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Lydia Beutin (Traducteur)
EAN : 9782266253918
624 pages
Pocket (04/11/2015)
4.17/5   140 notes
Résumé :
Marqué depuis sa plus tendre enfance par une rencontre avec Michel-
Ange, Aurelio, un jeune paysan d'une rare beauté, se rend à Rome pour se
mettre au service du plus grand artiste de son temps. À 33 ans, Michel-
Ange s'estime davantage sculpteur que peintre ; pourtant, Jules II,
le " Papa terribile " de la Renaissance, s'obstine à lui confier la décoration
de la voûte de la chapelle Sixtine.
Marqué depuis sa plus tendre enf... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (27) Voir plus Ajouter une critique
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Au printemps 1508, un jeune homme d'une grande beauté, dénommé Aurelio, décide de quitter sa famille installée à la campagne pour gagner Rome. Son rêve : travailler pour le grand Michel-Ange et devenir sculpteur. Artiste renommé, Michel-Ange vient justement d'être choisi par le pape Jules II pour décorer la voûte de la chapelle Sixtine à Rome. La rencontre d'Aurelio et sa présence aux côtés de Michel-Ange seront déterminantes dans la réussite de cette oeuvre magistrale...


UN ROMAN À LA GLOIRE DE MICHEL-ANGE
Les sources historiques utilisées pour écrire ce roman ne sont pas indiquées, mais différents détails permettent de supposer que l'auteur s'est fortement appuyé sur les biographies élogieuses de Giorgio Vasari et d'Ascanio Condivi, écrites du vivant de l'artiste et à l'origine du mythe Michel-Ange. Un mythe soigneusement entretenu au cours des siècles suivants, notamment par ses descendants, dont l'un d'eux n'hésita pas à modifier les sonnets écrits par Michel-Ange pour faire taire les rumeurs homosexuelles à son sujet.

Ainsi basé sur le mythe Michel-Ange, ce roman met donc en exergue un artiste génial mais torturé, incompris, solitaire, jalousé et harcelé par sa famille. Or, depuis le XIXe siècle, les recherches permettent de brosser un portrait plus nuancé de l'homme. Voici quelques exemples :
– D'après le roman, ce serait Bramante qui aurait suggéré au pape Jules II de confier en 1508 la décoration de la voûte de la chapelle Sixtine à Michel-Ange, à seule fin de le voir échouer et de précipiter sa disgrâce auprès du souverain pontife. Mais une autre version indique que c'est le pape Jules II qui est à l'origine de ce choix et que Bramante aurait émis, à juste titre, des réserves quant à l'opportunité de confier une tâche aussi complexe à un artiste qui n'avait aucune expérience de la peinture à fresque. Même si Jules II n'était pas d'un caractère commode et que Michel-Ange se considérait avant tout comme un sculpteur, n'ayant que très peu d'expérience en peinture à fresque, ce dernier accepta la commande avant tout pour des raisons lucratives, la somme proposée était exceptionnelle pour l'époque, et il recruta des artistes chevronnés pour l'aider dans cette tâche… il ne créa donc pas tout seul cette oeuvre !
– le roman suggère également que Michel-Ange, en modifiant la commande de la voûte, a pris d'énormes risques, alors qu'il a en fait établi ce programme en concertation avec les théologiens de la cour papale, soucieux de mixer la tradition païenne et la culture catholique.
– Enfin, contrairement à la légende, l'oeuvre en cours d'élaboration était visible de tous, accueillant artistes, collectionneurs, amateurs d'art, mais aussi personnalités en vue de la cité... nous sommes bien loin de la vision de l'artiste esseulé sur son échafaudage !

Cependant, pour que l'histoire reste cohérente, l'auteur devait prendre un parti et la restitution romanesque de ce moment-clé de la vie de Michel-Ange se révèle passionnante, d'autant que l'auteur mêle parfaitement bien une certaine réalité à la fois historique et artistique et la fiction, à travers le personnage d'Aurelio. En outre, le récit, au style très fluide, alternant scènes descriptives et dialogues, se lit avec bonheur et facilité, et nous permet d'apprendre énormément de choses sans même s'en rendre compte.

Reste que l'absence d'indications concernant les sources utilisées est pour moi problématique. Une fois ma lecture achevée (que j'aurais aimé ne jamais terminer !), je me suis précipitée sur des biographies de Michel-Ange pour en savoir davantage sur sa vie et pour confronter les informations de l'auteur et celles d'historiens. Tout cela pour obtenir une vision plus nuancée et plus vraie de Michel-Ange.


