Comme j'allais voir une pièce mis en scène par
François Morel à la Pépinière Opéra, je me suis dit pourquoi pas relire ces chroniques qui dorment doucement dans ma bibliothèque. J'en avais un bon souvenir. Mais c'était avant.
Je n'écoute jamais sa chronique sur France Inter d'ailleurs, je n'écoute jamais France Inter. Mais un petit cartel d'un libraire anonyme me promet sourire et désinvolture à la lecture. Comment résister alors? Un grand sourire sur le visage, je le prends en promesse de bons moments futurs. En plus, dans la quatrième de couverture, une critique du Monde le compare à Devos, ce grand jongleurs de mots et de sens.
38 chroniques de personnes que je connais plus ou moins de noms qui ont du marqué l'actualité en 2002. Mais beaucoup restent de parfaits inconnus et dont la chronique n'a nullement aiguisé un semblant de curiosité pour savoir qui ils pouvaient être. Ouf, mon sommeil n'en a pas été corrompu. Car il faut bien dire, que si le nom de l'invité est noté en première page, la chronique parle rarement de cette personne. On y rencontre des odes à l'amour à
Juliette Greco, »Ce qu'on aime chez Gréco, c'est la voix qui murmure, le souffle qui frissonne, et ses mains qui écrivent sur la page imaginaire de notre mémoire les mots de l'émotion.« , à
Marie-Claude Pietragalla, en imaginant où tous le monde aimerait la danse à place du foot ou
Isabelle Autissier « Continuez à prendre la mer, Isabelle, que je puisse continuer à rêver« .
Parfois, on sent son manque d'intérêt ou d'inspiration. Par exemple avec
Alain Souchon, où les mots finissent en on, tout simplement ou bêtement, au choix. »-Démerde-toi, qu'i m'dit Léon, après tout t'as qu'à dire que t'as une indisposition, que t'as les oreillons, que tu fais vingt-trois de tension, tu as fait une intoxication, grosse infection, sale contagion, qu'à la prochaine occasion tu reviendrons pour
Ardisson,
Amélie Nothomb,
Patrick Besson,
Philippe Tesson…« . Et que dire lorsqu'il parle d'
Amélie Nothomb. Car comme tous les ans, elle sort un livre, vient dans les médias dans sa simplicité, son teint blafard, son rouge à lèvre rouge et son chapeau. Ou lorsqu'il évoque
Patrick Cauvin, où l'on aborde une fois juste que c'est un dessinateur mais parle que des élections.
Il parle d'une anecdote qui j'avoue m'a fait sourire, lorsqu'il parle de la rencontre du président d'époque Valérie Giscard d'Estaing avec
Jean-Louis Barrault: »A la fin de la représentation, Giscard avait demandé à Barrault : « Mais enfin comment se fait-il que vous continuiez à faire du théâtre pour une centaine de spectateurs alors que, grâce à la télévision, vous pourriez toucher des millions de téléspectateurs? » Barrault avait répondu : « Quelquefois il est plus utile de s'adresser à un seul sorcier dans la forêt qu'à des milliers d'abonnés au gaz. » » Et le rire, c'est complété d'un grand sourire à l'hommage de ce grand monsieur Devos, où à travers chaque mot, ici pesé avec une grande justesse, j'entendais la voie de l'humoriste au nez rouge écoutant un ange passé. Il compare Devos à dieu et conclut ainsi : « C'est comme ça, mesdames et messieurs, que désormais je pourrais aller sur les chemins dire à tous la bonne parole devant des millions de fidèles qui n'ont jamais cessé de croire en vous : « Devos existe, je l'ai rencontré!« . le livre se termine sur les chapeaux de roue, puisque c'est l'univers du cirque qui est abordé avec Alexis Gruss. « le cirque, ça sent la poudre de maquillage, la barbe à papa, ça sent la joie, l'insouciance et l'émerveillement. le cirque, ça respire la vie. Ca respire la fête. Ca inspire l'amour.«
François Morel conserve une âme d'enfant où l'on a encore la capacité de s'émerveiller et de rêver au fond de soi, malgré la noirceur du monde qui nous entoure.
Je pensais à ce livre dans mon sac, alors que l'auteur était à deux pas de moi pendant le spectacle, sur le balcon. Vais-je oser
lui demander une dédicace? Mais il est parti juste avant la fin du spectacle et un
déclic de ne pas garder ce livre me pousse à ne rien regretter. Bientôt, je vais l'abandonner sur un siège du métro en quête d'un nouveau propriétaire. Au bout de deux lectures, j'ai prie des notes des bons mots, car il y en a pleins. Mais quitte à lire des chroniques et des bons mots, je vais me replonger dans
Pierre Desproges, étant certaine que la déception sera beaucoup moins présente au rendez-vous.