faits divers" ,banal, me direz-vous, mais à suivre,nous apprenons que dans le Nord,suite à de violentes bagarres,crėpages de chignon,griffures,morsures,etc...,la police a du intervenir dans une grande surface qui avait mis une palette de Nutella, pot d'1 kg,à 1,73 euro le pot.Le même scénario s'est reproduit pour des couches BB.Ça donne à réfléchir, peut-être que nos politiques devraient se pencher sur ces phénomènes et en tirer une conclusion?
N'avons nous pas dénoncé aux informations,l'attitude de certains peuples Africains lorsqu'ils saccageaient les magasins,lors de tempêtes où d'inondations ou autre?
En arriverons-nous là ?
Peut-être ne serez-vous pas d'accord avec moi et je ne veux pas vous entrainer dans une critique "hors sujet" mais ce livre de Mordillat n'a fait que me conforter dans mes opinions,et à moins "d'un sursaut"de bon sens,je n'ose dire "politique de bon sens",l'avenir me paraît bien angoissant et compromis ,sans excès de pessimisme juste une bonne dose de réalisme.
Lecture à recommander 🌟🌟🌟🌟.
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Rudi et Dallas sont jeunes, sont beaux et ils s'aiment. Ils travaillent tous les deux, comme beaucoup d'autres dans leur petite ville, dans une usine, la « Kos ». La « Kos », c'est un surnom pour la Plastikos. On y tient à cette usine dans la région, c'est le gagne-pain de nombreuses familles. On s'y accroche tellement d'ailleurs qu'un soir de St Sylvestre, les ouvriers n'hésitent pas à risquer leurs vies pour sauver d'une inondation tout le matériel. Ouf, la production peut continuer…
Mais le sort s'acharne sur la Kos lorsque deux ans plus tard, le couperet tombe. La fermeture de l'usine est annoncée. Un obscur groupe financier – allemand d'abord, puis nord-américain - a décidé de se débarrasser de la Kos après en avoir récupéré les actifs. Rudy, Dallas et tous les salariés de l'usine décident de se battre contre cette fermeture. Pour sauver leur emploi, pour sauver leurs conditions de vie, pour sauver leur existence.

Gérard Mordillat nous offre ici un roman social, populaire et terriblement actuel. Pas de tableau manichéen, juste des hommes et des femmes, les « vivants », qui se battent pour leur dignité. Plutôt que de s'appesantir sur les « gros patrons », l'auteur préfère suivre pas à pas ces héros ordinaires (sans en faire des saints) qui subissent ce plan social comme une bombe dans leur vie personnelle. Car c'est effectivement le cas. Avec Rudy et Dallas, on voit combien le travail est intimement lié à leur destin personnel, combien le travail façonne leur vie. On se bat pour lui et en même temps, on continue à s'aimer, à se déchirer, à espérer. le travail appartient à la vie de tous les jours. Alors quand on n'en a plus ?...
Derrière chaque fermeture d'usine, derrière chaque licenciement économique ou redressement judiciaire se trouvent des hommes et des femmes dont la vie se trouve bouleversée, voire parfois anéantie, lorsqu'on leur retire leur emploi. Or, pour ces lointains actionnaires qui signent des papiers, manipulent des sommes d'argent colossales et qui prennent des décisions en suivant le cours de la bourse, que représentent ces personnes ? Rien si ce n'est des pions, des poussières dans les rouages de la mondialisation. Une armée s'élève contre eux et pourtant, tout est déjà joué. Pour ces décideurs des hautes sphères, demain sera un jour de plus. Pour ces gens sans emploi, demain rimera avec inquiétude. Et c'est cela la violence implacable de notre société actuelle : le pouvoir cynique, anonyme et indifférent des détenteurs du capital et la totale vulnérabilité de ceux qui leur sont soumis.

Emouvant et passionnant, les « Vivants et les morts » nous plonge donc au plus près d'une réalité sociale qui ne cesse de s'aggraver. le style incisif, les nombreux dialogues et les courts chapitres font oublier les 650 pages. Loin de la litanie quotidienne des plans sociaux que les médiaux déversent mécaniquement chaque jour, le lecteur se retrouve aux côtés de ces salariés, au coeur de leur révolte et de leurs désillusions. La fiction rejoint ici le réel que l'on souhaiterait vraiment autrement.
Un roman à lire d'urgence pour ne plus voir avec des oeillères ce qui se passe dans notre « beau pays ».
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