UNE COMMANDE ÉTONNANTE
Ce roman nous présente l'oeuvre de Michel-Ange d'une manière très accessible et très claire, nous permettant de bien la situer dans l'histoire artistique, de comprendre les enjeux qui se cachent derrière elle et en quoi elle est révolutionnaire.

La chapelle Sixtine, réplique du temple de Salomon et dont la forme s'inspire de l'architecture militaire, a été construite sous le pontificat de Sixte IV, l'oncle de Jules II. Décorée par les meilleurs artistes florentins de l'époque – le Pérugin, Botticelli, Ghirlandaio, etc. –, la chapelle est, trente ans plus tard, défigurée par des fissures. Il est grand temps de restaurer sa voûte.

En mai 1508, Michel-Ange s'engage à réaliser des fresques représentant les douze apôtres dans les pendentifs et des motifs ornementaux dans les parties restantes. Excepté dans l'atelier de Ghirlandaio, vingt ans plus tôt et seulement de manière marginale, Michel-Ange n'a encore aucune expérience de la peinture à fresque ! Il aurait pu se contenter d'un ciel étoilé, mais il n'hésite pas à se lancer dans la réalisation d'une fresque immense peuplée d'une multitude de figures.

Ainsi, quatre ans plus tard, en 1512, les Romains découvrent une oeuvre révolutionnaire ! Renonçant à la perspective unique, Michel-Ange réalise une oeuvre dans laquelle chaque surface a sa propre perspective centrale : c'est une perspective polycentrique qui ne permet pas au spectateur de saisir depuis un seul point toute la fresque. En divisant la voûte avec des corniches de marbre, il a créé un espace artificiel dans lequel prennent place des scènes de la Genèse, ainsi que les Prophètes et les Sibylles dans les écoinçons et les ancêtres du Christ dans les lunettes. Sans oublier les ignudi, des hommes nus rappelant les génies, assis sur les ressauts des corniches. Un récit donc entièrement centré sur la figure humaine, avec de nombreux nus masculins.


L'ABSENCE DE PLANCHES DE VISUELS DES OEUVRES DE MICHEL-ANGE
Le visuel de couverture, qui s'imposait avec évidence, est magnifique, mais il aurait été intéressant de reproduire dans l'ouvrage des planches en couleurs de la chapelle Sixtine et de ses voûtes, même si cette pratique est plus courante dans les biographies. Car ce roman si visuel dans ses descriptions est d'une telle précision que le lecteur ressent le besoin d'aller vérifier les détails fournis par l'auteur mais est un peu déçu en s'apercevant qu'il n'y a pas une seule reproduction du chef-d'oeuvre de Michel-Ange dans le roman.


LA DESCRIPTION PRÉCISE DU DÉROULEMENT DU CHANTIER
L'élaboration de cette oeuvre inédite est retranscrite de manière minutieuse, sur la base d'une documentation fouillée. de prime abord, la technique de la peinture à fresque n'a rien de très glamour, mais elle se révèle passionnante sous la plume de l'auteur : il parvient à nous y intéresser non pas en nous bombardant d'informations théoriques mais en nous décrivant les faits et gestes des différents artistes de la bottega de Michel-Ange au jour le jour. On découvre ainsi à travers ces personnages les différentes étapes de la peinture à fresque, le quotidien du métier de fresquiste, le déroulement d'un chantier, le fonctionnement d'une bottega et toutes les émotions qui accompagnent une telle aventure : joie, déconvenues, souffrance, etc. Il s'agit véritablement d'un travail d'équipe, qui nécessite une parfaite coordination.

En effet, la décoration de la voûte de la chapelle Sixtine est une entreprise pleine de difficultés : la surface à peindre est immense et très en hauteur, sa forme courbe crée des déformations et impose de peindre la tête tournée vers le haut, l'échafaudage doit permettre aux célébrations d'avoir lieu même pendant les travaux, etc.

Le problème de l'échafaudage est rapidement résolu par Piero Rosselli avec l'installation de sorgozzoni, des tenons en bois fixés dans les murs et qui supportent les passerelles de l'échafaudage. Cette technique, alors courante à Florence, permet de laisser le sol dégagé pour la célébration des cérémonies prévues pendant la rénovation et d'éviter de laisser des trous d'accrochage dans la voûte.

Une fois l'échafaudage mis en place, Michel-Ange inspecte le plafond et doit se résoudre à ôter la fresque existante et poser un nouvel arriccio (couche de plâtre appliquée sur la maçonnerie). En effet, initialement, l'artiste pensait préparer le plafond en martellinatura : la fresque préexistante est percée d'une multitude de trous à l'aide d'un picot, de telle sorte qu'on peut appliquer l'intonaco pour la nouvelle fresque directement sur l'ancien arriccio. Mais, dans le cas présent, la fresque s'est presque détachée de la maçonnerie. Cette tâche, confiée à Aurelio, se révèle assez fastidieuse au point que le jeune homme se démet la clavicule au bout de quelques jours de labeur (merci aux compresses à la ricotta !). En outre, aux heures les plus chaudes de la journée, l'échafaudage devient une fournaise et se transforme vite aussi en bain de vapeur tant il faut d'eau pour mélanger l'arriccio.

Pendant que l'arriccio sèche, Michel-Ange prépare ses dessins à l'échelle réelle sur un carton tandis que son équipe se charge de préparer l'intonaco, l'enduit qui va recouvrir l'arriccio. L'application de l'intonaco demande aussi de la précision : on le pose en strates plus minces que l'arriccio pour éviter que des fissures se forment lors du séchage, et il faut qu'il soit plus régulier que l'arriccio sinon l'intonaco ne prend pas les couleurs de façon uniforme.

Une fois l'intonaco appliqué, il faut appliquer les pigments dissous dans l'eau avant que l'enduit ne durcisse, c'est-à-dire dans un délai de 24 à 48 heures après son étalement. le carton est alors fixé sur le support par des aiguilles et on reporte les lignes du dessin sur l'enduit. Pour cela, il existe deux techniques de transfert :
– La plus simple et la plus rapide consiste à dessiner les lignes avec un crayon fin, de telle sorte que des rainures fines restent visibles dans l'enduit encore humide.
– La méthode la plus exacte, mais aussi la plus compliquée, consiste à perforer le carton le long des lignes de centaines de petits trous d'aiguille, puis de le "poudrer" avec des petits sacs remplis de poussière de charbon, afin que les lignes soient reportées sur l'intonaco.

Comme Michel-Ange n'a pas l'habitude de peindre des fresques, il préfère éviter tout risque dans un premier temps. Par la suite, il réalisera de nombreuses parties sans le secours du carton !

Quand la giornata (surface prévue pour la journée) est enduite, on efface ensuite avec des draps humides les traces de l'enduit et on frotte l'intonaco pour le rendre un peu rugueux.

Tout ce travail est réalisé dans des conditions assez compliquées : échafaudage en hauteur, alternance de la chaleur en plein été et du froid en hiver, peu de lumière naturelle, position inconfortable des corps, à la fois tordus et penchés en arrière... Et un travail qui ne tolère pas l'approximation...


UNE TÂCHE MÉTICULEUSE ET EXIGEANTE
Bien qu'entouré de fresquistes renommés, Michel-Ange découvre un jour des moisissures sur la quasi-totalité de la fresque en cours de réalisation. Comme l'arriccio est sec, le responsable est l'intonaco qui est trop humide. Fureur de l'artiste qui voit son travail détruit par un manque d'expérience des matériaux romains. En effet, Piero Rosselli, le maître maçon florentin, a l'habitude d'utiliser de la chaux de marbre et du sable de l'Arno, et non de la chaux de travertin et de la pouzzolane. Or, ces matériaux réagissent différemment. Giuliano da Sangallo finit par trouver le bon mélange entre les différents matériaux. L'enduit est entièrement détruit et repeint par Michel-Ange : voilà deux mois de travail détruit...

Du fait de son inexpérience et des conséquences dramatiques qu'il a dû affronter au début de son travail, on ne peut qu'être stupéfait de la maîtrise technique et formelle que manifeste Michel-Ange, car il ne fera pas d'autres erreurs par la suite. Erreurs qui auraient pu être les suivantes :
– du fait des variations d'humidité et de température et d'un travail qui s'étale sur plusieurs années, il est difficile d'obtenir chaque jour la même qualité de mélange et la même qualité d'enduit sur le mur. le risque est que la différence des "journées" se traduise par des inégalités dans l'étalement et la prise du mortier.
– Les coloris : la couleur se prépare en mélangeant à l'eau un pigment très fin. Mais il suffit de petits changements dans la finesse et la quantité de pigment ou dans son rapport avec l'eau pour que la couleur finale soit différente. Or les coloris doivent être homogènes, au moins dans les parties adjacentes. Mais l'effet final ne peut être contrôlé que lorsque l'enduit est entièrement sec alors qu'il n'est pas possible d'intervenir sur la peinture une fois l'enduit sec.

Ainsi, à travers ce roman, on découvre toute l'histoire de la fresque de la voûte de la chapelle Sixtine, depuis la conception de son programme iconographique jusqu'à son inauguration spectaculaire, en passant par sa réalisation technique et les difficultés qui se sont présentées au cours du chantier.


MICHEL-ANGE, UN ÊTRE TORTURÉ MAIS UN GÉNIE !
Même si, comme je l'ai expliqué au début de ma critique, le portrait dressé de Michel-Ange est très flatteur et trop conforme au mythe de l'artiste maudit et seul face à l'adversité du monde, il n'en ressort pas moins que Michel-Ange était une personnalité complexe, un être tourmenté, méfiant, colérique, perfectionniste, exigeant avec lui-même comme avec les autres, à la recherche perpétuelle de la perfection, qui ne souffrait pas la médiocrité.

Ainsi, un jour, alors qu'Aurelio pénètre dans la chambre de Michel-Ange, une pièce dans laquelle personne n'a le droit d'entrer, il découvre des centaines de dessins recouvrant le sol : ce ne sont pas des esquisses destinées à la voûte de la chapelle Sixtine mais des monstres, des démons… ces démons qui le poursuivent nuit et jour, mais on ne saura rien. En effet, ce roman se concentre sur la portion de vie durant laquelle Michel-Ange a réalisé la décoration de la voûte de la chapelle Sixtine, mais il n'aborde pas du tout le reste de sa vie, rien sur sa jeunesse, son adolescence ou bien sa vieillesse. D'où viennent ces démons ? Qui sont-ils ? Pourquoi se considère-t-il comme un pécheur et ne trouve-t-il l'apaisement et le pardon que dans la création ? Ce roman n'apporte certes pas de réponses, mais il permet de mieux cerner la riche personnalité de Michel-Ange.

"– Je parle en tant qu'homme, expliqua Michel-Ange, et non en tant qu'artiste. Je croyais être un homme meilleur. Alors que je ne suis qu'un pauvre pécheur tourmenté par de mauvaises pensées, gonflé de vanité. Une créature pitoyable – il se redressa comme pour se débarrasser d'un fardeau ; au fond de ses yeux brillait à nouveau une étincelle combative. En tant qu'artiste, je n'ai de comptes à rendre qu'à Dieu !"

"– Regarde-moi, répondit Michel-Ange en écartant les bras comme un coupable. Que veux-tu que je fasse d'une chemise neuve ? Je suis laid, Aurelio. Même avant que Torrigiani m'écrase le nez, je n'étais pas beau, mais depuis c'est encore pire. Il baissa les yeux. Ma laideur n'est pas digne d'une belle chemise."

Avec une telle personnalité, Michel-Ange n'est pas une personne facile à vivre au quotidien, surtout pour les artistes de sa bottega qui finissent tous par quitter le chantier. Ne reste qu'Aurelio et un jeune aide. Car, au fur et à mesure que Michel-Ange se familiarise avec la technique de la peinture à fresque et prend donc confiance en lui, il délègue de moins en moins de tâches à ses collègues qui se sentent alors frustrés, d'où leur départ. Il faut dire que tous sont des fresquistes renommés et ils supportent mal le fait que Michel-Ange s'attribue tout le travail. Par exemple, il n'a laissé à Tedesco que la peinture d'une flaque d'eau, d'un peu de ciel et de deux branches d'arbre de la scène du Déluge !


DES HISTOIRES DE FAMILLE...
Ses biographes ont mis en lumière les relations compliquées que Michel-Ange entretenait avec sa famille, source perpétuelle de contrariétés. Dans ce roman, son père et ses frères lui demandent sans cesse de l'argent alors que pendant des années ils estimaient qu'il faisait un travail déshonorant et qu'il souillait le nom de la famille.

La réalité est cependant quelque peu différente. En effet, Michel-Ange était tellement avare qu'il se privait même du strict minimum (nourriture, logement, vêtements), refusant le moindre confort. La description donnée de sa bottega est un bon exemple : c'est une maison misérable avec un étage dont le crépi s'effrite. Au rez-de-chaussée, il y a une pièce sans fenêtre, avec une table faite de planches posées sur des tréteaux entourées de quatre chaises branlantes, et son atelier au sol recouvert de poussière blanche. Sa chambre, à l'étage, ne comporte que le strict minimum.

Certes, sa famille vivait grâce à l'argent de Michel-Ange, mais il ne semble pas qu'elle ait été une si grande source d'ennuis comme le suggère le roman, même s'il est certain que des tensions ont existé, notamment avec son frère Giovan Simone.


BRAMANTE ET RAPHAËL, SES RIVAUX
C'est en confrontant Michel-Ange à ses deux principaux rivaux d'alors – Bramante et Raphaël – que l'auteur parvient à cerner encore davantage, par contraste, la personnalité de Michel-Ange. En effet, aucun des deux ne trouve grâce aux yeux de Michel-Ange, même si c'est pour des raisons différentes. Pire encore, ils les considèrent comme des "envieux, des concurrents, des intrigants". Dans le roman, Michel-Ange surnomme même Bramante "le lèche-bottes aux yeux globuleux" !

Quant à Raphaël, la comparaison avec
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J'avais lu et apprécié "Pietra Viva" de Leonor de Recondo. On y rencontre Michel-Ange, occupé à choisir ses blocs de marbre dans la région de Carrare pour réaliser les statues qui constitueront le tombeau du pape Jules II.
Dans "Le ciel de la chapelle sixtine", on suit le parcours du même grand artiste à travers les yeux d'Aurelio venu à Rome pour devenir sculpteur auprès du grand maître qu'il avait rencontré dans son village. Celui-ci est sensible à sa beauté et l'engage comme modèle dans un premier temps.
Dans ce roman, on y voit Michel-Ange tourmenté car il doit peindre la voûte de la chapelle sixtine alors qu'il est avant tout sculpteur. Ce travail va être réalisé dans la douleur et va durer quatre ans. On assiste à des luttes d'influences, d'orgueil entre artistes mais aussi à de l'amitié entre certains . On n'est pas étonné de voir se déployer l'incroyable vanité et ambition du pape de la famille des Borgia mais en même temps l'art est maître sous son règne.
Et notre Aurelio dans tout cela est amoureux de Margherita avec qui il est arrivé à Rome mais aussi de la maîtresse du pape, Aphrodite. Il va se révéler d'une grande aide pour Michel-Ange.
Les détails de la vie à Rome, le génie du grand artiste sont excessivement bien décrits dans le roman. Leon Morell ne saurait pas nous cacher sa passion pour cette période qui est presque vivante sous sa plume. J'ai également beaucoup apprécié la traduction de Lydia Beutin.

Challenge pavés 2016 - 2017
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Gros coup de coeur
Je ne suis pas une habituée des romans historiques mais ayant prévu d'aller quelques jours à Rome, j'ai eu envie de me documenter un peu.
Résultat : c'est un gros coup de coeur. J'ai été totalement séduite par l'histoire de Michel-Ange, même si celle-ci est un peu romancée.
Je ne regarderai plus la voute de la chapelle Sixtine de la même façon !
J'ai l'impression d'avoir vécu quelques jours au XVIème siècle auprès de Michel-Ange, Aurelio Rafael, Bramante et les autres. J'ai le sentiment d'avoir véritablement côtoyé ces grands artistes et d'avoir quelques connaissances sur la technique de la création des fresques effectuées à la chapelle sixtine !!! Hé oui, la lecture permet beaucoup de chose !!!...
Léon Morell a fait un très beau travail de documentation et a su rendre L Histoire tout à fait accessible pour une néophyte comme moi.
J'ai vraiment adoré et ne peux que vous conseiller de le lire. Vous passerez un excellent moment.
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1495 - Tandis que de l'autre côté de l'Atlantique a commencé la conquête géographique et religieuse la plus importante de notre ère, en Italie du nord, un jeune garçon de huit ans, Aurelio, découvre la beauté - pense-t-il - à l'état pur. Au coeur de la cathédrale de Bologne, la statue de marbre d'un ange a capté son attention au point qu'il en a perdu toute conscience du monde extérieur, et du temps, et qu'il se retrouve seul, ou presque, alors que son père et son frère ont quitté l'édifice.
Un homme étrange et pauvrement vêtu s'approche de lui et débute une discussion sur la sculpture, ses qualités pour l'un et ses défauts pour l'autre.

1508 - Les guerres de conquêtes pour un état pontifical unifié font rage et des grappes de mercenaires se vendent au plus offrant. À Forli, Aurelio, vingt ans, qui a déjà perdu son père de maladie, voit s'approcher quelques-uns de ces soldats d'un jour, en quête de rapines, de nourriture et de plaisir vite volé. Les horreurs dont il sera le témoin impuissant, achèveront de le convaincre que son destin est ailleurs ; délaissant une vie de paysan, il décide de rejoindre Rome pour se consacrer à la sculpture, dont il rêve depuis plus de dix ans, et ce auprès du maître qu'il s'est choisi : Michelangelo Buonarroti. Après un voyage d'une dizaine de jours en compagnie de Margherita, jeune femme croisée en chemin et partant vivre sa vie de courtisane, Aurelio arrivera presqu'aussitôt à se faire accepter comme apprenti par le Maître, fasciné par sa beauté et son entêtement.

Ce pourrait être le début d'un simple roman biographique consacré au sculpteur de la Pietà, de David ou encore de Moïse, mais le Pape “Terribile” Jules II en a décidé autrement. Sur les conseils (jaloux) de l'architecte Bramante en charge de la construction de la nouvelle basilique Saint-Pierre, et soutenu par le peintre Raphaël qui, lui, doit orner les appartements du Saint-Père, ce dernier commande à Michel-Ange de décorer la voûte de la Chapelle Sixtine, d'une fresque consacrée à la Bible et plus particulièrement aux Apôtres. Michel-Ange ne peut accepter cette commande, il est sculpteur, pas “fresquiste”, et reconnaît bien là l'influence de ses deux adversaires sur le Souverain Pontife. Mais rien n'y fera, Jules II reste inflexible et Michel-Ange devra se soumettre à sa volonté.

Commence alors un récit écrit de main de maître par Leon Morell. Mêlant quelques personnages de fiction aux très nombreux personnages réels, ce qui aurait pu n'être qu'une description laborieuse des techniques d'échafaudages, d'enduits, d'apprêts, de peinture, dans des conditions épouvantables, des températures insupportables entre étés et hivers successifs, devient un roman au suspense époustouflant.
Depuis la création de la “bottega”, sorte de refuge où se retrouvent les compagnons d'Aurelio et du maître, pour manger et dormir, en-dehors des interminables heures de travail, jusqu'à la préparation des enduits (“arriccio” “intonaco”), au broyage des pigments nécessaires à la peinture, tout nous est décrit avec un soin particulier. Les affres de la création du maître, les disputes entre compagnons, la vie des Romains en ce début de XVIe siècle, les escapades amoureuses d'Aurelio, son dévouement et sa fidélité sans faille à Michel-Ange, rien ne manque à ce texte de seulement six-cents pages. Et si on y ajoute les complots, les secrets du Vatican, les guerres de Jules II qui s'éternisent, ses amours, et quelques ingrédients dont je ne vous dirai rien, sinon qu'ils prennent une place particulièrement importante dans le récit, lui conférant un supplément de mystère, on ne voudrait pas s'arrêter de tourner les pages.
Tout au long de la lecture, et pas seulement au final, on est saisi par la concision de l'écriture, le choix toujours juste du mot, et la documentation extraordinaire qu'il a fallu rassembler, pour insuffler à ce roman une part de spirituel, un peu comme Dieu touchant du doigt Adam pour lui donner vie. On s'étonnera moins qu'il fallut à l'auteur autant de temps qu'à Michel-Ange pour façonner leur oeuvre respective.

On ne peut s'empêcher de penser bien sûr à Ken Follett et aux “Piliers de la Terre”, d'ailleurs la quête du “spirituel” qui utilise toutes les ressources du “matériel”, est un véritable trait d'union entre les deux ouvrages. Toutes proportions gardées, si le livre de Follett (hormis le prologue) se passe sur dix ans (1135-1145), celui de Morell ne couvre qu'une période de quatre ans (1508-1512)*. Cependant avec presque le double de pages, le premier se montre beaucoup plus bavard, avec son lot de batailles et de destructions répétitives, tandis que le second se concentre sur la réalisation de la fresque, sans omettre les descriptions de l'environnement historique et humain, et surtout sans jamais prendre le risque de l'ennui.
Dire que ce livre atteint des sommets serait un peu facile, d'ailleurs l'auteur s'affranchit de l'architecture de son sujet en parlant du Ciel et non du plafond de la Chapelle Sixtine. Dire également que j'ai été emballé paraît superflu et réducteur, j'ai été littéralement transporté, et même si je ne suis pas un amateur éclairé de peinture ou de fresques, modestement je partage avec Michel-Ange au-delà de mon prénom, mes préférences pour la sculpture…

Un moment de lecture inoubliable, qu'on aurait aimé voir se prolonger.

*Un petit détail (de taille) à l'attention de l'éditeur. Il semble que l'auteur du résumé n'ait pas été très attentif lors de la rédaction de son texte, ou de la lecture de l'ouvrage. En effet en quatrième de couverture il est mentionné : “Au printemps 1598, le jeune Aurelio…” Or, s'il avait vécu jusqu'à cette date, le “jeune” Aurelio aurait eu 110 ans, ce qui fait une coquille respectable de 90 ans ! Il fallait lire bien sûr : “Au printemps 1508…”
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1508 - 1512 , Michel Ange a peint le plafond de la chapelle Sixtine en 4 ans.

L'histoire est racontée par Aurelio, un jeune paysan de Forli, ébloui, enfant par l'Ange de Bologne de Michel-Ange. Il vient à Rome apprendre la sculpture auprès du maestro. Ce procédé met en scène un peintre célèbre du point de vue d'un apprenti, rappelle Les doutes de Salaï de Rita Monaldi racontant le séjour de Léonard de Vinci à Rome. Ce n'est pas le premier roman illustrant la vie de Michel- Ange que je lis : Parle leur de batailles de rois et d'éléphants de Mathias Enard et Pietra Viva de Leonor de Recondo tous les deux très littéraires m'avaient plongé dans l'univers de Michel-Ange.

Moins littéraire, mais plus historique, le Ciel de la Chapelle Sixtine replace l'oeuvre dans le contexte des luttes du Pape terrible, Jules II, contre Venise, d'abord puis contre les Français qui guerroient en Emilie-Romagne. Il donne une description pittoresque de Rome où, selon les paroles de Michel-Ange à son frère venu chercher une sinécure, il n'y a que des prêtres, des pèlerins et des courtisanes.

"Derrière les murs du Vatican régnait une guerre entre les artistes dans laquelle aucun des combattants ne connaissait les armes de son concurrent..."

Intrigues de Bramante et de Raphaël auprès de Jules II pendant la construction De Saint Pierre. Michel-Ange, sculpteur et non fresquiste, est mis au défit de peindre ce plafond si difficile...chacun attend qu'il trébuche....

"Bramante et Jules étaient possédés par la même folie des grandeurs. Jules volait donner à la ville une dimension divine."

Michel-ange avait quitté florence pour sculpter dans du marbre le amusée de Jules mais

"Bramante persuada Jules que cela lui porterait malheur de construire un mausolée de son vivant. Ce fut la fin du projet. Michel-Ange avait perdu son emploi."

C'est avec grand plaisir que j'ai fait des promenades entre le Château Saint Ange, le Trastevere et le Pont Sisto, la villa Chigi (Farnesina)où visités il y a quelques semaines, entre le Corso et la Via Giulia...

C'est aussi avec grand intérêt que j'ai suivi les travaux des fresquistes de la bottega, le giornate, journées de travail, la préparation des enduits, les préparatifs sur cartons perforés, les couleurs, l'épisode des moisissures qui attaquèrent les premières scènes....

Chapelle sixtine 4

Aurelio n'apprendra pas la sculpture. Plutôt modèle qu'apprenti, c'est lui qui inspire Adam de la Création de l'homme. Parce que ce roman historique est aussi un roman d'amour. Michel-Ange aime Aurelio, qui aime Aphrodite, la courtisane cachée du pape, qui,elle aime Michel-Ange et lui commande la sculpture qui la rendra éternelle dans le marbre... mais ces amours sont contrariés. Celui qui prononce le nom d'Aphrodite en ville, a sa langue coupée...De son côté, Michel-Ange qui se peint en Jérémie "c'est notre sort de supporter la souffrance" va chercher uniquement sa jouissance dans son art.

Quand je retournerai à Rome pour revoir la Chapelle Sixtine, il faudra que je relise ce livre pour comprendre la signification de chacune des scènes, des personnages, prophètes, sybilles ou ignudi...







Lien : http://miriampanigel.blog.le..
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Citations et extraits (9) Voir plus Ajouter une citation
La voix de Jules gronda comme le tonnerre sous la voûte.
- Ne me parlez pas comme un élève insoumis, Buonarroti ! Bramante est en train de construire l’église la plus importante de la chrétienté !
- Et moi je suis en train de créer la fresque la plus importante de la chrétienté. Et avec deux assistants, pas deux mille.
Ce fut la dernière goutte qui fit déborder la coupe de Jules.
- J’exige de la voir !
- La fresque ?
- Quoi d’autre ?
- Saint-Père. Je ne peux autoriser quiconque à part moi et mes assistants à voir la fresque à ce stade.
- Vous m’interdisez de jeter un coup d’œil sur “mon” œuvre ?
- Quand la fresque sera suffisamment avancée pour pouvoir être vue, vous serez le premier à le faire, je peux vous l’assurer. Et avec tout le respect que je vous dois - Michel-Ange esquissa une inclinaison -, il s’agit de “mon” œuvre.
- C’est mon église !
- C’est l’église de Dieu.
- C’est moi qui en dispose !
- Mais c’est ma fresque.
- Pour laquelle je vous ai payé.
- Pour laquelle vous me paierez quand elle sera finie.
La canne de Jules frappa à nouveau les dalles.
- Alors je refuse de poursuivre cette conversation avec vous !
- Alors cessez.
- Vous avez déjà reçu de moi mille ducats.
- Vous parlez de l’argent avec lequel de pauvres pécheurs ont cru racheter leur fautes.
- Qui sera utilisé pour le bien et pour la gloire de Dieu, et que vous avez reçu de moi !
Michel-Ange joignit les mains et parla sur un ton qui renforça l’offense :
- Pour la somme que j’ai reçue, vous avez déjà pu voir les bandes orales et les pendentifs.
C’en fut top pour Jules, qui fit tourbillonner sa canne en l’air avant de l’abattre vigoureusement.
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Depuis que Jules lui avait donné carte blanche pour la décoration de la fresque, il était comme une bougie qui brûle par les deux bouts. Les artistes passaient des heures penchés sur la table à dessin dans le jardin du Vatican, à discuter les idées de Michel-Ange, à évoquer les problèmes de la voûte et les motifs les plus appropriés pour être représentés en raccourci perspectif et donner l'impression à l'observateur d'être sous un plafond plat. Et, chaque fois que l'on s'était mis d'accord pour un motif ou un personnage pour l'une des ogives, on pouvait sûr que le lendemain Michel-Ange arriverait avec une nouvelle idée qui remplacerait tout ce qui avait précédé.
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Toute sa vie, il avait été persuadé de savoir ce qu'il deviendrait. Maintenant, il savait seulement d'où il venait. Un trou noir et béant s'ouvrait devant lui. Comment pouvait-on vivre sans savoir pourquoi ?
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Le chauve leva les yeux au ciel et se frotta le menton.
- Vous savez comment c'est ici. A Rome, les nouvelles fusent de chaque fontaine et les murs sont encore plus bavards que des lavandières
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Mon cher Buonarreti, conclut Jules, je compte sur vous pour que dans trois semaine le calme soit revenu afin que la Vierge Marie puisse monter au ciel sans être dérangée.
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Vidéo de Leon Morell
Marqué depuis sa plus tendre enfance par une rencontre avec Michel-Ange, Aurelio, un jeune paysan d?une rare beauté, se rend à Rome pour se mettre au service du plus grand artiste de son temps. À 33 ans, Michel- Ange s?estime davantage sculpteur que peintre ; pourtant, Jules II, le « Papa terribile » de la Renaissance, s?obstine à lui confier la décoration de la voûte de la chapelle Sixtine. Juché sur un échafaudage à 18 mètres du sol, sa barbe tournée vers le ciel et la peinture dégoulinant sur son visage, Michel-Ange réussit le tour de force de réaliser ces fresques qui feront sa gloire. Une prouesse qu?il doit essentiellement à l?indéfectible soutien d?Aurelio, sa muse, mais également à la réalisation en parallèle d?une mystérieuse commande qui pourrait bien lui coûter la vie : une sculpture de l?un des personnages les plus sulfureux de la cité éternelle.
Sans jamais s?éloigner de la vérité historique, Léon Morell retrace la période romaine de Michel-Ange, quatre années durant lesquelles, entre jalousies et luttes de pouvoir, il aura su créer l?un des plus grands chefs d?oeuvre de la peinture de la Renaissance italienne. Un roman haletant, à mi-chemin entre la biographie et le thriller, décrivant sans compromis l?ambiguïté d?une Rome entre grandeur et décadence.
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